Par le biais de courtes capsules de recherche, l’Atelier documente divers éléments de l’histoire des quartiers formant l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Apprenez-en plus sur les bâtiments, événements, personnages et anecdotes !
Le premier bureau de poste d’Hochelaga était situé à l’angle de Notre-Dame et Marlborough (aujourd’hu[...]i Alphonse-D.Roy). La croissance phénoménale de la population à la fin du 19e siècle rend nécessaire la construction d’un plus vaste édifice. C’est le bureau d’architectes Perrault & Lesage qui obtient le contrat en 1901. À ce moment, c’est l’ancien maire d’Hochelaga, Raymond Préfontaine, qui est maire de Montréal. Le contrat de construction est accordé à Onésime Martineau & Fils pour une somme de 27 730 $. Inauguré en 1902, ce bâtiment est un très bel exemple de la première période du style Beaux-Arts qui s’épanouira plus tard à Maisonneuve. Les architectes ont fait graver dans la pierre les lettres « PO » pour Post Office sous la corniche et le « H » pour Hochelaga au-dessus des fenêtres. Ils ont également innové en jouant avec les matériaux : pierre calcaire de Montréal pour la façade et granite brunâtre pour les pilastres et colonnes. Agrandi en 1948, il est transformé en résidence pour les Sœurs de l’Assomption en 1965. Il sera par la suite le CLSC Annexe. Au début des années 2000, après plusieurs années de non-utilisation commerciale ou communautaire, il devient finalement un hôtel, le Manoir Ville-Marie. Image : AHMHM, Ancien bureau de poste d’Hochelaga, 3130 rue Sainte-Catherine, vers 1970.
À l’origine, cet édifice était constitué de deux bâtiments distincts réunis dans les années 1980 suit[...]e à une rénovation. Le bâtiment qui fait l’angle de la rue a été construit en 1896-1897 par l’architecte Louis-Roch Pontbriand pour Joseph-Adolphe Madore, un surintendant des postes de la Ville de Montréal. Avant les rénovations, c’était un édifice en pierre bossée et pierre de taille de trois étages. Comme c’est souvent le cas à l’époque, on trouve des commerces au rez-de-chaussée et des logements aux étages. Dès 1897, c’est la Banque d’Hochelaga, plus tard la Banque Canadienne Nationale, qui occupe le commerce du coin pendant de nombreuses années. À côté, c’est le Café Louis, plus tard la Taverne Louis. Après les rénovations, l’édifice perd sa fonction commerciale et n’abrite que des logements. En 2017, la SHAPEM (Société d’habitation populaire de l’Est de Montréal) s’est portée acquéreur de l’édifice pour transformer le bâtiment, en partie utilisé comme fumerie de crack, en logements communautaires. Sur le plan architectural, l’édifice a gardé son toit en fausse mansarde percée de quatre lucarnes et dotée d’une tourelle d’angle coiffée d’un chapeau arrondi. Image : AHMHM, Édifice Madore, 3201, rue Sainte-Catherine, 2006.
Nous sommes à l'intersection des rues Darling et Sainte-Catherine, en 1926. Sur le coin nord-est (complèteme[...]nt à droite), on aperçoit le commerce de Joseph-Wilbrod Moreau (1869-1955). Originaire du quartier Saint-Jacques, ce personnage a laissé sa marque dans l'histoire d'Hochelaga. Sa carrière de commerçant débuta en 1883, d'abord à titre de comptable-assistant chez Bourgoin & Duchesneau, un importateur de « dry goods » (tissus, vêtements, articles de luxes) rues Saint-Paul et Saint-Sulpice. À la suite de son mariage avec une femme d'Hochelaga, en 1892, il y emménagea. Quatre ans plus tard, en 1896, Moreau ouvrit son commerce de dry goods rue Dézéry. Il se forgea rapidement une réputation en affaires. En 1905, il s'installa au coin des rues Sainte-Catherine et Darling. Moreau fut aussi impliqué en politique. Candidat défait au poste de conseiller d'Hochelaga, en 1908, il agit comme organisateur pour le compte du Parti conservateur, au fédéral comme au provincial. Outre cette fonction, il s'investit dans la paroisse Nativité. Marguillier pendant 40 ans, il connut plusieurs épisodes marquants tels que le début des caisses populaires dans le quartier et l'incendie de l'église en 1921. Lors de son décès, en 1955, il était le doyen de l'Association des commerçants de l'Est. Le magasin n'a pas survécu à la disparition de son fondateur, comme cela arrive très souvent. En 1962, il fut remplacé par une épicerie. Le bâtiment, lui, fut démoli en 2008. Image : Archives de Montréal, VM98-Y-2-P033. Intersection des rues Sainte-Catherine et Darling, vers l'ouest, 17 mai 1926.
Jadis située au coin des rues Frontenac et Ontario, l'épicerie Eugène Bélanger a laissé sa trace dans l'h[...]istoire alimentaire d'Hochelaga et du Centre-Sud. Par sa taille et l'éventail des produits offerts, elle pouvait se comparer à un supermarché dès son ouverture, en 1915. Les épiciers de quartier, petits et grands, un joué un rôle majeur durant la crise économique des années 1930, notamment en faisant « marquer » (crédit). Puisque Bélanger était ami avec le maire de Montréal de l'époque, Camilien Houde, son commerce était subventionné par l'administration municipale pour émettre des coupons de secours direct. En plus de ses fonctions de base, l'épicerie comprenait un restaurant asiatique, Au Gai-Temps, qui était ouvert en tout temps. Malheureusement pour Eugène Bélanger, son commerce fut exproprié en 1962 pour la construction de la station de métro Frontenac. Image : AHMHM, Fonds Henriette Palardy-Bélanger. Épicerie E. Bélanger, vers 1935.
Ce bâtiment est l’ancienne salle communautaire de l’église St. Mary’s, un des derniers vestiges de la [...]présence anglophone dans Hochelaga. Dans le premier quart du 19e siècle, la population anglophone est fortement majoritaire dans Hochelaga, qui s’étend alors jusqu’à Iberville. En 1828, on construit la première église St. Mary’s à l’angle de Sainte-Catherine et Marlborough (Alphonse-D.-Roy). Surnommée d’abord Chapel of the Cross, non pas dans le sens de croix, mais de traverse entre Hochelaga et Longueuil, elle n’est consacrée comme église qu’en 1864, année d’ouverture des registres. En 1890, comme la ville de Montréal veut réunir deux portions de la rue Sainte-Catherine, l’église doit être déplacée. La nouvelle église s’installe rue Préfontaine, à l’angle de Rouville, à côté de la nouvelle école protestante. C’est dans cet édifice qu’auront lieu les funérailles de 10 des 16 enfants morts dans l’incendie de l’école protestante en février 1907. L’église est incendiée en 1923. Elle est reconstruite en plus petites dimensions l’année suivante. À côté, on y ajoute une salle communautaire. La paroisse ferme en 1947 et les bâtiments sont transformés en manufactures de vêtements et de céréales. En 1970, l’ancienne église est démolie. Huit ans plus tard, en 1978, l’intérieur de la salle communautaire est complètement rénové et accueille depuis lors des bureaux de professionnels en arts graphiques et architectures. AHMHM, fonds Michel Roy. Ancienne salle communautaire de l’église St. Mary’s, septembre 1986, 1463, rue Préfontaine.
Cet édifice de trois étages a servi pendant plus de 60 ans de biscuiterie. Terminé en 1908 selon les plans [...]des architectes MacDuff & Lemieux, il abrite la Biscuiterie Dignard. Celle-ci fait faillite en 1910, puis, deux ans plus tard, devient la Ramsay’s Ltd, manufacture de biscuits et de bonbons. Cette entreprise fait également faillite à l’automne 1916, puis est rachetée par Joseph-Édouard Charbonneau en avril suivant. Elle bénéficie de la présence du chemin de fer du Canadien National qui passe tout juste derrière. La biscuiterie Charbonneau va produire plus de 40 variétés de biscuits, sa spécialité étant le biscuit éponge parfumé aux fruits. L’entreprise produit également des bonbons, des chocolats et des pâtes. C’est une des nombreuses manufactures du secteur alimentaire dans le quartier. L’usine est agrandie ou rebâtie à plusieurs reprises, notamment après un grave incendie en février 1948. Devenue peu rentable, l’usine ferme en 1973. Seulement 50 employés y travaillent alors qu’en 1969, elle en comptait 200. Pendant plusieurs années après la fermeture, le bâtiment servira d’entrepôt pour les chaussures Pitt. Il regroupe maintenant des petits ateliers de vêtements et d’accessoires. Après la Saint Lawrence Sugar (Lantic), c’est le plus vieux bâtiment à conserver sa vocation industrielle. AHMHM, fonds Michel Roy. Ancienne biscuiterie Charbonneau, 1981, 1800 rue Nicolet.
L’école Saint-Joseph est la première école d’Hochelaga. Elle était située rue Dézéry à l’angle d[...]e la rue Hudon (aujourd’hui John-Easton Mills), face à l’actuel Square-Dézéry. On sait par un document qu’une école existait sur cet emplacement en 1840. En 1846, elle devient une école administrée par la nouvelle Commission scolaire d’Hochelaga. À partir de 1860, les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie vont l’utiliser pour enseigner aux filles et aux garçons. Abandonnée trois ans plus tard, elle est réutilisée en 1869, puis reconstruite en 1876 pour lui donner sa forme définitive. C’est un modeste édifice en brique de deux étages sans sortie de secours ni escalier de sauvetage. Elle dessert principalement les enfants des travailleurs de la Filature Hudon, rue Notre-Dame et Dézéry. Les effectifs scolaires augmentant considérablement, la Commission scolaire d’Hochelaga va faire construire le Collège commercial Saint-Joseph (École Adélard-Langevin) en 1885 pour les garçons et l’École de la Nativité pour filles en 1907. L’École Saint-Joseph devient l’École Hudon en 1927, puis l’École Hyacinthe-Hudon en 1931. Elle est démolie en 1970 dans la foulée du projet de l’autoroute Ville-Marie. Image : Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle. École Saint-Joseph, vers 1899.
Inauguré par la Ville de Montréal à l’hiver 1887, l'hôpital des varioleux d'Hochelaga était situé rue [...]Moreau, entre Sherbrooke et Nolan (Rachel). Montréal, métropole du Canada, fut gravement touchée par une épidémie de variole en 1885 (2500 morts). Un tel bâtiment était donc urgent pour aplanir la courbe de contagion qui perdurera à des degrés variables pendant trois décennies, surtout dans les quartiers défavorisés. Le terrain de cinq hectares était complètement isolé des zones habitées. Le bâtiment, d'une superficie de 14 400 pieds carrés, comprenait deux ailes de 64 lits, une pour les femmes et l'autre pour les hommes de confession catholique. Après le départ du dernier cas de variole, en 1911, l'hôpital fut réaménagé en plus petit format afin d'accueillir les cas de gale et de scarlatine. En 1932, la Ville de Montréal concédait la partie sud terrain pour l'érection de l'hôpital Pasteur (CHSLD J-Henri Charbonneau), rue Sherbrooke. L'ouverture de cet hôpital spécialisé dans le traitement de la tuberculose, au nouvel an 1934, allait transformer le vieil hôpital derrière en annexe. Les activités de ce dernier cessèrent au début des années 1950. De 1956 à 1978, la Ville de Montréal y logea le refuge Meurling. Image : Le diocèse de Montréal à la fin du dix-neuvième siècle. Hôpital des varioleux d'Hochelaga, rue Moreau, vers 1899.
Cette photo, probablement de 1906, nous montre la seconde des trois quincailleries des frères Joseph et Jean-[...]Baptiste (Jean) Versailles au 1897, rue Ontario Est, entre Moreau et Préfontaine. La première avait été établie à l’angle Sainte-Catherine et Darling et sera en opération de 1903 à 1905. Le bâtiment est plus tard démoli et fera place en 1928 à une succursale de la Banque d’épargne, aujourd’hui la Fondation Guido Molinari. Le bâtiment du 1897 servira également trois ans après lequel il sera démoli. Le terrain est actuellement utilisé comme stationnement par certains locataires de l’ancienne usine de la Grover, rue Moreau. Vers 1909, la quincaillerie est transférée au 2219 (3527 aujourd’hui). Parallèlement à la quincaillerie, Joseph Versailles et son frère entreprennent une carrière de courtier immobilier et feront l’acquisition de terrains qui deviendront la nouvelle Ville de Montréal-Est en 1910. Joseph Versailles sera élu maire de la nouvelle municipalité sans interruption jusqu’à sa mort en 1931. En 1912, Joseph Versailles cesse toute activité dans Hochelaga. Il est fort possible que l’homme debout devant la quincaillerie soit Joseph Versailles. Image : AHMHM, fonds Yvette Scully. Versailles Frères, vers 1906.
Les marchands de bois et charbon étaient jadis ce qu'Hydro-Québec est aujourd'hui, un service essentiel. L'[...]lectricité, disponible à Montréal depuis le dernier quart du 19e siècle, n'était pas pour toutes les bourses. Des familles ouvrières continuèrent de se chauffer au bois ou au charbon jusqu'aux années 1950 et même plus longtemps encore. La cour que l'on aperçoit sur la photo fut ouverte en 1945. On la retrouvait au coin des rues Sainte-Catherine et Préfontaine, côté sud-est. Il s'agissait du nouveau point de vente d'Adélard Lange qui débuta huit ans plus tôt dans sa cour arrière au 568-578 rue Dézéry. Malheureusement pour lui, son commerce ouvrit sur le tard dans l'histoire des marchands de bois et charbon. À partir de 1950, le terrain changea plusieurs fois de vocation et prit un aspect de laisser-aller. L'abandon du commerce de bois et charbon coïncida probablement avec la baisse du coût de l'électricité à Montréal, nationalisée en 1944, et l'arrivée des électroménagers bon marché dans les foyers urbains. L'espace devint successivement un vendeur d'automobiles d'occasion, une cour à ferraille et un stationnement d'un garage (bannière Pneus Idéal de 1967 à 1986). Image : Archives de Montréal, P500-Y-05_01-068. Cour à bois et charbon A. Lange, 3150 rue Sainte-Catherine, vers 1945 .
Les maisons Hudon de la rue Saint-Germain, entre les rues Rouville et Adam, sont le seul exemple connu à Mont[...]réal de résidences privées construites par une compagnie, en l’occurrence la Compagnie des moulins à coton Victor Hudon, dont la filature était située rues Notre-Dame et Dézéry, côté sud. Cette filature devint un élément de la Dominion Textile, constituée en 1905. Terminées au début 1882, les 46 résidences accueillaient principalement des journaliers, dont la majorité travaillait à la filature. Victor Hudon avait acheté ces terrains en novembre 1880 qu’il revendit à la compagnie en mars suivant. Les maisons Hudon sont caractéristiques de l’architecture des logements ouvriers de la fin du 19e siècle. Cubes de bois revêtus de briques de couleur rouge, elles sont disposées en enfilade et en bordure du trottoir. La façade est simple et sans balcon. Seules les lucarnes et les corniches apportent un élément décoratif. Les murs latéraux ont été prolongés pour former des pare-feux. Les maisons ouvrières de la rue Saint-Germain comportent un logement au rez-de-chaussée et un à l’étage. L’escalier est à l’intérieur et donne accès au logement de l’étage qui possède un demi-étage aménagé sous les combles. Les maisons Hudon restèrent aux mains de la Dominion Textile jusqu’en mai 1948 où elles furent vendues à divers propriétaires. Elles ont été rénovées une première fois en 1981. Malheureusement, ces dernières années, certains propriétaires ont fait disparaître les corniches et les lucarnes pour ajouter un étage complet. Ils ont changé la couleur de la brique ou l’ont carrément peinte. Cet élément unique du patrimoine immobilier perd donc de son cachet. Image : AHMHM, Maisons Hudon, rue Saint-Germain, 1985.
Le tunnel Ontario, aménagé au début du 20e siècle et rénové en 1923, n’est pas célèbre pour son arch[...]itecture, mais pour une affaire criminelle qui a passionné le Québec en 1924. Le 1er avril 1924, une auto non blindée de la Banque d’Hochelaga qui se dirigeait dans le tunnel vers la succursale Ontario/Aylwin, est attaquée par sept malfaiteurs. Une fusillade s’engage et le chauffeur est abattu. Les bandits réussissent à s’emparer de 140 000 $ (2,1 millions en 2020). Cependant, un des attaquants est mortellement blessé par deux policiers qui interviennent. Celui-ci sera retrouvé plus tard avec des numéros de téléphone dans ses poches de pantalon. De plus, un des participants, réfugié aux États-Unis, dénoncera ses complices. Ces informations mèneront à l’arrestation de toute la bande, dirigée par Louis Morel, un ex-policier, et Tony Frank, le chef présumé de la mafia montréalaise. Le procès des six principaux accusés aura lieu en juin 1924. Les condamnations à mort, après seulement quelques minutes de délibération, seront facilitées par le fait qu’un des participants accepte de témoigner pour la Couronne en échange d’une remise de peine. Une première au Canada. La pendaison est prévue pour le 24 octobre 1924. La veille, deux des six condamnés voient leur peine commuée en emprisonnement à vie. Il aura fallu moins de sept mois entre le crime et la pendaison de quatre des malfaiteurs (dont Morel). Ce crime causera tout un émoi dans la population, d’autant plus que l’âme dirigeante est un ex-policier. Ceci conduira à une enquête sur la corruption dans la police et l’administration de Montréal. Le rapport du juge Coderre, déposé en mars 1925, ne sera que très partiellement appliqué l’année suivante. Image : BANQ, Tunnel Ontario, vers 1920.
Le patinoir (masculin et sans « e » à l’époque) Jubilee fut inauguré le 15 décembre 1908. Il était si[...]tué rue Sainte-Catherine, juste à l’ouest de l’actuelle rue Omer-Ravary, à l’emplacement des anciennes casernes d’Hochelaga, démolies dans les années 1870. Il était doté d’une surface naturelle et d’estrades pouvant accueillir environ 3 200 personnes. Il appartenait à Patrick J. Doran, propriétaire des Wanderers de Montréal, équipe à la base de la fondation de l’Association nationale de hockey (1909-1917) qui précéda la Ligue nationale de hockey. Une nouvelle équipe arriva dans l’ANH en 1909 : les Canadiens de Montréal. Elle était formée majoritairement de Canadiens-français. Le Canadien joua son premier match local à l’Arena Jubilee le 5 janvier 1910. Ce fut une victoire de 7 à 6 en prolongation contre une équipe de Cobalt en Ontario. L’équipe fit piètre figure dans sa première année puisqu’elle termina au bas du classement avec seulement deux victoires en douze matches. Les joueurs vedettes du Canadien étaient Jack Laviolette, Didier Pitre et Newsy Lalonde. Comme la saison de hockey était courte, ces athlètes jouèrent également à la crosse, l’été, pour le National au stade de cette équipe, rue Ontario, à l’emplacement du nouveau marché Maisonneuve et du parc Ovila-Pelletier. Les salaires n’étant pas élevés, plusieurs joueurs occupèrent des emplois d’appoint. Jack Laviolette par exemple fut gérant du Café Joffre, rues Sainte-Catherine et de Lasalle. Le Canadien joua les saisons 1910-11 jusqu’à 1917-18 au Montreal Arena, à Westmount, qui avait deux fois la capacité du Jubilee. Lorsque le Montreal Arena fut victime d’un incendie en janvier 1918, le Canadien revint au Jubilee pour la saison 1918-19. Malheureusement, le Jubilee fut incendié à son tour le 23 avril 1919. Auteur : André Cousineau Image : (Vignette) Dessin de l’aréna Jubilee. Nola McConnan (Texte) Aréna Jubilee, sans date (Canadiens de Montréal)
Construit par la Montreal, Light, Heat and Power (MLHP) à la limite ouest de l'ancienne ville d'Hochelaga, ru[...]es du Havre et Logan, le gazomètre a longtemps dominé le paysage de l'est de Montréal. De 1901 à 1931, la population de la métropole crût rapidement, passant de 325 653 à 818 577 personnes. Pas étonnant donc que la MLHP, qui détenait le monopole de l'électricité et une partie importante du marché du gaz, érigea ce mastodonte afin de desservir une ville sans cesse grandissante. La construction du réservoir, doté d'une structure d'acier préfabriquée et assemblée en pièces détachées, commença en juillet 1930. La mise en service eut lieu le 24 septembre 1931. Avec son diamètre de 64 m, sa hauteur de 105 m et sa capacité de 283 000 mètres cubes, il s'agissait du plus grand gazomètre au monde, détrônant celui de Chicago. Deux ascenseurs permettaient d’accéder à la machinerie installée au sommet. À l'intérieur du réservoir, un piston d'acier reposant sur des blocs de béton de 486 tonnes maintenait le contenu sous pression. Le gaz, transporté par des conduites de 36 pouces (91 cm), provenait d'une usine située à LaSalle. La MLHP ayant été nationalisée en 1944, Hydro-Québec concéda ses activités gazières à la Corporation du gaz naturel du Québec (Gaz Métro/Énergir) en 1957. L'entreprise décida de se départir du gazomètre d'Hochelaga, jugé vétuste, afin de relocaliser l'entreposage le long de l'Autoroute 40 à Rivière-des-Prairies. Le nouveau site fut mis en opération en 1969. Pour ce qui est de l'ancien gazomètre, il fut démantelé en février 1970. Les Montréalais devront attendre la construction du mât du stade olympique pour ravoir un point de repère dans l'Est. Image : Archives de Énergir, année inconnue. Vue impressionnante du gazomètre.
Cette photo fut prise par la police à l'intersection des rues Hochelaga et Dézéry, direction nord, en 1948.[...] Force est d'admettre que les environs prenaient un aspect campagnard. Le terrain situé du côté sud-ouest (à gauche) fut saisi par la Ville de Montréal en réponse à une créance d'impôt foncier. Un merveilleux outil pour aménager des espaces publics à un coût dérisoire. Ce fut le cas, car le terrain devint le parc Raymond-Préfontaine en 1953. Au loin, rue Sherbrooke, on aperçoit l'aile principale de l'hôpital Pasteur, ouvert au nouvel an 1934. Mais pour nous, le bâtiment le plus intéressant se trouve du côté nord-est (à droite). Il s'agit de l'école primaire MacVicar, anglophone, qui fut érigée par la Commission des écoles protestantes de Montréal (devenue English Montreal) en 1916. À cette époque, Hochelaga comptait une forte population d'ascendance anglaise et écossaise, quoiqu’en régression après avoir été majoritaire au 19e siècle. L'école perdura jusqu'en 1957 après quoi, elle devint temporairement l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, jeune paroisse fondée cinq ans plus tôt. Le bâtiment fut démoli peu de temps avant l'ouverture de la nouvelle église, en 1966. Image : Archives de Montréal, VM95-Y-1-1-3_9-001. Intersection des rues Dézéry et Hochelaga, 7 juillet 1948.
Située au coin des rues Adam et Joliette, l'église Très-Saint-Rédempteur a fermé ses portes en 2019. Depu[...]is 1913, la paroisse desservait la partie d'Hochelaga au sud de l'ancienne voie ferroviaire (aujourd'hui la Promenade Luc-Larivée), entre l'avenue Bourbonnière et la rue Cuvillier. L'église adopte un style néo-roman. Elle est érigée en deux temps selon les plans des architectes Donat-Arthur Gascon et Louis Parant. Cependant, l'argent vient à manquer. La paroisse n'a d'autre choix que de reporter la construction de la structure principale et doit se contenter du soubassement et du presbytère, inaugurés le 4 juin 1924. Un clocher est installé temporairement sur le toit du soubassement qui formera plus tard le plancher de la nef (pièce principale). Les travaux reprennent en 1928 pour être complétés juste à temps pour la messe de Noël 1929. La nef comprend trois jubés. Le premier se trouve au-dessus du narthex (entrée intérieure). On y trouve un orgue Casavant datant de 1924 ainsi qu'un orgue Wilhelm de style italien baroque installé en 1993, le seul au pays. Les deux autres jubés donnent sur le chœur. Outre les trois vitraux de Guido Nincheri représentant des scènes de l'Ancien Testament, l'église est peu décorée. Elle se veut modeste, à l'image de son quartier. L'église Très-Saint-Rédempteur se distingue par son aménagement intérieur qui n'a pas suivi les grandes réformes du concile Vatican 2, instaurées progressivement au Québec dans les années 1960-1970. Les principaux éléments de liturgie traditionnelle ne sont pas conservés par opposition aux changements dans la pratique, mais davantage pour des raisons d'esthétisme. La chaire, utilisée pour le sermon du curé, fait partie de la structure du chœur et de la nef tandis qu'ailleurs, on peut y accéder séparément au moyen d'un escalier en colimaçon. Même chose pour le maître-autel en marbre de Carrare et le mobilier aux couleurs sombres qui sont laissés sur place pour des raisons purement financières. AHMHM. Église Très-Saint-Rédempteur, 1963.
Jusqu’au début des années 1960 se trouvait une importante usine le long de la rue Darling, juste au sud d'[...]Ontario. C’était la B.J. Coghlin, une usine de fabrication de ressorts et d’essieux pour trains. Bernard Joseph Coghlin est d’ascendance irlandaise. Il immigre au Canada en 1867 et l’année suivante, ouvre une forge. Il décide de se spécialiser dans la fabrication de ressorts et d’essieux pour calèches et plus tard, pour trains. Il acquiert en 1879 une manufacture déjà installée depuis deux ans à Hochelaga. Elle était sur la rue Stadacona (Adam) entre Marlborough (Alphonse D.-Roy) et Moreau. Il réussit à obtenir une exemption de taxes de la ville d’Hochelaga pour son entreprise, la Montreal Spring Works. À cette époque, une centaine de mécaniciens y travaillent et la manufacture fournit tout le Canada en ressorts et essieux pour trains. B.J. Coghlin est aussi l’inventeur d’un mécanisme pour éviter l’écartement des rails et ainsi prévenir les accidents ferroviaires. Il meurt en 1909 et ses deux fils décident de continuer son œuvre. Ils vont incorporer l’entreprise l’année suivante sous le nom de B.J. Coghlin Spring and Axle Works. En 1915, les frères Coghlin vont faire construire un plus grand établissement dans le quadrilatère formé par les rues Darling, Ontario, Davidson et la voie ferrée du Canadian Northern. La B.J. Coghlin cesse ses opérations à l’usine d’Hochelaga en 1961. Les bâtiments inoccupés sont démolis progressivement dans les années 1980 et sur le site, la Ville de Montréal aménage la Bibliothèque pour enfants et la Piscine Hochelaga. Image : BAC. Bernard Joseph Coghlin en 1908.
En 1903, William J. Poupore achète à la Montreal Land and Improvement Company les lots qui composent l’act[...]uel parc Lalancette afin d’y creuser une carrière. Comme c’est le cas un peu partout à Montréal, elle est exploitée pendant quelques années avant d’être abandonnée. Progressivement inondée, l’ancienne carrière, profonde de 15 mètres (50 pieds), est le théâtre d’au moins deux noyades au tournant des années 1920. En 1922, Montréal doit trouver de nouveaux endroits pour enfouir ses déchets. À la suite d’une recommandation du Département de l’Incinération, le Comité exécutif fait l’acquisition de la carrière Poupore pour en faire un dépotoir. Son achat au prix de 65 000$ (quatre fois l’évaluation municipale) est entaché par des allégations de corruption. Toutefois, la Ville justifie cet investissement en invoquant les coûts de transport réduits par la proximité de la carrière Poupore comparativement à d’autres lieux d’enfouissement plus éloignés. Malgré la sécurisation du site, cette décision est contestée par le voisinage qui craint l’apparition d’un nouveau foyer d’infections et d’odeurs nauséabondes. La Ville va quand même de l’avant avec son projet de dépotoir, mais promet sa transformation future en parc. Ce processus s’amorce lentement à partir de 1926. L’appellation du parc est hautement politisée. En 1930, il prend le nom de Georges Lalancette, conseiller municipal du quartier Préfontaine (partie nord du quartier Hochelaga). Un an après sa défaite électorale, en 1935, le parc est renommé en l’honneur de Raymond Préfontaine, ancien maire d’Hochelaga et de Montréal. Après sa réélection en 1944, Lalancette parvient à redonner son nom au parc malgré un nouveau règlement empêchant les espaces publics d’être nommé du vivant d’une personne. Image : Archives de Montréal. Parc Lalancette en 1959.
Alphonse-Avila Desroches, mieux connu sous le nom de A.A. Desroches, a été un personnage important dans l’[...]histoire du quartier Hochelaga. Né à Côte de la Visitation (aujourd’hui le quartier Rosemont) le 11 octobre 1876, il s’installe en 1895 à Hochelaga en ouvrant avec son frère Joseph un commerce de « dry goods » (fils et tissus, vêtements prêts-à-porter et parfois marchandises sèches comme le café, le sucre, la farine et le tabac). Le commerce est situé rue Notre-Dame. En 1905, toujours avec son frère, il achète une épicerie à l’angle de Sainte-Catherine et Préfontaine. Le 26 février 1907, lors de l’incendie de l’école protestante d’Hochelaga, son commerce sert de refuge pour les parents des élèves qui attendent des nouvelles de leurs enfants. En 1913, Desroches se retire des affaires et devient un rentier. Il s’implique, cependant, dans plusieurs organismes du quartier. Il est, ainsi, l’un des fondateurs de la Caisse populaire d’Hochelaga en 1912 et de la paroisse Très-Saint-Rédempteur l’année suivante. Toujours en 1913, il est élu commissaire de la Commission scolaire d’Hochelaga dont il est le dernier président de 1915 à 1917. L’année suivante, il se présente comme conseiller municipal dans le quartier Hochelaga. Il est élu et représentera le quartier sans interruption jusqu’en 1936. En 1921, ses pairs l’élisent comme membre du conseil exécutif dont il est le président de 1927 à 1930. Il perd son poste de membre de l’exécutif en 1930, mais le reprend pour un dernier mandat de deux ans en 1932. En 1936, il met fin à sa carrière politique. Il a habité la plus grande partie de sa vie au 1426, avenue Valois. Il meurt le 1er mars 1963. Image : Archives de Montréal, A.A. Desroches en 1929.
Annani (ou Ananie) Cordeau (1867-1933) est originaire de la région de Saint-Hyacinthe. Sa famille émigre à [...]Boston au Massachusetts et c’est là qu’il rencontre et épouse Anna Girouard en décembre 1894. À cette époque, il est ébéniste et sa femme modiste. Deux enfants naissent aux États-Unis. Au printemps 1898, on retrouve le couple à Saint-Hyacinthe où il ouvre un magasin de meubles. Désireux d’œuvrer dans un plus grand marché, Annani Cordeau s’installe dans le quartier Hochelaga, rue Notre-Dame, vers la fin de 1899. Son magasin est situé à proximité de la Filature Hudon. Le 15 janvier 1904, il signe un bail de 5 ans au docteur Georges-Edmond Baril qui a fait construire un bâtiment à côté de son bureau, angle Sainte-Catherine et Dézéry. Le magasin est situé au 1646, rue Sainte-Catherine Est (plus tard le 3184). Le 13 octobre 1909, il signe un second bail. Le magasin de meuble d’Annani Cordeau a l’avantage d’être situé près de la gare Moreau, plus à l’ouest rue Sainte-Catherine, ce qui lui permet de vendre ses produits aux voyageurs de la région de Saint-Jérôme et des Hautes-Laurentides qui transitent par la station. Annani Cordeau est donc un marchand prospère. Au recensement de 1911, il déclare des revenus de 8 000$, ce qui est considérable pour l’époque. Par l’entremise de sa femme, il fait de nombreux prêts. Peu après la mort du docteur Baril, il se porte acquéreur du bâtiment au1644-1648, rue Sainte-Catherine (3178-3186). Son fils Omer travaille au magasin comme commis. Annani Cordeau meurt d’un infarctus en janvier 1933. Il est inhumé au repos Saint-François d’Assise. Image : BANQ, Meublier Cordeau, vers 1925 au 3178 rue Sainte-Catherine est.
À la fin du 19e siècle, les immigrants chinois se déplacent vers l’Est depuis la Colombie-Britannique. Vi[...]ctimes de racisme et d’intimidation, leurs horizons sont limités. Ils vont donc se concentrer dans deux domaines : les buanderies d’abord, et dans une moindre mesure dans notre quartier, la restauration. Les conditions de travail dans les buanderies sont difficiles : espace exigu, chaleur écrasante, longues heures pour une faible marge de profit. La première buanderie chinoise d’Hochelaga apparaît en 1894, rue Dézéry en face de l’actuel square. La seconde s’ouvre l’année suivante au 3172, rue Sainte-Catherine, entre Préfontaine et Dézéry. Les buanderies vont ensuite s’installer progressivement dans la partie est d’Hochelaga, puis dans Maisonneuve. En 1927 on compte 23 buanderies dirigées par des familles chinoises. Ensuite, leur nombre diminue progressivement pour être de 13 en 1939, 8 en 1961 et seulement une en 1966. La crise économique des années 1930 et, par la suite, l’apparition de nettoyeurs indépendants sont les deux facteurs principaux qui expliquent la diminution du nombre de buanderies chinoises. La dernière buanderie d’Hochelaga-Maisonneuve est celle de Wing Lee, ouverte en 1913, au 3689 rue Adam. Elle continue d’exister jusqu’en 1969. L’année suivante, elle est reprise par Wong Hing Fee à l’adresse voisine (3693) et ce, jusqu’en 1989. Au total, la buanderie de Wing Lee aura existé pendant 76 ans dans le quartier. Une autre buanderie de la famille Lee était installée un peu plus à l’ouest rue Adam au 3630. Elle a été en activité de 1924 à 1959. Image : AHMHM, 3689-3693 rue Adam, 5 juillet 2021.
Le bain d'Hochelaga était situé au coin des rues Marlborough (Alphonse D. Roy) et Sainte-Catherine, côté s[...]ud-ouest. Inauguré en juin 1906, il remplace l'ancien bain en bois situé en plein cœur du village, derrière la caserne de pompiers, rue Hudon (John-Easton-Mills). Ce dernier fut ouvert en 1890, quelques années après l'annexion d'Hochelaga à Montréal. Sa construction faisait partie de la liste d'infrastructures conditionnelles à la fusion des deux municipalités. Le nouveau bain de la rue Marlborough, conçu par les architectes Raoul Lacroix et Alphonse Piché, était comparable à l’ancien en superficie, mais sa structure briquetée lui assurait une durée de vie plus longue. En revanche, l'édifice n'était pas chauffé et seule l’eau froide s’écoulait des douches. Par conséquent, le bain n’était ouvert qu’entre les mois de juin et d’août et il en sera ainsi jusqu'à sa fermeture définitive en 1954. Dans les années 1950 et 1960, les administrations de Camillien Houde et Jean Drapeau modernisent la plupart des bains publics de Montréal. En raison de sa vétusté, le bain Hochelaga est démoli en novembre 1957. Aujourd'hui, à la place du bain, on trouve le stationnement du Studio Notre-Dame. Images : Archives de Montréal, Bain d'Hochelaga, 6 avril 1955.
Christine Cadet, est née en Belgique en janvier 1884 et immigre au Canada en 1895 avec sa mère, son frère e[...]t sa sœur, son père les ayant précédés en 1894. Vers 1898, la famille s’installe à Hochelaga et Christine se retrouve rapidement employée à la filature Hudon, angle Dézéry et Notre-Dame. Au début du 20e siècle, aucun syndicat n’existe dans l’industrie textile. Quelques années plus tard, en septembre 1906, la Fédération des ouvriers textiles du Canada est mise sur pied et regroupe des ouvriers et ouvrières de Montréal, Valleyfield et Magog. Le congrès de fondation a lieu le 16 décembre 1906 à la salle Tremblay de la rue Sainte-Catherine, près de Moreau. Christine Cadet y participe en tant que déléguée syndicale de la Hudon. Au congrès, deux questions préoccupent les syndiqués. D’abord la question des tarifs qui est essentiels à la survie de cette industrie. Cadet fait, d’ailleurs, partie d’une délégation envoyée à Ottawa pour porter les doléances du syndicat auprès du gouvernement fédéral. L’autre question est celle du travail des enfants de moins de 14 ans, encore trop nombreux dans cette industrie. Peu après le congrès, Christine Cadet est nommée vice-présidente du syndicat de la Hudon. La puissante Dominion Textile, formée en 1905, dont font partie la Hudon et la grande majorité des filatures de coton, ne voit pas d’un bon œil l’existence de ce syndicat. Le 1er mai 1908, la Dominion et les autres compagnies décident unilatéralement de baisser les salaires de leurs employés de 10%. Malgré la mobilisation syndicale, des dissensions apparaissent dans le mouvement et à partir du 10 juin, les ouvriers sont forcés de retourner au travail sauf les dirigeants syndicaux dont les noms sont inscrits sur une liste qui les empêche de trouver un emploi dans une autre filature. Christine Cadet continue son travail à la Fédération, mais le cœur n’y est plus. En avril 1909, elle quitte le travail syndical pour épouser Raoul Bergeron et part vivre à Magog. Image : Collection privée Carole Bergeron, Christine Cadet, vers 1905, peu avant son engagement dans la Fédération des ouvriers textiles du Canada.
Cet édifice, situé à l’angle nord-ouest des rues Sainte-Catherine et Darling, porte le nom du menuisier T[...]élesphore Lescadre qui complète en 1889 un bâtiment dont la construction avait été entreprise par Alfred Pichette, un autre menuisier. Cet édifice de trois étages comporte un rez-de-chaussée à usage commercial et deux logements aux étages supérieurs. La partie gauche du bâtiment est prolongée avant l’année 1911. Dans les années 1920, le propriétaire prolonge le bâtiment le long de la rue Darling et refait tout le revêtement en brique de couleur chamois, ajoute une corniche qui sépare le rez-de-chaussée des étages supérieurs et orne les deux côtés de ce commerce en angle. Après avoir servi d’épicerie et de commerce de dry goods (tissus et articles de couture), le bâtiment est acquis en 1913 par la Banque d’Épargne de la Cité et du District de Montréal pour en faire une nouvelle succursale. En 1927, la Banque décide de construire une toute nouvelle succursale qui est inaugurée l’année suivante. Leur nouveau bâtiment est situé tout juste en face de l’édifice Lescadre au 3290, rue Sainte-Catherine Est. L’édifice Lescadre demeure la propriété de la Banque d’Épargne jusqu’en 1945, année où il est vendu à Joseph-André Brien. Il servira de salon de coiffure et de magasin de musique. En 1960, c’est dans cet édifice que s’installe un commerce emblématique dans le quartier, l’Herboristerie Desjardins, dont la renommée dépasse largement les frontières d’Hochelaga. Ce commerce ouvre d’abord plus à l’est au 3339, rue Sainte-Catherine. En 1970, Renée Bleau, la belle-fille du fondateur Joseph Desjardins, se porte acquéreuse du bâtiment. L’immeuble est toujours la propriété de la famille Desjardins. Image : Archives de Montréal, Édifice Lescadre en 1985, 3303, rue Sainte-Catherine Est.
