Le 27 octobre 1975, le 545-551 rue Sicard perdait brusquement un de ses murs. Berthe Paradis, une des locataires, revenait à peine de faire des emplettes lorsqu’elle entendit des craquements en provenance du salon et du plafond. Apeurée, elle évacua immédiatement le bâtiment. Pour sa part, Émile Lauzon, l’autre locataire, s’empressa de sortir son frère paralysé avant qu’un drame ne survienne. Heureusement personne n’a été blessé. L’effondrement du mur fut causé, ironiquement, par des travaux de renforcement à la suite de la démolition du bâtiment voisin, incendié trois mois auparavant. Des ouvriers coulaient une base de soutènement dans une tranchée pour installer un nouveau recouvrement. Selon Berthe Paradis, des fissures seraient apparues dans le salon et à l’extérieur du bâtiment, érigé en 1903. Le propriétaire s’était engagé à les colmater sans pour autant y donner suite.
Cet événement rappelle un enjeu d’actualité pour les villes, à savoir l’abandon des murs mitoyens après des démolitions. La règlementation municipale et le code civil n’obligent pas les propriétaires-démolisseurs à solidifier, imperméabiliser ou reconstruire les murs mitoyens fragilisés. L’exposition des murs voisins aux intempéries (surtout le dégel printanier) accélère leur détérioration. Elle cause des maux de tête à leurs propriétaires qui sont mis devant le fait accompli sans nécessairement avoir les moyens financiers pour résoudre le problème. Des modifications à la règlementation s’imposent urgemment.
Image : BANQ, 545-551 rue Sicard, 27 octobre 1975.