En mai 1888, une terrible explosion dans un réservoir de la Montreal Gas Works (aujourd’hui Énergir) fait [...]cinq victimes. Au début des années 1870, la New City Gas Co. (qui devient la Montreal Gas Works en 1879) s’installe rue du Havre dans ce qui est la partie ouest de l’ancien village d’Hochelaga. Le gaz de l’époque n’est pas du gaz naturel, mais du gaz de houille, particulièrement inflammable. Ce dernier est principalement utilisé pour éclairer les villes. En 1888, la compagnie installe un nouveau réservoir. Construit de briques et de fer, il mesure 60 pieds (18,3 m) de hauteur et de 400 pieds (122 m) de circonférence. Le samedi 28 mai, des ouvriers de la Dominion Bridge peignent l’intérieur du réservoir et c'est à ce moment que se produit une puissante explosion qui fait sauter la couverture de tôle et cause la mort de cinq ouvriers et de nombreux blessés. Le réservoir n’est plus qu’un amoncellement de briques, de poutres de fer tordues sur lesquelles la couverture s’est aplatie. Le lundi 30 mai, un jury de 15 personnes, sous la direction du coroner Jones, est chargé d’enquêter sur les causes de l’explosion. Les blessés interrogés à l’hôpital affirment unanimement que l’on sentait le gaz dans le réservoir depuis plusieurs jours. Un contremaître a même été averti de la chose, mais il rabroue vertement l’ouvrier en question. Le 7 juin, le jury rend son verdict et porte le blâme sur les ouvriers qui auraient agi par imprudence et ignorance. Le jugement dégage la compagnie de toute obligation d’indemniser les victimes. À cette époque, il est rare qu’une compagnie soit tenue responsable d’un accident. En 1901, la Montreal Gas Works fusionne avec la Royal Electric pour former le puissant trust de la Montreal, Light, Heat & Power qui détient un quasi-monopole sur la vente d’électricité dans la grande région de Montréal. Image : Le Monde illustré, 2 juin 1888. Lendemain de l'explosion.
L’ancienne ville d’Hochelaga comptait deux filatures sur la rue Notre-Dame: la Hudon, coin Dézéry et la [...]Sainte-Anne, angle du Havre. Ces filatures, érigées respectivement en 1874 et 1882, sont mises sur pied par l’industriel Victor Hudon. En effet, après avoir perdu le contrôle de la première filature aux mains d’un groupe de magnats anglophones dirigés par Andrew Frederick Gault et étroitement associés aux activités de la Banque de Montréal, Hudon s’empresse d’en ériger une seconde pour faire concurrence à la première. La nouvelle manufacture réussit facilement à obtenir une exemption de taxes du conseil d’Hochelaga qui est alors sous la gouverne de Raymond Préfontaine. Malheureusement, en raison de soucis de santé, Hudon perd rapidement le contrôle de la Sainte-Anne et en 1885 les deux filatures fusionnent pour former la Hochelaga Cotton Company. En 1905, elles intègrent la Dominion Textile qui contrôlera une grande partie de l’industrie du coton au Québec. Au bâtiment original de 1882, la Dominion Textile en ajoute deux : l’un en 1905 et le second en 1912. La filature Sainte-Anne est plus petite que la Hudon et compte moins de la moitié d’employés. Par exemple, lors de la grève de 1908, on dénombre 409 ouvriers à Sainte-Anne alors que la Hudon en compte 1098. À cette époque, dans l’ensemble des manufactures de la Dominion Textile, environ 40% des employées sont des femmes qui se retrouvent majoritairement au tissage. Les hommes occupent des métiers plus spécialisés. Les conditions de travail sont difficiles et ne s’amélioreront véritablement qu’à la suite de la formation de syndicats catholiques et d’une importante grève en 1937. En 1953, la Dominion Textile décide de fermer la filature Hudon. La filature Sainte-Anne continue d’opérer jusqu’en mars 1983. Par la suite, elle est démolie. Image : Archives de Montréal, Filature Sainte-Anne en 1982 (2154-2166 rue Notre-Dame Est).
Georges Lalancette (1884-1962) fut un personnage marquant dans l'histoire politique d'Hochelaga. Né à Saint-[...]Félicien, il fait ses études dans le petit village de Saint-Méthode. À l'âge de 14 ans, il quitte sa ville natale pour chercher du travail à Shawinigan, fort probablement dans les usines de pâtes et papiers. En 1908, Lalancette se marie à Melendy Carrier, originaire de Sainte-Tite. Il apprend le métier de briquetier et déménage avec sa femme et ses enfants à Hochelaga, vers 1912. Il s'installe au 1515 avenue Valois et œuvre à son compte. La vie publique l'intéresse dès son arrivée. En 1915, il est élu premier président du Club ouvrier indépendant d'Hochelaga. Plus tard, il est au cœur de plusieurs organisations : Ligue des propriétaires de Montréal, Association des hommes d'affaires de l'Est, Union internationale des briquetiers. Lalancette fait le saut en politique municipale en 1921. Élu avec une majorité de 41 voix, il représente le quartier Préfontaine (partie d'Hochelaga au nord de la voie ferrée) jusqu'en 1934. On lui doit le parc Lalancette, aménagé sur un dépotoir au début de la crise économique. Lalancette siège sur plusieurs comités municipaux, soit ceux des Travaux publics, de la Sûreté et des Logements. En marge de ses activités politiques et professionnelles, il s'implique activement au sein de la paroisse Sainte-Jeanne-d'Arc. Réélu en 1944, Lalancette conserve son poste pendant dix ans. Une fois retiré de la vie politique, il se consacre à une entreprise d'autobus qu'il a fondée quelques années plus tôt. Georges Lalancette n'a jamais quitté Hochelaga. Il meurt d'une longue maladie en 1962 à l'âge de 78 ans. Il résidait à ce moment au 2375 rue de Chambly. Image : Archives de Montréal, Georges Lalancette en 1947.
En février 1908, l'archidiocèse de Montréal crée une paroisse anglophone pour desservir l’Est de Montré[...]al : Saint Aloysius. Cette dernière réunie surtout les fidèles des quartiers Hochelaga, Maisonneuve et Sainte-Marie. En attendant la construction de l’église, une chapelle temporaire est ouverte pour offrir les services religieux. En 1908 et 1909, l’abbé Shea préside les offices de la paroisse à l’école Saint-Joseph, située sur la rue Dézery. Le 1er septembre 1908, plusieurs membres du clergé et des centaines de fidèles assistent à la bénédiction de la pierre angulaire de lafuture église. Sise au coin des rues Stadacona (Adam) et Nicolet, le terrain est formé d’une colline mettant le temple en valeur dans le paysage urbain. Les plans de style pur Renaissance sont dessinés par l’architecte Joseph-Albert Karch (1873-1945). Membre fondateur de l’Institut royal d'architecture du Canada en 1907, Karch connaitra une carrière prolifique au Québec. À Montréal, il a à son titre les églises Saint Thomas Aquinas, église anglophone de Saint-Henri, en 1923, ainsi que l’église Saint-François Solano, en 1925. Le 19 décembre 1909, l’église Saint-Aloysius est inaugurée par l’archevêque Paul Bruchési. Le bâtiment est imposant : 160 pieds (48 mètres) de long et 54 pieds (16 mètres) de large. Il peut accueillir jusqu’à 1 200 fidèles. À l’intérieur, la décoration est assurée par trois autels et un magnifique chemin de croix. Abandonnée progressivement à la fin des années 1960, l’église est détruite par un incendie 13 juin 1972. Rapidement, le terrain sur lequel se trouve l’église est transformé en parc. Dès 1974, l’on retrouve la mention d’activité dans le parc Saint-Aloysius. Image : Musée McCord, Église Saint Aloysius vers 1910,
Passant sous les voies du Canadien Pacifique, le tunnel de la rue de Rouen fait le lien entre Hochelaga et Sai[...]nte-Marie. Construit en partenariat public-privé, il occupait une position stratégique dans le réseau de la Compagnie des chemins de fer du Terminal qui desservait les banlieues de l'est de l'île. Cette compagnie de tramways, dont les premières traces remontent à 1893, faisait concurrence à la puissante Montreal Street Railway. La construction de sa ligne, parallèle aux voies du Chateauguay & Northern (aujourd'hui le Canadien National) jusqu'au pont ferroviaire du Bout-de-l'Île, commença au printemps 1900. Or, pour relier Montréal à Pointe-aux-Trembles, il fallait trouver un moyen de passer l'obstacle ferroviaire d'Hochelaga. L'option du tunnel fut choisie par la compagnie. Évaluée à 21 000$ (65 % payés par la Ville de Montréal), la structure atteignait à ses débuts 40 pieds de largeur, 100 pieds de longueur et 13,5 pieds de hauteur. Après des mois de retard causé par une grève des charroyeurs, on procéda à son inauguration le 28 mai 1903. Érigé en vitesse dans des conditions de travail hasardeuses, le tunnel de la rue de Rouen n'a pas tardé à montrer des signes de faiblesse. En 1921, la Ville dut colmater des brèches suffisamment nombreuses pour causer un effondrement. D'autres réparations majeures furent réalisées en 1939 et c'est à ce moment que le tunnel prit son aspect actuel. Image : La Presse, Tunnel de la rue Forsyth (Rouen), mai 1903.
Fondée le 22 février 1922, la paroisse Sainte-Jeanne-d’Arc est délimitée par les rues Ontario, Bourbonni[...]ère, Rachel et Davidson. À ses débuts, elle compte 2500 personnes. La première messe est célébrée le jour de Pâques 1923 au rez-de-chaussée d'un triplex rues Chambly et Rouen. Cette salle paroissiale, dont les offices reviennent au curé-fondateur Henri Latour, auparavant à Saint-Christophe de Pont-Viau, se veut temporaire pendant la construction de l'église. Les terrains sur la rue Chambly, entre Hochelaga et Rouen, sont achetés depuis le mois d’août 1922 pour la modique somme de 1800$. Des concerts, soupers et tombolas sont organisés au bénéfice de la jeune paroisse. Familles, marchands et membres de la bourgeoisie canadienne-française contribuent à l’érection de l’église, inaugurée en 1923. Conçue par les architectes Dalbé Viau et Alphonse Venne, elle peut accueillir 1200 fidèles. C'est une église très modeste, à l’image du quartier ouvrier qu’elle dessert. Le presbytère est érigé à un jet de pierre au nord. La paroisse gagne en population après 1945. L'église vieillit prématurément. Des problèmes structuraux, vraisemblablement causés par la faible qualité de la construction, force la paroisse à reconsidérer sa conservation. En 1961, une nouvelle église est ouverte de l’autre côté du presbytère qui est conservé pour des raisons pratiques et financières. Un corridor permet de faire le pont entre les deux bâtiments. L’ancienne église est vendue au gouvernement du Québec qui la remplace par la Résidence Maisonneuve (aujourd’hui CHSLD Nicolet) en 1971. Image : BANQ, Première église Sainte-Jeanne-d'Arc, 1923. 2295, rue de Chambly.
Victor Hudon (1812-1897) fonde la Compagnie des moulins à coton en 1872. Il désire s’installer à Hochelag[...]a, banlieue de Montréal à l’époque, et obtient une exemption de taxes de 20 ans de la municipalité. La filature ouvre ses portes en février 1874, rue Notre-Dame, angle Dézéry. Hudon est considéré comme un patriote puisque l’ouverture se fait dans un contexte de crise économique et d'exode des Canadiens français vers les États-Unis. À l’époque, c’est la plus importante filature au Canada et une entreprise très profitable. La majorité des membres du conseil sont francophones, mais progressivement, Hudon est évincé de la direction par des industriels anglophones beaucoup plus puissants. En 1882, il fonde la filature Sainte-Anne, plus à l’ouest sur Notre-Dame, mais la perd presque aussitôt. Les deux filatures constituent la Hochelaga Cotton Mills en 1885. Elles seront les éléments principaux dans la formation de la Dominion Textile en 1905, le puissant trust du textile. La Hudon ferme en 1953. Le bâtiment sert ensuite d’entrepôt. Incendié en 1978, il est démoli l’année suivante. Les femmes formaient la majorité des employés de la Hudon et les enfants, souvent très jeunes, environ 15%. Les conditions de travail sont difficiles : plus de 64 heures par semaine, salaires insuffisants, ventilation et chauffage inadéquats, graves accidents, etc. Les ouvrières mèneront des grèves d’importance en 1880 et 1908. Image : Musée McCord ; Victor Hudon vers 1895.
Délimitée par les rues Joliette, Hochelaga, Chambly et Sherbrooke, cette ruelle tracée en 1894 se trouvait [...]sur le domaine de Simon Valois. Elle fut pavée en deux temps, d'abord en 1929. À la demande de certains propriétaires appuyés par le conseiller municipal de Préfontaine, Georges Lalancette, une étude fut menée en ce sens à l'automne 1928. La ruelle étant privée, une loi provinciale obligeait alors les municipalités à sonder les propriétaires riverains pour leur envoyer la facture. Il fallait que la Ville de Montréal reçoive l'assentiment de la moitié des propriétaires représentant la moitié en pied de front de la ruelle. Des 34 propriétaires, sept se sont prononcés en faveur, onze à l'encontre et seize n'ont jamais répondu. Après plusieurs avis, les abstentions ont été réputées en accord. Les travaux, effectués en régie, furent complétés en août 1929 pour la somme de 12 800$. Les propriétaires, favorables ou non, reçurent une facture de 9,44$ par pied linéaire (226,56$ pour un lot moyen de 24 pieds). La partie nord n'a pas été asphaltée en raison de la pente raide et parce qu'il n'y avait pas assez de constructions érigées à ce moment. À cela s'ajoute une troisième raison, soit la concentration des propriétaires récalcitrants dans la partie nord. En réduisant l’emprise de la ruelle, on diluait l’opposition. L'asphalte fut renouvelé en 1969. Quant à la partie nord de la ruelle, un revêtement de ciment a été installé par Mole Construction en 1975. Image : AHMHM, 15 août 2020. Vue vers le sud (Hochelaga). Nous voyons la limite entre les deux phases de revêtement, celle de 1929 (refaite en 1969) et l'autre, en 1975 (près du photographe).
Le parc Hochelaga est le second en ancienneté dans le quartier Hochelaga après le Square-Dézéry. D’aille[...]urs, lorsque le Square-Dézéry est créé en 1903, c’est l’un des noms envisagés pour cet espace vert. À ses débuts, le parc Hochelaga est délimité par les rues Davidson, La Fontaine, Darling et l’école Hochelaga. Il est situé immédiatement au sud de la voie ferrée du Canadian Northern (devenu le Canadien National) et de l’usine d’essieux B.J. Coghlin. Cet espace est en partie habité. En 1914, la Ville de Montréal dépense plus de 122 000 $ en expropriations. En février 1926, la Ville acquiert les terrains vacants du futur parc de la succession A.M. Delisle. Depuis longtemps, les gens du quartier ont baptisé informellement cet espace parc Hochelaga, bien que ce ne sera rendu officiel qu’en 1930. Le parc Hochelaga sert principalement de terrain de jeux, mais on y présente également des matches de baseball. En 1984, il est complètement réaménagé par la création de la « Place La Fontaine » et l’aménagement d’une aire de pique-nique, de sentiers, d’un terrain de pétanque et de jeux modulaires pour les tout-petits. L’agrandissement du parc est limité par la voie ferrée du CN. Bien que cette section cesse de fonctionner en 1980, il faudra attendre le nouveau millénaire pour que le gouvernement provincial finance l’enlèvement des voies ferrées. Le parc peut alors s’agrandir et constituer la limite sud de la piscine Hochelaga (maintenant Pierre-Lorange) ainsi que de la bibliothèque Hochelaga. Le parc Hochelaga est maintenant intégré au lien vert qui utilise l’ancienne emprise ferroviaire. Image : Archives de Montréal, Semaine d'élection du maire du parc Hochelaga, 1957.
Le commerce de tabac et des bonbons est très populaire dans les quartiers ouvriers des années 1920-1940. Hab[...]ituellement une entreprise familiale, il arrive que le mari possède un emploi à l’extérieur et que sa femme gère le commerce. Ce dernier est toujours situé au rez-de-chaussée d’un édifice à logements ou dans un commerce en angle comme on en trouve plusieurs exemples encore dans Hochelaga-Maisonneuve. Comme il est trop dispendieux de louer un logement et un local commercial, la famille habite souvent dans les pièces au fond du rez-de-chaussée. Le commerce occupe donc une petite superficie. Ces derniers sont souvent très rapprochés les uns des autres et la concurrence est forte. Les commerces de tabac et de bonbons visent deux clientèles : celle des hommes pour les produits du tabac et celle des enfants pour friandises. Ceux-ci sont disposés dans de grands bocaux en verre ou dans un présentoir vitré. On y vend également des biscuits comme ceux des biscuiteries Viau et Christie. En 1920, on compte 40 établissements dans Hochelaga-Maisonneuve. Ce nombre passe à 172 en 1929 et 223 en 1939 et ce malgré la crise économique. Le nombre commence à baisser à 1949, et chute dramatiquement dans les années 1950. En 1959, ces commerces ne sont plus qu’une soixantaine. Avec la conversion des épiceries de quartier en dépanneurs dans les années 1970, ils ne seront plus qu’un souvenir. Image : AHMHM, fonds Carole Bergeron. Henri Cadet et Octavie Delegher dans leur commerce de tabac et de bonbons du 2212, rue Saint-Germain, 1928.
Le 7 septembre 1898, Joseph Venne, à ne pas confondre avec le Joseph Venne architecte de St-Clément de Viauv[...]ille, achète le lot 29-326 de la Montreal Land & Improvement, une importante compagnie immobilière d’Hochelaga. À cette époque, il vient d’arriver dans le quartier et travaille comme contremaître à la filature Hudon, rue Notre-Dame. La maison est terminée en 1899. Joseph Venne est propriétaire occupant. Le premier locataire sera Henri Julien Cadet, père de Christine Cadet, tisserande et future vice-présidente du syndicat de la filature. Henri Cadet paie 60 $ de loyer par année, ce qui est la moyenne pour ce type de maison. La maison Joseph-Venne est un bel exemple de maison ouvrière de la fin du 19e siècle. C’est un carré de bois sans fondation recouvert de brique des quatre côtés. La façade ne comporte pas d’ornementation. Le toit est plat et l’escalier menant à l’étage est intérieur. Contrairement aux logements ouvriers construits rue St-Germain par la filature Hudon en 1882, la maison Joseph-Venne ne contient pas de demi-étage sous les combles du toit. Elle n’a pas connu de transformations importantes si ce n’est que les fenêtres et les portes actuelles ne sont pas d’origine. Image : AHMHM, 1469-1471 Davidson, automne 2022.
Simon Valois est né à Pointe-Claire en 1791. Très tôt dans sa vie, il fonde une tannerie dans le quartier [...]Saint-Antoine à Montréal. En 1837, ayant fait fortune, il lègue son entreprise à son neveu Narcisse Valois. Il décide de s’établir dans ce qui deviendra le village d’Hochelaga et achète les lots #21 à #29, ce qui comprend toutes les terres entre les rues Valois et Aylwin, du fleuve jusqu’au boulevard Rosemont. Il devient le plus important propriétaire foncier d’Hochelaga. Cette même année, le 15 mai 1837, il participe à l’assemblée des Patriotes de Saint-Laurent où il milite pour la création de municipalités autre que Montréal et Québec. Il sera également un des directeurs provisoires de la Banque Jacques-Cartier, fondée en 1861. Simon Valois est surtout connu pour avoir donné en 1857 les terrains nécessaires à la construction de la maison-mère, du couvent et de la chapelle des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, installations inaugurées en 1860. Elles se trouvaient entre les rues Joliette et Nicolet, au sud de Sainte-Catherine. La condition expresse est que son fils, Louis-Étienne-Avila, soit nommé le premier chapelain du Couvent Hochelaga. Il meurt en décembre 1866 et sera inhumé dans la crypte de la chapelle du Couvent. À l’exception d’une, ses terres sont distribuées entre ses deux enfants : Louis-Étienne-Avila et Marguerite. La rue Valois n’est désignée qu’en 1952, mais elle existe déjà sur l’Atlas de 1890. En 1903, la voie du Canadian Northern Railway traverse les terres de Simon Valois. C’est à la jonction des rues Ontario et Valois que la ville de Montréal inaugurera en 2006 la Place Simon-Valois sur l’ancienne emprise ferroviaire. Image : BANQ, Simon Valois en 1865.
De 1860 à 1971, s’élevait un magnifique bâtiment dans le quadrilatère Notre-Dame-Joliette-Ste-Catherine-[...]Nicolet : le Couvent Hochelaga. En 1858, Simon Valois, un riche bourgeois d’Hochelaga, désire offrir aux jeunes filles de l’Est de Montréal un établissement d’éducation de qualité. Après le refus des Sœurs du Sacré-Cœur, ce sont les sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM), établies à Longueuil, qui acceptent l’offre de déménager leur maison-mère et de construire un pensionnat. Il leur cède donc un immense terrain et accepte de financer la construction d’une chapelle. Le complexe conventuel consistera en deux grands bâtiments, le pensionnat et la maison-mère, liés par une chapelle, formant ainsi un grand H horizontal. Onésime Généreux, architecte de Saint-Hyacinthe, est choisi pour dresser les plans de l’ensemble. On accueille les premières pensionnaires en octobre 1860. Cet établissement est destiné aux jeunes filles de la bourgeoisie. Les élèves proviendront rapidement de 3 provinces canadiennes et de 10 États américains. Les cours sont donnés en français et en anglais et comprennent toutes les matières de base : langues, sciences, sciences humaines, mathématiques, musique, arts plastiques et arts ménagers. On agrandit le pensionnat en 1864-65 en y ajoutant deux ailes et un magnifique péristyle. D’autres travaux d’agrandissement auront lieu en 1876 et 1901. En 1925, les sœurs SNJM transfèrent leur maison-mère à Outremont. La dernière année scolaire sera celle de 1969-70. À ce moment, la survie du couvent est menacée par les travaux de l’autoroute Ville-Marie, jamais complétés. La ville de Montréal achète le bâtiment en 1971, mais refuse de le transformer en logements accessibles parce qu’elle ne veut pas dépenser plus que le prix de la démolition (35 000 $). On choisit plutôt de le démolir et on érige sur le site les Habitations Hochelaga. Ainsi disparaît un trésor du patrimoine architectural d’Hochelaga. Parmi les femmes ayant fréquenté le pensionnat, mentionnons les noms de Justine Lacoste-Beaubien, cofondatrice de l’Hôpital Ste-Justine, et Marianna Beauchamp-Jodoin, première sénatrice francophone en 1953. Image : BANQ, vers 1905. Carte postale montrant la façade du pensionnat, La partie centrale est celle d’origine en 1860; les deux ailes sont ajoutées en 1864-65.
Certains se souviennent des postes de péage aujourd’hui disparus sur les autoroutes ou à l’entrée des p[...]onts Jacques-Cartier et Champlain. On oublie cependant que de 1840 à 1911, les habitants de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve devaient emprunter un poste de péage pour entrer à Montréal. La seule route carrossable entre Montréal et Québec était le Chemin du Roy aménagé en 1737. Les seigneurs devaient veiller à l’entretien de leur portion du chemin. Au début du 19e siècle, des voix s’élèvent pour que le gouvernement prenne en charge l’entretien de la route qui est dans un état de plus en plus lamentable. En 1840, le gouvernement vote la création du Montreal Turnpike Trust (plus tard le Syndicat des chemins à barrière) qui se financera par l’imposition d’un péage sur toutes les routes autour de l’île. Le montant du péage dépend du nombre de roues et de chevaux. L’imposition de péages est très impopulaire et nombreux sont ceux qui vont chercher à contourner cet obstacle. On aménage la future rue Notre-Dame légèrement au nord du Chemin du Roy, l’érosion ayant fait déjà des ravages. Le premier poste de péage de l’arrondissement est à la hauteur de la rue Frontenac. Lorsque la ville de Maisonneuve est créée en 1883, la barrière est déplacée à l'avenue Valois. En 1889, la ville de Maisonneuve paie des redevances au syndicat et la barrière est installée à Longue-Pointe au ruisseau Molson. Une autre barrière s’ajoutera au niveau de la rue Caty (expropriée en 1999) au moment de la création du village de Beaurivage. En 1906, la barrière de Viauville rapporte 4921 $ et celle de Longue-Pointe, 1728 $. C’est la fin des péages en 1911 lorsque Montréal paiera à son tour des redevances. En 1922, le gouvernement confie la responsabilité des routes au ministère de la Voirie et aux municipalités. Image : Musée des Beaux-Arts du Canada. La barrière à péage, par Cornelius Krieghoff, 1861
À l’angle sud-ouest de la rue Ste-Catherine Est et Darling se trouvait autrefois la succursale d’Hochelag[...]a de la Banque de la Cité et du District de Montréal. Voici l’histoire de ce magnifique bâtiment. La Banque d’Épargne de la cité et du district de Montréal s’installe dans Hochelaga en 1913 (elle avait également une succursale dans Maisonneuve à l’angle d’Adam et LaSalle) dans un édifice déjà existant au 3301, rue Ste-Catherine (aujourd’hui l’Herboristerie Desjardins). Toutefois, l’édifice ne correspond pas à l’image de prestige que veut donner la banque. Cette dernière achète donc en 1927 les terrains en face de la première succursale au 3388 et 3390, rue Ste-Catherine pour construire un tout nouveau bâtiment. Les plans sont dessinés par le célèbre architecte Alfred-Hector Lapierre à qui l’on doit au moins 13 autres succursales de cette banque. L’édifice, de deux étages, terminé en 1928, comprend les locaux de la banque au rez-de-chaussée et un logement destiné au gérant de la succursale à l’étage. Au 3388 on retrouve ainsi Joseph-Onésime Despatis, le premier gérant de la succursale. La façade de l’édifice est en pierre calcaire grise dont l’intérêt architectural tient dans l’alternance des pierres en saillie et en retrait et la présence de quatre pilastres d’ordre toscan. Notons également le parapet centré au niveau du toit. Les trois autres côtés sont en brique. La succursale cesse ses activités au début des années 1980 et en 1982, l’artiste Guido Molinari s’en porte acquéreur pour en faire son atelier et sa résidence. Il y résidera jusqu’à sa mort en 2004. De 2006 à 2012, l’agence architecturale _naturehumaine réhabilite l’édifice pour en faire le siège de la Fondation Molinari et un lieu de diffusion artistique. Image : AHMHM, Ancienne succursale de la Banque de la Cité et du District de Montréal, 3290, rue Ste-Catherine Est; 6 juillet 2022.
En 1903, un groupe de citoyens d’Hochelaga réclame à la ville de Montréal l’établissement d’un premi[...]er espace vert dans le quartier. À cette époque, l’aménagement de parc ou square apparait comme une manière d’améliorer les conditions de vie montréalaise devant les effets – souvent désastreux- de l’urbanisation rapide de la ville. À Hochelaga, on propose d’utiliser l’espace où se trouvait d’abord le premier hôtel de ville du village d’Hochelaga (1877 à 1883) et ensuite du marché d’Hochelaga (1880-1900), au coin de Sainte-Catherine et Dézéry. Cet endroit constitue alors le cœur du quartier. Aristride Beaugrand-Champagne, un architecte paysager, est chargé de dessiner les plans du square. C’est d’ailleurs le même architecte qui conçoit le belvédère du Mont-Royal, ainsi que son fameux chalet. Le mélange de lignes courbes et droites dans l’aménagement du square est particulier à cet architecte paysager qui cherchait toujours à créer des espaces novateurs. Image : La Patrie, 2 novembre 1903.
En 1902, l’épicier Avila Tremblay achète les lots 80-12 et 13 (aujourd’hui le 3101-17 rue Ste-Catherine [...]Est, angle Moreau). Son projet est de faire construire quatre corps de bâtiments de trois étages avec boutiques au rez-de-chaussée, une grande salle de réunion et de réception sur tout l’étage et des logements au second. Cajetan Dufort, celui à qui l’on devra plus tard l’Hôtel de Ville de Maisonneuve, est chargé de dresser les plans de l’édifice. Le bâtiment aura une façade en pierre, les fenêtres de l’étage seront en ogive et le couronnement de l’immeuble sera composé d’un parapet avec moulures en pierre. L’édifice est terminé en 1903. Selon divers articles de journaux, la salle Tremblay peut accueillir entre 1 000 à 1 200 personnes. Elle devient rapidement un lieu de rendez-vous pour plusieurs syndicats, particulièrement du syndicat #2 de la Fédération des ouvriers textiles du Canada qui connaît son heure de gloire entre 1906 et 1908. Le premier congrès de ce groupe se tient dans cette salle le 16 décembre 1906 avec des ouvriers venant des quatre coins de la province. Dans les années 1920, l’édifice accueille de nombreuses réunions de syndicats catholiques comme ceux des usines Angus. La salle Tremblay ne sert pas uniquement aux syndicats. Des candidats aux élections municipales, provinciales et fédérales y tiennent des assemblées. Des combats de boxe et de lutte y ont également lieu. L’échevin Dupéré va même tenir une assemblée de remise de prix pour le marathon Hochelaga en 1930. La crise économique de 1929 affecte durement le nombre de réservations si bien qu’Avila Tremblay transforme une partie de la salle en chambres à louer. En 1933, après 30 ans d’activités, la ville de Montréal saisit le bâtiment pour non-paiement de taxes. Image : AHMHM, 3101-17 rue Ste-Catherine Est, 2022.
Dans cette photo de 1986, on peut apercevoir le restaurant La Québécoise au 3520, rue Ontario Est. Ce bâtim[...]ent ne se caractérise pas par sa richesse architecturale, mais par le rôle qu’il a joué dans une affaire judiciaire très médiatisée de 1924, soit l’Affaire du tunnel Ontario ! En 1913, une succursale de la Banque d’Hochelaga s’installe dans ce qui était alors un salon de barbier. Un peu plus de dix ans plus tard, le 1er avril 1924, une auto non blindée de la banque se dirige vers cette succursale pour y collecter de l’argent. Pleine de plusieurs centaines de milliers de dollars, elle est interceptée par sept braqueurs dans le Tunnel Ontario, un peu plus à l’ouest. Le chauffeur est tué et l’un des malfaiteurs est mortellement blessé. Les brigands s’emparent de 140 000 $. Des informations recueillies par la police mèneront à l’arrestation de plusieurs suspects. Six d’entre eux seront jugés et condamnés à mort grâce à un témoin à charge. Quatre bandits seront pendus en octobre de la même année tandis que les deux autres verront leur peine commuée. Quelques mois après cette affaire, la Banque d’Hochelaga fusionne avec la Banque Nationale de Québec pour former la Banque Canadienne Nationale. Dès 1925, la succursale est déménagée au 3571, rue Ontario Est. L’ancienne succursale a toujours connu une fonction commerciale. Durant la pandémie, le restaurant devient un comptoir de prêts sur gage. Image : BANQ, fonds La Presse. Photo du 25 février 1986 prise rue Ontario Est en direction d’Aylwin.
L’augmentation considérable de la population d’Hochelaga au début du 20e siècle force la Commission sco[...]laire d’Hochelaga (oui, oui, les écoles d’Hochelaga étaient encore séparées du reste de la ville) à construire l’école Baril en 1911. Rapidement, cette école ne suffit plus au besoin du quartier et en 1913 on l’agrandit en ajoutant deux ailes. L’ancienne école Baril était parfaitement symétrique, ce qui s’explique par son style architectural dit Beaux-Arts qui est à la mode en 1911. Toutefois, cette symétrie rend aussi compte d’un phénomène important à cette époque, soit l’éducation séparée entre garçons et filles. Ce choix architectural permettait de diviser l’école en deux. Le portail de la première école Baril avec ses deux escaliers qui mènent de chaque côté du bâtiment rend bien compte de cette réalité. L’élève moyen des années 1910 ne fréquente l’école que quelques années. L’âge minimal pour travailler est de 14 ans (si l’enfant sait lire et écrire) et au Québec jusqu’en 1943 il n’y a aucun âge minimal pour arrêter d’étudier. En comparaison, l’Ontario rend l’école obligatoire en… 1871. L’école Baril ferme ses portes en 2011 à cause des moisissures accumulées pendant le centenaire précédent. En 2015, après des années de tergiversations (et des millions de dollars dans la réfection de l’école), la Commission Scolaire de Montréal décide d’abattre l’ancien édifice pour y construire une nouvelle école. Cette dernière ouvre en 2017 au grand bonheur des nombreux élèves et enseignants qui se trouvaient à l’école Louis-Riel jusque-là. Image : Archives des Frères de Sainte-Croix, l'école Baril vers 1913. (3603 Rue Adam)
Dominique Masson II est le fils de Dominique Masson I et d’Éliza Desjardins. Né à Hochelaga le 11 mai 185[...]0, il pratique le même métier que son père, c’est-à-dire boucher. Lorsque la ville d’Hochelaga décide d’ouvrir un marché à même l’Hôtel de Ville (actuel square Dézéry) en octobre 1883 tout juste avant l’annexion à Montréal, le père y tient un étal. À la fin des années 1880, Dominique II et de son frère Joseph prennent la relèvent. En janvier 1895, la rumeur selon laquelle le marché d’Hochelaga disparaitra pousse les frères Masson d’acheter un lot vacant à l’angle Ste-Catherine et Préfontaine pour y construire un édifice multifonctionnel. Terminé en 1896, c’est un bâtiment de trois étages avec façade en pierre et côtés en brique. Remarquez la tourelle au-dessus de l’entrée principale. Elle est percée de balcons. Le rez-de-chaussée est consacré aux commerces tandis que les deux étages supérieurs servent de logements. À partir de 1897, Dominique Masson II devient le seul propriétaire du bâtiment. Nous pouvons dater la photo de 1899 ou de 1900 puisque c’est seulement durant ces deux années que l’épicerie Barrett et Connell occupe l’emplacement principal (aujourd’hui le 3146, rue Ste-Catherine). L’autre commerce - le Hochelaga Market - est la boucherie de Dominique Masson. Il occupe cet endroit jusqu’en 1904, année après laquelle son commerce est à même sa résidence, plus bas sur Préfontaine. Le rez-de-chaussée de l’édifice Dominique-Masson aura toujours une vocation commerciale. Plusieurs se rappelleront du magasin de chasse et pêche avec un chevreuil de bois au-dessus de l’entrée principale. Fermé en raison de la pandémie, le 3146, rue Ste-Catherine est maintenant un RB&B de luxe sans affichage et sans numéro civique indiqué. À l’extérieur, le seul changement majeur est la fenestration complément modifiée. L’ornementation de la façade n’a pas été rafraîchie. Sur le plan social, Dominique Masson II sera à une époque président de l’Association des bouchers de Montréal. Joueur de baseball et organisateur sportif, il participera à la fondation de la Ligue de baseball de la Province de Québec en 1900 avec des équipes à Hochelaga et en Montérégie. Image : Édifice Dominique-Masson, 1899 ou 1900; on peut apercevoir Dominique Masson II devant son commerce (le personnage avec le tablier blanc); avec l’aimable autorisation de Josée Filion, arrière-arrière-petite-fille de Dominique Masson II
En automne 1930, le journal La Patrie et les Marchands de l’Est organisent le Grand Marathon d’Hochelaga. [...]Les commerçants de la rue Sainte-Catherine sont invités à former des équipes de deux coureurs qui se feront compétition dans une course de 26 milles autour du rectangle formé par les rues Sainte-Catherine / Saint-Clément/ Adam / Dézéry. Le 14 septembre 1930, Ovila Therrien et Alfred Saint-Germain, deux jeunes garçons de dix-huit ans, porte-couleurs de la Eagle LeatherWorks (3175 Sainte-Catherine Est) remportent le marathon avec un temps de 2h29 et 30 secondes. L’année d’après, en 1931, les Marchands de l’Est organisent le marathon Hochelaga-Point aux Trembles. Cette fois-ci les coureurs partent du coin Sainte-Catherine/ Déséry pour terminer leur course à l’hôtel de ville de Pointe-aux-Trembles. La crise économique va vraisemblablement mettre un terme à la compétition. En 1946, la fin de la Deuxième Guerre mondiale marque le retour du marathon d’Hochelaga. Louis Thoraval (un ancien coureur québécois) relance la course avec l’aide des marchands d’Hochelaga. L’année suivante, selon le Montréal-Matin, 10 000 personnes assistent à la victoire du coureur canadien Lyod Evans. Après l’année 1948, on perd les traces de la course jusqu'en 1957. Toujours organisée par Thoraval, la course se fait maintenant entre Repentigny et Hochelaga. En 1963, la dernière année où l’on trouve une mention de la course dans les journaux, des concurrents d’Angleterre, de France, des États-Unis et de toutes les parties du Canada sont sur la ligne de départ du marathon international d’Hochelaga. Image : La Patrie, 13 septembre 1930, p. 29.
Né à Sainte-Rose, il étudie les rudiments de la peinture auprès de peintres québécois puis perfectionne [...]son art à l’Art Institute of Chicago. Après la période des grands ormes (1922-1927) surtout campés à Sainte-Rose, son village natal, il s’intéresse périodiquement à Hochelaga jusqu’au début de la Seconde Guerre. Lorsqu’il séjourne à Montréal, Fortin s’installe près des rues Wurtele et Sherbrooke où se trouve un viaduc sous lequel passe la voie du CP. Il est donc situé sur un point élevé du quartier, la terrasse Sherbrooke, qui lui donne une magnifique vue sur les rues nord-sud descendant doucement vers le fleuve, sur l’église de La Nativité, facilement reconnaissable à son campanile, la cathédrale de Longueuil et les monts Saint-Bruno et Saint-Hilaire. Ces derniers sont omniprésents en arrière-plan de ses toiles sur Hochelaga. Dans ses toiles sur Hochelaga, Marc-Aurèle Fortin dépeint les effets de l’urbanisation et de l’industrialisation sur le paysage avec ses maisons entassées les unes sur les autres, ses usines et les voies ferrées qui sillonnent le quartier. Ainsi on reconnaît parfois la Dominion Textile et le silo #4. De son point de vue, Fortin peut apercevoir les voies du CP à l’ouest de Moreau ou celle de la Canadian Northern qui traverse le quartier d’ouest en est. Pour les besoins de l’œuvre, il fait passer cette dernière au nord de La Nativité alors qu’elle est en réalité au sud. Les voies ferrées sont d’ailleurs l’élément principal de la toile intitulée « Voie ferrée à Hochelaga ». D’autres éléments du paysage urbain sont les cordes à linge et les fils électriques. En avant-plan, il magnifie le paysage en transformant les terrains vacants au nord de Rouen en champs vallonnés et cultivés. On y trouve immanquablement un homme tirant une charrette de foin, une de ses marques de commerce. Dans la célèbre toile « Commencement d’orage à Hochelaga », on voit même une maison de ferme et des paysans au travail. La nature est aussi présente en fond de toile par ses nuages impressionnants, presque menaçants, prêts à avaler le paysage. Source image : Voie ferrée à Hochelaga, 1931 ou 1932, Pastel sur papier, 47,2 x 60,9 cm; copyright Musée national des beaux-Arts du Québec.
Au début des années 1960, l’essentiel du territoire du quartier Hochelaga est bâti. Le seul moyen d’aug[...]menter le nombre de commerces ou de logements est d’acheter un terrain devenu vacant à la suite d’une démolition. C’est ce qui se produira avec la Plaza Ontario qui ouvre en 1968 en lieu et place de l’Hospice Bourget. Dirigé par les Sœurs de la Providence, il est fondé en 1899. Il occupe d’abord un modeste logement rue St-Germain, puis un plus vaste rue Dézéry. C’est en 1902 que l’Hospice Bourget s’installe angle Ontario et Aylwin. Il servait de résidence de personnes âgées et de jardin d’enfance. Plus tard, une partie de l’édifice servira d’école. L’Hospice Bourget ferme en 1965 et est démoli par la suite pour être acheté par une entreprise désirant accueillir un petit centre commercial. Si l’on excepte le Centre d’achats Maisonneuve, rue Sherbrooke et Moreau, pas véritablement intégrée au quartier, c’est le seul exemple d’organisation de l’espace plus caractéristique d’une banlieue que d’un quartier ouvrier. La grande ouverture de la Plaza Ontario a lieu la fin de semaine du 11 au 13 avril 1968. L’Association des marchands de la Plaza offre gratuitement boissons gazeuses et friandises. La Plaza comprend non seulement l’espace anciennement occupé par l’Hospice Bourget, mais également les commerces du côté nord d’Ontario entre Cuvillier et Aylwin, soit 29 magasins en tout. On y trouve un supermarché Dominion, une succursale de la SAQ, des restaurants, des magasins à rabais, etc. Pour attirer les clients potentiels, la publicité de l’époque insiste sur le fait que la Plaza compte un vaste stationnement à l’heure où l’automobile est reine. Image : Nouvelles de l'Est, 9 avril 1968
Georges-Edmond Baril nait à Ste-Geneviève-de-Batiscan en 1859. Après ses études de médecine, il s’insta[...]lle dans Hochelaga au plus tard en 1883. À cette époque, le taux de mortalité est très élevé dans ce quartier ouvrier (21,6 pour mille entre 1884 et 1900 soit 3 fois plus que le taux actuel). La mauvaise qualité du lait et de l’eau ainsi que des installations sanitaires déficientes sont parmi les principaux facteurs de mortalité. Pour remédier à la situation, le docteur Baril encourage la construction d’un bain public dans Hochelaga. En 1890, un petit bain en bois voit le jour à l’endroit où se trouve aujourd’hui le square Dézéry. En 1906, ce dernier est remplacé par un bain sur la rue Marlborough (Alphonse-D.-Roy). Ces bains ne sont cependant qu’ouverts en été puisqu’ils n’ont pas d’eau chaude. Au-delà des questions de santé publique, le docteur Baril joue un rôle important en éducation. À Hochelaga, la fréquentation scolaire est faible surtout chez les garçons : en 1897 et 1898, seulement 20,8 % et 32,1 % des garçons entre 5 ans et 17 ans vont à l’école par rapport à un taux de 85,4 % et 75,6 % chez les filles. Devant cette réalité, Georges-Edmond Baril, membre de la Commission scolaire d’Hochelaga depuis (probablement) 1884, encourage la construction d’une nouvelle école de filles, celle de La Nativité, en 1907. En 1910, il est nommé président de la Commission scolaire et assure cette fonction jusqu’en avril 1913. Durant cette période, une nouvelle école, rue Adam, ouvre ses portes en 1911 et elle est nommée du vivant du docteur Baril en son honneur, fait rarissime à cette époque. Georges-Edmond Baril meurt en septembre 1913. Il habitait alors au 590, rue Dézéry et son bureau était dans un bâtiment adjacent au 3192, rue Sainte-Catherine. Image : Georges-Edmond Baril, 1894; copyright BAnQ.
Au printemps 1901, les pompiers de la caserne 13 peuvent, finalement, s’installer dans un bâtiment construi[...]t pour eux. Depuis l’annexion du quartier d’Hochelaga à la ville de Montréal en 1883, ces derniers étaient logés dans le marché d’Hochelaga situé au square Dézéry. Les locaux en plus d’être trop petits étaient humides, mal éclairés et on y respirait un air malsain. Œuvre de l’architecte Charles-Aimé Reeves, le bâtiment est impressionnant. La façade qui donne sur Sainte-Catherine fait trois étages et à l’arrière se trouve une rallonge d’un étage avec une tour qui permet de faire sécher les boyaux. Dans les journaux, on vante la modernité du bâtiment et notamment la présence d’un système d’appareils automatiques qui permettent d’ouvrir les portes et détacher les chevaux au son de l’alarme à feu. En 1963, la caserne 13 est reconstruite sur le même emplacement que la précédente et son inauguration officielle a lieu le 15 janvier 1964. Dessiné par les architectes Longpré et Marchand, on célèbre l’architecture de la nouvelle bâtisse qui « relègue aux archives l’architecture traditionnelle des casernes d’incendie. » Images Vignette : Photographie de l'ancienne Caserne 13. Photo prise le 13 avril 1956. Archives de Montréal. Texte : La Caserne no. 13 située au 3250 Ste-Catherine E. AHMHM
Au début du 20e siècle, le plus grave problème dans les écoles était l’absence d’issues de secours et[...] d’escaliers de sauvetage. À cet effet, le lundi 26 février 2024, marquait le 117e anniversaire de l’incendie de la Hochelaga Protestant School de la rue Préfontaine dans lequel la jeune directrice-enseignante Sarah Maxwell et 16 jeunes élèves qu’elle tentait de sauver sont morts dans les flammes. Remettons l’incendie dans son contexte. L’école protestante d’Hochelaga est inaugurée en 1890. Elle était située, rue Préfontaine, à l’angle d’Adam et séparée de l’église St. Mary’s par la cour de récréation. C’était une école de 2 étages qui comprenait 4 classes (deux de garçons du côté nord et deux de filles du côté sud). L’école d’Hochelaga, tout comme la très grande majorité des écoles de Montréal, ne possédait pas d’issues de secours ni d’échelles pour permettre d’évacuer les élèves à l’étage. Ainsi, lors de la construction, les commissaires avaient insisté pour que les élèves les plus âgés soient au rez-de-chaussée et les plus jeunes à l’étage. L’idée était qu’en cas d’incendie, les enfants plus âgés auraient pu bousculer ou écraser les plus jeunes en tentant de fuir les flammes. En novembre 1906, Sarah Maxwell, la directrice-enseignante se plaint à plusieurs reprises du mauvais fonctionnement de la fournaise sans que la commission scolaire intervienne et, quelques semaines plus tard, le 26 février 1907, à 13 h 38, l’alarme est donnée; l’Hochelaga Protestant School est la proie des flammes. Environ 150 enfants se trouvaient dans cette école. Rapidement, Sarah Maxwell ordonne aux enfants du 1er étage d’évacuer. Elle grimpe ensuite à l’étage supérieur où se trouvent les plus jeunes. La fumée devenue dense et étouffante avait envahi le seul escalier, ne laissant que les fenêtres comme voie de sortie. Comble de malheur, le jour de l’incendie, la sortie du côté sud était impraticable. Peu avant, un menuisier avait scellé certaines fenêtres. Sarah Maxwell est donc seule avec les plus jeunes élèves. Elle réussit à en remettre plusieurs aux pompiers en haut des échelles. À un moment donné, on entend une puissante explosion. Le capitaine Carson, chef des pompiers, supplie alors Sarah de redescendre avec lui. Elle lui répond qu’elle ne peut abandonner les élèves restants. Elle retourne dans le brasier pour tenter de sauver les derniers élèves. C’est la dernière fois qu’on la verra vivante. À la suite de l’incendie, on retrouve 17 cadavres, dont le corps de Sarah Maxwell qui recouvrait un petit enfant dans l’espoir que celui-ci puisse survivre. Le 8 mars, l’enquête du coroner conclut que personne n’était à blâmer et qu’il n’y aurait pas eu de victimes si les enseignantes avaient évacué les enfants plus rapidement. Quelle triste inconscience pour dédouaner les autorités solaires! L’année suivante, l’école fut reconstruite et prit le nom de « Sarah Maxwell Memorial School ». Auteur : André Cousineau Images : Sarah Maxwell, directrice-enseignante de l’école, 1907; The Standard, 16 mars 1907, BAnQ. L’école une fois que toutes les victimes furent sorties des décombres; The Standard, 16 mars 1907, BAnQ.
Au début du 20e siècle, les frères Osias, Ovila et Wilfrid Soucisse se retrouvent à Montréal. En 1909, Os[...]ias et Wilfrid achètent un terrain, au 155, rue Aylwin, pour y établir la boucherie Soucisse & Frère. La boucherie sera vendue en 1918 à la Fabrique de St-Rédempteur qui y construira le presbytère de la future église Très-Saint-Rédempteur. Osias ouvre une nouvelle boucherie en face au 162 Aylwin (aujourd’hui le 1496). Wilfrid, quant à lui, ouvre une épicerie-boucherie au 188, rue Stadacona (aujourd’hui le 3468, rue Adam), angle Chambly. Aujourd’hui, encore, on peut voir « W. Soucisse, épicier boucher » peinturé sur la brique du côté Chambly. En 1923, Osias Soucisse, fils ouvre sa propre épicerie-boucherie au 1801, rue Nicolet puis fait l’acquisition en 1925 de quatre terrains à l’angle de Hochelaga et Desjardins. Il fera bâtir quatre triplex : le premier au 4201 (avec logements aux étages supérieurs) où se trouve sa résidence. Les trois autres (4211, 4217 et 4221) comportent des commerces au rez-de-chaussée et des logements aux étages. Son épicerie-boucherie sera logée au 4211 avec un commerce de marchandises sèches d’abord au 4221, puis au 4217. Pendant la crise économique des années 1930, le 4217 lui sert de maison de chambre puis d’entrepôt. Après la Seconde Guerre, l’ancienne résidence d’Osias Soucisse est transformée en salon funéraire et Osias s’installe au 4103. À sa mort en 1955, le bâtiment du 4211 devient le Marché Soucis puis servira de marché d’alimentation jusqu’au début des années 1990. Après quelques années, les trois triplex deviennent un centre de réadaptation. À cette époque, ces bâtiments perdent la décoration de la façade semblable à celle du 4201. En 2014, l’entrée principale du 4201 est déplacée rue Desjardins et en 2019, dans le cadre du projet de condos H2V, une immense murale est peinte sur la façade par l’artiste Mathieu Bories (Matéo). Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Photo du 3648, rue Adam (côté Chambly) avec sa murale et l’inscription W. Soucisse épicier boucher. Google Maps, juin 2022. (Texte) L’épicerie-boucherie d’Osais Soucisse au 4211, rue Hochelaga. Au premier plan, l'on peut voir les traces de travaux sur la rue Hochelaga. Ces derniers font suite à une promesse de la Ville de Montréal d'agrandir Hochelaga afin d'y aménager une ligne de tramway ; BAnQ
La Biscuiterie Oscar, actuellement au 3755, rue Ontario, est sans aucun doute l’un des commerces emblématiq[...]ues de la Promenade Ontario. Depuis son arrivée dans le quartier en 1941, elle a connu plusieurs emplacements. La Biscuiterie Oscar tient son nom d’Oscar Hétu. Originaire de L’Assomption, sa présence à Montréal est confirmée par son mariage avec Antoinette Lavallée en février 1918. Le couple habitera les rues Parthenais et De Lorimier. Oscar Hétu commence à vendre des bonbons dans son garage en 1929, et ce n’est qu’en 1931 que l’on trouve la première mention de la Biscuiterie Oscar au 6280, De Lorimier. Trois ans plus tard, c’est l’ouverture des premières succursales dont les neveux de sa femme sont propriétaires. Oscar Hétu vend ses produits moins chers et son inventaire est plus important que les commerces de tabac-bonbons, nombreux dans le quartier. À Hochelaga, c’est durant la Seconde Guerre mondiale en 1941 qu’une succursale s’installe dans le quartier au 3651, rue Ontario, angle Chambly. Elle est gérée par Édouard Dessureault. Sa veuve ferme le commerce en 1955. En 1951, une seconde succursale ouvre ses portes au 8726, rue Hochelaga. Elle existera jusqu’en 1979. Le commerce est particulièrement occupé en mars et avril par la vente du chocolat de Pâques. La succursale actuelle de la rue Ontario est ouverte depuis 1963. Elle est d’abord opérée par André Lavallée, puis par le père de Julien Simard, l’actuel propriétaire du 3755, rue Ontario depuis 2018. C’est déjà la quatrième génération depuis Oscar Hétu. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) En 1980, l’artiste d’origine japonaise Miyuki Tanobe a peint une toile représentant la Biscuiterie Oscar du 1835, rue Ontario Est. Avec une touche d’humour, elle montre bien comment ce genre de commerce fait partie intégrante d’un quartier. (Texte) Intérieur d’une Biscuiterie Oscar, source inconnue.
Durant la Guerre de Sécession américaine, la Grande-Bretagne craint une invasion de sa colonie canadienne pa[...]r nos voisins du Sud. Il faut dire que l’Angleterre favorise discrètement les États du sud esclavagistes qui cultivent le coton nécessaire à l’industrie textile anglaise. On décide alors de construire une caserne militaire à Hochelaga. Elle sera située légèrement à l’ouest de Marlborough (Alphonse-D.-Roy) dans un angle d’environ 45° par rapport à Notre-Dame. Un bâtiment sert de prison militaire. Ces installations prendront de l’importance avec la formation le 31 janvier 1862 du 6e Bataillon des Volunteer Militia Rifles qui devient le 5 juin 1863 le 6e Bataillon de la Hochelaga Light Infantry. Leur uniforme était rouge écarlate avec des parements bleus et des cordons de couleur argent. Leur devise en latin signifie « Ne jamais tourner le dos ». La partie centrale de leur écusson comprend (dans le sens des aiguilles d’une montre) un castor, un lion, des feuilles d’érable et un clairon avec un 6 en chiffres romains. On offre un salaire mensuel de 50 cents pour les enseignes, 75 cents pour les lieutenants, 1$ pour les capitaines, 1,50$ pour les majors et 2$ pour le lieutenant-colonel. Les miliciens doivent participer à 4 rencontres trimestrielles (janvier, avril, juillet et octobre). En hiver, on s’entraîne sur le fleuve gelé. Après la Guerre de Sécession, les Féniens (des Irlandais opposés à la couronne britannique) menacent à leur tour d’envahir le Canada. En mars 1866 et en juin 1870, le Hochelaga Light Infantry participera à des expéditions pour protéger la frontière avec les États-Unis, mais n’engagera jamais les combats. Plus tard en 1870, l’armée britannique quitte le Canada et les bataillons de miliciens sont démobilisés. La caserne d’Hochelaga est abandonnée. Elle servira cependant entre 1873 et 1875 pour loger les hommes en attente de la construction de l’Asile St-Jean-de-Dieu. Les casernes seront probablement démolies après 1882 lorsque le Canadien Pacifique fait l’acquisition de la Quebec, Montreal, Ottawa & Occidental (y compris la ligne du P’tit train du nord) dont une partie des installations se trouvent à Hochelaga. Entre 1909 et 1919, le terrain de la caserne sera occupé par le Jubilee Skating Rink où le Canadien jouera son premier match en janvier 1910. Auteur : André Cousineau Image : (Vignette) Écusson de la Hochelaga Light Infantry, Musée McCord (Texte) Officiers de la Hochelaga Light Infantry, 1867; Collection Notman, Musée McCord.
La National Electro Production est mise sur pied par des intérêts canadiens en 1919. Elle fabrique de l’ox[...]ygène pur (remarquez les bonbonnes d’oxygène sur le camion) servant à la soudure de métal. Elle possède des usines à Toronto et Montréal. Fin 1919, l’entreprise décide de s’installer au 149, rue Moreau (plus tard le 1525), angle Adam. L’entreprise s’installe dans un bâtiment qui était depuis 1910 le siège de la manufacture de Paul Lair où l’on fabriquait des moteurs à pétrole que ce dernier avait inventé. Après sa mort en août 1919, la veuve loue le bâtiment à cette nouvelle entreprise. La photo du musée McCord est d’autant plus intéressante que nous ne connaissions pas de clichés de la manufacture de Paul Lair. La National Electro ne va rester qu’à peine plus de trois ans à cet endroit. En mai 1923, c’est déjà la A. Faustin Limitée, manufacturier de fer ornemental, qui occupe le bâtiment. On sait donc que la photo a été prise entre la fin de 1919 et avril 1923. La National Electro utilise des camions de marque Clydesdale pour le transport des bonbonnes d’oxygène. Cette entreprise américaine ouvre une usine canadienne à Toronto en 1920. Elle fabrique des camions de transport d’une capacité de 1,5 à 5 tonnes impériales et également des camions à incendie. Grâce à une publicité parue dans La Presse du 22 janvier 1921, nous savons que la National Electro s’était procuré ses camions chez le concessionnaire Montreal Motor Sales au 120, rue Sherbrooke Ouest, angle Bleury. Les camions Clydesdale avaient l’avantage de posséder un régulateur de vitesse, ce qui les rendaient très populaires parmi les chauffeurs. Essayons de préciser maintenant l’année exacte de la photo. La plaque d’immatriculation du camion possède le numéro Québec 8795. D’après un site qui fait l’inventaire des plaques dans différentes parties du monde, la plaque du camion en serait une de 1920. La photo date fort probablement de 1920. Comme nous savons que Clydesdale, fondée en 1917, fabriquait du matériel militaire en 1917 et 1918, le modèle de camion utilisé par National Electro serait un modèle 1919 ou 1920. Auteur : André Cousineau Image : Camion Clydesdale devant la National Electro Products, 1920 qui était le site de l’usine de Paul Lair de 1910 à 1919; Musée McCord
L’histoire de la Laiterie Perfection, autrefois rue Chambly, est celle de petites laiteries de quartier ou l[...]ocales progressivement absorbées par de très grandes entreprises alimentaires. En décembre 1925, Perfection Dairy, présidé par Frank Lapau, obtient une charte fédérale pour l’établissement d’une laiterie et au mois de janvier suivant, la compagnie fait l’acquisition d’un terrain au 2565, rue Chambly. Très rapidement, en juillet 1928, cette laiterie passe aux mains de Fortunat Monette, déjà propriétaire de la Mount Royal Dairy, devenue la Laiterie Mont-Royal en 1932. Ce dernier fait partie des propriétaires de laiteries interrogés par un comité de la Chambre des Communes sur la fixation des prix en mars 1933. On trouve que l’écart est trop grand entre le prix payé aux producteurs et celui exigé des consommateurs. Cette situation récurrente mènera plus tard à la formation de la Commission canadienne du lait. Fortunat Monette meurt en décembre 1936 et son fils Irénée devient le nouveau président de la laiterie. En 1931, les bureaux de la compagnie sont installés en face du 2565, rue Chambly, d’abord au 2570 puis au 2564. En 1933, la laiterie tiendra l’étal 110 du Marché Atwater puis, l’année suivante, ajoutera les étals 8 et 9 du Marché Bonsecours. Les écuries de l’entreprise, quant à elles, sont situées rue Desjardins juste au sud de Sherbrooke sur l’ancien terrain du parc Maisonneuve. En 1939, elles sont démolies puisque le parc Maisonneuve doit accueillir les Jeux du Commonwealth en 1942. En 1940, la Laiterie Perfection loue l’édifice de l’ancien garage municipal de Maisonneuve – situé au 2150, rue Jeanne-d’Arc - devenu le garage municipal de la police après l’annexion de 1918. Ce développement est nécessaire puisque les voitures à cheval sont progressivement remplacées par des camions. Ce site sera utilisé jusqu’en 1960; l’espace servira ensuite d’entrepôt pour l’American Can. En 1972, on ferme les bureaux du 2564 Chambly puis l’année suivante la Laiterie Perfection devient la Laiterie Poupart. Cette dernière, ainsi que la Laiterie Mont-Royal et d’autres laiteries sont intégrées à Québec Lait, une filiale de la Coopérative fédérée du Québec, qui deviendra plus tard Agropur. L’année 1979 sera la dernière année d’opération de l’ancienne laiterie Perfection. Sur le terrain du 2565, s’élèvera bientôt un édifice à logements. Auteur : André Cousineau Image : Voitures de livraison, chevaux et livreurs devant les installations de la Laiterie Perfection, 1932. AHMHM_F0009_ANDREVIGNOLA_D0001_PHOTOS_1
Vous avez peut-être déjà remarqué ce bâtiment, plutôt discret, coincé entre ses deux voisins. Situé du[...] côté sud d’Ontario, entre Chambly et Nicolet, il s’agit de l’ancienne St. Paul’s Baptist Church. Cette dernière fait partie des 5 églises protestantes desservant principalement la communauté anglophone du quartier au début du 20e siècle; les autres étant St. Mary’s Anglican, rue Préfontaine, St. Cyprian’s Anglican, boulevard Morgan, Maisonneuve Presbyterian Church, rue Adam et finalement Trinity United Church, boulevard Pie-IX. Contrairement aux quatre autres églises protestantes, la St. Paul’s Baptist Church offre dès son ouverture des services dans les deux langues. Le service en anglais est à 11h et celui en français à 14h30. Au cours de son histoire, l’église changera plusieurs fois de dénomination : en 1939, elle devient l’Église baptiste française de l’Est et en 1986, l’Église évangélique baptiste de l’Est. Depuis 2005, on la connait comme l’Église chrétienne Roi des Rois. Fin 20e et début 21e siècle, d’autres bâtiments religieux sont devenus des églises évangéliques fréquentées par diverses communautés culturelles : l’ancienne Chapelle du Sacré-Cœur, rue Ste-Catherine face au Square-Dézéry, est maintenant l’Église évangélique Bethel tandis que la St. Cyprian’s s’appelle maintenant l’Église de Dieu du Mont Sinaï. Pendant quelques années, une partie du bâtiment sert de halte-chaleur 24 heures par jour et 7 jours par semaine pour les itinérants. Auteur : André Cousineau Image : 3674 Ontario E., Google Maps, octobre 2021
Prisées pour sa proximité au fleuve tout en étant un peu à l’écart de la « grande ville » , les terre[...]s aux abords de Notre-Dame sont rapidement investies par des établissements religieux. Dans le quartier, le bien connu couvent Hochelaga rend compte de ce phénomène, mais, il existe aussi un autre exemple, moins connu, le Monastère (ou couvent) des carmélites. Dieu ayant une grâce infinie, Il vous pardonnera si vous ne connaissez pas les Carmélites. Il s’agit d’un ordre religieux catholique contemplatif, c’est donc dire que ses membres consacrent leur vie à la prière. En 1875, Mère Séraphine du Divin Cœur de Jésus fonde une nouvelle communauté carmélite qui s’installe dans notre quartier. Elle reçoit des terrains de riches propriétaires fonciers M. Trudel et d'Alphonse Desjardins pour y ériger un bâtiment qui voit finalement le jour en 1879. Toutefois, le bâtiment se révèle insuffisant pour la vingtaine de prieures (oui, un vrai mot) et les abords du Fleuve en empêchent l’agrandissement. En 1892, elles déménagent à l’actuel monastère des Carmélites situé dans le Mile-End. Ce sont les pères rédemptoristes qui occupent dès lors le bâtiment d'Hochelaga. Ils fondent un noviciat, et renomment la petite chapelle Notre-Dame-du-Sacré-Coeur, à ne pas confondre avec son homonyme du Vieux-Montréal. En 1913, devant le nombre grandissant d'aspirants rédemptoristes, la congrégation quitte Hochelaga pour Sherbrooke. Les terrains sur lesquels se trouvait le noviciat sont vendus par les Pères au Port de Montréal en 1925. Les immeubles, probablement dans un piteux état après de nombreuses années d’abandon, sont détruits entre 1928 et 1930. Auteur : Matthieu Mazeau Image : Le premier carmel, Hochelaga. Archives des Carmélites de Montréal
Avant la crise des années 1930, il existait deux bibliothèques pour enfants à Montréal : la Wesmount Chil[...]dren’s Library, fondée en 1911, et la Montreal Children’s Library qui apparaît en 1929. Comme leurs noms le laissent présager, ces dernières étaient anglophones. Il faut attendre l’année 1936 pour qu’un comité voit le jour afin de mettre sur pied une bibliothèque francophone pour enfant dans le quartier Hochelaga. Après quelques activités de financement, le 31 mai 1937, le comité parvient à obtenir une charte enregistrée sous le nom de Bibliothèque des enfants. Jean Lallemand, vice-président de l’usine Lallemand de la rue Préfontaine, s’engage à payer le loyer de la bibliothèque. Fait intéressant, il tiendra cet engagement jusqu’à la fin de l’aventure. La bibliothèque ouvre ses portes le 5 juillet 1937 au 3253, rue Ste-Catherine Est. Gabrielle Labelle en est la première bibliothécaire et le coût d’inscription n’est que de 5 sous. Victime de son succès, la bibliothèque doit lancer une campagne de souscription dès 1938 puisque le nombre d’inscriptions est supérieur au nombre de livres. Grâce à cette campagne, la bibliothèque augmente sa collection de livres et, en 1940, déménage dans un plus grand local situé au 3276, rue Ste-Catherine Est. L’année suivante, Jeanne-Marguerite Saint-Pierre - assistante-bibliothécaire depuis 1939 - est nommée bibliothécaire. Elle occupera ce poste jusqu’en 1947. Durant cette période, elle jouera un rôle important dans le développement de la Bibliothèque des enfants d’Hochelaga en organisant plusieurs activités telles que la lecture de contes, des clubs de lecture et même des expositions. L'influence de Jeanne-Marguerite Saint-Pierre ne se cantonne pas qu’à Hochelaga, elle aura aussi un rôle très important dans l’essor des bibliothèques jeunesse au Québec. Elle lance, par exemple, le projet de la Bibliothèque des caisses voyageuses qui permet d’expédier des caisses de livres à l’extérieur de Montréal. En 1941, en partenariat avec la Montreal Children’s Librairy, elle crée une bibliothèque bilingue qui sera située sur la rue Masson. La Bibliothèque des enfants d’Hochelaga existera jusqu’en 1967 alors qu’elle déménage dans Villeray. Il faut dire qu’en 1962, la Ville de Montréal crée une bibliothèque jeunesse qui s’installera l’année suivante au-dessus de la Caisse populaire d’Hochelaga, angle Adam et Joliette. En 1999, cette dernière déménage au 1870, rue Davidson dans le même bâtiment que la piscine Pierre-Lorange. Auteur: André Cousineau Images: (Vignette) Façade du 3276 Sainte-Catherine Est à l’époque de la Bibliothèque des Enfants. BANQ, Fonds Bibliothèque des Enfants (Texte) Jeanne-Marguerite dans la Bibliothèque des enfants en 1945; BAnQ, collection numérique.
En 1903, la Châteauguay & Northern termine sa ligne de chemin de fer qui va de Montréal à Joliette. Dans Ho[...]chelaga, elle part de la gare Moreau pour rejoindre au niveau de Dézéry, une voie qui passe par le tunnel Rouen-Moreau. La voie ferrée suit la rue Lafontaine pour ensuite traverser la rue Ontario à la hauteur de Valois, passe derrière le Marché Maisonneuve et suit l’avenue Souligny pour se diriger ensuite vers Pointe-aux-Trembles. Quant au tramway, il quitte l’intersection Lasalle et Notre-Dame pour rejoindre plus au nord la ligne de chemin de fer. Le chemin de fer longe des résidences et des écoles comme on peut le voir sur la première photo. Le Collège commercial St-Joseph, fondé en 1885, devient en 1893, l’Académie St-Joseph puis l’école Adélard-Langevin en 1931. Cette école est située entre l’église de La Nativité et le chemin de fer. Seule une clôture sépare la cour de récréation des rails. À l’époque, il y a des passages à niveau sans barrière et signal sonore. Le danger d’accidents est énorme. En janvier 1910, une assemblée de citoyens pour approuver l’achat des terrains pour la construction de la future école Baril participe au mouvement pour éliminer les passages à niveau afin de les remplacer par des ponts ou des tunnels. L’absence de passages à niveau est toujours d’actualité en 1977 comme nous le montre une seconde photo où l’on voit une auto traverser la voie ferrée. En 1977, l’école Adélard-Langevin vit ses dernières années. Elle fermera en 1981. Comme le transport par camion connaît à cette époque un développement fulgurant, le Canadien National cessera d’utiliser en 1980 la portion de la voie ferrée entre Moreau et Joliette et en 1997 celle entre Joliette et Vimont. Après l’inauguration de la Place Valois en 2004, on remplace l’ancienne voie ferrée par la Promenade Luc-Larivée dans la portion est et par le Lien vert dans la portion ouest. Auteur: André Cousineau Image: Vue de la voie ferrée depuis la cour de l’école Adélard-Langevin, Archives de Montréal, VM94-EM0884-033
Alors que la Première Guerre mondiale fait des ravages en Europe, Patrick Doran propriétaire de l’aréna J[...]ubilee dans Hochelaga cherche une manière d’attirer les foules pour remplir les sièges de son aréna. En 1916, il met sur pied une ligue de hockey féminine professionnelle : la Ligue de hockey des Dames de l’Est. Au départ, la ligue est formée de quatre équipes : le Western, le Telegraph, le Maisonneuve Stanley et le North End Stanley. Un mois après ses débuts, deux nouvelles formations s’ajoutent et, bientôt, une autre entièrement francophone, le Hochelaga. La meilleure équipe, le Western, gagne le championnat lors des saisons 1916, 1917 et 1918. Elle doit en grande partie ses succès au talent d’Agnès Vautier la meilleure joueuse de la ligue. Dans les journaux, on n’hésite pas à comparer Vautier à Didier Pitre et Newsy Lalonde, deux joueurs vedettes du Canadien de Montréal. L’intérêt porté aux hockeyeuses est si important que les joueuses vont jouer des parties hors-concours un peu partout au Québec et même à l’extérieur de la province. Ces affrontements donnent lieu à une série de rencontres mythiques entre le Western et l’équipe ontarienne le Victoria de Cornwall. Les jours de matchs, la Compagnie des tramways de Montréal doit ajouter des voitures supplémentaires pour transporter les spectateurs dans l’est de la ville. Malgré le talent du Western, l’équipe de Cornwall arrive toujours à gagner les matchs. Il faut dire que cette dernière peut compter sur la hockeyeuse franco-ontarienne Albertine Lapensée. Véritable phénomène, elle est rapidement reconnue comme la meilleure joueuse de hockey au pays. Le succès commercial du hockey féminin professionnel n'empêche pas sa disparition. En 1918, la Ligue de hockey des Dames de l’Est disparaît. Plutôt que de développer la ligue, les propriétaires passent leur temps à se disputer les gains commerciaux. Aussi, la fin de la Première Guerre mondiale est synonyme du retour des soldats au pays et sur les glaces de hockey. Auteur : Olivier Dufresne Image : Photo de l’équipe le Hochelaga. Montreal Daily Star, 9 mars 1916, p. 6.
Napoléon Sénécal (1885-1949) a été un entrepreneur important d’Hochelaga dans le domaine du transport d[...]e marchandises et de la vente de glace. Il comptera parmi ses clients l’American Can, la Canada Cement, le Canadien National et même Postes Canada. Né en mai 1885 à St-Bruno de Montarville, sa famille déménage à Hochelaga en 1890. En 1907, Napoléon Sénécal épouse Rose-Alma Tellier avec laquelle il aura 17 enfants. À cette époque, il est maître charretier tout comme son frère Aimé c’est donc dire qu’ils s’occupent de transport de marchandises par charrette ! En 1914, les frères Sénécal achètent les droits sur un bâtiment et des terrains de la rue Préfontaine situés en face de Lallemand, là où se trouve actuellement le parc Sarah-Maxwell. Ces derniers seront toutefois saisis pour non-paiement de taxes et doivent être vendus en 1917. Au début des années 1920, Napoléon s’occupe de transport de marchandises tandis qu’Aimé est marchand de glace. En 1922, leurs affaires semblent prospères. Les deux frères possèdent 60 chevaux et 5 camions pour livrer les 20 000 tonnes de glace qu’ils vendent chaque année. Il en coûte 12 $ pour avoir un morceau de glace livré chaque jour du 1er mai au 1er octobre. Toutefois, en 1924, les habitations des deux frères sont vendues pour non-paiement de taxes et, l’année suivante, ils doivent vendre pour une deuxième fois les terrains de l’entrepôt et de l’écurie. En 1929, Napoléon rachète seul les lots de la rue Préfontaine. L’année suivante, il achète des terrains, rue du Fort à Saint-Lambert, pour l’érection d’une glacière. Le transport de la glace vers Hochelaga est facilité par l’ouverture du pont Jacques-Cartier en 1930. En 1938, pour accélérer la production de glace, Napoléon met au point une machine à 4 scies circulaires pour couper mécaniquement la glace. La même année, il installe le siège social de sa compagnie à Saint-Lambert. Au-delà d’être un entrepreneur à succès, Napoléon Sénécal est un citoyen engagé. En janvier 1934, il intente une poursuite contre la Quebec Paving. Il leur reproche de ne pas avoir respecté les termes de leur contrat avec la Ville de Montréal en utilisant de la main-d’œuvre au lieu de machines pour la pose d’aqueducs. Ce faisant, il estime que la compagnie a reçu trop d’argent de la Ville. L’affaire se termine en octobre 1925 par un remboursement partiel à la Ville. En 1931, Napoléon Sénécal s’établit au 3520, rue Sherbrooke E. sur des terrains qu’il avait achetés à l’encan l’année précédente. En 1949, il se fait construire une nouvelle maison au 3572, rue Sherbrooke, mais il meurt avant d’y déménager. Le 10 février 1988, la ville de Montréal honore sa mémoire en nommant un parc en son nom situé à côté du 3520 Sherbrooke à l’angle de la rue Joliette. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Napoléon Sénécal, photo parue dans Le Canada, 6 décembre 1949; collection personnelle de Martin Sénécal, arrière-petit-fils de Napoléon (Texte) Maison du 3520, rue Sherbrooke, résidence de Napoléon Sénécal de 1931 jusqu’à sa mort en 1949; collection Martin Sénécal.
Lucille Desparois est née le 15 mars 1909 à Châteauguay d’Arthur Desparois, forgeron, et de Rosalina Labe[...]rge. Son enfance est bercée par les contes que racontaient sa grand-mère et le vieux conteur du village. En 1928, on retrouve la famille Desparois au 3403, rue Ontario, angle Davidson, au-dessus d’une succursale de la Banque Provinciale. Arthur Desparois exerce toujours le métier de forgeron tandis que Rosalina Laberge loue des chambres. Après des études à l’Académie Bourget, Lucille Desparois reçoit en 1936 un diplôme du Conservatoire Lasalle pour un programme en diction et art dramatique. Son amour des enfants la pousse à leur raconter des histoires. Elle adapte d’abord des contes d’Hans Christian Andersen ou de la Comtesse de Ségur puis elle commence à écrire ses propres histoires inspirées du folklore québécois ou de régions du Québec. De 1940 à 1944, Lucille Desparois se met à fréquenter la Bibliothèque des enfants d’Hochelaga. Fondée en 1937, il s’agit de la première bibliothèque francophone de Montréal leur étant destinée. Pendant plusieurs années, Lucile racontera ses histoires tous les samedis matins à cette bibliothèque. C’est à cette époque qu’elle devient Tante Lucille. La directrice de la bibliothèque, Jeanne-Marguerite St-Pierre, l’encouragera à faire publier ses contes. Un premier recueil, Tante Lucille raconte, est publié par Granger en 1944, puis trois volumes en 1945 et deux autres en 1946 et 1947. Cette dernière année, la maison RCA Victor enregistre deux disques de ses contes. L’année suivante, en 1948, elle se voit confier l’animation d’une émission jeunesse à Radio-Canada. Elle restera à la barre de l’émission pendant 26 ans, soit jusqu’en 1974. Le succès de l’émission la rend célèbre partout dans la province et en 1970, Lucille Desparois, reçoit même une médaille de l’Ordre du Canada. Bien que les contes de Tante Lucille s’inspirent d’une morale dépassée selon les critères actuels, rien n’empêche qu’elle ait fait rêver des milliers d’enfants qui lui vouaient une grande admiration. Comme elle le disait à la fin « Cui-cui-cui, mon histoire est finie ». Auteur : André Cousineau Image : Lucille Desparois; revue Cap-aux-Diamants, 1993
Il y a de ces commerces emblématiques qui marquent des générations ou qui vont de pair avec le paysage urba[...]in d’une époque. Ainsi en est-il du « Restaurant de la Trac » au coin nord-est de Valois et Ontario, juste à côté de la voie ferrée. Ayant servi de logement pendant de nombreuses années, le 2009-2011 Valois est occupé par des restaurants au rez-de-chaussée. Le premier en lice est le Restaurant Valois à partir de 1957. En 1961 et 1962, le Valois devient Chez Ti-Tou. Après une fermeture de plusieurs années, nous retrouvons Chez Ti-Tou en 1969 et 1970. Sur une des photos ci-dessous, un petit bâtiment est en flammes. Il s’agit probablement d’un stand de taxis de la famille Boisjoly. Au début des années 1970, un golf miniature apparaît du côté droit de la voie ferrée. L’ancien Chez Ti-Tou devient en 1974 un restaurant de la chaîne Di Lallo spécialisée dans les hamburgers. De 1978 à 1982, le Restaurant de la Trac va continuer cette tradition en offrant également un service de livraison. L’été, on installe une petite terrasse. Durant cette période, on retrouve un kiosque à journaux du côté droit de la voie ferrée comme le montre une des photos. La proximité de la voie ferrée ne semble pas perturber la vie quotidienne des habitants du coin. En 1983, le Restaurant de la Trac devient le Restaurant des Amis puis la Patate à Marco en 1995 et 1996. L’année 1997 marque la fin des commerces sur cet emplacement. On va bientôt construire des condos sur Valois, enlever les voies ferrées et aménager la Place Valois, inaugurée en 2004. Avec la Place Valois, de nouveaux commerces (cafés, restaurants chics et épiceries fines) viennent remplacer d’anciens commerces d’une époque révolue. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Kiosque à journaux du Restaurant de la Trac, situé du côté droit de la voie ferrée, 1982; Archives de l’AHMHM (Texte) Restaurant de la Trac, à l’angle nord-est de Valois et Ontario, 1982; Archives de l’AHMHM
Alphonse D. Roy naît en 1883 dans une petite ville ontarienne. Sa présence à Montréal est confirmée par s[...]on mariage avec Berthe Quesnel le 22 septembre 1914 à la paroisse Ste-Catherine d’Alexandrie. Alphonse D. Roy est menuisier puis chauffeur. Après la Première Guerre, il s’installe à Hochelaga où il ouvre une petite fabrique de savon rue Notre-Dame, près de Préfontaine. Le local n’a que 20 x 30 pieds de superficie (6,1 m x 9,1 m). Les affaires se développent rapidement si bien qu’il faut agrandir. En octobre 1924, Alphonse D. Roy achète un terrain rue Moreau, au nord de la voie ferrée du Canadien National. Il fera construire une plus grande usine qui ouvre l’année suivante. Elle est située au 1853, rue Moreau. Ce n’est qu’en 1937 que l’entreprise sera nommée officiellement Savon Majestic Limitée lors de son incorporation avec un actif de 20 000 $. Au début, Alphonse D. Roy se lance d’abord dans les produits domestiques comme les savons en pains qui se vendent entre 3 et 5 sous chacun et le nettoyeur domestique House Friend puis le savon à lessive en poudre. Pour mousser la vente de ses produits, il offre par exemple des articles en promotion pour chaque boîte de savon achetée. Il joue la carte nationaliste en affirmant que Savon Majestic est la seule entreprise canadienne-française dans le domaine. Alphonse D. Roy ne se contente pas seulement de mettre des publicités dans les grands quotidiens, mais également dans des programmes de troupes de théâtre comme les célèbres Compagnons de St-Laurent dans les années 1950. Dans un deuxième temps, Alphonse D. Roy veut percer le marché des hôpitaux et des services publics en devenant leur unique fournisseur. C’est ainsi que dans les années 1960, il détient un quasi-monopole dans ce secteur. En 1952, l’actif de la compagnie passe de 20 000 $ à 50 000 $. Les installations ne cessent de s’agrandir si bien qu’en 1959, l’usine occupe une superficie de 35 000 pi2 (3 250 m2). En 1964, l’ancien commerce de bois Varin est transformé en bâtiment pour l’expédition par camion. Comme l’entreprise est fortement mécanisée, ce ne sont que 35 employés qui oeuvrent dans l’usine. À ce moment, l’adresse de l’usine devient le 1893, rue Moreau. Alphonse D. Roy meurt en 1956 et laisse la direction de l’entreprise à ses cinq fils. Comme d’autres entreprises du quartier, Savon Majestic passe aux mains d’une multinationale américaine, la Witco Chemical, en février 1973. L’usine fermera définitivement ses portes en 2004. En 1984, la rue Marlborough devient officiellement la rue Alphonse-D.-Roy. Auteur : André Cousineau Image : Photo prise le 18 août 1981. Archives de Montréal, VM094-1-06-D1270-P002
Vers 1871, un immigrant alsacien, Frederic Alfred Shurer, s’installe dans la région de Montréal et adopte [...]le nom sous lequel on le connaîtra au Québec, Fred A. Lallemand. En 1895, il ouvre une usine à Montréal qui fabrique un gras végétal qui est surtout utilisé par les boulangers américains. Le succès est tel que Lallemand part s’établir dans l’État de New York. Le gouvernement américain ayant interdit l’utilisation du shortening dans la fabrication du pain, Lallemand décide de revenir au Québec et ouvre une usine sur la rue Préfontaine en 1913. On peut voir une trace de cette dernière dans l’Atlas de Goad de 1914. Lallemand crée un accélérant de la fermentation, ajoute le sirop de malt à sa production et commence à importer de la levure des États-Unis pour sa clientèle. En 1933, deux événements importants surviennent : d’abord la mort du fondateur. La compagnie est reprise par la seconde génération de Lallemand. Ensuite, l’arrivée du Dr Vladimir Cherney qui met au point un procédé pour que la compagnie puisse produire sa propre levure. En 1952, Lallemand passe aux mains de Roland Chagnon dont la famille est encore propriétaire de l’entreprise. Aujourd’hui, Lallemand est une multinationale qui possède de nombreuses filiales et qui exporte ses produits à travers le monde. Derrière l’usine, rue Moreau, on peut voir une petite ligne de chemin de fer par laquelle Lallemand reçoit et expédie ses produits. Ce chemin de fer est la dernière partie de la ligne de la Great Northern, devenue le Canadien National, qui traversait le quartier d’ouest en est. En juin 2018, la compagnie inaugurait une sculpture intitulée « Tryptique » du sculpteur Léopol Bourjoi avec le nom de 105 employés ayant 25 ans et plus de service. La sculpture se trouve face à la Place des Réceptions et au parc Sarah-Maxwell. L’usine Lallemand est, après la St. Lawrence Sugar, la seconde plus ancienne usine encore en activité dans le quartier. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Usine Lallemand, rue Préfontaine; Archives Lallemand (Texte) Ancienne voie ferrée du Canadian Northern; Archives AHMHM.
Dans les années 1920, Josaphat Grenache et sa femme gèrent 3 entreprises dont un magasin général et une be[...]urrerie. Leur beurre est livré aussi loin que Montréal. Josaphat et ses fils Roch et Félix vont ensuite ajouter la production de crème glacée en 1929. En 1936, les deux frères Grenache prennent la direction de l’entreprise de leur père. En 1948, l’entreprise est incorporée sous la raison sociale Grenache Inc. Roch en est le président et Félix le vice-président. La production de leur célèbre caramel commence au début des années 1950. Voulant moderniser leur production, les frères Gamache vont acheter en 1954 l’usine de la Dominion Ice Cream au 1504, rue Davidson, entre Ste-Catherine et Adam. L’étape suivante sera l’inauguration en mai 1965 d’une toute nouvelle usine à Ville d’Anjou, sur une rue maintenant appelée rue Grenache. L’entreprise connaît un succès sans précédent. Mais comme il est souvent le cas, cette entreprise familiale sera absorbée par de plus grandes sociétés. En 1973, Grenache vend la partie confiserie à la Coopérative agricole de Granby. Quand au caramel, il passe dans les années 1980 aux mains de Culinar puis ensuite d’Agropur. En 2013, l’entreprise ontarienne Smucker Foods qui fabrique maintenant le Caramel Grenache et leur produit vedette Map-O-Spread à Sainte-Marie-de-Beauce, veut transférer cette production dans une usine américaine. Heureusement, des pressions feront en sorte que le Caramel Grenache restera au Québec. Celui-ci est maintenant fabriqué dans l’usine du Groupe alimentaire Berthelet à Laval. Auteur : André Cousineau Image : Édifice du 1504, rue Davidson où était fabriqué le caramel Grenache de 1954 à 1965. Google maps
Au début de l’année 1928, l’Hôpital du Cancer de Montréal situé 3663-3673 Adam fait la une des journa[...]ux. Pierre-Joseph Champagne, Lozéphire Marcoux et Marcel Daigneault de l’Hôpital sont tenus criminellement responsables de la mort de Wilfrid Clermont qui était venu y faire soigner un cancer de la gorge. Dans le cadre du procès, Sir Henry Gray - un éminent chirurgien écossais - présente un rapport accablant de la situation. À la suite de la visite de l’hôpital de la rue Adam, il conclut que cette institution profite de l’ignorance et de la crédulité des gens. Ce constat n’est pas très étonnant. Quelques années auparavant, Lozéphire Marcoux avait été condamné pour exercice illégal de la médecine et, en juillet 1927, Marcel Daigneault s’était vu retirer son droit de pratique pour une période de deux ans par le Collège des médecins et chirurgiens de la province de Québec. L’enquête révèle également que Béatrice Dagenais employée comme infirmière (appelée à l’époque garde-malade) ne possédait pas de diplôme ni n’avait fait d’étude de garde-malade. Sir Henry Gray explique que le traitement offert par l’hôpital est en contradiction avec ce qui est connu du traitement du cancer. Ce dernier consiste dans l’application externe d’un emplâtre - l’emplâtre Marcoux - qui une fois retirée du patient devait enlever par la même occasion le cancer. De plus, pour une raison inconnue, les patients ne devaient pas toucher l’eau durant leur traitement. À l’époque, les seuls traitements efficaces contre le cancer sont des chirurgies très agressives ou des radiations obtenues à l’aide de radium. D’ailleurs, en novembre 1926, l’Institut du radium de Montréal s'installe à Maisonneuve dans ce qui est aujourd’hui la Bibliothèque de Maisonneuve. L’Hôpital du Cancer de Montréal était un hôpital privé à but lucratif. Presque complètement disparu au début des années 1980, ce type d’hôpital se développe au Québec comme au Canada ou aux États-Unis dans les dernières décennies du 19e siècle. Assez peu étudié au Québec, selon les historien.ne.s Aline Charles et François Guérard, ce type d’institution forme une mosaïque très diversifiée tant en termes de créneaux que de clientèles et de gestionnaires. Dans le cas de l’Hôpital du cancer, nul doute que l’on se trouve devant la forme la moins reluisante d’une telle institution. Auteur : Olivier Dufresne Image : L’Hôpital du cancer de Montréal qui portait le numéro 2417 de la rue Adam au moment de son existence. AHMHM, fonds Famille Champagne
Au milieu des années 1900, Henri Hamel se lance dans la production de bière d’épinette dans le quartier H[...]ochelaga. La bière d’épinette tire son origine d’une décoction à base d’un conifère appelée annedda, riche en vitamine C, que fabriquaient ceux qu’on appelait les Iroquoiens du Saint-Laurent et qui réussit à sauver les marins de Jacques Cartier du scorbut. Dès le début de la colonie française, on trouve la présence de cette boisson d’abord connue pour ses effets bénéfiques pour l’organisme, mais par la suite pour son goût rafraîchissant. Bien qu’appelée bière, la bière d’épinette est une boisson non alcoolisée. Elle est essentiellement faite de quatre ingrédients : huile d’épinette, eau, levure et sucre. Certains remplaçaient la levure par du bicarbonate de soude pour donner un effet effervescent. Henri Hamel, originaire de Drummondville, déménage à Montréal en 1921, où il sera tout à tour chauffeur, épicier et journalier. En 1930, on voit apparaître pour la première fois la mention de sa manufacture de bière d’épinette au 2092 de la petite rue Amyot, située entre Valois et Bourbonnière. Dans un article de 1938, ce bâtiment est qualifié de « hangar fait avec de vieux matériaux provenant de démolitions ». Cette même année, il fait construire le bâtiment du 2159-61 avenue Valois. Sa résidence est au rez-de-chaussée et la manufacture à l’étage. Henri Hamel va commercialiser sa bière d’épinette sous la marque White Horse. La production de bière d’épinette cesse au décès d’Henri Hamel en 1958. En 1960, c’est une confiserie qui s’installe au 2159, la Paramount Candy Limited, dont le président est Joseph-Amédée Boucher. À cette époque, on trouve de petits sacs de bonbons de Paramount dans toute bonne épicerie du Québec. La manufacture logera au 2159 jusque vers 1983. Le bâtiment sera par la suite transformé en coop d’habitation. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Photo actuel du 2159-61 Av. Valois. Google Maps. (Texte) Bouteille d’épinette White Horse fabriquée par Henri Hamel; bouteillesduquebec.com
Inauguré le 1er octobre 1951, le second viaduc de la rue Sainte-Catherine, situé entre les rues Moreau et du[...] Havre au-dessus de la cour de triage du Canadien Pacifique, remplace une vieille structure en acier à l'usage des piétons et des tramways. Cette reconstruction, planifiée dès les débuts du Service d'urbanisme de la Ville de Montréal, en 1944, s'insère dans le contexte de la relance économique de la métropole et de la volonté des autorités municipales d'optimiser la capacité du réseau routier comme cela se fait dans les grandes villes nord-américaines d'après-guerre. Début 1949, l'état du viaduc s'aggrave et la Ville n'a d'autre choix que d'entreprendre des négociations avec le gouvernement fédéral pour sa reconstruction. Le temps presse, car le vieux viaduc, érigé en 1910, est fermé à la circulation des tramways depuis près d'un an. Une entente intervient en avril 1949. Le 10 juin, le contrat de reconstruction est octroyé à la firme Charles Duranceau Limitée, un joueur de taille dans le milieu de la construction routière à Montréal. Les travaux préparatoires s'étirent jusqu'à la pause hivernale. La démolition de l'ancien viaduc, qui débute en 1950, occasionne des dépassements de coûts importants. Les travaux prennent plus de temps que prévu étant donné que la circulation ferroviaire ne peut être interrompue ou entravée. En somme, la facture s'élève à plus de 700 000$, soit environ 10 millions de dollars aujourd'hui. Le nouveau viaduc est conçu pour la circulation piétonnière et routière. Il contribuera à la disparition des tramways sur la rue Sainte-Catherine au profit d'une ligne d'autobus, en 1955. D'autres facteurs auront un impact sur la disparition des tramways à Montréal, mais la coupure définitive du circuit entraînée par la reconstruction du viaduc de la rue Sainte-Catherine précipite la transition dans les quartiers Hochelaga et Sainte-Marie. Le nouveau viaduc aura une existence comparable à celui qu'il a remplacé. Il est reconstruit dans sa forme actuelle en 1993-1994. Auteur : William Gaudry Image : Vue vers l'est (Hochelaga), 1er octobre 1951. Archives de Montréal
Le 17 mai 1916, le conseil de la Cité de Maisonneuve inaugurait en grande pompe le Bain Maisonneuve. L’obje[...]ctif des bains publics de l’époque était de servir de lieux d’hygiène corporelle pour une population qui ne possédait pas d’installations sanitaires. Conçu par Marius Dufresne dans l’esprit des thermes romains avec le bain au rez-de-chaussée et le gymnase à l’étage, le Bain Maisonneuve est l’un des plus beaux exemples d’architecture de style Beaux-Arts à Montréal. La construction de ce bain s’est inspirée du mouvement d’embellissement urbain City Beautiful. En témoignent des édifices publics comme l’hôtel de ville, le Marché Maisonneuve, la caserne Letourneux et l’aménagement des boulevards Morgan et Pie-IX. Le Bain Maisonneuve, qui a trouvé son inspiration auprès du bain new-yorkais Asser Levy, a coûté près de 215 000$ (4,5 millions en valeur actuelle), soit sept fois plus que le budget prévu. Le bain était ouvert six jours par semaine avec une seule journée réservée aux femmes. Après l’annexion de Maisonneuve, il servit d’école de police de 1920 à 1960 avec des heures de baignade restreintes et reprit par la suite son rôle de piscine publique. Il prit alors le nom de Bain Morgan. Il abrite aujourd’hui à l’étage l’Atelier d’histoire, l’Éco-quartier et la Corporation d'animation des places publiques. Alfred Laliberté a créé devant le bain une magnifique sculpture-fontaine intitulée Les petits baigneurs. La crise actuelle a interrompu sa remise en marche. Image : AHMHM, Bain Morgan, 1875 avenue Morgan, vers 1985.
Fondée en 1944, la caisse populaire Saint-Clément de Viauville s'installe deux ans plus tard dans cette somp[...]tueuse demeure, sise au coin des rues Adam et Saint-Clément. L'histoire de cette maison bourgeoise avec façade en pierre grise, construite en 1903, est intimement liée à celle de Vitalis Edmond Brien, propriétaire à cette époque d'une épicerie sur la rue Ontario, angle Saint-Hubert. En 1902, il achète des marchands de bois Joseph Laurence et Arsène Robitaille trois terrains au coin de la rue Adam et de la Deuxième avenue (renommée Saint-Clément en 1922). Il semble que Vitalis Brien ait eu des problèmes financiers peu de temps après son déménagement dans Viauville puisqu'en 1916, sa maison est saisie par la cour en raison d'une créance impayée à un particulier. Elle est ensuite revendue et passe aux mains d'autres propriétaires jusqu'à son acquisition par la Caisse populaire, en 1946. Image : BANQ, 1918. Maison de Vitalis Edmond Brien, 4908 rue Adam (auparavant 89 Deuxième avenue),
L'élévateur à grain no. 4 fut inauguré le 16 juin 1963. Cet imposant bâtiment, situé sur un prolongement[...] du quai de l'ancienne Canadian Vickers, dans l’axe du boulevard de l’Assomption, était le plus moderne au monde à l’époque. Montréal est le terminal céréalier du pays depuis la fin du 19esiècle. Le blé, cultivé dans l’Ouest canadien, arrive par train pour être ensuite transformé ou expédié en Europe. Dans les années 1950, les deux autres élévateurs en opération (silos 2 et 5) étaient vieillissants et peinaient à décharger les paquebots de fortes dimensions. À l'origine, l’élévateur no. 4 avait une capacité d’entreposage de 5,5 millions de boisseaux, répartis dans 366 silos. Deux agrandissements, survenus en 1964 et 1982, portaient sa capacité à 10 millions de boisseaux. La construction de l’élévateur fut un événement majeur dans l’histoire du quartier. Elle marquait le début de l’appropriation par le port des berges de Mercier, qui se terminera à la fin des années 1990. Image : AHMHM, fonds René Beauchamp. Élévateur à grain no. 4, juillet 1968.
Ouvert en 1925, le fabricant de portes et fenêtres Viauville Lumber & Manufacturing était situé au coin des[...] rues Viau et de Rouen, côté nord-ouest. L'entreprise, qui a eu une durée de vie éphémère, fut fondée par Lévie Tremblay, ancien maire de la Ville de Maisonneuve (1915-1918) et conseiller municipal de Montréal après l'annexion (1918-1921). Elle misait probablement sur la croissance immobilière de l'Est de Montréal, bien qu'il soit impossible d'en établir la preuve hors de tout doute. Le bâtiment fut construit en 1914. À ses débuts, il servait à la fabrication de moteurs de camions par une autre entreprise, Oxford Motor Cars & Foundries. L'ancienne ville de Maisonneuve lui avait accordé une généreuse exemption de taxes foncières pour qu'elle s'y installe. Après la faillite de Viauville Lumber & Manufacturing, en 1929, le bâtiment fut occupé par d'autres compagnies. Il fut remplacé par une construction d'un étage en 1958. Image : AHMHM, Viauville Lumber & Manufacturing, 4925 rue de Rouen, vers 1926.
La carrière de Maisonneuve, située à l'extrémité nord de l'actuel Jardin botanique, débuta ses activité[...]s en 1909. Son propriétaire, Joseph Rhéaume, était aussi un grand propriétaire foncier dans la municipalité. La carrière, entièrement électrifiée, possédait trois concasseurs à air comprimé permettant d'extraire quotidiennement 1500 tonnes de « banc rouge », un type de pierre servant à la perméabilisation des routes. Les salaires étaient bons : 1,90 $ par jour. Pour créer le parc Maisonneuve, en 1914-1915, la municipalité procéda à l'acquisition des terrains de Rhéaume (Rosemont-Viau-26e avenue-Laurier). Une vraie fortune : 3 millions de dollars ! À partir de 1920, la Ville de Montréal, qui avait annexé Maisonneuve deux ans plus tôt, chercha à générer des profits avec la carrière désormais municipalisée. Elle força même les entrepreneurs en voirie à s'y approvisionner pour les contrats publics. Quant au contrat d'exploitation, il fut octroyé au plus bas soumissionnaire... Joseph Rhéaume. Des contestations judiciaires d'entrepreneurs mécontents mirent éventuellement fin à ce commerce. La carrière, abandonnée dans les années 1930, fut transformée en dépotoir en 1948. Pendant six ans, près de 1,6 million de mètres cubes de déchets ont été enfouis. On y trouve surtout des produits chimiques et des pots de peinture. Le secteur fut par la suite reboisé. Image : La ville de Maisonneuve : le principal faubourg industriel de Montréal, Carrière de Maisonneuve, 1911.
Cette magnifique villa, surnommée Viewbank, fut construite en 1866. On pouvait l'admirer au sud de la rue Not[...]re-Dame, entre les futures rues William-David et Bennett. À cette époque, la partie est d'Hochelaga, appelée à devenir la Ville de Maisonneuve en 1883, prenait l'allure d'une campagne. On y trouvait d'immenses domaines en bordure du fleuve, propriétés d'hommes d'affaires anglo-montréalais. Le premier propriétaire de Viewbank, James Dakers (1810-1885), est un exemple typique du « self-made-man ». Né en Écosse, il immigra à Montréal en 1840. Sept ans plus tard, en 1847, il fut embauché par la nouvelle Montreal Telegraph Company, la première à établir un réseau télégraphique au Canada-Uni. Dakers gravit rapidement les échelons de l'entreprise. Peu de temps avant sa retraite, en 1882, il occupait le poste de secrétaire du conseil d'administration. Dakers quitta Viewbank en 1873 pour se rapprocher du centre-ville. Il loua la maison à Joseph Barsalou, encanteur, puis lui vendit l'année suivante. Après la mort de Barsalou, survenue en 1897, la villa fut louée à différents occupants jusqu'à sa vente à la Dominion Oil Cloth en 1910. C'est Hector Barsalou, fils de Joseph et fondateur de la célèbre savonnerie à l'origine de la déviation du pont Jacques-Cartier à Montréal, qui s'occupa de la vente. Peu de temps avant sa démolition, en 1928, la villa servit de laboratoire pharmaceutique. Image : Musée McCord, Résidence de James Dakers à Hochelaga.
Avant de s'établir à Anjou, le garage-concessionnaire Fortier Auto débuta ses activités dans Viauville. Se[...]s fondateurs, Narcisse et Théodore Fortier, ont laissé leur marque dans l'histoire du quartier. En 1913, Narcisse acheta deux lots séparés par la 4e avenue (Leclaire). Il construisit un duplex sur l’un d’eux (1610-1612 rue Leclaire). L'année suivante, les Fortier ouvrirent un premier garage en face sur l'autre lot qui correspond aujourd'hui au stationnement arrière du 4761-4769 rue Adam. Ce fut le début d'une institution centenaire. Leur bâtiment était très modeste. Il s'agissait plus d'un « shed », en bon québécois, que d'un garage conventionnel. Avec la croissance du nombre d’automobiles à Montréal, les Fortier décidèrent de trouver un nouvel emplacement plus grand. En 1920, ils déménagèrent sur la rue Notre-Dame, l'axe routier principal à l'époque, entre Ville-Marie et Vimont. C'est à cet endroit que l'entreprise, incorporée officiellement le 28 mars 1924, prit son essor. Le bâtiment, agrandi en 1928, connut une triste fin. À l'automne 1973, il fut exproprié pour la construction de l'Autoroute est-ouest. Après 59 ans dans Viauville, Fortier Auto entama un nouveau chapitre sur le boulevard Louis-Hippolyte La Fontaine à Anjou. Le projet de l'autoroute n'a jamais vu le jour et l'espace exproprié fut aménagé en parc linéaire. Image : BANQ, Garage Fortier, 5021-5049 rue Notre-Dame, vers 1935.
En 1962, ce fut la fin du marché Maisonneuve. Pendant un temps, on a songé à le démolir pour finalement le[...] conserver. Après un an de rénovation, la Ville de Montréal le transforma en édifice policier. Elle y déménagea d'abord le Bureau de la circulation. Ce service, créé en 1925, s'occupait de la sécurité routière : limites de vitesse, stationnement, signalisation, aménagements routiers. C'est là que les automobilistes réglaient leurs contraventions. Avant 1963, le Bureau logeait dans l'ancien poste de police no. 3, angle Chenneville et de la Gauchetière. Le marché servit aussi d'annexe à l'École de police de Montréal, principalement pour les cours théoriques. L'École, dont les premières traces remontent à 1923, était située au Bain Maisonneuve. En 1960, elle déménagea dans le nouveau centre sportif Maisonneuve (Pierre-Charbonneau). Ce n'est que depuis 1976 que les policiers de Montréal sont formés à Nicolet. Le Service de police quitta définitivement le marché le 1er mai 1979. L'année suivante, ce fut au tour du Centre culturel et sportif de l'Est (CCSE Maisonneuve) d'y élire domicile. Image : Archives de Montréal, VM94-Ad040-108, Marché Maisonneuve, 26 mars 1968.
La St. Lawrence Sugar est la toute première manufacture à s’installer à Maisonneuve en 1887. Propriété [...]d'un Canadien d'origine allemande, Alfred Baumgarten, elle est aussi la première à obtenir une exemption de taxes de 20 ans. La compagnie fait construire le bâtiment principal du côté sud de la rue Notre-Dame et quelque temps plus tard la tonnellerie du côté nord. La production commence l’année suivante et dès 1889, le Port de Montréal fait aménager le quai Sutherland pour faciliter l’arrivée de la canne à sucre. En 1906, cette raffinerie est la plus importante au Canada. Elle est un de plus importants employeurs de Maisonneuve avec ses 400 à 500 travailleurs qui fournissent près du quart de la production sucrière canadienne. Les installations seront par conséquent agrandies en 1910, 1920 et 1950. En 1912, la compagnie connaît un nouvel élan lorsque qu’elle passe aux mains de John W. McConnell, également propriétaire du quotidien Montreal Star. Au début de la Première Guerre mondiale, Alfred Baumgarten se départira de ses actions dans la compagnie à cause du fort sentiment anti-germanique au Canada. La succession McConnell vendra l’entreprise à Sucre Lantic en 1984. La Saint Lawrence Sugar est la plus ancienne manufacture d’Hochelaga-Maisonneuve encore en opération. Une partie du plus vieux bâtiment de l’ensemble, la tonnellerie, est encore debout, mais son statut reste précaire. Image : Maisonneuve, principal faubourg industriel de Montréal, Saint Lawrence Sugar, 1911.
En 1896, la manufacture de papier peint Watson & Foster obtient une généreuse subvention de 9 000 $ et une[...] exemption de taxes de 20 ans de la ville de Maisonneuve. L’offre de cette ville est plus généreuse que celle de Saint-Henri. Dans le contrat que l’entreprise signe avec la ville, elle s’engage à construire des bâtiments de brique et de pierre d’un coût de 50 000 $ avec de la machinerie d’une valeur de 40 000 $ et promet d’engager un minimum de 75 personnes dont 80 % doivent provenir de Maisonneuve. La production commence l’année suivante et en 1909, 60 000 rouleaux par jour sortent de l’usine. À cette époque, le papier peint est beaucoup plus économique et pratique que la peinture à l’huile pour décorer les maisons. La main d’œuvre augmente également rapidement : elle passe de 100 ouvriers en 1897 à 250 en 1911. Pendant les dix premières années de son existence, Watson & Foster sera la seconde entreprise en importance à Maisonneuve après la Saint Lawrence Sugar. Le gérant de la manufacture, Robert Fraser, sera conseiller de 1906 à 1915 et membre de l’équipe Michaud-Dufresne qui fera ériger les bâtiments publics de prestige comme l’hôtel de ville, le marché et le bain. En 1949, Watson & Foster est achetée par l’entreprise The Canadian Wallpaper et, cinq plus tard, elle passe aux mains d’Édouard Roy & Fils, propriétaire de Faucher et Fils, spécialisé dans la quincaillerie de transport. En 1990, le rez-de-chaussée devient une succursale du Village des Valeurs, chaîne de vêtements d’occasion. D’autres locataires occuperont les autres étages. L’édifice devient la Place Ontario. Pendant les rénovations de la Bibliothèque Maisonneuve, les étages supérieurs serviront de bibliothèque temporaire. La manufacture a aussi servi de décor extérieur pour un des dernières scènes du film La Bolduc. Image : Maisonneuve, principal faubourg industriel de Montréal, croquis de la Watson & Foster, 1911.
Comme le montre la date gravée sur la façade, cette manufacture de chaussures s’installe en 1909 à Maison[...]neuve, angle Rouen et Letourneux. C’est un bâtiment de trois étages qui emploie une centaine de personnes et qui fabrique hebdomadairement 3 000 paires de chaussures de choix MacKay pour femmes. La ville lui accorde une exemption de taxes de 10 ans. À l’époque, Maisonneuve est un important centre de l’industrie du cuir avec sept manufactures de chaussures. Plus tard s’ajouteront la United Shoe Machinery pour la fabrication de la machinerie et quatre manufactures de formes de chaussures (en bois). Cependant, l’aventure de McDermott ne dure que 6 ans. En 1915, l’entreprise fait faillite. Le bâtiment va continuer de servir à des entreprises du domaine de la chaussure jusqu’à la fin des années 1980. Les entreprises marquantes seront Ouimet Shoes, et White Cross Shoes qui se spécialisait dans les chaussures pour infirmières. Aujourd’hui, cette ancienne manufacture n’a pas été transformée en condominiums comme plusieurs autres dans le quartier. C’est l’entreprise Dental Wings qui occupe le bâtiment du 2251, avenue Letourneux. Elle se spécialise dans l’équipement pour les cabinets de dentistes. Image : BANQ, McDermott Shoe Company, vers 1911.
Acme Can Works, fabricant de boîtes de conserves, s’installe à Maisonneuve en 1900, rue Jeanne-d’Arc, au[...] sud de l’ancienne voie ferrée, en profitant d’un octroi de 10 000 $ de la ville. La production commence l’année suivante. En 1908, la manufacture passe aux mains de la multinationale American Can qui agrandit l’édifice pour en faire un important centre de production. En 1917-18, on construit la section principale, boulevard Pie-IX, et on relie les deux sections par une passerelle. Le nouveau bâtiment est une immense structure de quatre étages en béton armé, une innovation pour l’époque. Les grandes fenêtres au dernier étage fournissent un meilleur éclairage naturel aux ateliers. Cette technique s’inspire d’un concept utilisé à l’usine Ford de Détroit. Au-dessus des portes principales, distinctes pour les hommes et les femmes, on peut lire les inscriptions « Men » et « Women ». Sur la cheminée, ajoutée en 1943, on trouvait en blanc les lettres « AM CAN CO ». L’American Can devient rapidement l’une des plus importantes usines de Maisonneuve avec ses 175 employés en 1913. Dans l’usine, les hommes fabriquent les boîtes de conserves en fer blanc et les femmes, les boîtes de cigares. La section Jeanne-d’Arc est agrandie d’abord en 1928, puis en 1939. Les deux sections sont ensuite fusionnées pour consacrer le bâtiment principal uniquement à la production. On érige un petit entrepôt de l’autre côté de la rue Jeanne-d’Arc relié à la partie principale par une passerelle. En 1952, on aménage un immense entrepôt, rue d’Orléans, au nord de la voie ferrée, en utilisant l’ancienne station de la Shawinigan Water & Power. Cet entrepôt sera démoli en 2009 pour y construire des condos. Le 1er janvier 1987, American Can devient Emballages Onex pendant quelques années. Après des années d’inutilisation et l’expérience malheureuse des toboggans Torpedo, l’ancienne usine passe aux mains de Gestion Georges Coulombe. Fin 2004, un Super C s’y installe. On trouve maintenant également à cet emplacement une Fripe-Prix Renaissance, des locaux de la formation continue du Collège de Maisonneuve, les bureaux des députés Alexandre Leduc et Soraya Martinez Ferrada ainsi que plusieurs autres organismes. Image : AHMHM, Édifice American Can, 1983.
Si vous fréquentez le CLSC Hochelaga-Maisonneuve, vous êtes sur l’emplacement de la Dufresne & Locke, une [...]des importantes manufactures de chaussures de la ville de Maisonneuve. En 1900, la manufacture de chaussures Pellerin & Dufresne choisit de s’installer à Maisonneuve après avoir reçu un octroi de 10 000 $ de la ville et acheté des terrains à l’angle des rues Ontario et Desjardins. L’année suivante, elle devient la Dufresne & Locke avec la société formée par Victoire Du Sault, mère des frères Dufresne, et Ralph Locke, marchand de cuir. Le développement est rapide. En 1904, après des essais concluants, elle commence à exporter des chaussures en Égypte. Pour cela, elle agrandit ses installations pour lesquelles elle reçoit une exemption de taxes de 20 ans. Cette même année, elle acquiert une entreprise concurrente, la Royal Shoe. La manufacture est de nouveau agrandie en 1907. En 1911, elle emploie 550 ouvriers qui fabriquent 3 000 paires de chaussures par jour. Durant la Première Guerre, elle reçoit des commandes de l’armée britannique. Après la mort d’Oscar Dufresne en 1936, l’entreprise ne survit que quelques mois à la disparition de son président. En 1938, Candide Dufresne, frère d’Oscar, vend l’édifice qui servira à la Montreal Shoe Stores et à la Ideal Paper Box pour un certain nombre d’années. En 1977, l’édifice est rénové et transformé en galerie de boutiques appelée Le Rond Point. Dans les années 1990, le bâtiment est désaffecté. Le CLSC de Hochelaga-Maisonneuve, désireux de regrouper tous ses services au même endroit, songe à s’y installer. À cause de graves problèmes de structure, on choisit de démolir l’édifice et de reconstruire à neuf. Le nouveau CLSC est inauguré en 2002. Image : Maisonneuve, principal faubourg industriel de Montréal, L'usine Dufresne & Locke vers 1910.
Les anciens de Viauville se souviendront de l'école primaire Saint-Paul, angle La Fontaine et Saint-Clément.[...] Confrontée à une augmentation rapide de la population, la Commission scolaire de Maisonneuve décida en avril 1906 d'ériger une nouvelle école dans la partie est de la municipalité. La direction fut confiée aux Frères des Écoles chrétiennes, communauté française établie au pays depuis 1837 et dont les enseignants provinrent encore de la mère-patrie au début du 20e siècle. Les plans de l'école Saint-Paul furent dessinés par l'architecte Charles-Aimé Reeves (1872-1948). Pour des raisons financières, elle fut construite en deux phases. La première, ouverte le 1er décembre 1906, pouvait accueillir une quarantaine d'élèves. Le bâtiment en bois comportait trois étages. En 1911, l'édifice prit sa forme définitive. L'école, qui comprenait aussi la résidence des frères, fut agrandie en bordure de la rue Saint-Clément et briquetée avec une façade en pierre grise, un trait caractéristique de l'architecture de Viauville. Elle possédait désormais 20 classes pour 800 élèves. Les filles eurent leur propre école, Saint-Clément, à partir de la rentrée 1913. Les frères passèrent la main à des laïcs en 1963. Dans un contexte de compressions budgétaires, à la fin de l'année scolaire 1978, la Commission des écoles catholiques de Montréal ferma 30 écoles sur son territoire, dont Saint-Paul. L'école fut par la suite vendue à la Ville de Montréal et démolie sans tarder pour la construction de logements sociaux. Image : BANQ, École Saint-Paul de Viauville, vers 1931.
Si vous vous promenez sur l’avenue Morgan, vous constaterez que l’école Maisonneuve subit une cure de jeu[...]nesse. Mais saviez-vous qu’à l’origine cette école faisait partie de la commission scolaire protestante anglophone? En octobre 1891, on inaugure l’église presbytérienne, angle Adam et Letourneux. Le sous-sol sert rapidement d’école pour les anglophones protestants de la ville de Maisonneuve qui correspondent à 22% de la population au recensement de 1891. Le 1er août 1898, l’administration de la Protestant Dissident School of the Town of Maisonneuve fait l’acquisition de trois lots avenue Letourneux pour la construction d’une école. Elle était située à l'emplacement du 1651. Cette école devient trop petite et l’ancêtre de la PSBGM (Protestant School Board of Greater Montreal) achète en juin 1919 tous les lots du côté ouest du boulevard Morgan entre Adam et La Fontaine. Ce sont les célèbres architectes Ross & Macdonald, à l’origine de l’Hôtel Mont-Royal et du Magasin Eaton, qui dessinent les plans de la Maisonneuve School. Elle est inaugurée en septembre 1921. C’est un édifice de quatre niveaux avec un sous-sol. Il est d’inspiration néo-Tudor comme on peut le voir avec la combinaison de la brique rouge et de la pierre ainsi que la présence de motifs décoratifs dans la brique. L’école est dotée d’un important portail en pierre grise et un blason avec les lettres « M » et « S » pour Maisonneuve School. Les pilastres devant les fenêtres du rez-de-chaussée sont postérieurs à la construction originale. Avec la diminution du nombre d’anglophones après la Seconde Guerre mondiale, lesquels migrent massivement vers le West Island et d’autres banlieues à Montréal, la PSBGM ajoute un secteur francophone au secteur anglophone à l’école au début des années 1970 et des classes d’accueil à la fin de cette décennie. Dans le cadre de la déconfessionnalisation du réseau scolaire québécois, à l’an 2000, l’école Maisonneuve passe aux mains de la Commission scolaire de Montréal, aujourd'hui le Centre de services scolaire de Montréal. Image : BANQ, Maisonneuve School, 1680 avenue Morgan, vers 1930.
Le notaire Marie-Gustave Écrement (1865-1915) est un personnage central dans l’histoire de la Ville de Mais[...]onneuve puisqu’il a été secrétaire-trésorier de la municipalité et de la commission scolaire de 1889 à 1915. Il a travaillé pour huit maires différents. Dès son entrée à la Chambre des notaires en octobre 1888, il s’installe à Maisonneuve. Quelques mois plus tard, il est nommé secrétaire-trésorier de la ville et de la commission scolaire. Sa tâche principale est de rédiger les procès-verbaux des deux organismes, mais aussi les règlements et la correspondance. Il est également président d’élection qui ont lieu annuellement. L’étude de son greffe est un outil essentiel pour comprendre le développement de la ville de Maisonneuve. Son greffe couvre un impressionnant total de 15 677 pages, rédigées à la main durant ses 27 ans de carrière. En plus des actes courants comme les ventes, testaments et obligations, c’est dans son greffe que l’on trouve toutes les ententes avec les entreprises ayant obtenu de la ville des exemptions de taxes et des octrois ou avec les entreprises de service public comme l’eau, l’électricité, le gaz, etc. On trouvera également les contrats accordés pour la construction des bâtiments publics comme l’hôtel de ville, le Marché et le Bain Maisonneuve de même que celle des écoles catholiques situées sur le territoire de la municipalité. Il est également syndic et marguiller de la paroisse Très-Saint-Nom-de-Jésus au moment de la construction de la nouvelle église, inaugurée en 1906. Après la défaite de l’équipe Michaud-Dufresne aux élections de 1915, il obtient un congé auprès de la nouvelle administration. Il meurt à la suite d’une longue maladie le 29 août 1915. À la fin de sa vie, il habitait les Appartements Lafontaine au 4201, rue Lafontaine, angle Desjardins. Arthur Écrement, neveu de Marie-Gustave, est nommé notaire de la municipalité de Tétreaultville en 1907. Image : BANQ, Marie-Gustave Écrement en 1894.
Ralph Locke (1864-1934) est né en Nouvelle-Écosse. Ses parents déménagent à Montréal lorsqu’il est enc[...]ore très jeune. Vers 1890, il commence à travailler dans l’entreprise de son père, Piers Locke & Son, marchands de cuir. En 1896, il s’associe à Victoire Du Sault, épouse de Thomas Dufresne et seule actionnaire de Pellerin & Dufresne, manufacturiers de chaussures. Cette entreprise déménage à Maisonneuve en 1900 et devient l’année suivante Dufresne & Locke dont Oscar Dufresne est le gérant. Ralph Locke est vice-président de l’entreprise jusqu’à temps qu’Oscar n’occupe ce poste. Il en deviendra ensuite le trésorier. Il est également vice-président puis président de Slater Shoe, manufacture de chaussures de Montréal à ne pas confondre avec Geo. A. Slater, manufacture de chaussures de Maisonneuve qui fait faillite en 1923. Au début des années 1920, il laisse Dufresne & Locke pour reprendre l’entreprise Dufresne & Galipeau dont le président est Candide Dufresne, frère d’Oscar, et qui est en difficultés financières. Celle-ci devient Locke Footwear, grossiste en chaussures. Locke Footwear ne survit pas à la crise des années 1930. En 1929, Oscar Dufresne fonde l’entreprise Perfection Rubber qui fabrique des pneus automobiles. Ralph Locke en est le gérant. Au moment de sa mort en 1934, il est le président de cette entreprise. En 1934, il est également directeur de Renault Mining Co. et de compagnies d’assurances. Entre 1901 et 1904, il habite le 1844, boulevard Pie-IX dans une maison qu’il a fait construire. Il la revend à François-Xavier Raoul Lanthier, un des directeurs de Kingbury Footwear, une manufacture de chaussures de Maisonneuve. Cette maison est aujourd’hui voisine du CHSLD Providence Notre-Dame de Lourdes. Image : AHMHM, Maison Ralph Locke, 2021.
Alexandre Michaud (1868-1943), maire de Maisonneuve de 1909 à 1915, de concert avec Oscar Dufresne, présiden[...]t du comité des Finances, et Marius Dufresne, ingénieur municipal, a contribué à doter la ville d’édifices de prestige qui font aujourd'hui la renommée de ce quartier de Montréal. D’abord commis à la meunerie de son père, il fonde en 1892, l’entreprise Michaud et Frère, exportateur de grains. Il s’installe en 1899 au 77, rue Notre-Dame à Viauville, entre Théodore et Leclaire. Très rapidement, il s’intéresse à la politique municipale et se présente comme conseiller aux élections de 1905. Il préside le comité des Finances pendant quatre ans. Il sera ensuite maire de 1909 à 1915. Durant cette période, plusieurs bâtiments de prestiges sont construits par exemple l’Hôtel de Ville (1912), le Marché (1914), la Caserne Letourneux (1915) et le Bain Morgan (1916). Avec ces constructions, l’équipe Michaud-Dufresne veut montrer la richesse et la grandeur de Maisonneuve. Durant les dernières années de son mandat, Michaud est membre de la Commission métropolitaine des parcs, créée en 1912 par le gouvernement québécois. Il sera également l’un des fondateurs de la Dominion Light, Heat & Power, qui est installées à Maisonneuve et concurrentes de la puissante Montreal, Light, Heat & Power. Vers 1910, il devient agent immobilier avec bureau rue Saint-Jacques. Après sa cuisante défaite aux élections municipales de 1915, il exerce son métier d’agent immobilier jusqu’à l’âge de la retraite. Il meurt en Floride en novembre 1943. Image : Montreal Old and New, Alexandre Michaud en 1915.
La Banque d’Hochelaga (à partir de 1924, la Banque Canadienne Nationale) acquiert en 1912 les lots sur lesq[...]uels se trouve une maison de deux étages en brique. Cette succursale est construite en 1920 après la démolition du bâtiment antérieur. Elle est intéressante à plusieurs niveaux. D’abord, contrairement à plusieurs banques dans le quartier, elle utilise la brique plutôt que la pierre pour le parement. La pierre calcaire sert à encadrer les fenêtres. De plus, l’architecte, inconnu pour le moment, a inséré à droite deux loggias en retrait, au niveau des deux étages supérieurs qui servaient de logements. L’entrée principale est entourée de deux colonnes de style dorique. La Banque ferme la succursale vers 1981. L’édifice servira ensuite de salle d’exposition et à divers commerces. Le rez-de-chaussée est rénové en 1999-2000 puisque celui-ci servira de café. Les rénovations respectueuses de l’architecture originale lui vaudront en 2000, le prix dans la section Commerce de l’Opération patrimoine architectural de Montréal de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. L’ancienne succursale est aujourd’hui occupée par l'Œufrier. Image : Archives de Montréal, Banque Canadienne Nationale, 1975, 4060, rue Ontario (coin Pie-IX).
La dénomination des avenues Bennett, Aird et William-David rappelle un des fondateurs de Maisonneuve, William[...] Bennett, et les membres de sa famille. William Bennett est né en décembre 1813 en Irlande et arrive au Québec vers 1850. Le 22 août 1853, il épouse Elizabeth Aird, d’origine écossaise, mais née au Québec en 1831. En février 1870 on le retrouve à Hochelaga puisqu’il achète l’immense lot #4 et en juin 1873 le lot #3. Avec ses trois fils il cultive ces terres qui s’étendent de Notre-Dame jusqu’au futur boulevard Rosemont. En décembre 1883, William Bennet est l’un des signataires de la pétition qui entraine la création de la ville de Maisonneuve. Très tôt, il s’implique dans la politique municipale de Maisonneuve et il est conseiller sans interruption de 1885 à 1894. Son fils Percy Richard Thomas sera également conseiller d’abord de 1903 à 1905, puis de 1909 à 1911 au sein de la première équipe Michaud-Dufresne. En avril 1899, William Bennet cède toutes les rues sur ses deux lots à la ville de Maisonneuve, puis dépose un plan de lotissement le 25 août de la même année. Il veut, à la manière d’autres promoteurs, comme Desjardins, Viau, Letourneux et Préfontaine, profiter de la prospérité de Maisonneuve qui attire nombre d’industries et une population grandissante. Le plan de lotissement couvre le territoire allant de Notre-Dame à l’ancienne voie ferrée du Canadian Northern, tout juste derrière le Marché Maisonneuve. Comme on le voit souvent, le nom des rues rappelle la famille du promoteur. Les trois rues nord-sud sont les suivantes de l’ouest vers l’est : l’avenue William-David, du prénom du fils aîné de William Bennett, mort à l’âge de 37 ans en 1892, l’avenue Bennett et l’avenue Aird du nom de famille de sa femme. D’importantes industries viendront s’installer au nord d’Ontario sur les terres de William Bennett : la manufacture de chaussures Geo. A. Slater, la fonderie Warden King & Son (fournaises et articles de fonte) et la United Shoe Machinery qui fabrique de la machinerie pour l’industrie de la chaussure. William Bennett vendra également les terrains sur lesquels sera érigé le stade de l’équipe de crosse du National en 1900. Ce stade couvrait le nouveau Marché Maisonneuve et le parc Ovila-Pelletier. Images Vignette : La Presse, Percy Bennett, fils de William Bennett, 17 mars 1903. Texte : La Ville de Maisonneuve: le principal faubourg industriel de Montréal, Geo. A, Slater Limited, coin Ontario et Aird, 1911.
La Canadian Spool Cotton, fabricant de fil et de soie, s’installe à Maisonneuve en 1907. Elle est la seule [...]entreprise du secteur des textiles de Maisonneuve alors que la majorité des manufactures œuvre dans le secteur des chaussures et de l’alimentation. Les grandes filatures se sont installées à Hochelaga (la Hudon et la Sainte-Anne, par exemple). La compagnie obtient une exemption de taxes de 20 ans comme de nombreuses entreprises de l’époque. Elle achète les terrains de l’ancien parc Riverside, un parc d’amusements qui a fait faillite en 1906. Elle acquiert également les terrains adjacents qui sont la propriété de William Bennett et de la famille Desjardins. La production commence en 1908 et déjà en 1913, l’entreprise compte 400 employés, surtout des femmes. On ajoute un moulin à l’usine en 1916 et un entrepôt en 1922. Au début des années 1950, on démolit des hangars et s'ajoute un nouveau bâtiment derrière la filature. La Canadian Spool Cotton occupait un site d’une superficie totale de 2,6 hectares dans le quadrilatère Pie-IX, Notre-Dame, de La Salle et la voie ferrée portuaire en bordure du fleuve. En 1965, la Canadian Spool Cotton intègre la J. & P. Coats, une multinationale écossaise. Cette dernière ferme l’usine en 1987 et vend le bâtiment au Groupe Grilli qui veut faire de l’ensemble des bâtiments la Place Québec, un complexe d’immeubles de bureaux. On procède à des rénovations et à la démolition des cheminées. Aujourd’hui, de l’ensemble des bâtiments, seule subsiste l’ancienne filature occupée par l’entreprise Entrepôt public. Image : AHMHM, Canadian Spool Cotton, c. 1950.
Charles Bélanger (1881-1948) fait partie, avec Oscar Dufresne et Alexandre Michaud, de l’équipe qui dirige[...] les destinées de la ville de Maisonneuve de 1907 à 1915. Né en 1881, on le retrouve dès l’âge de 20 ans à Maisonneuve comme associé dans le commerce Bénard & Bélanger, marchandises sèches (tissus et prêt-à-porter). Désireux de voler de ses propres ailes, il fait l’acquisition en janvier 1905 d’un terrain, rue Ontario, entre Lasalle et Letourneux, pour construire son propre commerce de marchandises sèches et un logement à l’étage. Il s’intéresse très tôt à la politique municipale et fait campagne lors de l’élection de 1907. À cette occasion, il est élu avec une confortable majorité et il devient du même coup le plus jeune conseiller de Maisonneuve. À ce poste il dirige le Comité des chemins et fait partie du conseil qui érige plusieurs bâtiments publics prestigieux comme l’Hôtel de Ville (aujourd’hui la bibliothèque), le Marché et le Bain Maisonneuve en plus du poste de pompiers #1, rue Notre-Dame. Plusieurs membres du conseil de la ville de Maisonneuve et des propriétaires d’usines possèdent une maison boulevard Pie-IX. En 1912, Charles Bélanger décide qu’il est temps pour lui d’habiter le prestigieux boulevard. Il achète un terrain et fait construire une maison. De style edwardien, très populaire avant la Première Guerre mondiale, elle a fière allure avec ses saillies comme l’oriel en plus de la corniche faite de briques et dominée par un épi de métal ouvragé. Charles Bélanger habite cette demeure jusqu’à sa mort en 1948. Son commerce de la rue Ontario ne résiste pas à la Crise économique de 1929 et doit fermer en 1931. L’espace est présentement occupé par le restaurant L'Olive Noire. Images Vignette : La Ville de Maisonneuve, principal faubourg industriel de Montréal, Commerce de Charles Bélanger, 4271 rue Ontario est, 1911. Texte : Google Streets, 2014, Maison Charles-Bélanger, 1660 boulevard Pie-IX,
Construit en 1903 rue Sainte-Catherine, entre Letourneux et Gaboury, cet édifice se démarque par son couronn[...]ement et son architecture. En 1873, les frères Charles-Henri et Jean-Théophile Letourneux, deux promoteurs importants dans l'histoire de la Cité de Maisonneuve, achetent de la succession Gaudry dit Bourbonnière le lot #8 qu'ils subdivisent en 1890. Six ans plus tard, le terrain du 4300-4318 rue Sainte-Catherine passe entre les mains d'Alex Dupuis, peseur de sucre à la Saint Lawrence Sugar (Lantic). Ce dernier fait construire le bâtiment, habité principalement par des cols blancs et des ouvriers spécialisés. Depuis ses débuts l’édifice est doté d'escaliers intérieurs, un trait caractéristique des bâtiments montréalais du 19e siècle. Les recherches démontrent toutefois qu’en 1903, le bâtiment comportait deux étages sur le front de la rue Sainte-Catherine et un étage du côté de la rue Letourneux, à l’arrière. Cet emplacement a longtemps été occupé par une épicerie, Choquette & Compagnie. D'autres commerces se sont succédé au rez-de-chaussée de l'immeuble. Entre 1911 et 1928, l'édifice est uniformisé sur deux étages et possiblement rebriqueté avec le couronnement actuel. Il est pourtant, impossible de le savoir avec certitude puisque les propriétaires n'étaient pas tenus de demander un permis pour des rénovations. L'aspect visuel de la brique et le style de l’ornementation sur la corniche nous amènent à estimer l'agrandissement au début des années 1920. Image : AHMHM, Vue au coin de Letourneux, 27 juillet 2020.
Le 27 octobre 1975, le 545-551 rue Sicard perdait brusquement un de ses murs. Berthe Paradis, une des locatair[...]es, revenait à peine de faire des emplettes lorsqu’elle entendit des craquements en provenance du salon et du plafond. Apeurée, elle évacua immédiatement le bâtiment. Pour sa part, Émile Lauzon, l’autre locataire, s’empressa de sortir son frère paralysé avant qu’un drame ne survienne. Heureusement personne n’a été blessé. L’effondrement du mur fut causé, ironiquement, par des travaux de renforcement à la suite de la démolition du bâtiment voisin, incendié trois mois auparavant. Des ouvriers coulaient une base de soutènement dans une tranchée pour installer un nouveau recouvrement. Selon Berthe Paradis, des fissures seraient apparues dans le salon et à l’extérieur du bâtiment, érigé en 1903. Le propriétaire s’était engagé à les colmater sans pour autant y donner suite. Cet événement rappelle un enjeu d’actualité pour les villes, à savoir l’abandon des murs mitoyens après des démolitions. La règlementation municipale et le code civil n’obligent pas les propriétaires-démolisseurs à solidifier, imperméabiliser ou reconstruire les murs mitoyens fragilisés. L’exposition des murs voisins aux intempéries (surtout le dégel printanier) accélère leur détérioration. Elle cause des maux de tête à leurs propriétaires qui sont mis devant le fait accompli sans nécessairement avoir les moyens financiers pour résoudre le problème. Des modifications à la règlementation s’imposent urgemment. Image : BANQ, 545-551 rue Sicard, 27 octobre 1975.
Georges Farah-Lajoie est probablement l’un des plus célèbres détectives de la police de Montréal dans la[...] première moitié du 20e siècle et de 1920 à 1928 il habite le 550 rue Sicard. Né en 1876 en Syrie, il immigre au Québec vers 1900. Désireux de s’intégrer à la majorité francophone, il fait ajouter « Lajoie » à son nom, traduction de « farah » en arabe. Il épouse une Canadienne française, Marie Anna Chartré, en 1902. En 1906, il débute sa carrière de policier, puis en 1910 il devient détective. Georges Farah-Lajoie est associé à une cause judiciaire célèbre, l’affaire Delorme. En janvier 1922, on découvre le cadavre d’un jeune étudiant, Raoul Delorme. Ce dernier habitait avec son demi-frère, l’abbé Adélard Delorme, qui devient rapidement le principal suspect. La mise en accusation de l’abbé Delorme en juin 1922 soulève un tollé dans les milieux catholiques et dans une partie de la presse. Comment un homme de Dieu peut-il être un assassin? Même la femme de Farah-Lajoie, fervente catholique, ne croit pas à la culpabilité de l’abbé et en 1928 elle demande la séparation. Pour monter le dossier d’accusation, Farah-Lajoie va travailler avec le célèbre anthropologue judiciaire, le docteur Wilfrid Derome. Pour sauver l’abbé de la potence, les avocats de la défense plaident l’aliénation mentale et le jury retient cette défense. Déçu, Farah-Lajoie donnera sa version des faits dans Ma version de l’affaire Delorme. L’œuvre ne sera pas publiée au Québec, mais à …Toronto. Les deuxième et troisième procès vont se terminer par un désaccord du jury. Lors du dernier procès en octobre 1924, malgré des preuves accablantes, le jury ne prendra que cinq minutes pour déclarer l’abbé non coupable. Georges Farah-Lajoie est démis de ses fonctions par le comité exécutif en 1927. Il travaillera ensuite comme détective privé et comme constable spécial durant le premier mandat de Duplessis, de 1936 à 1939. Il meurt le 1er mars 1941. Ses funérailles se feront en présence de nombreux policiers venus lui rendre hommage. Image : Collection privée de Lorraine Farah-Lajoie, Georges Farah-Lajoie en 1922.
Après l’annexion de Maisonneuve en 1918, on cherche une vocation à l’ancien hôtel de ville. Il sert que[...]lque temps à la Commission des Écoles catholiques de Montréal, puis en 1926, l’Institut du radium vient s’y installer. L’Institut du radium est étroitement lié au docteur Joseph-Ernest Gendreau (1879-1949). Après des études classiques à Montréal, il obtient son diplôme de médecin à Paris. À la fin de la Première Guerre mondiale, il est même chef du laboratoire du gouvernement militaire de Paris. De retour à Montréal, il participe à la fondation de la Faculté des sciences de l’Université de Montréal. En 1922, il fonde l’Institut du Radium, affilié à l’Université de Montréal, qu’il dirige pendant 23 ans. Cet institut est créé à la suite de l’achat d’un gramme et quart de radium par le gouvernement du Québec. Peu après son ouverture, l’Institut s’affilie à l’Institut du radium de Paris et à la Fondation Curie dont il est la première filiale. En 1935, cet institut, le seul au Québec, compte à son service trois radiologistes et deux autres spécialistes à plein temps. Ce sont les Sœurs Grises qui assurent la gestion de l’Institut. De sa fondation à sa fermeture en 1967, on estime que l’Institut a prodigué des soins à plus de 67 000 patients. Il ferme ses portes, principalement parce que le radium n’est plus utilisé dans le traitement du cancer et qu’il n’est plus à la fine pointe de la technologie de l’époque. La plus célèbre patiente de cet institut a sans doute été Mary Travers (Mme Bolduc) qui y décède le 20 février 1941 après des années de traitement infructueux. Image : BANQ, Patient traité à l’Institut du radium, 1949.
Isaïe Préfontaine n’a pas fait de politique comme son frère Raymond, ancien maire d’Hochelaga (1879-188[...]3) et maire de Montréal (1898-1902), mais il a laissé sa marque comme l’un des plus importants propriétaires fonciers de l’ancienne ville de Maisonneuve. Né à Beloeil en 1861, Isaïe Préfontaine s’installe à Montréal en 1888. Il est comptable, agent immobilier et agent financier. En 1896, il entre en scène à Maisonneuve en achetant des sœurs Julie et Émilie Bourbonnière la partie du lot 18 au nord de la rue Sainte-Catherine pour la coquette somme de 147 000 $ (environ 3 500 000 $ en dollars de 2020). Ce lot comprend les rues Orléans et Bourbonnière et le côté ouest de Charlemagne. On le désigne souvent sous le nom de Ferme Préfontaine. Le nom de Préfontaine apparaît donc dans quantité de contrats de vente de terrains. En octobre 1903, il cède les rues de son lot à la Ville de Maisonneuve. Mécontent des investissements publics sur ses terres, il va demander en juillet 1906 que le quartier Ouest (côté ouest de Pie-IX jusqu’à Bourbonnière) soit annexé à Montréal. À cette époque, il est considéré comme l’un des plus importants propriétaires fonciers de l’île de Montréal. Isaïe Préfontaine n’a pas seulement œuvré à Maisonneuve. Il occupera le titre de président de la Chambre de commerce du district de Montréal pour l’année 1908-1909. À ce titre, il mettra sur pied en avril 1909, la Fédération des Chambres de commerce de la province de Québec. Il participe à la fondation de HEC Montréal dont il sera le premier président du Bureau de direction de 1907 à 1919. Isaïe Préfontaine n’a jamais habité Maisonneuve. Au moment de sa mort en 1924, il résidait à Outremont. Image : Archives des Hautes études commerciales, Isaïe Préfontaine, photographie non datée.
Joseph-Oscar Hamel est né à Sainte-Gertrude (Bécancour) le 29 mars 1891. Après des études secondaires au [...]Séminaire Saint-Joseph de Trois-Rivières, il prit le chemin de la faculté de médecine de l'Université Laval à Montréal (renommée Université de Montréal en 1920). Il obtint son diplôme en 1919 et accepta un poste en médecine interne à l'hôpital Notre-Dame. Hamel habita vraisemblablement à Maisonneuve puisqu'il y était recensé lors de son mariage avec Bérengère Forest, célébré le 3 août 1920 à l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus. De leur mariage naquirent trois enfants. La famille habita quelques années au 3941 rue Ontario, entre Charlemagne et d'Orléans. Hamel se spécialisa en pédiatrie. De 1925 à 1957, il fit carrière à l'hôpital Sainte-Justine qui à ce moment, se trouvait rues Saint-Denis et Bellechasse. Le 4 février 1926, Hamel acquit de John Cox, contremaître d’usine, un cottage situé au 1835 boulevard Pie-IX. Le bâtiment, érigé en 1903, fut partiellement intégré à une nouvelle demeure conçue selon les plans de l’architecte Lucien Leblanc en 1928. On y comptait à l'origine 21 pièces et un garage. Le rez-de-chaussée servit de cabinet médical et de cuisine tandis que les chambres se trouvaient à l'étage. Le soubassement servait d’espace multifonctionnel : buanderie, entreposage, fumoir, salle de billard. Joseph-Oscar Hamel est décédé le 11 septembre 1957. Sa maison du boulevard Pie-IX fut vendue quelques mois plus tôt à Jean-Paul Deschatelets, député fédéral de Maisonneuve-Rosemont de 1953 à 1965, puis sénateur de 1966 à 1986. Images Vignette : La Presse, 12 septembre 1957. Joseph-Oscar Hamel Texte : AHMHM, Maison Joseph-Oscar Hamel, 1835 boulevard Pie-IX,5 mai 2021.
Vers 1919, le couple Joseph Rosario Jubinville et Alice Lacasse s’installe dans le quartier Maisonneuve au 6[...]13, avenue Lasalle, entre Ontario et l’ancienne voie ferrée. L’année suivante, Alice Lacasse ouvre un magasin de musique au 611 de la même rue, le Maisonneuve Music Store. Témoin de la domination de l’anglais comme langue des affaires, la raison sociale des commerces francophones est souvent libellée en anglais. Mme Lacasse va œuvrer à cet endroit jusqu’en 1924, année où la Kingsbury Footwear achète des terrains pour un agrandissement de l’usine. Alice Lacasse va donc déménager son magasin au 2627, rue Ontario Est (aujourd’hui le 4055), un peu à l’ouest de Pie-IX. La famille Jubinville habite à l’étage. À notre avis, il s’agit du premier magasin de musique de Maisonneuve, les autres étant dans Hochelaga. Ce magasin vend de la musique en feuille. On voit sur les photos des partitions de chansons à la mode. Il est également possible qu’on vende des gramophones comme plusieurs magasins de musique de l’époque. À gauche du magasin de musique, on peut voir tobacconist et barber dans la vitrine de même que le nom de famille Picard. Il s’agit en fait de Joseph-Henri Picard, barbier et tabagiste. Il était très courant à l’époque d’avoir à l’entrée un comptoir tabac, et parfois un comptoir bonbons, avec les chaises du barbier au fond du local. À droite du magasin, on devine que le commerce voisin est une épicerie. Fin 1925, début 1926, s’installe une épicerie de la chaîne Stop & Shop Stores dont la surface équivaut à celle d’un dépanneur de coin de rue. En 1937, le commerce déménage dans le local d’à côté (4053). Il ferme définitivement en 1941. Le bâtiment du 4053-4055 a été rénové. Le commerce voisin Meubles L’Amigo a conservé la façade en pierre. Image : BANQ, Maisonneuve Music Store, vers 1925.
Cette élégante demeure bourgeoise du boulevard Pie-IX a été pendant longtemps l’atelier du maître-vitri[...]er Guido Nincheri. En 1903, Oscar Dufresne achète deux terrains de la famille Desjardins, celui du 1832 et celui de la maison voisine (1838). Sur le terrain du 1832 se trouvait un cottage de bois lambrissé de brique que vont habiter les frères Oscar et Marius Dufresne de 1917 à 1919 avant d’emménager au Château Dufresne. En 1920, les frères Dufresne démolissent le cottage pour construire les nouveaux locaux de la Dufresne Construction, présidée par Marius Dufresne, dont les bureaux se trouvaient auparavant à l’étage de la Banque de Toronto (angle Ontario et LaSalle). Marius Dufresne signe les plans du bâtiment, mais il est probable qu’il ait reçu l’aide d’Alfred-Hector Lapierre qui a dessiné les plans de plusieurs succursales de la Banque d’Épargne de la Cité et du district de Montréal, notamment celle de la rue Sainte-Catherine et Aylwin. Comme pour le Château Dufresne, ce n’est pas une charpente de bois ou d’acier, mais une structure de béton armé. Le bâtiment est un bel exemple de la fin de la période Beaux-Arts avec des éléments de style Gothico-Renaissance anglaise. Une caractéristique intéressante est l’utilisation de brique de couleur chamois qui contraste avec la couleur noire des ouvertures. Fin 1920 ou 1921, le rez-de-chaussée devient l’atelier de vitrail de Guido Nincheri. En 1966, Nincheri fera l’acquisition de la maison du 1832. Après sa mort en 1973, la maison continuera de servir d’atelier jusqu’en 1996. En 2013, la Société du Musée Dufresne fait l’acquisition de l’Atelier Nincheri; le musée du Château Dufresne devient le musée Dufresne-Nincheri l’année suivante. Images Vignette : AHMHM, 1832 boul. Pie-IX. Texte : AHMHM, intérieur du Studio.
À Maisonneuve on trouve la plus grande concentration de bâtiments de style Beaux-Arts de Montréal. Ce phén[...]omène est en grande partie dû aux édifices de prestige public, mais pas seulement. On retrouve également des succursales de banques dont l’architecture devait servir à refléter la puissance et la solvabilité de l’entreprise. C’est le cas de l’ancienne Bank of Toronto situé à l’angle de La Salle et Ontario. Le bâtiment, inspiré du style Beaux-Arts, est érigé en 1911 à côté de la Molson’s Bank. Elle est l’œuvre des architectes Morley W. Hogle et Huntly Ward Davis qui ont également conçu des résidences privées bourgeoises dans le Golden Square Mile. Une caractéristique intéressante de ce bâtiment est l’emploi de céramique blanche sur les deux façades qui donnent sur la rue. Ce matériau permet le moulage d’éléments décoratifs imitant la pierre sculptée. Les deux autres faces du bâtiment sont en brique. Sur la façade on peut admirer un grand portique orné de quatre pilastres, d’un entablement avec le nom de la banque et d’un grand fronton. À l’étage on trouvait des bureaux, dont celui de Marius Dufresne avant qu’il ne s’installe rue Pie-IX. La Bank of Toronto fusionne avec la Dominion Bank en 1955 pour devenir la Banque Toronto-Dominion. La Ville de Montréal prend possession de l’édifice en 1989 et y installe le Carrefour jeunesse du Centre culturel et sportif de l’Est. Image : AHMHM, 4240 Ontario est.
Le parc Morgan est situé sur l’ancienne terre des frères Henry et James Morgan, propriétaires du magasin [...]à rayons Morgan, rue Sainte-Catherine Ouest, devenu aujourd’hui La Baie d'Hudson. Leur résidence, appelée Milton Lodge, comptait 28 pièces. Cette villa est l’une des nombreuses demeures que des marchands et professionnels installent le long de la rue Notre-Dame dans la seconde moitié du 19e siècle. Après la mort des deux frères Morgan en 1893, la villa est moins fréquentée par les générations suivantes. Comme il devient moins intéressant de résider dans un territoire qui s’industrialise, plusieurs propriétaires vont vendre leurs domaines qui seront divisés en lots pour du développement domiciliaire. Cependant, la propriété des Morgan est une exception. Le terrain est finalement cédé par la famille à la Ville de Montréal en 1929 à la condition expresse d’en faire un parc. En 1931, dans le cadre d’un programme d’aide aux chômeurs, la Ville y fait installer des vespasiennes et construit un kiosque dessiné selon les plans de Donat Beaupré, un des architectes de la Ville. L’Harmonie de Maisonneuve s’y produira jusque dans les années 1950. Depuis 1978, le parc a été rénové à de nombreuses reprises dont la dernière fois de 2013 à 2015. Ce parc redevient un endroit où se déroulent plusieurs événements culturels. Il a également servi à des tournages, dont la télésérie Lâcher prise. Image : AHMHM, fonds Michel Roy, Kiosque du parc Morgan en 1981,
Inauguré en octobre 1927, le viaduc Hochelaga sépare Mercier d'Hochelaga-Maisonneuve. Tout commence trois an[...]s auparavant lorsque la Montreal Tramway Company, qui opère une ligne unidirectionnelle dans le desserte ferroviaire Souligny depuis 1903, annonce la création d'une nouvelle ligne double plus au nord. Après des discussions avec la Ville de Montréal, la rue Boyce (Pierre-De Coubertin) est choisie comme site d'implantation puisqu'elle relie déjà Viauville à Notre-Dame-des-Victoires. Cependant, les Sœurs de la Providence, gestionnaires de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu, refusent d'accorder le droit de passage à cette hauteur pour assurer la continuité vers Tétreaultville. Le regard se tourne donc vers la rue Hochelaga qui n'est pas encore ouverte entre les rues Dickson et Viau, de même qu'entre les rues Beauclerk et de Boucherville sur les terres de Saint-Jean-de-Dieu. Les Sœurs de la Providence acceptent le tracé et les pourparlers avec le Canadien National (CN) débutent en 1925. Le CN consent à céder le terrain de son emprise à travers la future rue Hochelaga prolongée selon certaines conditions. La Ville doit fermer définitivement la circulation et démolir la rue Boyce sur l'emprise ferroviaire à l'est de Viau. Un viaduc est également exigé pour éviter l'installation d'un passage à niveau. La Ville de Montréal lance un appel d'offres à l'automne 1926. Le contrat est octroyé à Duranceau & Duranceau, une entreprise montréalaise notoire. Prix total: 65900$. Image : BANQ, Viaduc Hochelaga, 19 octobre 1927.
La ville de Maisonneuve fut la capitale canadienne de l’industrie de la chaussure, non seulement en raison d[...]u nombre d’usines de chaussures (sept en 1911), mais également parce qu’elle possède trois manufactures de formes de chaussures et surtout la plus grande manufacture de machinerie du continent pour cette industrie, la United Shoe Machinery, rue Bennett et Boyce (Pierre-De Coubertin). Cette entreprise est une filiale d’une multinationale américaine qui s’installe à Montréal en 1899. Désireuse d’agrandir ses installations, elle décide en 1910 de s’implanter à Maisonneuve. Deux raisons motivent ce déménagement : la concentration des manufactures de chaussures et l’exemption de taxes foncières de 20 ans offerte par la Ville de Maisonneuve. La compagnie achète une grande bande de terrain d’une valeur de 48 380 $ (1 089 000 $ en 2021) ayant appartenu à William Bennett. Le célèbre architecte Howard C. Stone est chargé de concevoir les plans de l’édifice. Dans le quartier, il est aussi l’auteur des plans de la Banque Molson, angle Ontario et Lasalle. Le style architectural est plutôt traditionnel avec des murs uniformes et une large fenestration; une immense cheminée trône au centre de l’édifice. United Shoe Machinery exerce un quasi-monopole sur la machinerie de l’industrie de la chaussure à Montréal. Elle ne vend pas ses machines, mais les loue à long terme ce qui limite la concurrence potentielle. De plus, elle exige des redevances sur chaque paire de chaussures fabriquée. La compagnie jouit d’une excellente réputation auprès de ses employés. Elle aménage une piste d’athlétisme du côté est de la rue Bennett, crée une association de secours mutuel qui assure un revenu minimum en cas de maladie et offre des repas abordables. De 300 employés en 1911, le nombre passe à plus de 1 000 dans les années 1940. À partir des années 1960 et 1970, la désindustrialisation, la délocalisation et la forte concurrence du marché asiatique occasionnent la fermeture de presque toutes les manufactures du quartier. Après une période d’abandon, l’édifice de la United Shoe Machinery est transformé en condominiums (L’Héritage) à partir de 1988. C’est le premier d’une longue série d’édifices industriels transformés en résidences dans l’ancienne ville de Maisonneuve. Image : AHMHM, United Shoe Machinery, 1988. 2600 avenue Bennett.
La construction du Théâtre Granada résulte de la collaboration entre deux familles grecques impliquées dan[...]s le cinéma : les frères Lazanis qui possèdent également le Lord Nelson et le Théâtre Napoléon et George Ganatakos, propriétaire de la United Amusement. La construction débute en 1929 selon les plans de l’architecte Emmanuel Arthur Doucet. Rapidement, des difficultés surviennent puisque sous l’immeuble coulait autrefois le ruisseau Migeon. Ce cours d’eau suivait plus ou moins le tracé de la rue Sainte-Catherine pour se jeter dans le fleuve au niveau de la rue Nicolet. La façade, de terre cuite vitrifiée, est parfaitement symétrique et richement ornée de fausses fenêtres, de pilastres, d’un fronton et d’une magnifique corniche. De chaque côté de l’entrée principale, on trouvait autrefois des commerces, aujourd’hui remplacés par des cages d’escaliers. La décoration intérieure est l’œuvre d’Emmanuel Briffa, qui a décoré la plupart des grands palaces du cinéma de Montréal (Capitol, Loews, Palace, Séville, Rivoli). Briffa dote le cinéma d’un auditorium de conception atmosphérique et de style Renaissance espagnole. Inauguré en mars 1930, il compte 1 685 places. Conçu dès l’origine pour présenter des films parlants, il possède également une fosse pouvant accueillir 25 musiciens, ce qui le rend polyvalent et lui permettra de durer. La Nouvelle Compagnie Théâtrale, autrefois dirigée par le comédien Gilles Pelletier, fait l’acquisition du théâtre Granada en 1977 et l’ouverture a lieu en septembre de la même année. Les rénovations font en sorte de conserver les éléments décoratifs. L’ancien cinéma devient alors le Théâtre Denise-Pelletier, en l’honneur d’une grande comédienne québécoise, sœur du comédien Gilles Pelletier, décédée en 1975. D’autres rénovations auront lieu de 2008 à 2010. Image : La Presse, Théâtre Granada, 1930, 4353 rue Sainte-Catherine Est.
Au début du 20e siècle, la fête nationale de la France se déroule en grande pompe à Montréal. Entre 1901[...] et 1906, les festivités se tiennent au Parc Riverside à Maisonneuve. Situé sur le terrain de la villa ayant appartenu à Luce Cuvillier, rue Notre-Dame face à la rue Desjardins, le parc ouvre le 24 juin 1900 et peut accueillir plusieurs milliers de personnes. L’ancienne villa, quant à elle, sert d’hôtel et de restaurant. Les fêtes du 14 juillet s’étendent sur plusieurs jours. Elles sont organisées par l’Union française de Montréal. Lorsque le 14 juillet tombe un jour de semaine, les célébrations commencent la fin de semaine précédente ou sont prolongées jusqu’au dimanche. Le 14 juillet, la journée débute par une messe solennelle à la chapelle du Sacré-Cœur de l’église Notre-Dame. Puis les fêtes se transportent au Parc Riverside. Elles sont lancées à 15 h 00 par le consul général de France. La troupe du parc présente des numéros de vaudeville et de chansons françaises. Puis c’est un grand banquet suivi par le feu d’artifice « Vive la France ». Les autres jours, on organise des activités pour les enfants (courses, jeux, compétitions de natation). On présente également des ascensions du ballon « La France » et même des sauts en parachute, des projections cinématographiques, etc. Ces fêtes sont très populaires : le samedi 14 juillet 1903, on enregistre 6 000 entrées et 15 000 le lendemain. L’événement le plus spectaculaire des fêtes entre 1901 et 1906 sera sans aucun doute la fête nautique du 17 juillet 1906. On recrée une bataille navale, qui a eu lieu durant la Première République française de 1794, entre le bateau français « Le Vengeur du Peuple » et une flottille anglaise. Les vaisseaux sont illuminés et le bombardement est recréé par des pièces détonantes et des fusées volantes. Le bateau français est finalement incendié et sombre dans les flots. Image : BANQ, Hôtel-restaurant du Parc Riverside, 1904.
Plusieurs se souviennent encore de l’odeur de réglisse qui flottait autour de l’usine de la National Lico[...]rice, angle Rouen et Desjardins. Cette usine, terminée en 1908 selon les plans de l’architecte Charles-Aimé Reeves, avait reçu l’année précédente une exemption de taxes de 10 ans. Elle s’engageait à embaucher de 7 à 10 hommes et de 25 à 30 jeunes filles. En 1913, elle emploie 30 personnes pour une production de 63 000 $ par an. Elle ne produit que des friandises de réglisse noire fait à partir des racines de cette plante. Les bonbons les plus populaires étaient la petite tête d’indien et le sifflet de réglisse. Avec le temps, ce sera de la pâte de réglisse en forme de cigare ou de pipe. Dans les années 1940, on développe un procédé pour fabriquer de la réglisse rouge qui ne contient aucun ingrédient tiré de la plante. Cette variété deviendra rapidement la plus populaire. La National Licorice et sa filiale Y&S opèrent l’usine jusqu’au début des années 1980. En 1986, Hershey reprend la production jusqu’à la fermeture de l’usine en 2008. L’usine a été transformée en condos de la Société d’habitation et de développement de Montréal. L’ensemble porte le nom de « La Confiserie ». Source image : AHMHM fonds Michel Roy, National Licorice, 4211-4217 de Rouen, en 1982.
Napoléon Massy fut un personnage important dans le développement de Maisonneuve au tournant du 20e siècle. [...]Né à Sainte-Brigide-d'Iberville le 1er avril 1856, il provient d'un milieu modeste. En 1874, à l'âge de 18 ans, il se marie à Philomine Lonpierre, une voisine. Comme plusieurs Canadiens français des campagnes, Massy est tenté par la vie urbaine et les opportunités de travail à Montréal. Vers 1890, il s'installe à Hochelaga et entame une carrière d'entrepreneur en construction. En 1895, il déménage à Maisonneuve, rues Notre-Dame et Pie-IX (côté sud-est). Massy achète plusieurs lots, surtout aux frères Letourneux, pour y construire des habitations qu’il revend ensuite à des particuliers. Parmi ces bâtiments, mentionnons le 4130-4132 place Ernest-Gendreau (anciennement 2-4 ruelle Aimé), érigé en 1905 derrière le futur hôtel de ville de Maisonneuve. En tant qu'homme d'affaires prospère, Massy tente sa chance en politique municipale. En 1895, il se présente à l'échevinage de Maisonneuve, sans succès. En 1897 il parvient à gagner la confiance des électeurs et il est élu conseiller municipal de Maisonneuve. Il conserve ce poste jusqu'en 1901. Pendant son mandat, il agit comme négociateur auprès de grands manufacturiers montréalais qui souhaitent s'établir à Maisonneuve. Massy meurt le 18 octobre 1911 à la suite d'une opération chirurgicale ratée. La ville de Maisonneuve lui accorde des funérailles civiques. Image : AHMHM, 4130-4132 place Ernest-Gendreau, 5 mai 2021.
En 1907, les frères Gilmour, fabricants de coutellerie, vont profiter d’une limitation des taxes offerte pa[...]r la Ville de Maisonneuve pour acheter deux terrains afin d’y construire leur manufacture. La production commence en 1908 avec un petit groupe d’employés. En 1919, la compagnie Johnson & Johnson achète une partie de l’édifice aux frères Gilmour pour y installer son siège social. En 1926, on ajoute une aile sud comportant un étage seulement. Les deux ailes sont séparées par un petit entrepôt. Les deux compagnies vont cohabiter jusqu’en 1934. En 1985, Johnson & Johnson annonce un programme de rénovations de 10,7 millions de dollars dont 2,5 millions seront fournis par le gouvernement du Québec et la Ville de Montréal. On ajoute deux pavillons aux deux ailes si bien que l’ensemble forme une cour intérieure. En 1986, la rénovation se mérite le prix Orange de Sauvons Montréal dans la catégorie Recyclage, construction et design urbain. En 1990 la compagnie décide de déménager son siège social rues Notre-Dame et Beauclerk dans son édifice qui lui sert de laboratoire. En 1996, l’ancien siège social est vendu à Vidéotron qui l’occupe toujours. Image : AHMHM, fonds Michel Roy. Johnson & Johnson, 1er février 1988, 2155 boulevard Pie-IX.
Lévie Tremblay a joué un rôle important dans l’histoire de Maisonneuve entre 1903 et 1921. Son histoire d[...]ébute en 1903 lorsque la société Tremblay & Riendeau – spécialisée dans le commerce du bois de chauffage et de charpente - s’installe à Maisonneuve entre les rues Bennett, Aird, Adam et Sainte-Catherine. Cette société, formée de Lévie Tremblay et de Joseph Riendeau, ne dure que deux ans, période après laquelle Lévie Tremblay gère seul l’entreprise. En 1910, il fait construire un petit bâtiment d’un étage qui sert de bureau à l’entreprise. Ce bâtiment comporte deux adresses : 76, rue Aird (1400, aujourd’hui disparu) et 279, rue Ste-Catherine (aujourd’hui le 4603 et 4605). Lévie Tremblay habitera longtemps au 76, rue Aird. Lévie Tremblay s’intéresse aux affaires municipales de Maisonneuve. Il est élu conseiller en 1911, mais perd son siège lors de l’élection de 1913. Pour les élections du 1er février 1915, le Parti de la Réforme municipale présente une équipe complète avec Lévie Tremblay comme candidat à la mairie. L’équipe Michaud-Dufresne est complètement balayée de l’hôtel de ville. Cependant, malgré les difficultés financières de Maisonneuve, l’équipe Tremblay doit terminer les grands travaux comme ceux du Bain Maisonneuve et de la caserne Letourneux. Aux élections de 1917, Lévie Tremblay conserve son poste malgré la défaite des membres de son équipe aux mains des candidats de l’Association des citoyens. En février 1918, le gouvernement du Québec force l’annexion de Maisonneuve à Montréal. Quelques semaines plus tard, Tremblay est élu conseiller du quartier Maisonneuve. Au début des années 1920, il fonde l’Imprimerie Maisonneuve qu’il conservera jusqu’aux milieu des années 1930. On perd sa trace ensuite. Image : La Ville de Maisonneuve, principal faubourg industriel à Montréal. Commerce de Lévie Tremblay, 1911 (4605 rue Sainte-Catherine).
Avez-vous déjà remarqué ce bâtiment bien caché sur la place Jeanne-d'Arc, au coin de la ruelle Girard? Da[...]ns le contexte de la croissance urbaine d'après-guerre et du débordement de l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus, en 1948, l'Archidiocèse de Montréal, dirigé par Mgr Joseph Charbonneau, érige la paroisse Saint-Mathias-Apôtre pour desservir les rues Jeanne-d’Arc à Valois. Une chapelle et un presbytère sont aménagés dans un triplex situé au 1436 avenue Jeanne-d'Arc. Seulement 100 personnes peuvent s'y rassembler, ce qui implique de célébrer, à partir du 15 août 1949, jusqu'à une dizaine de messes les dimanches. Cette année-là, la paroisse achète un terrain au coin des rues d'Orléans et Adam pour la construction d'une véritable église. En revanche, le terrain comprend 28 logements à démolir. L'achat, totalisant 66 000$, plonge la paroisse dans les dettes. De fait, le curé fondateur, Achille Lachapelle, décide d'acheter une ancienne manufacture sur la place Jeanne-d'Arc afin d'y déménager l'église. En plus de régler temporairement le problème d'espace, cette décision permet de repousser la construction d'une église. Les loyers des habitations à démolir peuvent servir à financer le nouveau temple. L'édifice, déjà passablement âgé, est rénové à l'intérieur pour accueillir 700 fidèles. Le presbytère occupe la partie arrière. Les ornements sacerdotaux et les statues, dont celles de Sainte-Thérèse, de Sainte-Anne et du Sacré-Cœur, sont aussi neufs. Construit en 1922, le bâtiment abritait à ses débuts une compagnie de transport et de déménagement, propriété des frères Tousignant (la place Jeanne-d'Arc a porté ce nom jusqu'en 1934). De 1933 à 1949, on y retrouvait une fabrique de cercueils. Cette entreprise, Canadian Casket, appartenait à la famille Sansregret, qui ouvrira le salon funéraire T. Sansregret, rue Dézéry, en 1935. L'église Saint-Mathias de la place Jeanne-d'Arc est ouverte à la fin novembre 1950 et est inaugurée à Noël de la même année. Les fidèles y resteront jusqu'à la construction de l'église permanente, rues Orléans et Adam (aujourd'hui le Chic Resto Pop), en 1959. Quant à l'ancienne manufacture transformée, elle sera par la suite occupée par les Glaneuses. Images Vignette : Le Petit Journal, 31 décembre 1950. Église Saint-Mathias-Apôtre nouvellement ouverte. Texte : AHMHM, 7 février 2021.
La Warden King Limited était une entreprise spécialisée dans la fabrication de fournaises et tuyaux en font[...]e. En 1903, lorsqu’elle entreprend de s’établir à Maisonneuve pour augmenter son nombre d’employés, elle est déjà vieille de 50 ans. La Warden King Limited, obtient une réduction de taxes foncières en janvier 1904 et les premières années, l’entreprise ne paie que 200 $ de taxes à la ville de Maisonneuve! Elle a pignon sur un vaste terrain de l’avenue Bennett au nord de la voie ferrée du Canadian Northern. La production débute en 1907 et déjà en 1909, le nombre d’employés se situe entre 350 et 400. Il augmente à 550 en 1913. Le produit le plus en demande est la fournaise à eau de marque « Daisy », brevetée par le fondateur en 1886 et vendue à travers le Canada, les États-Unis et la Grande-Bretagne. En 1926, le fils du fondateur, James Cochrane King, n’ayant plus de membre de la famille pour lui succéder, décide de vendre l’entreprise à Crane Canada Limited tant que l’usine garde son nom. En 1952, le syndicat de la Warden King est affilié à la UE (United Electrical Workers), syndicat jugé « communisse » par le premier ministre Maurice Duplessis parce que deux de ses dirigeants nationaux s’affichent ouvertement comme membres du Parti communiste du Canada. La UE perdra sa certification. Les travailleurs de la Warden King seront éventuellement représentés par les Métallos. L’usine cesse sa production en 1964 et sera démolie en 1985. Comme l’usine coupait la rue Ernest (aujourd’hui Rouen) en deux parties, la Ville de Montréal décidera de réunir les deux tronçons après cette démolition. Image : BANQ, Publicité de la Warden King, 1911.
Délimitée par l’ancienne voie ferroviaire et les rues Rouen, Orléans et Bourbonnière, cette ruelle se d[...]marque par ses aménagements et son degré d’appropriation citoyenne. Dans le contexte d’une forte spéculation foncière en périphérie de Montréal, en 1896, Isaïe Préfontaine, important promoteur et frère du politicien Raymond Préfontaine, fait l’acquisition quasi entière du lot 18 de la succession Gaudry dit Bourbonnière, famille souche du quartier. Prix payé : 147 000$. Ce lot, traversé par les rues Bourbonnière, Orléans et Charlemagne, débute à la rue Notre-Dame et s’étend jusqu’à l’avenue Laurier qui fait à ce moment partie du territoire de la ville de Maisonneuve. Le 31 mars 1902, Isaïe Préfontaine dépose un plan de lotissement pour la partie au nord d’Ontario. La ruelle existe donc sur papier depuis cette date. Il faut toutefois attendre la construction du 2118-2134 Orléans, premiers logements sur ce tronçon entre la voie ferroviaire et Rouen, en 1903, pour que la ruelle ait une existence concrète. À la demande de quelques propriétaires, la ruelle est asphaltée à l’été 1930. Ces travaux, comme plusieurs autres à Montréal, permettent aux chômeurs de mettre du pain sur la table. Un nouveau revêtement est posé en 1972. Image : AHMHM, 17 juillet 2021. La ruelle verte d'Orléans porte bien son nom.
En 1883, deux groupes s’affrontent quant à l’avenir de la ville d’Hochelaga. Le premier, dirigé par le[...] maire Raymond Préfontaine, veut l’annexion à Montréal. Le deuxième, constitué de propriétaires fonciers, désirent créer une nouvelle ville pour accélérer le développement domiciliaire et industriel du territoire. Joseph Barsalou (1822-1897) fait partie du second groupe et, en janvier 1884, il est élu premier maire de la nouvelle ville de Maisonneuve. Au moment de la création de Maisonneuve, Barsalou est propriétaire du lot 5, situé au sud de Notre-Dame vis-à-vis des terres de William Bennett. Il ne fait pas fortune avec la vente de terrains, mais demeure un marchand et un industriel prospère. Certaines entreprises feront la renommée de Barsalou comme les encanteurs Benning & Barsalou et surtout la savonnerie J. Barsalou & Cie dont la direction est confiée à ses fils à partir de 1888. Comme maire de Maisonneuve (de 1884 à 1889 et de 1890 à 1892), Barsalou fait adopter les premiers règlements municipaux qui touchent aux questions d’hygiène publique, la construction des bâtiments et l’entretien des trottoirs. Il s’occupe également de recruter le personnel chargé de l’administration municipale, de la police et du service des incendies. Finalement, il s’attèle à la question de l’approvisionnement en eau et en électricité pour la nouvelle ville. Barsalou meurt le 17 mai 1897. Sa dépouille est inhumée au Cimetière Notre-Dame-des-Neiges. Une petite rue près de l’autoroute 25 porte le nom de son fils Hector. Image : Musée McCord ; Joseph Barsalou, 1880.
Le nom et l'aménagement du parc Ovila-Pelletier remontent à 1960. Avant, le parc portait un nom informel, so[...]it « Bennett » ou « du marché Maisonneuve ». Il se trouve sur l’ancien site du stade du National, l'équipe de crosse de Maisonneuve. Ce stade, dont l'emprise s'étendait jusqu'au marché actuel, fut acheté par la Ville de Montréal en 1931 et démoli quelques années plus tard. Ce n'est qu'en 1938 que le terrain fut désigné comme parc, mais l'aménagement prit du retard avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. Une pataugeoire fut creusée par le gouvernement provincial, à l'initiative du ministre du Travail, William Tremblay (également député de Maisonneuve), au début des années 1940. À ses débuts, le bâtiment en photo servit de garderie pour les mères travaillant dans les usines durant la guerre. Il s'agissait de la garderie no. 6, inaugurée le 27 septembre 1943, qui faisait partie d'un réseau montréalais financé par une entente fédérale-provinciale. À la fin du conflit, le réseau des garderies fut démantelé et le bâtiment, converti en chalet pour la pataugeoire et la patinoire. Le bâtiment a brièvement porté le nom de Centre Maisonneuve dans les années 1950, puis Centre Ovila-Pelletier à partir de 1960. Il était utilisé, notamment, par le Service des loisirs de la paroisse Saint-Barnabé. Aujourd’hui, on y trouve le Garage à Musique. Image : AHMHM, Équipe de hockey Saint-Barnabé devant le chalet du parc Bennett (Ovila-Pelletier) vers 1960. 2080 rue Bennett.
La ruelle entre les rues Viau et Ville-Marie correspond à la frontière cadastrale entre Hochelaga-Maisonneuv[...]e et Mercier. Il s'agit de la vraie limite entre les deux quartiers. Charles-Théodore Viau meurt en 1898 alors que le développement de Viauville n’est pas encore entamé. Outre l’achat des terres, la construction d’une maison d’été et la cession des rues Viau à Sicard (anciennement 1ère à 5e avenues) à la Ville de Maisonneuve, il n’a pas eu d’impact significatif sur la destinée de son projet. C’est plutôt sa succession, dirigée par son beau-frère et partenaire d’affaire, Jean-Baptiste Deguise, qui est au cœur du développement de Viauville. En tant qu’administrateur de la succession, Deguise crée une compagnie foncière, Viau Home Lands, pour gérer les transactions et promouvoir le projet de Viauville dans les journaux. Il met également en place un plan de développement pour deux terres adjacentes sur le territoire de Longue-Pointe, achetées en 1892, qui servent de domaine à la famille Viau. Un plan de subdivision est déposé le 30 avril 1910. Il comprend deux rues, George-V et Édouard-VII, renommées Ville-Marie et Vimont après l’annexion de Maisonneuve à Montréal. Puisque ces rues forment un appendice de Viauville et qu’elles sont séparées de Mercier par le ruisseau Molson, elles s’intègrent, par la perception commune, au territoire d’Hochelaga-Maisonneuve. Les rues Ville-Marie et Vimont sont surtout loties par Alfred Leclaire (1878-1954), entrepreneur de Viauville, entre 1925 et 1930. La ruelle à l’est de la rue Viau existe sur papier depuis 1910, mais elle est informellement utilisée par les propriétaires de la rue Viau quelques années plus tôt. Elle est asphaltée progressivement dans les années 1950. Image : AHMHM, 13 juin 2021.
Dans la première moitié du 20e siècle, la communauté anglophone d’Hochelaga-Maisonneuve, qui correspond [...]à 13% de la population au recensement de 1911, fait construire trois temples : l’église anglicane de l’avenue Morgan, l’église presbytérienne de la rue Adam et l’église unie du boulevard Pie-IX. L’histoire de cette dernière commence avec l’établissement de la Hochelaga Methodist Church en 1891 rue Marlborough (aujourd’hui Alphonse-D. Roy). Celle-ci deviendra par la suite la Marlborough Street Methodist, puis la Trinity Methodist. En 1914, la congrégation achète deux lots sur le boulevard Pie-IX, entre Adam et La Fontaine. Durant la construction de la nouvelle église, les offices ont lieu à la salle Houle, avenue Letourneux. Le premier temple étant devenu trop petit, on en érige un second au même endroit. Il est inauguré le 2 octobre 1927. Le premier temple servira d’école du dimanche et de lieu de réunion. L’architecture de l’église unie est beaucoup plus sobre que celle des églises anglicanes et catholiques environnantes. Le nouveau temple portera désormais le nom de Trinity United Church. En 1925, la Trinity United Church est formée par l’union des méthodistes et d’une partie des presbytériens de Maisonneuve. L’édifice du 1626, boulevard Pie-IX, servira jusqu’en 1970, moment où la communauté déménage à Rosemont. Le bâtiment servira de centre communautaire pendant deux ans. Il sera par la suite loué à l’Ordre Rosicrucie, puis finalement vendu en décembre 1974 à l’International Society for Krishna Consciousness. Image : AHMHM, Trinity United Church, 2022. 1626, boulevard Pie-IX.
En 1911, la Ville de Maisonneuve entame un projet pharaonique : le Parc Maisonneuve. À l’origine, il couvre[...] la partie nord de la municipalité entre les rues Viau, Boyce (Pierre-De Coubertin), Pie-IX et Rosemont. Cette partie est peu développée et les promoteurs y voient une occasion en or. La Ville de Maisonneuve prévoit y aménager de grandes installations du type jardin botanique, grands amphithéâtres, hippodrome, lacs artificiels, hôtels, casinos, etc. Le coût d’achat des terrains s’élève à 6 445 615 $ (environ 145 millions en 2021). À ce coût, il faut ajouter les intérêts sur les emprunts et les frais divers. Les abus de pouvoir sont nombreux. Parmi les propriétaires concernés, il y a la Viauville Land Company, entreprise ayant acheté les terrains de la succession Viau. Elle compte parmi ses actionnaires le maire de Maisonneuve, Alexandre Michaud, Oscar Dufresne, conseiller de la ville, l’avocat de la Ville, le maire de Montréal et trois députés provinciaux. Les Frères des écoles chrétiennes, dont le noviciat occupait l’emplacement actuel du bâtiment principal du Jardin botanique, vendent leurs terrains pour 1,5 million de dollars. Ces ventes donnent lieu à une spéculation foncière effrénée. Un exemple éloquent : Henri Lemaître Auger, un courtier immobilier, achète des terrains pour la somme de 16 570$ le 13 octobre 1914 et les revend le même jour deux fois le prix à la Ville de Maisonneuve. Le projet du Parc Maisonneuve se solde par un échec en raison de la crise économique de 1913 et de la Première Guerre mondiale. En 1917, la Ville de Maisonneuve consacre 56% de ses revenus au paiement des terrains. Montréal, aussi surendettée, est mise sous tutelle en février 1918. Le gouvernement provincial profite de l’occasion pour y annexer Maisonneuve. Les propriétaires devront payer une taxe spéciale de 2½% sur les biens imposables pendant 15 ans pour éponger une partie de la dette. Image : Maisonneuve, principal faubourg industriel de Montréal, Plan de la ville de Maisonneuve, 1911.
Le déclenchement de la Première Guerre mondiale a été un des facteurs du ralentissement économique observ[...]é à Maisonneuve dans les années 1910. Le Recensement postal de 1916 (statistiques de 1915) illustre bien cette situation. En comparant les résultats des années 1910 (dernière année complète avant le recensement de 1911) avec ceux de 1915, la situation à Maisonneuve est désastreuse : le nombre de travailleurs connait une baisse dramatique de 72% (2 542 par rapport à 9 112) et les salaires de 71% (1 389 387 $ par rapport à 4 856 496 $). La valeur des produits, quant à elle, connaît une baisse de 75% (5 033 541 $ par rapport à 20 813 774 $). Dans les faits, peu d’industries bénéficient de contrats de l’industrie de guerre sauf pour la Canadian Vickers. Les nombreux chômeurs vont contribuer à la défaite cuisante de l’équipe Michaud-Dufresne aux élections d’avril 1915. La nouvelle administration prévoit plusieurs travaux publics pour les sans-emploi, mais il est difficile de vérifier si les entreprises embauchent uniquement des habitants de Maisonneuve. De plus, moins de main-d’œuvre est disponible. Cette situation difficile, couplée avec les édifices de prestige non terminés lors de l’élection de 1915 et l’argent investi dans l’achat des terrains du Parc Maisonneuve, va finir par provoquer l’annexion de Maisonneuve à Montréal en février 1918. Image : BAC. Recensement postal de 1916.
Saviez-vous qu’une source d’eau de Viauville était commercialisée au début du XXe siècle ? Peu aprè[...]s avoir acheté les terres de Viauville en 1886 (de Viau à Sicard et du fleuve jusqu’à Rosemont), Charles-Théodore Viau fait creuser un puits artésien. Ce puits était situé face au 538, rue Viau, entre les bâtiments du 535 et du 545. Il fait ensuite analyser l’eau par le Département géologique d’Ottawa pour en connaître la nature. Cette eau minérale possède un potentiel commercial. Elle est d’une couleur jaune clair avec un léger goût salin. Selon la publicité de l’époque, elle est laxative, diurétique et dépurative. Afin de profiter de la présence et de la réputation de cette source, Ferdinand Corriveau achète un hôtel, angle Notre-Dame et Viau, en 1900 qu’il nomme le Sulphur Springs Hotel. La succession Viau va même utiliser l’existence de cette source dans sa publicité pour vendre des terrains à bâtir. La commercialisation de cette eau ne prendra véritablement son essor que lorsque Daniel Bergevin achète en 1912 tous les terrains du côté est de Viau entre Notre-Dame et Ste-Catherine. Il fait aménager des installations pour embouteiller cette eau sulfureuse. On peut l’acheter sur place pour 25 cents le gallon (4,5 L) ou 1 $ pour 12 pintes (13,5 L au total). Bergevin va commercialiser cette eau en bouteille sous la marque Radium vendue au Québec et à l’étranger. L’eau Radium va même remporter une médaille d’or à l’Exposition provinciale de Québec. La publicité de l’eau Radium arrête avec la fin de la guerre. En 1923, une société, Les Sources Montréal-Viauville, est formée pour construire un sanatorium. Cependant le projet ne sera jamais mené à terme. Ce sera la fin pour l’exploitation commerciale de cette eau. En 1925, Daniel Bergevin vend ses terrains de la rue Viau sur lesquels seront érigés en 1945 les multiplex du 515 à 575. Image : La Patrie , 6 décembre 1913. Publicité pour l’eau Radium .
À l’angle des rues Notre-Dame et Letourneux se trouve l’ancienne caserne de pompiers no 1 de Maisonneuve.[...] L’ancienne ville de Maisonneuve avait fait construire dès 1888 un bâtiment qui comprenait le poste de pompiers et de police ainsi que l’Hôtel de Ville. Comme le nouvel Hôtel de ville est déménagé rue Ontario en 1912, la ville songe à construire une nouvelle caserne. Le projet est accepté en juin 1914 et sera livré à la ville en décembre de l’année suivante. Contrairement à l’Hôtel de ville, au Marché et au Bain Maisonneuve pour qui Marius Dufresne, ingénieur municipal, utilise le style Beaux-Arts de Paris, le projet de la caserne s’inspire d’une œuvre majeure de l’architecte américain Frank Lloyd Wright, c’est-à-dire le Unity Temple d’Oak Ridge en banlieue de Chicago. Marius Dufresne a conçu deux copies miroir du temple séparées par la tour de séchage des boyaux. En comparant les photos, la ressemblance est frappante. Le projet coûtera un total de 142 000 $ (3 403 273 $ aujourd’hui). Le bâtiment devient la caserne no 44 de l’annexion en 1918 jusqu’en 1961 puis le poste de police no 6 jusqu’en 1982. Dans les années 1980, l’Atelier d’histoire veut en faire le CIDIU (Centre d’interprétation en développement industriel et urbain), mais le projet n’aura pas de suite. À cette époque, l’existence de la caserne est menacée à cause du projet de l’autoroute Ville-Marie. Il faudra attendre en 2003 pour que le Théâtre sans Fil n’en fasse son siège social. L’ancienne caserne accueille la billetterie et la salle Fred-Barry de 2008 à 2010 puis la compagnie Samajan qui travaille en animation participative. En septembre 2014, l’Impact de Montréal achète la caserne Letourneux pour en faire son centre d’entraînement. Il le rénove puis l’inaugure l’année suivante, cent après sa construction. L’ancienne caserne est aujourd’hui le Centre Nutrilait. Image : AHMHM, 1914. Croquis de Marius Dufresne pour le projet de caserne, 411 Av. Letourneux.
Peu avant son 12e anniversaire, Yvonne Pigeon commence à travailler pour une des sept grandes manufactures de[...] chaussures de Maisonneuve. De juin 1910 à 1911, elle aura fait un salaire annuel de 180 $ pour 60 h par semaine pendant 52 semaines, soit un salaire hebdomadaire d’un peu plus de 3 $ par semaine. Elle commence son quart de travail probablement vers 6 h 30 chaque jour, du lundi au samedi. On accorde une pause de 45 minutes ou 1 heure pour le dîner. Quarante-quatre enfants de moins de 16 ans travaillent dans cette industrie à Maisonneuve, dont 3 autres âgés de 12 ans. Les manufactures qui embauchent ces enfants sont dans l’illégalité puisque le gouvernement du Québec a haussé l’âge minimum pour travailler à 14 ans en mars 1907 et à 16 ans en juin 1910. Malheureusement, le nombre d’inspecteurs est insuffisant. De plus, les propriétaires des manufactures sont souvent avertis à l’avance de l’arrivée de ces derniers. Les enfants sont donc renvoyés à la maison pendant quelques jours. Yvonne Pigeon n’a pas terminé son primaire. Elle vit à Viauville avec ses parents et 8 frères et sœurs dans un logement de la rue Ontario, près de Théodore. Le père paye un loyer annuel de 144 $ ce qui est au-dessus de la moyenne. Trois autres enfants de la famille travaillent également. Elle épouse Roméo Gaudry le 24 juin 1920 et meurt en août de l’année suivante. On ne sait pas si elle a continué de travailler dans le domaine de la chaussure entre le recensement de 1911 et son mariage. Image : AHMHM, fonds Louise Aubin. Employées de l'usine Dufresne & Locke, angle Desjardins et Ontario, vers 1909.
Jusqu’en 1925, la Banque de Montréal n’avait qu’une succursale dans Hochelaga-Maisonneuve, soit celle d[...]e la rue Ste-Catherine et St-Clément. L’acquisition de la Molson’s Bank par la Banque de Montréal en 1925 fait en sorte que l’édifice de la rue Ontario et LaSalle devient la seconde succursale de la Banque de Montréal dans le quartier. La construction de ce bâtiment commence en 1920. La banque ouvre ses portes l’année suivante. L’édifice comprend la succursale au rez-de-chaussée et un logement à l’étage dont l’accès se fait par le 596, rue St-Clément. Ce logement est occupé par le gérant de la succursale, dont le premier est Adélard Tétrault. Les plans du bâtiment sont dressés par Kenneth Guscotte Rea, un architecte dont la majorité de contrats consiste en la conception d’édifices bancaires autant à Montréal qu’ailleurs au Canada. Cet édifice se distingue par son style néo-classique : une parfaite symétrie, son fronton, ses deux pilastres de chaque côté de la porte principale avec leurs chapiteaux corinthiens. Notez la décoration en feuilles d’acanthe de ces derniers. La façade et le côté sont en pierre de taille grise. Malheureusement, aujourd’hui, cette dernière est affectée par la pollution urbaine. La succursale ferme en 1994 et devient un immeuble résidentiel l’année suivante. Elle est maintenant la propriété d’un syndicat de copropriété indivise depuis 2008. Comme d’autres banques, la BMO n’a plus aucune succursale dans le quartier. Image : Google map, 2017. La banque de Montréal au 4866, rue Ste-Catherine Est et 596, rue St-Clément.
La crise du logement actuelle n’est pas sans rappeler celle qui eut lieu lors de la Seconde Guerre et de l[...]après-guerre. À cette époque, la Grande dépression (1929-1939) avait ralenti presque complètement la construction résidentielle tant et si bien qu’on estime qu’il manquait 30 000 logements à Montréal au début de la guerre. L’arrivée de 65 000 travailleurs à Montréal venus profiter de nouveaux emplois dans l’industrie de l’armement vient aggraver le problème. Face à cette situation, le gouvernement fédéral agira sur deux fronts : d’abord un contrôle des loyers pour éviter les évictions et les reprises de possession par les propriétaires; ensuite la création de la Wartime Housing Limited en 1941 pour la construction de maisonnettes pour les travailleurs et, à partir de 1944, pour les vétérans bientôt de retour à la fin du conflit. Un bel exemple d’un secteur de maisons de vétérans est celui de Viauville (les rues Sicard à Viau) entre Rouen et Hochelaga. La majorité des terrains était la propriété de la Ville de Montréal qui les avait saisis pour non-paiement de taxes au début de la guerre. Ceux-ci seront ensuite cédés au gouvernement fédéral. Entre le 24 octobre 1945 et le début mars 1946, 91 maisons de vétérans seront érigées par les entrepreneurs J.-L.-E Price Ltée. Ces dernières sont usinées et assemblées très rapidement. Ces maisons d’un étage comportent un toit à deux versants avec un prolongement derrière pour abriter la seconde entrée, trois chambres dont deux à l’étage, une cuisine avec salle à manger, le salon et la salle de bain. Elles ont l’avantage d’être détachées et de posséder un espace gazonné contrairement au reste du quartier. Parallèlement dans ce secteur, une partie des terrains est réservée à la construction de duplex jumelés comme on peut le constater sur le côté ouest de la rue Leclaire. Assez curieusement, au début, les résidents sont locataires de la Wartime Housing. Un sondage effectué dans le régime foncier nous a permis de constater que les résidents de 1946 ne deviennent propriétaires qu’en 1951 ou 1952. La Société d’hypothèque et de logement se charge de vendre les maisons qui se détaillent entre 3000 $ et 4 000 $. Ainsi, Gérald Tremblay du 2271, rue St-Clément, paiera sa maison 3 480 $. Après avoir versé 10% du prix, le solde devra être payé en 300 versements mensuels (25 ans) de 32 $. Image : BANQ, Vue en plongée des maisons des vétérans; cette photo est parue dans La Presse du 9 mars 1946.
La pharmacie du 4815, rue Ontario Est est la plus ancienne pharmacie du quartier encore en opération. En 191[...]4, l’entrepreneur Augustin Tétreault fait construire un édifice en pierre à l’angle d’Ontario Est et Théodore. Le rez-de-chaussée sera occupé par la pharmacie du Dr Joseph-Damien Patenaude, auparavant située avenue de Lasalle, entre la voie du Terminal et de Rouen. À cette époque, environ le tiers des pharmacies sont la propriété de médecins. L’année suivante, le docteur Patenaude et le docteur Alcée Tétreault, fils d’Augustin, maintenant propriétaire du bâtiment, louent le commerce à un jeune pharmacien de 25 ans, Émile Labarre qui fait ses études à l’Université Laval. Au début du XXe siècle, il existe une panoplie de « remèdes secrets » (pilules, sirops, toniques, etc.) dont on ne connaît pas les ingrédients et dont les pharmaciens n’ont pas le monopole de la vente dont les fameuses « Pilules rouges » pour les femmes faibles. Les journaux sont inondés de publicité pour ces différents produits. Subissant la dure concurrence des épiciers et des marchands généraux et, plus tard, des magasins 5-10-15c, les pharmaciens vont progressivement vendre du tabac, de la confiserie, de la papeterie, etc. Dans les années 1940, plus de 15% des pharmacies offrent des produits comme de la crème glacée et des boissons gazeuses. Émile Labarre achète le bâtiment du 3301, rue Ontario (aujourd’hui le 4815) en 1923. Il en sera propriétaire jusqu’en 1959. Cette année-là, le commerce passe aux mains du pharmacien Louis Allard qui joindra la bannière Jean Coutu en 1997. À la fin du 20e siècle, la très grande partie des pharmaciens font partie d’une bannière. La pharmacie de la rue Ontario fait toujours partie de ce groupe. L’avenir de cette pharmacie est incertain. Les dégâts causés par un incendie au début 2022 provoquent la fermeture temporaire de la pharmacie Labarre. Espérons que ce commerce de proximité plus que centenaire pourra bientôt servir de nouveau sa clientèle. Image Vignette : Pharmacie du Dr Joseph-Armand Patenaude en 1911; le Dr Patenaude est sans doute le personnage de droite; La ville de Maisonneuve en 1911, le principal faubourg industriel de Montréal, collection numérique, BAnQ. Texte : Émile Labarre dans l’avis de décès publié dans La Presse du 5 mars 1970 copyright Collection numérique, BAnQ
Saviez-vous qu’à la fin du 19e siècle, une piste de course de chevaux à Viauville attirait des[...] milliers de spectateurs? C’était le parc Lépine. Jean-Baptiste Lépine (baptisé Jean-Baptiste Chevaudier dit Lépine) naît vers 1832 à Rivière-des-Prairies. On le retrouve dès 1851 à Montréal où il exerce le métier de menuisier. Son père est un charretier du quartier Saint-Jacques. Au début des années 1860, il est épicier boulanger puis hôtelier dans la décennie suivante. Amateur et éleveur de chevaux, il veut ouvrir une piste de course. Vers 1872, il en achète une rue St-Laurent dans le Mile-End puis une seconde à Longueuil. En 1876 il s’installe dans le village d’Hochelaga dans la partie qui deviendra Viauville. Le rond de course, nommé Parc Lépine, est probablement situé au sud de la rue Notre-Dame, entre les futures rues Théodore et Leclaire. C’est un immense terrain clôturé, avec un bâtiment surélevé pour les officiels, qu’il loue. Lépine possède quant à lui une maison en face du parc qui lui sert de pied à terre et qu’il finira par habiter. Les premières courses au parc Lépine ont lieu les 20 et 21 juin 1876. L’entrée est de 50 sous ce qui n’est pas à la portée de toutes les bourses. Les courses de chevaux sont un loisir que s’offre la bourgeoisie. Plusieurs professionnels, marchands et entrepreneurs possèdent des chevaux de race et les font courir sur les différentes pistes. Les bourses, parfois de plusieurs centaines de dollars, sont en partie payées par les inscriptions et les admissions. Même l’hiver on y présente des courses bien qu’elles soient parfois annulées en raison d’une tempête de neige. Pour faire connaître sa piste, Jean-Baptiste Lépine se paye des publicités régulières dans La Minerve et le Montreal Herald. Comme il n’y a pas de tramway dans cette partie de la ville, on s’y rend en calèches. En 1898, il loue, puis achète un terrain à l’angle nord-ouest de Notre-Dame et Leclaire pour y installer un hôtel, l’Hôtel Lépine. Curiosité, selon le contrat de vente, il s’engage à démolir la maison de bois sur le terrain dans les cinq ans puisqu’elle ne correspond pas au code de bâtiment de la succession Viau : maximum 3 étages, avec façade en pierre et retrait de 10 pieds de la rue. En 1902, il décide de vendre la piste à trois promoteurs qui la rebaptiseront Parc Royal. Fermé après quelques années, le Parc Royal devient en 1914 la Piste Maisonneuve qui fera partie d’un circuit de pistes qui comprend le Parc King Edward, Blue Bonnets et le Stade Delorimier jusqu’à la fin des années 1920. Jean-Baptiste Lépine meurt le 22 décembre 1910. Quatre jours plus tard, son service funèbre a lieu à l’église St-Clément-de-Viauville. Il est considéré par plusieurs de ses contemporains comme le père de l’hippisme québécois. Image : Vue d’ensemble des installations du Parc Lépine; remarquez le fleuve et la Rive-Sud derrière; L’Opinion publique, 3 novembre 1881, BAnQ
Le 27 avril 1932, un bateau-citerne britannique rempli de pétrole brut, le S.S. Cymbeline, échoue sur la ber[...]ge de l’île d’Anticosti. Après plusieurs manœuvres, incluant le déversement de plusieurs milliers de litres de pétrole dans le Saint-Laurent, le navire endommagé est remorqué jusque dans Maisonneuve, à la cale sèche du chantier naval de la Vickers, au coin de Viau et Notre-Dame. À son arrivée, sept des dix réservoirs de pétrole demeurent pleins, et doivent être vidés avant d'entamer les réparations. Toutefois, les autorités du Port de Montréal refusent que le bateau décharge sa cargaison dans le Fleuve. Les gestionnaires de la Vickers décident donc de verser le pétrole dans les ballasts de la cale sèche. Ces espaces permettent de contrôler la hauteur de cette dernière. Bref, on remplit le dessous de l’aire de réparation avec 23 000 litres de pétrole brut. Pour empirer une situation déjà explosive, les opérations de réparation nécessitent des forges pour faire chauffer à blanc les rivets qui fixent les nouvelles plaques métalliques de la coque à l’armature du navire. La sécurité au travail n’étant pas ce qu’elle est aujourd’hui, ces fourneaux sont placés à même le plancher de la cale sèche, à seulement quelques centimètres de la réserve de pétrole. Dans la nuit du 17 juin, ce qui devait finir par arriver arriva. Les gaz du pétrole stocké s'échappent d’un réservoir et entre en contact avec un rivet brûlant ou le brasier à l’intérieur des forges. Deux explosions subséquentes ont alors lieu, à 3h55 du matin. 15 ouvriers de la Vickers meurent instantanément dans les conflagrations et 11 travailleurs périssent à la suite de blessures dans les jours qui suivent. Les pompiers répondent rapidement à l’appel. Le chef du service d’incendie de Montréal, Raoul Gauthier, combat le feu lorsqu’une troisième détonation advient. Il est projeté à des dizaines de mètres dans le fleuve Saint-Laurent, où il trouve la mort. Trois autres pompiers de l’arrondissement se trouvent avec lui et décèdent à ce moment. 14 pompiers de plus sont blessés, dont 11 proviennent des casernes de MHM. Après 14 heures, l’incendie est contrôlé. Le Cymbeline est une perte totale, et la cale sèche de la Vickers doit subir d’importantes réparations. Image : Archive de Montréal, VM94-Z106-2
On connait surtout les frères Oscar et Marius Dufresne pour leur rôle dans l’ancienne ville de Maisonneuve[...] (1883-1918). Pourtant, leur histoire ne s’arrête pas là. Au tournant des années 1920, les deux frères vont créer une société gestionnaire de projets d’infrastructures : la Dufresne Construction. Le 7 novembre 1922, la Dufresne Construction est constituée avec Oscar comme président et Marius comme secrétaire et ingénieur en chef. Le siège social de l’entreprise est installé au 436, boulevard Pie-IX (aujourd’hui le 1832), maison que les frères Dufresne ont fait construire deux ans auparavant. Le rez-de-chaussée servira d’atelier à Guido Nincheri qui a notamment décoré le Château Dufresne et les bureaux de l’entreprise seront à l’étage. Les affaires démarrent rondement puisque deux semaines plus tard, la compagnie obtient le contrat de construction du pont entre Dorion et l’Île Perrot. En 1923, ce sera le pont entre Ste-Anne de Bellevue et l’île Perrot puis rapidement une partie du futur pont Jacques-Cartier. La composition du conseil change après le décès d’Oscar Dufresne en mai 1936. Marius devient le président et l’ingénieur Paul Dufresne, son neveu, intègre la compagnie. Dufresne Construction devient la Dufresne Engineering en 1938. L’entreprise continue d’être active et réalise plusieurs travaux comme les ponts Le Gardeur, St-Eustache, Gaspé et Ste-Rose. En juillet 1945, lors de la construction du pont Ste-rose, Marius Dufresne perd la vie sur le chantier lorsqu’une poutre lui fracasse le crâne. En mémoire de ce drame, le 28 mai 1985, le pont est baptisé Marius-Dufresne. Après la mort de son oncle, Paul Dufresne rachète la compagnie et en devient le président. L’entreprise se lancera dans des projets de plus grande envergure au début des années 1960 comme les centrales de Bersimis et celle de Twin Falls au Labrador. Dufresne Engineering restera une firme importante dans le paysage québécois du génie civil jusque vers la fin des années 1960. Image Vignette : Oscar près d’un pilier lors de la construction du pont Jacques-Cartier, fin des années 1920; Archives de l’AHMHM Texte : Construction du pont Ste-Rose (aujourd’hui le pont Marius Dufresne), 1945; BAnQ
Saviez-vous qu’entre 1961 et 1976, la police de Montréal formait ses aspirants policiers dans l’actuel ce[...]ntre Pierre-Charbonneau ? En 1953, le Service des parcs de la Ville de Montréal, dirigé par Claude Robillard, engage une firme américaine, Clarke & Rapuano, pour dessiner un plan d’aménagement pour le quadrilatère situé entre Pie-Ix, Boyce (Pierre-de-Coubertin), Sherbrooke et Viau. Le plan du Maisonneuve Sports Center est présenté en 1956 et il enthousiasme autant le public que les experts. La firme se voit même remettre un prestigieux prix de l’American Society of Landscape Architects. Toutefois, la défaite de Jean Drapeau face à Sarto Fournier à l’élection municipale de 1957 freine les aspirations sportives de Maisonneuve. Seulement deux immeubles du plan originel, soit le Centre sportif de Maisonneuve (Centre Pierre-Charbonneau) et l’Aréna Maurice-Richard, sont construits entre 1958 et 1961. Fort de sa piscine olympique ainsi que de son immense gymnase de 2500 mètres carrés, le centre n’est pas seulement construit pour loger l’école de Police ou pour fournir des installations sportives à la population de l’est de Montréal. Ce faisant, la ville-centre veut aussi prouver au Comité des Jeux olympiques que Montréal est une grande ville digne de recevoir les Jeux, et qu’elle est capable de se doter d'infrastructures dignes de ces derniers. Le centre est renommé le 30 juin 1976 en l’honneur de Pierre Charbonneau, le coordonnateur de la candidature de Montréal aux JO. Il meurt quelques mois avant la cérémonie d’ouverture. Le changement de nom coïncide aussi avec le départ de l’École de police, et la transformation de la piscine en salle omnisports que l’on connaît aujourd’hui. Image (3000 rue Viau) Vignette : Archives de la ville de Montréal. VM094-U0074-025. 12 septembre 1963 Texte : Archives de la ville de Montréal. VM105-Y-2-D244. 31 octobre 1958
Pendant 10 ans, de 1916 à 1925, le Café Joffre, d’abord dans Maisonneuve puis dans Ste-Marie, était le re[...]ndez-vous des sportifs et amateurs de sports. Ce café était la création de Dominique Masson III, un personnage des plus intéressants, amateur de sport et d’insolite. Dominique Masson III (1874-1958) travaille de 1896 à 1904 dans la boucherie de son père Dominique Masson II située à l’angle Sainte-Catherine et Préfontaine. À la suite de la vente de la boucherie en 1905, il devient agent d’assurances, métier qu’il exercera le reste de sa vie. Dominique Masson est un original qui sait faire parler de lui. En 1904, il capture un jeune orignal de trois mois, le domestique et s’en sert l’année suivante pour tirer un traîneau dans les rues de Montréal et vanter son entreprise. L’animal loge derrière chez lui rue Préfontaine. En 1916, il ouvre un café-hôtel, le Café Joffre, au 4249, rue Sainte-Catherine, angle De La Salle. Le café-restaurant est au rez-de-chaussée avec chambres à l’étage. En 1921, le Café Joffre déménage au 1477, rue Notre-Dame, angle Frontenac. On y diffuse le résultat des matches de baseball en été et de hockey en hiver. Dominique Masson a un don pour créer l’événement autour du Café Joffre. Il organise des courses à pied ou de raquette de 10 milles (16 km) à travers les rues de Maisonneuve, Hochelaga et Rosemont. En décembre 1917, Masson a la brillante idée d’engager comme gérant le célèbre joueur de hockey du Canadien, Jack Laviolette qui contrairement à ses homologues d’aujourd’hui est loin d’être millionnaire. Lorsque Laviolette doit se faire amputer un pied en mai 1918 à la suite d’un accident de voiture, Masson fait partie de ceux qui organiseront une campagne de financement pour lui offrir un revenu stable. Masson réalise un autre coup fumant en janvier 1918. Grâce à Laviolette, il invite les joueurs du Canadien et le personnel d’instructeurs à déguster un filet d’un ours qu’il avait capturé l’été précédent. Évidemment, les pages sportives des journaux se régalent de cette nouvelle. De 1921 à 1925, Masson organise surtout des courses de vélo. Probablement lors de la course de 1925, Masson ajoute à son programme une prestation de l’Homme-Mouche E. Boivin, celui qui gravit la façade des édifices uniquement avec ses pieds et ses mains. Lorsque la Fédération cycliste de la Province de Québec est formée en mars 1925, Dominique Masson est nommé vice-président honoraire. Images Vignette : Départ d’une course de vélo au Café Joffre de la rue Notre-Dame, vers 1925; Dominique Masson est l’homme vers la droite avec chapeau melon et mains dans les poches Texte : Photo montrant Dominique Masson III conduisant un traîneau tiré par un orignal; Album universel, 30 décembre 1905
Érigée d’après les plans de l’architecte Charles-Aimé Reeves en 1914, l’Académie Jeanne-d’Arc se [...]fait discrète sur l’avenue du même nom, près de la rue La Fontaine. De 1901 à 1911, la population de la Ville de Maisonneuve triple. En réponse à l’augmentation démographique dans la partie ouest de la municipalité (rues Jeanne-d’Arc, Charlemagne, Orléans et Bourbonnière), mais surtout en raison du manque d’espace à l’école Saint-Nom-de-Jésus, anciennement située rues La Fontaine et La Salle, la Commission scolaire de Maisonneuve met en chantier une école réservée aux garçons. La Ville de Maisonneuve (1883-1918) et sa commission scolaire s’étendaient de la rue Viau à l’est, l’avenue Bourbonnière à l’ouest, le fleuve au sud et les limites de l’actuel parc Maisonneuve jusqu’à Rosemont. Le contrat de construction de l’Académie Jeanne-d’Arc, évalué à 115 000$, est accordé à l’entrepreneur Arsène Choquette dont les ateliers se trouvent à quelques minutes à pied sur l’avenue Bourbonnière, près de la rue Adam. Il était commun à cette période de l’histoire de Maisonneuve de favoriser les entrepreneurs locaux pour réaliser les travaux publics. Il en va également de l’architecte Charles-Aimé Reeves qui réside dans la municipalité. Dirigée à l’origine par les Frères des Écoles chrétiennes, l’Académie Jeanne-d’Arc conserve sa vocation scolaire pendant 65 ans. En 1916, elle passe sous la juridiction de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) à l’occasion de l’annexion de la Commission scolaire de Maisonneuve. Le corps professoral devient laïc vers 1925. L’école change son nom pour La Dauversière au début de l’année scolaire 1932, puis adopte le nom de la paroisse Saint-Mathias-Apôtre lors de sa création en 1948. En 1978, l’école est l’une des cinq premières du réseau francophone de la CECM à offrir l’anglais intensif dès la première année du primaire. L’aventure est toutefois de courte durée puisque l’école ferme ses portes en juin 1979. Montréal connaît à ce moment un exode démographique au profit de la banlieue, ce qui a un impact important sur la fréquentation des écoles primaires. La CECM, aujourd’hui le Centre de services scolaire de Montréal - CSSDM , doit prendre des décisions parfois difficiles dans un contexte de coupures budgétaires récurrentes. De 1975 à 1980, la CECM ferme 93 écoles. En 1981, l’ancienne Académie Jeanne-d’Arc est vendue à la Ville de Montréal afin qu’elle soit convertie à un autre usage. On y trouve aujourd’hui la Coopérative d’habitation Osmose. Image : 1680, avenue Jeanne-d’Arc, Académie Jeanne-d’Arc, vers 1920. © Bibliothèque et Archives nationales du Québec / Grande Bibliothèque
Construit en 1934, l’immeuble au 2693-2695 Pie-IX détonne par rapport aux autres constructions du secteur a[...]utant par son histoire que son architecture. Le bâtiment voit le jour en plein cœur de la Grande Dépression, époque qui est notamment marquée par un ralentissement majeur dans la construction de domiciles privés, et se tient quasiment seul à cette intersection jusqu’à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Tout comme l’immeuble voisin (le 2691 Pie-IX), il est érigé par un commerçant cossu, Jules Lalonde, propriétaire d’une épicerie au coin de Rouen et Bourbonnière. Contrairement à sa voisine, la façade du 2693 Pie-IX est particulièrement soignée, ce qui lui confère une certaine prestance sur le boulevard. Par ailleurs, elle nous indique que ses logements étaient à l’usage de locataires cossus. La présence de garage à l’arrière du bâtiment dès sa construction en 1934 vient corroborer cette idée. En effet, avant 1945, seule une certaine élite est en mesure de posséder un véhicule. Les garages sont détruits entre 1990 et 1993. Un incendie s’empare de ce bâtiment en 2018, et force sa destruction malgré la valeur architecturale et patrimoniale de ce dernier. Images Vignette : 2693-2695 Pie-IX, Google Maps mai 2022. Texte : 2693-2695 Pie-IX, Google Earth mai 2022.
Plusieurs mythes circulent sur le rôle qu’aurait joué Marie-Victoire Dussault dans la fortune de la famill[...]e Dufresne, bien connue dans l’industrie de la chaussure. Ceux-ci sont entretenus par le roman La Cordonnière de Pauline Gill et par la notice biographique qu’elle a écrite sur Oscar Dufresne dans le Dictionnaire biographique du Canada. Voici quelques-uns d’entre eux. Le nom de Marie Victoire Dussault apparaît une première fois dans les actes officiels à la suite de la demande d’une séparation de biens, pratique courante à l’époque pour les femmes de marchands ou de petits entrepreneurs (voir notre chronique sur Samuel St-Jean). En 1886, pour sortir son mari Thomas Dufresne des conséquences d’une importante faillite, elle fait une demande de séparation. À cette époque, les femmes séparées des biens de leurs maris sont légalement propriétaires des biens immobiliers (maison, terrain) et des entreprises sans en assumer la direction. À son arrivée à Montréal, la prétention que Marie Victoire Dussault y aurait fondé la manufacture Dufresne & Fils en 1890 ne tient pas la route, cette entreprise ne figurant ni dans les raisons sociales, ni dans les rôles d’évaluation ou les valeurs locatives. Le nom de Marie Victoire Dussault comme co-propriétaire d’une manufacture de chaussures est mentionné la première fois lors de la formation de la Pellerin & Dufresne (et non Pellerin & Dussault) vers 1892 avec Georges Pellerin. L’année suivante, elle en sera la seule propriétaire tandis que Thomas Dufresne assure toujours la présidence. Dans tous les actes et contrats impliquant Marie-Victoire Dussault, Thomas Dufresne doit apposer sa signature à la suite de celle de son épouse pour que la transaction soit valide. En 1896, Marie Victoire Dussault s’associe à Ralph Locke, marchand de cuir, qui devient vice-président alors que son fils Oscar, maintenant majeur, peut assumer la gérance de la manufacture. Lorsque l’entreprise désire s’installer à Maisonneuve pour bénéficier d’un octroi de 10 000 $, ce sont Thomas Dufresne et Ralph Locke qui mènent les négociations, comme en témoigne la correspondance avec le conseil de Maisonneuve. Début 1901, la Pellerin & Dufresne devient la Dufresne & Locke. Lors de la formation de cette société, le rôle de prête-nom pour son mari est très bien décrit dans le contrat : « Dame Marie Victoire Dussault (…), épouse judiciairement séparée de biens (…) de Thomas Dufresne, manufacturier, son époux qui, ici présent, L’AUTORISE aux fins des présentes ». En septembre 1902, la Dufresne & Locke fournit une liste des salariés habitant à Maisonneuve pour la période allant de septembre 1901 à août 1902. Le nom de Marie Victoire Dussault n’y apparaît pas alors que nous retrouvons ceux de Thomas et Oscar Dufresne et celui de Ralph Locke. À la mort de Marie Victoire en 1908, Thomas Dufresne devient légalement co-propriétaire de l’entreprise. Image : Marie Victoire Dussault, Musée d'histoire de Montréal
Il faut attendre l’après-guerre pour que des supermarchés s’installent dans le quartier. Steinberg ouvre[...] un supermarché au 3800 Ontario, angle Valois en 1949 et un second en 1955 à l’angle Ste-Catherine et Morgan. En 1949, il y a au total 174 épiceries dans Hochelaga-Maisonneuve. Ce sont encore très majoritairement de petites épiceries installées au rez-de-chaussée d’immeubles résidentiels sur les rues nord-sud ou au rez-de-chaussée d’édifices commerciaux des rues est-ouest. Ces commerces sont des entreprises familiales comme le décrit si bien Richard Gougeon dans sa série romanesque L’épicerie Sansoucy dont l’intrigue se déroule dans notre quartier. Ce n’est qu’au tournant des années 1930 que de petites chaînes s’installent dans le quartier (Dominion, A & P, Shop & Store et Thrift Stores). Avant l’ouverture du supermarché Morgan, Steinberg s’établit au 4715, rue Ste-Catherine. En 1950, l’entreprise achète des terrains à l’angle Morgan et Ste-Catherine puis fait construire un supermarché qui sera inauguré en août 1955. Dès son ouverture un problème se pose. En effet, une porte de service donne sur la rue Morgan ce qui contrevient à une vieille entente entre la Ville de Montréal et la succession de la famille Morgan (propriétaires des terrains sur laquelle l’avenue Morgan passe). Cette dernière exigeait qu’aucune entrée de service n’ouvre sur cette rue. Ce n’est qu’en 1980 qu’une entente intervient entre Steinberg et la Ville de Montréal pour qu’une nouvelle entrée donne sur le stationnement arrière. Le supermarché Morgan est l’œuvre de l’architecte Max Roth. Pour ce projet, l’artiste Joseph Iliu a conçu une mosaïque en quatre sections sur deux des côtés du commerce. À cette époque, Steinberg avait un programme d’intégration d’œuvres d’art public pour ses nouveaux supermarchés en construction. Au supermarché Morgan, le travail de Iliu est l’une des premières œuvres d’art abstrait sur un édifice privé au Québec. Malheureusement, au début des années 1990, l’œuvre est recouverte de parois lors de rénovations. Grâce à des lanceurs d’alertes, deux des quatre sections seront sauvées et restaurées en 2004-2005. La chaîne Métro, propriétaire de l’édifice depuis 1992, a assuré les frais de la restauration. Auteur : André Cousineau Images : Le métro Morgan en juin 2022. Google maps. Rénovation de l’œuvre de Joseph Iliu en 2003. Photo D. Doucet, tirée de Sauvegarde d’une murale de Joseph Iliu dans Art-Architecture?
Fondée en 1902, la Société Air Liquide est un groupe industriel français qui se spécialise dans la produc[...]tion et la distribution de gaz industriels et médicaux. L’entreprise a connu une importante expansion internationale au début du 20e siècle. En 1910, elle envoie René Jacques Lévy ouvrir la première succursale canadienne d’Air Liquide dans la ville de Maisonneuve. Lévy est un jeune chimiste français dont plusieurs brevets ont été exploités par la société. Arrivé à Maisonneuve, il fait l’acquisition de plusieurs lots de terre au nom de l’entreprise. Malheureusement, René J. Lévy meurt en 1912, de retour d’un séjour à Paris à bord du Titanic. Située à l’angle actuel de la rue Viau et de la rue de Rouen, la première usine canadienne d’Air Liquide est mise en service en avril 1911. Elle produit de l’oxygène contenu dans des bouteilles en acier utilisées principalement pour la soudure et la coupe des métaux. La filiale canadienne d’Air Liquide se développe dans la première moitié du 20e siècle et ouvre des succursales à travers le pays. Fait intéressant, Air Liquide Canada a participé activement à l’effort de guerre dans les années 1940, doublant la capacité de production d’oxygène de ses usines pour répondre à la demande accrue. De plus, l’entreprise a versé plusieurs centaines de milliers de dollars en obligations de guerre au gouvernement canadien. En 1991, l’usine de Maisonneuve est touchée par une grève d’employés syndiqués Metallos-FTQ dont les revendications portent sur les conditions salariales et les modalités du régime de retraite. En 1999, Air Liquide ouvre un nouvel atelier en Chine, dont la rentabilité dépasse largement celle de Montréal. Ce déplacement du marché vers l’Asie engendre la fermeture de la succursale Air Liquide de Maisonneuve en 2003, après plus de 90 ans d’exploitation. L’usine de Boucherville ferme également ses portes la même année. Des anciens bâtiments d’Air Liquide Maisonneuve ont été achetés par la Ville de Montréal, qui y a installé en 2005 des bureaux administratifs et des ateliers de mécanique incendie et de traitement automobile. Auteure : Emma LeBoutillier Image : Usine Air Liquide à Maisonneuve 1911-18. Archives de l'Atelier d'histoire d'Hochelaga-Maisonneuve.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’ajout d’escaliers de sauvetages aux écoles n’était p[...]as gagné d’avance. Sur les lieux de l’incendie, le jour du drame de l’école protestante d’Hochelaga, le Dr Shaw, président de la Commission scolaire protestante de Montréal, affirmait que les escaliers de sauvetage ne sont rien de moins qu’inutiles et que de larges corridors et des exercices d’évacuation suffisent pour éviter les pertes de vies humaines. À cette époque, seules deux écoles protestantes sur une trentaine possédaient des escaliers de sauvetage. Heureusement, sous la pression des parents, la nouvelle école protestante, inaugurée en 1908, fut dotée d’un escalier de secours qui ceinturait l’édifice. Cinq portes ouvrant vers l’extérieur et plusieurs fenêtres donnaient accès à cet escalier. La même année, les parents dont les enfants fréquentent le Collège Maisonneuve et le Couvent Saint-Nom-de-Jésus forcent la Commission scolaire de Maisonneuve à agir avant de vivre un pareil drame qu’à Hochelaga. Les deux écoles seront dotées du système de sauvetage de marque Kirker-Bender de l’entreprise américaine Dow Wire and Iron Works. Le système consiste en un escalier de métal en colimaçon, avec porte d’entrée à chaque étage, et une porte s’ouvrant sous la pression dès que la première personne arrive au bas de l’appareil. Le 13 mars 1908, la Commission scolaire convoque le public et la presse à une démonstration aux deux écoles. Dans une première tentative, les 800 garçons évacuent les deux étages en 3 min 22 s et 2 min 40 s lors du deuxième essai. Quant aux filles, elles passent de 5 min 28 s à 3 min 55 s. Elles portaient des caoutchoucs qui collaient au métal, ce qui explique leur temps. En 1911, la CS de Maisonneuve achète le même équipement pour les écoles St-Paul-de-Viauville et l’Académie Lasalle. Auteur : André Cousineau Image : Croquis montrant le fonctionnement de l’escalier de sauvetage Kirker-Bender; La Patrie 14 mars 1908
En août 1909, le maire de Maisonneuve, Alexandre Michaud, lance l’idée d’un projet d’aménagement de l[...]a rue Onondaga (nom du boulevard Morgan avant 1913). La partie entre Ste-Catherine et Boyce (Pierre-de-Coubertin) serait éclairée et dotée d’un terre-plein central. Quant à la partie jusqu’à Rosemont, elle deviendrait un parc public. La Presse y voit un « Bois de Boulogne en miniature ». Michaud compte sur la générosité du propriétaire James Morgan pour qu’il cède la rue. Le projet n’aura pas de suite. En 1912, la ville revient à la charge, mais sans succès. En 1913, James Morgan vend à la ville le terrain où sera construit le Marché Maisonneuve et à des promoteurs privés la partie entre Boyce et Rosemont dans le cadre du projet du Parc Maisonneuve. Parallèlement à la construction du Bain Maisonneuve (1915), la ville fait paver et éclairer le boulevard Morgan. Cet endroit devient un lieu de rassemblement puisqu’entre Ste-Catherine et Ontario, il n’y a que le Bain et l’église anglicane St. Cyprian’s (1914). On y organise autour de la rue Adam des concerts de l’Harmonie de Maisonneuve et des rassemblements de plusieurs milliers de personnes pour inciter des volontaires à s’engager dans l’armée canadienne. En septembre 1937, les services de Frederick Todd sont requis pour réaménager le boulevard et le parc Morgan. Entre Ste-Catherine et Ontario, Todd propose de déplacer les arbres sur le bord du trottoir et d’aménager des lits de tulipes sur le terre-plein central. On prévoit également planter des arbres et aménager des sentiers dans le parc Morgan. On ne sait pas jusqu’à quelle échelle les plans de Todd seront respectés. Dans une photo de 1984, on voit bien que les arbres ont été déplacés sur le bord du trottoir et que les tulipes ont été remplacées par des arbres matures. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Plan d’aménagement de Frederick G. Todd; La Presse 30 septembre 1937, BAnQ (Texte) Boulevard Morgan prise du parc Morgan, 1984; Fonds La Presse, BAnQ
Frederick G. Todd est considéré comme le premier architecte-paysagiste du Canada et certains éléments de l[...]’ancienne ville de Maisonneuve ont fait l’objet de son travail. Né aux États-Unis en 1876, Todd est apprenti dans la firme des fils de Frederick Law Olmsted, concepteur du Central Park de New York et du Parc du Mont-Royal (1876). En 1900, il s’installe à Montréal et fonde sa propre firme d’architecte-paysagiste. Son activité s’étend à plusieurs provinces du Canada. Par exemple, c’est lui qui réalise le plan initial d’aménagement d’Ottawa. À Montréal, il dessine les plans pour de nombreux projets comme le Lac des Castors du Parc du Mont-Royal. Frederick G. Todd est un adepte des mouvements urbanistiques, Garden City et City Beautiful. Le mouvement City Beautiful, né à l’Exposition universelle de Chicago, veut créer de grandes avenues panoramiques, bordées d’édifices publics de prestige et avec un terre-plein central planté d’arbres. La carrière de Todd connaît un renouveau dans les années 1930 avec les travaux du Jardin botanique, la mise sur pied de l’aménagement de l’île St-Hélène et le projet de mettre sur pied un centre sportif pour souligner le tricentenaire de la fondation de Montréal en 1942. Pour ce dernier projet, la Ville désigne les terrains du parc Maisonneuve au sud de Sherbrooke et au nord de Boyce (Pierre-de-Coubertin) où l’on trouve aujourd’hui le Parc olympique de Montréal. En janvier 1938, Todd présent une première version de son plan d’aménagement. Les installations vont jusqu’à William-David à l’est. Le bâtiment principal est un stade pouvant servir à des épreuves de piste et pelouse. On pourra y pratiquer des sports comme le baseball, le football, le tennis et le ski l’hiver. On y trouve également un terrain pour enfants et un amphithéâtre en plein air. Comme Montréal veut obtenir les Jeux de l’Empire en 1942 (ancêtre des Jeux du Commonwealth), une nouvelle version – préparée par Frederick Todd et l’architecte Emmanuel-Arthur Doucet – est présentée. Cette fois-ci, tout l’espace entre Pie-IX et Viau est aménagé. Le point de mire est un immense stade pouvant accueillir 100 000 personnes selon la publicité de l’époque. Toutes les épreuves des jeux pourront se dérouler sur cet emplacement, sauf celles du cyclisme et de l’aviron. La Deuxième Guerre mondiale aura raison de ce projet. Frederick Todd, quant à lui, sera élu conseiller durant la seconde tutelle de Montréal (1940-44). Il meurt en 1948. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Frederick Gage Todd, 1942; Archives de la Ville de Montréal (Texte) Plan du Centre sportif de l’Est par Frederick Gage Todd et Emmanuel-Arthur Doucet, 1939; La Presse 27 janvier 1939.
L’édifice du 1859, boulevard Pie-IX a connu plusieurs vies : d’abord une centrale téléphonique de Bell [...]à partir de 1912, il devient un centre d’emploi après la Seconde Guerre. À la fin de l’année 1952, le bâtiment change une nouvelle foi de vocation pour être dédié à l’industrie de la chaussure. Dans cet édifice de trois étages, le Centre d’apprentissage de l’industrie de la chaussure et le Comité paritaire de l’industrie de la chaussure, organisme patronal-syndical, vont s’y installer. Le Comité logeait auparavant au 1895, avenue de La Salle. À cette époque, le quartier Maisonneuve est un lieu où sont encore concentrées plusieurs manufactures de chaussures. Bien que les cours aient commencé en novembre, les nouvelles fonctions de l’édifice sont inaugurées le 15 décembre 1952. Dès sa première année sur Pie-IX - les cours de chaussure étaient auparavant donnés à l’École des arts et métiers, rue Saint-Denis - le centre comprend près d'une centaine d’étudiants. Le centre d’apprentissage ne vise pas seulement à former de futurs travailleurs spécialisés, mais à initier les travailleurs d’expérience aux nouvelles techniques de fabrication. La durée des cours varie en fonction du sexe : six mois pour les filles et deux ans pour les garçons. Vers 1956, le centre d’apprentissage de la chaussure innove en offrant une rémunération aux étudiants en collaboration avec l’industrie. On alterne les séjours d’une semaine dans l’industrie avec un séjour à l’école. Le centre d’apprentissage peut donc fournir à l’industrie des travailleurs qualifiés dès la fin de leur formation. Grâce à une grande exposition en mars 1956, le centre devient une vitrine pour l’industrie de la chaussure par la présentation d’une grande exposition en mars de cette année. En raison de locaux devenus insuffisants, le Centre d’apprentissage de la chaussure déménage début 1967, rue Lafond, dans Rosemont. Auteur : André Cousineau Image : Étapes de la fabrication de chaussures. Les photos sont destinées à une publicité du ministère du Travail pour promouvoir les centres d'apprentissage; 1963. BANQ
Peu le savent mais l’histoire de la célèbre entreprise Familex est intimement liée à celle l’arrondiss[...]ement. Roméo Parent (1897-1958), pharmacien, ouvre sa première pharmacie sur la rue Des Ormeaux en 1922, une seconde plus tard à Pointe-aux-Trembles et une troisième à Viauville en 1926. Cette dernière est située au 4785, rue Sainte-Catherine Est, entre Leclaire et Théodore qui, quelques années plus tard, sera la première pharmacie associée au célèbre Jean Coutu. En s’inspirant des compagnies américaines de vente à domicile, Roméo Parent fonde la Compagnie des Produits Familex en 1928. Le laboratoire de Familex est, d’abord, situé à l’arrière de sa pharmacie de Viauville. En 1931, il achète deux bâtiments rue St-Clément, le 570 et le 576-78. L’année suivante, le 570 lui sert d’entrepôt. En 1934, Familex s’étend maintenant au 576-78 et son entrepôt est situé au 1414, rue St-Clément, tout juste au nord de Ste-Catherine. Familex quitte le quartier en 1943, pour s’installer dans l’ancienne savonnerie Barsalou au 1 600, rue Delorimier. La première année, Familex peut déjà offrir 150 produits dans quatre grandes catégories : médicaments brevetés, produits alimentaires, d’entretien ou pour la ferme. La vente est essentiellement basée sur un important réseau de représentants pour la vente à domicile. On voit apparaître dès 1928 des annonces dans plusieurs journaux régionaux de la province pour recruter des représentants, d’abord des hommes surnommés Monsieur Familex, et plus tard des femmes. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Détail de la façade du 570-578, rue St-Clément avec le nom de l’entreprise. Collection AHMHM (Texte) Roméo Parent, fondateur de Familex. Biographies canadiennes-françaises, BAnQ.
Dans la seconde moitié du 20e siècle, il y avait quatre biscuiteries dans l’arrondissement : la Biscuiteri[...]e Charbonneau, angle Nicolet et Lafontaine, Biscuits Christie et Biscuits Viau sur la rue du même nom et David & Frère, rue Hochelaga. C’est de cette dernière dont il est question. En 1905, Raymond et Arsène David ouvrent un commerce de biscuits et de sucreries en gros. Le commerce est situé rue Maisonneuve, aujourd’hui Alexandre-de-Sève (l’actuelle rue Maisonneuve était la rue Mignonne). En 1911, les frères David décident de fabriquer les biscuits dont ils feront le commerce. Ils connaissent un grand succès tant et si bien que dix ans plus tard ils font l’acquisition de terrains et de bâtiments pour agrandir leurs installations. Désormais, la fabrication des biscuits de David & Frère comme les bien connues Feuilles d’érable, Papineau, Coco au lait ou Tartes aux Fraises se fait au 1930, rue Champlain. En 1928, un groupe financier achète l’entreprise. Roland Philie, secrétaire-trésorier de ce groupe, en devient le président en 1956. Les frères David, quant à eux, vont créer Lido Biscuit en 1934. Pour mieux desservir le marché canadien, David & Frère s’installe dans une toute nouvelle usine, au 5200, rue Hochelaga, un peu à l’est de Viau. L’architecte Harold J. Doran conçoit le bâtiment comme un vaste rez-de-chaussée rectangulaire de 152 pieds de façade (46,3 m) par 500 pieds de côté (152,4 m). Cette conception tranche radicalement avec celle des anciennes usines alimentaires ou de chaussures qui étaient bâties sur plusieurs étages. La production dans la nouvelle usine débute à la fin de l’année 1951. En 1953, David & Frère passe aux mains d’intérêts britanniques pour être acheté par une filiale de la multinationale américaine Hershey en 1967 qui la revend cinq ans plus tard à une entreprise britannique. En novembre 1984, Associated Biscuits, propriétaire de David & Frère, annonce la fermeture de l’entreprise pour le 22 mars de l’année suivante. Elle invoque une surcapacité de production et une usine sous-utilisée. Plus de 435 ouvriers perdront leur emploi. Après la fermeture de David & Frère, le 5200 Hochelaga est utilisée par une entreprise de bonneterie. Le bâtiment est aujourd’hui occupé par Solotech qui se spécialise dans l’audiovisuel et les technologies de divertissement. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Usine de la rue Hochelaga, 1951; Revue Architecture – Bâtiment – Construction, septembre – octobre 1951 (Texte) Biscuits sortant du four dans l’ancienne usine de la rue Champlain, 1951; collection numérique BAnQ
Fondé en août 1905, le Club nautique de Maisonneuve témoigne de l’affirmation d’une nouvelle élite iss[...]ue du développement de l’industrie montréalaise. Entre 1850 et 1914, la région de Montréal est marquée par une rapide expansion urbaine et industrielle qui laisse place à l’essor d’une bourgeoisie locale. Cherchant à s’évader de l’activité moderne et de l’étau de la ville, la nouvelle élite industrielle s’adonne à la pratique d’un passe-temps populaire à l’époque : la navigation de plaisance. Dès la fin du XIXe siècle, les clubs nautiques se multiplient sur les rives du Saint-Laurent, faisant office de lieu de socialisation pour les grands industriels de la région. Le Club nautique de Maisonneuve ne fait pas exception à cette règle. Au lendemain de sa fondation, un article publié dans La Presse annonce que l’organisation a immédiatement obtenu l’adhésion « des principaux citoyens de la ville de Maisonneuve et de Montréal ». Lors des premières régates organisées par le club, les yachts de Paul Laire (Kerosene Engines) et de la Montréal Gas Engines Co entrent en lice. Si les clubs nautiques demeurent essentiellement la chasse gardée de l’élite urbaine, les régates sont des événements populaires de grande envergure qui arrivent tout de même à rassembler les classes sociales. En 1905, les premières régates du club de Maisonneuve se tiennent dans le fleuve, en face du Parc de Viauville. Annoncé dans les journaux locaux, l’événement accueille quelque trois mille spectateurs enthousiastes, qui assistent à la course d’embarcations diverses, allant du yacht à la chaloupe. Le Club nautique de Maisonneuve semble s’être dissous aux alentours de 1911, au moment où la Canadian Vickers débute la construction d’un chantier naval à Viauville. D’autres clubs émergent par la suite, tels que le Montréal Motor Boat Club qui continue d’organiser des régates annuelles dans Maisonneuve jusque dans les années 1930. La crise économique et la Seconde Guerre mondiale marquent le déclin général des clubs nautiques dans la région. Autrice: Emma LeBoutillier Images: Hommes assis sur les marches d'un bâtiment de bois portant l'écriteau "Montreal Motor Boat Club". AHMHM, fonds Madame Roberge.
En 1895, Joseph Daoust ouvre un commerce de chaussures en gros, la Joseph Daoust & Cie. L’année suivante, l[...]’entreprise prend le nom de Daoust-Lalonde & Cie avec l’arrivée de Célestin Lalonde. En 1899, Joseph Daoust et ses associés se lancent dans la fabrication de chaussures en achetant une manufacture de chaussures et une tannerie à Acton Vale. En 1903, la manufacture déménage à Montréal. Incendiée en 1907, elle ouvre l’année suivante au Square Victoria. En 1909, l’entreprise érige une nouvelle tannerie au 5080, rue Iberville. Joseph Daoust devient le seul actionnaire de l’entreprise en 1905 et reste le président et directeur général jusqu’à son décès. Daoust-Lalonde fabrique toutes sortes de chaussures et de bottes. Elle fait sa renommée avec les couvre-chaussures, les fameuses « claques Jacques-Cartier ». Plus tard, elle se spécialisera dans les chaussures de sport comme les patins. Joseph Daoust est un acteur important dans le domaine de la chaussure au Canada si bien qu’il devient le président de l’Association des manufacturiers de chaussures du Canada en 1921. En 1951, cinq ans après le décès de Joseph Daoust, la direction de l’entreprise décide de faire construire une nouvelle usine au 4343, rue Hochelaga. Tout comme l’usine de David & Frère, cette dernière est aménagée sur un étage afin de diminuer les coûts de manipulation de la matière première et de l’entretien et assurer une meilleure sécurité d’opération. Les machines nécessaires à la production ont été fournies par la United Shoe Machinery, située alors rue Bennett. Au début des années 1950, l’entreprise est achetée par Alfred Lambert Inc. À cette époque, elle s’associe également à des joueurs connus du Canadien de Montréal comme Jean Béliveau et Maurice Richard pour fabriquer des patins portant leur nom. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, ce sera la fameuse série des patins 301 dont un des principaux utilisateurs est Wayne Gretzky. L’année 1985 marque la fin des opérations à l’usine de la rue Hochelaga. La compagnie annonce la fermeture pour 1986, mais la devance finalement au 15 octobre 1985. Deux cents employés perdront leur emploi. Le 4343, rue Hochelaga est ensuite occupé par Fournelle Énergie pendant quelques années et depuis 1994 par Alumico, un fabricant de portes et fenêtres en aluminium. Il existe une rue Joseph-Daoust depuis 1982 entre Sherbrooke et l’Institut de santé mentale de Montréal. Auteur: André Cousineau Images: (Vignette) Dessin de l’usine du 4343, rue Hochelaga en 1951; Architecture – Bâtiment – Construction, septembre 1951, BAnQ (Texte) Ouvriers fabriquant des patins artistiques dans l’usine de la rue Hochelaga, 1981; BAnQ, Collection numérique.
L’urbanisation rapide de l’après-guerre mène à tout un imbroglio dans Viauville-Nord! Voici l’histoir[...]e du parc Théodore. Ce n'est que dans les années qui suivent la Deuxième Guerre mondiale que la zone autour de Viau et Hochelaga commence à s’urbaniser. Qui dit après-guerre, dit baby-boom, et donc des familles nombreuses qui ont besoin de terrains de jeux pour les petits qui commencent à prendre d'assaut les rues. Comme c’est fréquemment le cas à l’époque, c’est la paroisse à proximité qui s’occupe d’aménager des infrastructures pour les enfants. C’est ainsi que dans le quadrilatère formé par les rues Pierre-de-Coubertin (Boyce), Viau, Théodore et Hochelaga, on y trouve dans les années 1960 un terrain de baseball l’été et une patinoire l’hiver. Cet endroit s’appelle alors (prenez une bonne respiration) le parc Sainte-Marie-de-la-Médaille-Miraculeuse, en référence à la paroisse dans laquelle il se trouve. Malgré l’utilisation qui en est faite, ce territoire n’est pas reconnu officiellement comme un parc. Dans la foulée des préparations pour l’Expo 1967, la Ville de Montréal décide de rendre ce terrain disponible à la construction de motels temporaires qui doivent permettre de loger les nombreux visiteurs qu’on attend. On estime que 200 chambres pourraient être construites à cet endroit. Du même souffle, la Ville promet qu’à la fin de l’Expo cet endroit deviendra un parc. Rapidement, un groupe se forme, le Comité de citoyens de Viauville-Nord (CCVN) et conteste cette décision. La Ville rétorque que « chacun doit faire sa part pour l’expo » et ne change pas d’idée. Ce n’est qu’en avril 1967 que l’entrepreneur (Motels Lucerne) se montre ouvert à l’idée d’échanger ce terrain pour d’autres dans la ville. En plus, il laisse la partie sud de son terrain pour en faire un parc. La partie sud du parc Sainte-Marie-de-la-Médaille-Miraculeuse devient donc officiellement le parc Théodore en été 1973. Sur la partie nord, plutôt qu’un motel temporaire, ce sont les HLM du projet Boyce-Viau qui sont construits. Le demi-succès de la mobilisation citoyenne est de courte durée. Dans les années 1970, la Ville allonge la rue Saint-Clément qui passe désormais à travers le parc. Cette bretelle à quatre voies doit elle aussi être temporaire puisqu’elle doit servir le temps de la construction des installations olympiques. Dans les faits, ce n’est qu’en 2015 que cette dernière disparait. Aujourd’hui, les deux parties du parc Théodore sont de nouveau réunies après nombre de péripéties urbanistiques. Auteur : Matthieu Mazeau Image : Ouverture du chalet du parc Théodore en 1973. Archives de Montréal VM094-EM304-004.
Le 9 février 1918, une loi modifiant la charte de la Ville de Montréal entre en vigueur. Elle confirme l’a[...]nnexion de la cité de Maisonneuve à Montréal qui est alors endettée de 18 millions de dollars. Comment en est-on venu là alors qu’en 1911, Maisonneuve était la seconde ville industrielle du Québec et la 5e au Canada? Lorsque l’équipe d’Alexandre Michaud et d’Oscar Dufresne arrive au pouvoir en 1909, il règne un optimisme quant à l’avenir radieux qui s’annonce pour Maisonneuve. La ville est riche, la population ne cesse d’augmente tout comme le nombre d’entreprises qui s’installent pour bénéficier des exemptions fiscales. La ville peut se lancer dans des projets de construction d’édifices de prestige comme le nouvel Hôtel de ville, le Marché et le Bain Maisonneuve et la caserne Letourneux. On conçoit le projet du Parc Maisonneuve, un grand parc public dans la partie nord de la ville. Cette période de prospérité est de courte durée. En 1913 se dessine une crise économique qui est aggravée par le déclenchement de la Première Guerre mondiale l’année suivante. Ainsi, au début de la guerre, le chômage augmente, car nombre d’entreprises diminuent leurs effectifs. Ce chômage se transforme en pénurie de main-d’œuvre par la suite avec le départ de volontaires et de soldats conscrits pour l’Europe. Le marché immobilier de Montréal s’effondre : en 1917, il n’est que de 25% celui de 1912. La baisse des mises en chantier provoque une hausse du prix des loyers ce qui a un gros impact sur Maisonneuve qui est principalement habité pas des locataires. La situation financière de la ville se corse avec la hausse des emprunts, le rachat des terrains du parc Maisonneuve et l’impossibilité de rembourser la dette (la ville emprunte à deux reprises pour ne payer que les intérêts). Au début de 1918, la dette de Maisonneuve est de 18 millions de dollars, dont 6 millions, pour le parc Maisonneuve tandis que celle de Montréal est de 8 millions de $. Les créanciers de la ville de Maisonneuve sont inquiets de la situation, car une faillite signifierait pour eux de lourdes pertes économiques. La seule solution envisageable est donc l’annexion à Montréal. Le gouvernement du Québec prendra des décisions lourdes de sens. À la mi-janvier, il met en tutelle la Ville de Montréal, elle aussi endettée, et profite de la modification de la charte de la Ville pour y introduire une clause d’annexion de Maisonneuve. La loi est votée le 7 février 1918 et entre en vigueur 2 jours plus tard. Les propriétaires de Maisonneuve devront payer une taxe foncière supplémentaire de 2½ % pour une période de 15 ans. Ainsi se termine un mouvement d’annexions à Montréal qui avait débuté par celle d’Hochelaga en 1883. Auteur : André Cousineau Image : Article annonçant l’annexion de Maisonneuve, Devoir, 7 février 1918
En 1938, c’est le Club Kinsmen prend l’initiative d’organiser une course de boites à savon. La course s[...]e tient habituellement le 3e ou 4e samedi de juin. Seuls les garçons de 9 à 15 ans peuvent y participer. Les participants doivent construire eux-mêmes leur bolide avec un budget maximum de 10 $ (137$ aujourd’hui). Ils doivent donc déployer des trésors d’imagination pour concevoir toutes les pièces de l’auto : certains vont même utiliser une planche à repasser pour le châssis tandis qu’un manche à balai et un rouleau à pâte serviront de colonne de direction. Le 22 juin 1940, la course a lieu sur la côte de l’avenue Aird au sud de Sherbrooke. Le départ se fait à partir d’une rampe de bois spécialement construite pour l’occasion. Comme la vitesse des autos peut atteindre 30 milles (48 kilomètres) à l’heure, on a disposé des ballots de foin au bas de la piste après la ligne d’arrivée. En termes de sécurité, on exigera avec les années d’équiper les voitures avec des freins. Les gagnants se méritent habituellement une bicyclette, un ensemble de vêtements ou des billets de cinéma. En 1940 cependant, le gagnant se mérite un voyage en avion à New York pour assister à l’exposition universelle qui s’y tient. La dernière course de la guerre aura lieu en 1943. Elles reprennent en 1948 après un arrêt de 5 ans. De 1951 jusqu’à au moins à 1964, toutes les courses ont lieu sur l’avenue Desjardins au sud de Sherbrooke. Plusieurs milliers de personnes assistent à l’événement. En 1962, la course prend de l’ampleur puisque le poste CFCF diffuse l’événement en direct à la radio et le poste de télé CFCF offre une bourse de 500 $ au gagnant. À partir de 1965, l’activité suscite moins l’intérêt et il est difficile de savoir si l’événement se tient toujours dans le quartier. En 1977 et dans les années suivantes, le Parc Maisonneuve reprend l’idée des courses. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Course du 25 juin 1955 sur l’avenue Desjardins; remarquez en haut à gauche, la structure accompagnant les bassins communicants, héritage des travaux de 1939 pour les Jeux de l’Empire; The Montreal Star 25 juin 1955 (Texte) Deux concurrents sur la ligne de départ en 1957; The Montreal Star, 22 juin 1957
En janvier 1939, on peut lire dans les journaux que le contrat pour la construction d’un hôpital au 1870 bo[...]ul. Pie-IX vient d’être accordé. Les travaux doivent débuter incessamment. Avant de commencer, il faut toutefois détruire deux immeubles. Ces derniers sont de grandes maisons bourgeoises construites à l’époque où Pie-IX était le boulevard de prestige la Cité de Maisonneuve. Au 1865 Pie-IX, depuis 1900, on retrouvait la demeure d’Hubert Desjardins. Fils d’Alphonse Desjardins, l’un des fondateurs de Maisonneuve, Hubert a été le maire de cette ville à deux occasions (1894-1896 et 1897-1901). Au 1870 Pie-IX, à partir de 1911, on trouve l’habitation de Napoléon F . X . Dufresne dirigeant de l'importante manufacture de chaussures Kingsbury shoe Co. Homme bien en vue, il participe au financement des cloches de l’église Très-Saint-Nom de Jésus et, dans les années 1920, il laisse sa demeure sur Pie-IX aux Chevaliers de Colomb. En 1938, l’hôpital Notre-Dame-de-Lourdes qui se trouvait au cœur du quartier Chinois au 101 ouest rue Lagauchetière est condamné par crainte d’incendie. Les patients sont d‘abord transportés au refuge municipal (rue Champ-de-Mars) avant d’être relocalisés au 1870 Pie-IX. Cette situation se pérennise avec la construction d’un hôpital en 1939. Les débuts de l'hôpital sont marqués par d’importantes chicanes au Conseil d’administration. Dès 1940, on apprend que des avocats assistent aux réunions et même que la police est parfois appelée. On accuse Olivine Lacombe, présidente de l'hôpital d'utiliser les fonds de l’institution pour son usage personnel. Au printemps 1942, elle sera finalement démise de ses fonctions. L’année d’après, les Soeurs de Charité de la Providence font l’acquisition de l’Hôpital Notre-Dame de Lourdes et, encore aujourd’hui, ce sont elles qui le dirigent. Dans les années 1980 et 1990, l'hôpital subit une cure de jeunesse et son nombre de lits passe de 222 à 162. Finalement, en janvier 1998, le statut de l'hôpital passe à celui de « Centre d’hébergement et de soins de longue durée ». Auteur : Olivier Dufresne Image : Hôpital Notre-Dame de Lourdes, 1870 Pie IX, 1976. Archives de la Ville de Montréal
C’est à l’initiative de la Erskine Church (aujourd’hui la Salle Bourgie), rue Sherbrooke Ouest que l’[...]on doit un temple presbytérien à Maisonneuve. Les premiers offices ont lieu en décembre 1888 dans des maisons privées. En mars 1890, on décide de construite un temple et c’est la Warden King (qui installe au début des années 1900 sa manufacture de fournaises dans Maisonneuve) qui donne l’argent nécessaire à l’achat de deux lots à l’ange d’Adam et Letourneux. Le plan de l’église prévoit que l’arrière du bâtiment servira d’école protestante et que l’avant sera utilisé pour les offices et la Sunday School. L’étage servait de logement au concierge et à sa famille. Le temple est inauguré le 1er octobre 1891. Au début, ce sont des étudiants pasteurs qui assurent le service du dimanche. Le premier pasteur de l’église n’est nommé qu’en mai 1897. Quelques mois auparavant, on ouvrait les registres. Devant l’augmentation du nombre de fidèles, on décide en 1908 de construire un nouveau temple. Le premier est déplacé au fond du lot et le nouveau a sa façade sur Adam. En 1925, deux événements importants surviennent. D’abord en janvier, un incendie détruit l’arrière du second temple et presque entièrement le premier. Ensuite, une scission amène une partie des presbytériens à se joindre aux méthodistes pour former l’église unie dont le temple est situé boulevard Pie-IX. L’église presbytérienne est quant à elle réouverte en novembre 1925. Il existait une autre église presbytérienne, la St. Cuthbert Presbyterian Church, à l’angle de Davidson et Hochelaga. Devant la baisse du nombre de fidèles, la St. Cuthbert fusionne avec celle de Maisonneuve en 1963. Pour refléter la nouvelle réalité linguistique (proportion importante de fidèles francophones), les autorités de l’église décident en 2005 de la renommer Église presbytérienne de Maisonneuve. Elle ferme définitivement fin décembre 2022. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Photo de l’église restaurée à la suite de l’incendie de 1925. Fonds Paroisse Presbytérienne de Maisonneuve (Texte) Photo de 1892 sur laquelle on voit la première église presbytérienne de Maisonneuve. En arrière-plan on voit la chapelle de la paroisse Très-Saint-nom-de-Jésus qui donnait sur la rue Lasalle. Fonds Paroisse Presbytérienne de Maisonneuve
Après l’obtention de son diplôme, Jean Coutu veut devenir associé des Pharmacies Leduc avec deux de ses c[...]ollègues, mais la famille Leduc refuse. En 1954, Jean Coutu s’associe donc avec son cousin Jean Locas pour occuper l’ancienne Pharmacie Leclerc située au 4785, rue Sainte-Catherine Est. La pharmacie portera le nom de Jean Locas puisqu’il en est l’actionnaire majoritaire. Jean Coutu, quant à lui, occupe le poste de directeur. Deux ans plus tard, les deux cousins deviennent propriétaires d’une seconde pharmacie au 417 ouest, rue St-Jacques. En 1959, ils vont sous-louer leur local au 4785 Sainte-Catherine E. et déménager dans le local voisin du 4787. L’année suivante, Jean Coutu choisit de s’installer à son compte un peu plus à l’ouest, au 4605, Sainte-Catherine dans une pharmacie appartenant à Jean-Baptiste Cousineau. Cet édifice date de 1910 et était alors le bureau de Lévie Tremblay, marchand de bois et dernier maire de Maisonneuve de 1915 à 1918. Quant à Jean Locas, il finira par vendre le commerce qui deviendra la Pharmacie Mayrand. Jean Coutu travaillera dans la pharmacie du 4605, Ste-Catherine jusqu’à ce qu’il fonde les magasins Farmateria en 1967, puis les Pharm-Escomptes Jean Coutu avec son nouvel associé, Louis Michaud. Le 4605 demeurera une pharmacie Jean Coutu jusqu’en 1989, moment où le commerce change de vocation. Auteur : André Cousineau Image : Pharmacie Jean Coutu au 4605 Sainte-Catherine E. Image tirée du site internet Histoire de la pharmacie au Québec.
La Biscuiterie Viau est fondée par Charles-Théodore Viau en 1867. En 1873, elle adopte la raison sociale Via[...]u & Frère et s’installe à l’angle des rues Notre-Dame et Wolfe. L’usine est expropriée en 1906 par le Canadien Pacifique. Viau & Frère décide donc de déménager à la limite de Maisonneuve et Longue-Pointe sur des terrains achetés par Charles-Théodore Viau en 1884 et 1886. L’usine chevauche les deux anciennes municipalités et se trouve à proximité de la ferme laitière que possédait la compagnie à Longue-Pointe. En mars 1906, Viau & Frère obtient une exemption de taxes de 20 ans et ouvre officiellement son usine en juillet 1907. Le bâtiment est typique de l’architecture industrielle du début du 20e siècle et deux portails sur la façade indiquent l’année de fondation de l’entreprise (1867) et l’année de construction de l’usine (1907). À cette époque, l’entreprise Viau & Frère était dirigée par la succession Viau depuis la mort du fondateur en 1898. En 1913, la compagnie compte 350 employés et sa production atteint presque 1 million de $. Elle fabrique son propre chocolat à l’aide du lait de sa ferme. Depuis 1867, la biscuiterie est reconnue grâce à ses biscuits Village. En 1927, l’entreprise lance le désormais fameux Whippet. En 1929, l’entreprise adopte le nom de Viau Limitée. Dans les années 1950, elle fait construire un bâtiment administratif de l’autre côté de Viau à l’angle d’Ontario.En 1969, la biscuiterie est vendue à Imasco. Culinar l’achète en 1983 pour la revendre à Dare en 2001 qui décide de la fermer définitivement et abruptement en 2004. La Biscuiterie Viau était la seule biscuiterie à fabriquer encore son propre chocolat. En 2007, les travaux pour reconvertir l’usine en condos sont terminés. Auteur : André Cousineau Image : Manufacture de biscuits Viau & Frère à Viauville, vers 1910. Musée McCord
Jusqu’à l’arrivée des cinémas Odéon dans les années 1940, les salles de cinémas de Montréal et d’[...]Hochelaga-Maisonneuve sont pratiquement toutes la propriété de trois familles, les Lawand, d’origine syrio-libanaise, et deux familles grecques, les Ganatakos et les Lazanis. Les Lazanis sont représentés par trois frères : Nicholas A., Nicholas D. et Denis. Dès le début du 20e siècle, la famille est présente à Maisonneuve car on retrouve le nom de George Lazanis comme épicier, rue Notre-Dame, angle Pie-IX. L’implication de la famille Lazanis dans le cinéma commence avec l’ouverture de deux salles en 1913 : le Théâtre Napoléon, rue Ontario, près d’Orléans et l’Alhambra, rue Ste-Catherine, entre Pie-IX et Desjardins. Ce sera ensuite le Lord Nelson en 1917, rue Ste-Catherine, angle Bourbonnière. Les trois sont la propriété de Nicholas Lazanis avec la participation de ses deux frères. Leur concurrent direct dans le quartier est Ameen Lawand qui possède le Laurier Palace (1912), en face du Square-Dézéry, et le Théâtre Maisonneuve (1917), tout juste à côté de l’actuel CLSC. Vers 1922, les Lazanis ferment l’Alhambra de la rue Ste-Catherine pour le rouvrir 2 ans plus tard sur la rue Masson. En 1926, Nicolas Lazanis désire ouvrir un grand cinéma de type palace en face du futur Parc Morgan. Il a cependant besoin du soutien financier de George Ganatakos, président de la United Amusement. Une entente est conclue en 1929 pour un prêt de 150 000 $ et un nouveau l’année suivante de 100 000 $ peu après l’ouverture du cinéma. Pour gérer leurs cinémas, les Lazanis vont créer la Lord Nelson Amusement Co. puis la Granada Theaters l’année suivante. À cause de difficultés à rembourser le prêt, les Lazanis vont signer une nouvelle entente avec la United par laquelle en échange de l’effacement de la dette, celle-ci prend le contrôle majoritaire du Théâtre Granada. Les Lazanis conserve cependant la propriété du Lord Nelson et du Théâtre Napoléon qui devient le Théâtre Orléans en 1936. La belle époque des cinémas de quartier prend fin dans les années 1960 avec la fermeture du Lord Nelson en 1961 et de l’Orléans deux ans plus tard. Quant au Théâtre Granada, il devient le Théâtre Denise-Pelletier en 1977. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Nicholas Lazanis, gérant-général du Théâtre Granada; La Presse du 29 mars 1930. (Texte) Le Théâtre Napoléon en 1929; Archives de Montréal.
En 1903, Maisonneuve est le théâtre d’une prouesse technologique. La compagnie Shawinigan Water and Power [...]réalise une livraison électrique d’une puissance de 50 kilovolts depuis leur centrale sur le Saint-Maurice, à 135 kilomètres de la Station terminale 1. C’est la première transmission d’une aussi grande ampleur, autant en tension qu’en distance, dans l’histoire du Québec. En comparaison, le poste Central-1, qui est alors un des lieux de transformation les plus importants de Montréal, reçoit une charge de 12 kilovolts de la centrale Lachine située à une dizaine de kilomètres. Au-delà de la prouesse, cet événement en dit long sur l’histoire de Maisonneuve et de l’histoire de l'électrification. L’éclairage des rues, le transport en tramway et l'industrialisation nécessitent toujours plus d’énergie. On estime qu'au début des années 1900 à Montréal, la demande augmente de 8% par année. Maisonneuve, cinquième ville canadienne en termes de production industrielle en 1910, connaît une hausse semblable de la demande. En plus de l’activité industrielle, Maisonneuve dispose de nombreux lots vacants assurant de l’espace pour l’expansion future des entreprises. Cette combinaison de facteurs mène la Shawinigan à choisir de s’installer sur la rue d’Orléans. La station est érigée entre 1902 et 1903, en même temps que la ligne de haute-tension qui fait sa renommée. La Station terminale numéro 1 reste en fonction jusque dans les années 1950. Les besoins grandissants en électricité et sa vétusté relative mènent Hydro-Québec à attribuer au poste Jeanne d’Arc la responsabilité de fournir le quartier en énergie. En 1955, le bâtiment de la Station terminale n.1 change de vocation et sert d’entrepôt à la American Can Company. En 2005, le bâtiment est transformé en coopérative d’habitations. Alors qu’on traverse le porche principal vers la cour intérieure, on peut encore apercevoir le pont roulant, qui rappelle la vocation industrielle du bâtiment d’origine. Auteur : Charles Dorval Image : Très ancienne photo de la Station terminale 1 prise depuis la ligne de chemin de fer qui traversait la Ville de Maisonneuve d'est en ouest au nord d’Ontario. Musée McCord
Fondée à Montréal en 1898, la Kingsbury Footwear déménage l’année suivante dans la ville de Maisonneuv[...]e. En janvier 1900, l’usine obtient une subvention de 8 000 $ pour l’aider à construire sa nouvelle usine située au 2109, avenue De La Salle juste au sud de la voie ferrée du Canadien Northern. Au début du mois de mai, la manufacture entre en opération. À sa tête on trouve Édouard-Henri Lanthier comme président, son fils Raoul, le secrétaire-trésorier et Napoléon Dufresne comme vice-président (aucun lien de parenté avec la célèbre famille Dufresne de la Dufresne & Locke). La Kingsbury Footwear qui se spécialise dans les chaussures pour femmes et enfants connait rapidement du succès. En 1909, elle compte 700 employés et fabrique 18 000 paires de chaussures par semaine. Les ventes sont multipliées par 10 par rapport à la première année d’exploitation. À cette époque, la Kingsbury Footwear était une des sept manufactures de chaussures de la Cité de Maisonneuve. En 1912, Édouard-Henri Lanthier décide de vendre ses actions à son fils Raoul qui devient le nouveau président. La manufacture s’agrandit en démolissant sept bâtiments, situés du côté sud de l’usine, dont la compagnie était propriétaire. Le bâtiment du 2015, De La Salle, reste le seul témoin de cette époque. Dans les années 1920, c’est l’épouse de Raoul Lanthier, Rose de Lima Patry, qui devient directrice de l’entreprise. Cela en fait sans doute l’une des premières dirigeantes d’entreprises au Québec. Elle se démarque, ainsi, de Victoire Dussault qui, bien que co-propriétaire de la Dufresne & Locke, n’a jamais fait partie du conseil d’administration. La Kingsbury Footwear ne peut résister à la Grande Dépression et ferme ses portes en 1930. Par la suite, une partie de l’usine sert à de petites entreprises qui connaitront une courte existence. Une seconde partie sert d’entrepôt à l’American Can et Johnson & Johnson. En 1940, Atlas Bedding (manufacture de literie) occupe tout l’espace du 2109 et ajoute un bâtiment qui sert d’atelier mécanique et d’ébénisterie. Atlas Bedding déménage dans le Centre Sud en 1963. Le bâtiment sera ensuite partiellement occupé par de petits ateliers. Dans les années 1970, le 2019, De La Salle est abandonné puis est victime d’un incendie probablement criminel en juin 1978. Le bâtiment est ensuite démoli. Sur l’emplacement de l’ancienne Kingsbury Footwear, on construira des maisons de ville en 1984. Auteur : André Cousineau Image : La Kingsbury Footwear, photo publiée dans La Presse du 12 juin 1909; Collection La Presse, BAnQ
En avril 1912, la Commission scolaire de Maisonneuve demande des soumissions pour la construction d’une éco[...]le pour fille à Viauville. Dessiné par l’architecte Charles-Aimé Reeves, le futur bâtiment sera imposant : le corps principal de l’édifice doit être haut de quatre étages (mesurant 180 pieds par 70) et deux extensions de 100 pieds par 45 sont également prévues. Il faut dire qu’à cette époque les besoins sont urgents. En l’espace de dix ans, la population de Maisonneuve est passée de 4000 (en 1901) à un peu plus de 18 000 (en 1911). Les travaux vont bon train puisqu’à la rentrée de 1913 l’école Saint-Clément de Viauville accueille 350 jeunes filles. Le dimanche 21 septembre, l’école est officiellement bénite, mais, comble de malheur, le dimanche suivant le bâtiment est détruit par un incendie. Selon les journaux de l’époque, le feu se serait déclaré dans la cave où étaient entreposées 200 tonnes de charbon. Toutefois, en 1948, dans une publication qui célèbre les 50 ans de la paroisse Saint-Clément de Viauville, on peut lire une autre histoire. Le feu aurait été déclenché à la suite d’un problème dans le système électrique. En effet, le jour de l’incendie, les autorités civiles auraient ordonné l’illumination générale du bâtiment pour célébrer le 25e anniversaire d’ordination sacerdotale du premier curé de la paroisse L.-A. Dubuc. À notre avis, la thèse du charbon est la plus plausible. À la suite de l’incendie, la ville de Maisonneuve apporte certaines réformes. D’abord, les corps de pompiers sont réorganisés et la Ville achète de nouveaux appareils à incendie. Plus important, un amendement est apporté au code de construction afin que tous les futurs édifices publics soient construits à l’épreuve du feu. L’échevin Oscar Dufresne suggère également que dans les édifices actuels les dépôts de charbon soient mis à l’épreuve du feu ou séparés du corps principal de l’édifice afin d’éviter une situation comme celle de l’école St-Clément. Quoi qu’il en soit, l’incendie de 1913 ne fait aucune victime et les assurances couvriront en grande partie les pertes. L’année suivante, à la rentrée scolaire, l’école Saint-Clément reconstruite accueille de nouveau sa première cohorte d'élèves. Auteur : Olivier Dufresne Image : Croquis de la future école Saint-Clément de Viauville. La Patrie, 6 avril 1912
L'école Guybourg, anciennement située sur la rue Pascal (La Fontaine), ouvrait ses portes en septembre 1921.[...] Elle desservait la petite paroisse enclavée de Saint-Herménégilde, érigée la même année. Avant cela, l’éducation des enfants du quartier était confiée à une dame qui les recevaient dans son logis au 562, rue de Cadillac. De 1921 à 1951, l'administration de l'école fut confiée aux Sœurs de Sainte-Anne. Les 275 garçons et filles étaient séparés dans neuf classes allant de la deuxième à la septième année. Dans le contexte du baby-boom d'après-guerre et de la vétusté de plus en plus évidente de l'école Guybourg, en 1956, la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) inaugurait une annexe à quelques pas sur la rue de Cadillac. Cette dernière, d'une capacité de 300 élèves, deviendra par la suite un centre de loisirs de la Ville de Montréal. En 1965, les activités scolaires de la vieille école furent déménagées dans un édifice voisin plus moderne. Depuis 2014, ce bâtiment accueille la maternelle de l'école Notre-Dame-des-Victoires. Image : École Guybourg, 6100 rue La Fontaine, vers 1955 (Archives de la Commission scolaire de Montréal)
En 1942, la Montreal Locomotive Works se convertissait à la fabrication de chars d'assaut RAM, destinés à l[...]'entraînement des troupes canadiennes. Cette immense usine, principal fournisseur du Canadien National, occupait le terrain délimité par les rues Notre-Dame et Dickson, le chemin de fer Souligny et l'actuelle rue Rougemont. Les chars RAM étaient testés selon différents types de scénarios avant d’être expédiés au Camp Borden près de Barrie en Ontario. Ils montaient la rue Cadillac jusqu’aux environs de l’actuelle rue Beaubien, pour s’entraîner dans la vallée du ruisseau Molson (près du parc Félix-Leclerc). Il faut dire que le secteur Assomption-Guybourg était au cœur de l’effort de guerre montréalais. On y fabriquait des moteurs d’avion Hawker Hurricanes à la Canadian Car and Foundry (aujourd’hui le terrain de Ray-Mont Logistics), de même que des munitions et des obus à la Canadian Wirebound Boxes (angle Notre-Dame et Clarence-Gagnon). La production des chars RAM fut arrêtée en 1944 au profit des chars Sherman M4A1 Grizzly, plus rapides et polyvalents. La Montreal Locomotive Works retourna à la fabrication de matériel ferroviaire après la guerre. Image : Fabrication des chars d'assaut RAM à la Montreal Locomotive Works, 1943 (Archives Canada)
Fondée sur la rue McGill en 1907, la compagnie Atlas Asbestos était l'un des plus grands manufacturiers de p[...]roduits d'amiante au Québec. À l'époque, on ignorait la toxicité de ce minéral très répandu pour ses propriétés isolantes et ignifuges. Atlas Asbestos a connu ses heures de gloires dans l'après-guerre. La croissance de l'industrie de la construction était phénoménale dans tous les secteurs. En 1949, la compagnie inaugurait une immense usine (4,1 hectares) sur la rue Hochelaga, entre la rue Dickson et le viaduc ferroviaire séparant Mercier de Viauville. La prospérité d'Atlas Asbestos fut éphémère. Dans les années 1970 apparaissaient les premiers cas d'amiantose. Les campagnes de sensibilisation à propos de cette maladie pulmonaire chronique allaient sceller le sort de cette industrie. Après la fermeture de l'usine, en 1988, l'édifice fut occupé par le complexe d'escalade Horizon Roc. Des locataires se sont ajoutés par la suite, dont les bureaux de l'Arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (2002-2011). Image : Usine Atlas-Asbestos en construction, 5600 rue Hochelaga (Architecture-Bâtiment-Construction, mars 1948)
Construit par Simard & Frères (Simard-Beaudry Construction) en 1956, l'incinérateur Dickson est situé sur l[...]a rue du même nom, près de l'avenue Souligny. Entièrement automatisé, il se rangeait parmi les plus modernes en Amérique du Nord. Dans les années 1950 apparaissait la nécessité de construire deux nouveaux incinérateurs pour desservir l’est et l’ouest de la ville. L’accélération de l’urbanisation, particulièrement dans les quartiers périphériques comme Mercier, Nouveau-Rosemont et Notre-Dame-de-Grâce, créait une trop grande pression sur l’incinérateur des Carrières, le seul avant 1956. C’est dans ce contexte que la Ville de Montréal, dirigée par Jean Drapeau, décidait de mettre en service les incinérateurs Dickson et Royalmount (aujourd’hui disparu). Desservant l'est de l'île, l’édifice Dickson générait une « efficacité énergétique » au sens des normes de l'époque. Par exemple, les ordures étaient séchées pour éviter d'utiliser des accélérateurs de combustion et la chaleur dégagée servait à alimenter les bâtiments municipaux voisins. L'incinération des déchets, entamée par la Ville dans les années 1910, était vue comme une solution aux sites d'enfouissement à proximité des zones habitées (Plateau Mont-Royal, Rosemont). Les activités de l'incinérateur Dickson cessèrent en 1978 après plusieurs pressions du mouvement écologiste et des citoyens incommodés par la suie. La fermeture de la carrière Miron, en 1988, allait offrir un site d’enfouissement aux municipalités de l’île de Montréal. Image : Incinérateur Dickson, 31 octobre 1975 (Archives de la Ville de Montréal, VM94-B185-001)
Le parc Cabrini est un joyau hivernal peu connu dans Mercier. Situé à la frontière avec Rosemont, le long d[...]e la rue Beaubien, il comporte une dénivelée idéale pour le ski et les glissades avec les enfants. En 1946, la Ville de Montréal saisissait les terrains pour taxes foncières impayées. Il faut dire qu'une telle pente nuisait à la rentabilité de ce terrain éloigné de la rue Sherbrooke, qu'il s'agisse d'agriculture ou de développement immobilier. À cette époque, le parc était au milieu de nulle part. Son occupation ira de pair avec l'urbanisation de Louis-Riel, de Saint-Léonard et du Nouveau-Rosemont. Afin de faciliter l'accès au sommet, adossé à la rue Cabrini, un remonte-pente fut aménagé dans les années 1960. Quelques traces subsistent encore de cette installation, démantelée en 1997. Malgré tout, il est toujours possible de profiter de cet attrait naturel... à pied. Sur la photo, au nord de la rue Beaubien, on aperçoit un petit boisé. Il s'agissait en fait d'un marais défraîchi (une « swamp » en bon québécois) près de l'ancien ruisseau Molson qui servira éventuellement de dépotoir. Image : Vue aérienne du Parc Cabrini, 1977 (Archives de la Ville de Montréal)
Sous la rue Sherbrooke se cache un vestige de l'histoire de l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu (Louis-Hippolyte-La [...]Fontaine) : un tunnel pour tramway. Ce tunnel, payé par la Ville de Montréal, était une condition sine qua non des Sœurs de la Providence pour raccorder la rue Sherbrooke sur leurs terres. Avant cela, la rue se terminait en impasse des deux côtés. Il faut dire qu'à cette époque, l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu comprenait une ferme sur laquelle travaillait les malades. Le terrain le plus au nord, aujourd'hui occupé par la Place Versailles, laissait place à des cultures qui était transportées grâce à une ligne de tramway privée. Pas étonnant donc que les Sœurs demandaient un tel tunnel à la Ville de Montréal pour assurer le transport des récoltes et du personnel sur leur propriété. Elles avaient les pleins pouvoirs, car les terrains de Saint-Jean-de-Dieu ont formé une municipalité indépendante de 1898 à 1982. En 1928, le contrat pour la construction du tunnel fut accordé à Frank Lapan Limited; la rue Sherbrooke, ouverte en 1931. Cet entrepreneur franco-américain, basé au coin des rues Lacordaire et Hochelaga, fut parmi les plus importants constructeurs routiers dans Mercier durant la première moitié du 20esiècle. Le tunnel fut redécouvert par surprise en 2016 lors du réaménagement de l'échangeur Sherbrooke de l'Autoroute 25. On apprenait alors que le tunnel avait été condamné par remplissage vers 1963 pour aménager le stationnement de la Place Versailles sur des terrains vendus par les Sœurs. Ce n'est qu'en 1938 que la rue Hochelaga sera à son tour raccordée. Image : Vue aérienne de la rue Sherbrooke et du tunnel, 1947 (Archives de la Ville de Montréal)
Avez-vous déjà remarqué ce bâtiment étroit au coin des rues Monsabré et Hochelaga ? Son histoire est in[...]usitée. Construit en 1908, il fut habité à ses débuts par Joseph Pilon, premier médecin du quartier Notre-Dame-des-Victoires. Après son départ pour la rue Desaulniers, en 1914, l'édifice fut acheté par le cordonnier Ulric Champagne. Dix ans plus tard, en 1924, la Montreal Tramway Company, qui bénéficiait d'un monopole sur le territoire montréalais, annonçait le déplacement de sa ligne Maisonneuve-Tétreaultville, de l'avenue Souligny à la rue Hochelaga. Le projet de la compagnie de tramway prévoyait l'ajout d'une seconde voie, rendant nécessaire l'élargissement de la rue Lamartine (Hochelaga). Pour se faire, l'année suivante, la Ville de Montréal procédait à l'expropriation des bâtiments du côté nord. À l'époque, les propriétaires pouvaient s'opposer à l'expropriation et freiner les travaux pendant la durée des procédures judiciaires. Telle fut la décision d'Ulric Champagne qui a tenu bon jusqu'en 1928. Entêté et probablement déçu par sa défaite, il décidait de conserver la partie restante du bâtiment jusqu'à la limite de la ligne d’expropriation. Cette partie fut rebriquetée par la suite. La cordonnerie Champagne a perduré jusqu'en 1968. Image : Intersection des rues Monsabré et Hochelaga, 1932 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Michel Berthiaume)
L'école Georges-Lepailleur, aussi nommée Boucher-de-la-Bruère annexe 2, accueillit sa première cohorte à [...]la rentrée scolaire 1961. Située sur la rue Notre-Dame, entre Haig et Lyall, elle desservait deux petites enclaves, soit celles des maisons des Vétérans et des rues Caty et Bruneau, qui arrivèrent à pleine capacité dans les années 1950. Avant cela, l'enseignement se donnait dans deux bungalows de la rue Lyall. Le baby-boom était à son plus fort. Au Québec, on calcule qu'environ 135 000 bébés sont nés annuellement entre 1945 et 1960. Des centaines d'écoles furent érigées en vitesse pour répondre à la demande pressante. L'architecture de ces bâtiments se voulait générique et rapide à livrer, surtout sur le territoire de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) qui comptait le plus d'élèves. L'école Georges-Lepailleur était rattachée à la paroisse Saint-François-d'Assise et, plus précisément, à l'école Boucher-de-la-Bruère de Longue-Pointe (aujourd'hui la coopérative d'habitation Le Dolmen). L'école a eu une durée de vie assez brève. Elle ferma ses portes en juin 1978. Image : Classe de 2e année à l'école Georges-Lepailleur, 6905 rue Notre-Dame, janvier 1962 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Hélène Lachapelle)
Ouvert à la circulation en 1961, le viaduc Dickson faisait le lien entre les rues Ontario et Hochelaga en enj[...]ambant les voies du Canadien National. L'ouverture du terminal portuaire Racine dans l’axe de la rue Bossuet, en 1981, a entraîné une augmentation du trafic lourd sur le viaduc. En 1993, la Ville constatait déjà un usage prématuré, lequel a forcé sa condamnation l’année suivante. Plusieurs projets de réparation furent étudiés, mais l'argent n'était pas au rendez-vous. Grâce à la baisse de fréquence des trains sur Souligny, la Ville et le Canadien National pouvaient envisager le retrait de la structure et la configuration de la rue Dickson au sol. Le viaduc fut finalement démoli en 1998 dans le cadre de la construction de l'autoroute Souligny. Image : Viaduc Dickson, 1968 (Archives de la Ville de Montréal)
L'école François-Laflèche, sise au coin des rues Louis-Veuillot et Pierre-de-Coubertin, fut inaugurée en 1[...]911. Elle était administrée par les frères du Sacré-Cœur sous l’autorité de la Commission scolaire de Longue-Pointe, laquelle desservait Mercier-Ouest et une partie importante de Mercier-Est. Cette école recevait les garçons du Parc Terminal, un projet immobilier amorcé en 1904, qui correspond en partie aux limites de la paroisse Notre-Dame-des-Victoires fondée trois ans plus tard. Les filles étaient éduquées à l'Académie Notre-Dame-des-Victoires, ouverte en 1909 juste en face de l'école François-Laflèche. Pour leur part, avant la construction cette dernière, les garçons passaient l'année scolaire au deuxième étage d'un triplex de la rue Boileau. En 1960, la Commission des écoles catholiques de Montréal, qui avait annexé celle de Longue-Pointe en 1917, fit construire une annexe permettant d'étendre l'emprise de l'école François-Laflèche jusqu'à la rue Bossuet. Malheureusement, l'école a fermé ses portes en 1981 dans le contexte de la décroissance de la population d'âge scolaire primaire. Les garçons et les filles furent envoyés pour de bon à l’école Notre-Dame-des-Victoires. Le bâtiment d’origine (sur la photo) fut démoli l'année suivante et le terrain, cédé à la Ville de Montréal, fut vendu à des fins résidentielles. Quant à l'annexe, elle est devenue le Service des loisirs Notre Dame des Victoires. Image : École François-Laflèche, vers 1935 (Archives des Frères du Sacré-Cœur).
Tracée en 1874, la rue Bruneau s'appelait à ses débuts « Perrault », du nom de François-Xavier Perraul[...]t, propriétaire du lot et médecin à l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Le nom fut changé en 1911, un an après l'annexion du territoire à Montréal. L'homologation de la rue marqua le début de l'urbanisation du quadrilatère formé des rues Caty, Bruneau, Notre-Dame et Bellerive. L'histoire de ces rues, longtemps enclavées par la ferme de l'hôpital, est impossible à résumer ici. Elles formaient un monde à part, quoique lié organiquement au village de Longue-Pointe. Avec la venue de la Canadian Gypsum (CGC), l'ouverture du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et l'expansion des activités portuaires, ce petit hameau paisible s'est transformé en un endroit invivable. En 1999, les propriétaires réussirent à obtenir leur expropriation par le Port de Montréal. Les appartements ne se louaient plus, sans compter les nombreuses nuisances et l'inaccessibilité en transport en commun. Les bâtiments furent rasés sporadiquement jusqu'en 2003, notamment l'ancienne caserne 36. L'espace est aujourd'hui un stationnement. Image : Rue Bruneau, 8 novembre 1998 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Hélène Hattenberger)
Avec ses 726 logements répartis dans 111 immeubles, les Habitations Le Domaine occupent la quasi-totalité du[...] quadrilatère borné par l'avenue de Granby, le boulevard Langelier et les rues Hochelaga et de Marseille. Ce méga-projet a débuté en 1956 sous le nom de « Domaine Estria ». L'année suivante, le propriétaire recevait de la Société canadienne d'hypothèque et de logement un prêt colossal de 5,2 millions de dollars (environ 48 millions en valeur actuelle). Le gouvernement fédéral, duquel relève cet organisme, cherchait à contrer la pénurie de logement qui sévissait à Montréal depuis la fin de la guerre. Un autre objectif était de permettre aux promoteurs de réaliser des économies d'échelle et ainsi, diminuer le prix d'achat des habitations ou dans le cas qui nous concerne, les loyers. Les premiers 3 ½ et 4 ½ se louaient respectivement 54 $ et 62 $ par mois, ce qui est de loin supérieur aux paiements hypothécaires de 30 $-40 $ demandés pour un bungalow du Village Champlain (près du métro Honoré-Beaugrand), un autre projet appuyé par le gouvernement fédéral dans les années 1950. Depuis 2017, le complexe des Habitations Le Domaine est administré par un organisme à but non lucratif, Bâtir son quartier. Image : Vue aérienne des Habitations Le Domaine, 1978 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Marika Leclerc)
Ouvert en 1939, le garage Rivest était situé au coin des rues Sherbrooke et de Cadillac. Il importe de rappe[...]ler que la rue Sherbrooke, peu urbanisée jusqu'aux années 1960, a longtemps servi d'autoroute sans porter le nom. Dans Mercier et Pointe-aux-Trembles, on pouvait y circuler à 70-80 km/h sur de longues distances tout en admirant le paysage rural aux pourtours. Après la rue Notre-Dame, c'était le principal axe insulaire est-ouest. Pas étonnant donc d'y voir s'installer, à partir des années 1930, des stations-service auxquelles s'ajouteront des motels (Fontainebleau, Marquis, Lucerne) et des centres commerciaux durant l'essor de l'automobile d'après-guerre. Véritable référence pour les gens de Notre-Dame-des-Victoires, le garage Rivest fut exproprié par la Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal (CTCUM) pour le prolongement du métro, en 1972. On y trouve aujourd'hui l'édicule sud-est de la station Cadillac, inaugurée le 6 juin 1976. La disparition du garage coïncida avec l'arrivée du concurrent Canada Tire (Alex Pneu et Mécanique / NAPA Autopro) en face sur la rue de Cadillac. Et non… ce n'était pas un avis de recherche sur le poteau à gauche. Il s'agissait plutôt d'une affiche électorale de François-Albert Gatien, député provincial de Maisonneuve (Union nationale) entre 1944 à 1952. On voit également l’édifice de Bell en construction. Image : Garage Rivest, angle Sherbrooke et Cadillac, 21 juillet 1948 (Archives de Montréal, VM95-Y-1-5_21-001)
Le parc « Thibodeau », surnommé Le Carré NDV, est situé au cœur du quartier Notre-Dame-des-Victoires. Oc[...]cupant le quadrilatère des rues Pierre-de-Coubertin, Louis-Veuillot, Boileau et Lacordaire, il fut désigné le 10 février 1913. Les arbres furent plantés en 1921. L’utilisation des guillemets n’est pas sans raison, car le parc est présentement mal orthographié et associé au mauvais individu. Selon Toponymie Montréal, il rappellerait la mémoire de Joseph-Rosaire Thibodeau (1837-1909), marchand et shérif du district judiciaire de Montréal. Le parc fut plutôt l’œuvre de Joseph Thibaudeau (1864-1936), premier curé de la Paroisse Notre-Dame des Victoires. En plus de son rôle religieux, il a influencé le développement urbain du quartier dans les années 1910 et 1920. Il a notamment présidé le comité d'annexion de la Commission scolaire de Longue-Pointe à la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM), en 1916, exercé de nombreuses pressions sur la Ville de Montréal pour l'ouverture de rues, supervisé les souscriptions publiques pour la construction de l'église, achevée en 1927, et vendu, au nom de la paroisse, le terrain du parc Olivier-Guimond. L'intention première de la Ville de Montréal était de souligner l’apport de Thibaudeau de son vivant, d’autant plus qu’il fut à la tête des démarches ayant mené à la création du parc. Le 31 mai 2019, l’Atelier d’histoire a soumis un rapport au Comité de toponymie de l’Arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, dont il est membre, à l’effet de changer le nom du parc. Image : Parc « Thibodeau », vers 1955 (Archives de la paroisse Notre-Dame-des-Victoires)
La base militaire de Longue-Pointe fut le point d’accueil de réfugiés indo-ougandais déportés par le dic[...]tateur Idi Amin Dada (1925-2003). Pour des raisons historiques, cette minorité, estimée à 60 000 personnes, contrôlait certaines assises économiques du pays. Dès son arrivée au pouvoir, en février 1971, Idi Amin Dada déposséda les Indo-Ougandais de leurs biens. Le climat de terreur encouragea leur ostracisation et laissa libre court à des persécutions violentes. Le 4 août 1971, le dictateur ordonna leur expulsion dans un délai de 90 jours sous prétexte qu'ils nuisaient au développement économique du pays. Dans les faits, il s'agissait d'un geste draconien pour faire disparaître une minorité et « donner » le pays à la majorité noire. L'expulsion devint une crise humanitaire. Au total, 10 % des réfugiés choisirent de s'établir au Canada. Ils arrivèrent par vagues entre le 28 septembre et la fin novembre 1972. Pris au dépourvu, le gouvernement fédéral transforma la base militaire de Longue-Pointe en centre d'accueil. Les réfugiés n'y passèrent que deux jours. Certains éliront domicile à Montréal, notamment dans le quartier Parc-Extension. Mais la majorité ira à Toronto. Image : Réfugiés indo-ougandais à la base militaire de Longue-Pointe, octobre 1972 (Bibliothèque et Archives Canada)
Mercier-Hochelaga-Maisonneuve a ses personnages qui ont laissé leur marque dans l'histoire québécoise. Parm[...]i les plus notables, il y a Lucille Teasdale (1929-1996) qui est originaire de Guybourg. Quatrième de sept enfants, elle fut parmi les premières femmes chirurgiennes au pays. Son père, René Teasdale, était épicier-boucher. Après quelques années sur la rue de Saint-Just à Longue-Pointe, la famille prit le chemin de Guybourg en 1925. C'est à l'étage de l'épicerie-boucherie, jadis située au 5969 rue Notre-Dame, que Lucille Teasdale, baptisée à l’église Saint-Herménégilde, passa les premières années de sa vie. En 1932, le commerce déménagea au coin de la rue Cadillac, côté nord-ouest. La famille emménagea à quelques pas au 526 rue Cadillac, un des plus vieux immeubles du quartier. Plus tard, elle déménagea dans un nouvel édifice au 6007 rue Notre-Dame. Lucille excella dès l'école primaire et reçut en 1950 une généreuse bourse d'études qui lui permit de s'inscrire à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal. Cinq ans plus tard, son diplôme était en poche. Outre son rôle de médecin à Montréal, Teasdale est connue pour son esprit humanitaire. En 1961, elle fonda avec son mari, le docteur Piero Corti (1925-2003), l'hôpital Saint Mary's Lacor en Ouganda. Cet établissement, qui opérait sporadiquement depuis 1959, joua un rôle important tout au long de la dictature d'Idi Amin Dada, puis durant la guerre civile qui s'ensuivit. Malheureusement, en 1985, elle contracta le VIH-SIDA lors d'une opération. À cette époque, les pronostics de survie n'étaient que de deux ans. La maladie l'emporta en 1996. Image : Photographie de graduation de Teasdale à la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, 1955, Fondation Teasdale-Corti
Anciennement la 45e avenue, cet axe routier fut précisément construit pour desservir le nouvel h[...]pital Maisonneuve, inauguré le 20 juin 1954... au milieu de nulle part. La priorité revint donc au tronçon sur le territoire de Rosemont, au nord de la rue Sherbrooke. Des plans furent déposés en avril 1950. Les travaux, eux, commencèrent à l'été 1953. Les Sœurs Grises, fondatrices de l'hôpital, demandèrent à la Ville de Montréal de souligner dans la dénomination de la rue la proclamation toute récente du dogme de l'Assomption de Marie. Ce précepte de foi, adopté par le pape Pie-XII, affirme que le corps et l'âme de la Sainte Vierge, non dissociés, furent transportés miraculeusement par les anges au Paradis après l'achèvement de sa vie terrestre. La Ville acquiesça à cette demande le 3 décembre 1951, d'abord à titre d'avenue. En 1954, voyant que la papeterie de l'hôpital eut été imprimée avec la mention de boulevard et que l'établissement était par conséquent affiché au mauvais endroit dans les bottins d'adresses, les Sœurs effectuèrent des pressions pour modifier le générique. Afin d'encourager le développement du secteur au sud de la rue Sherbrooke, composé de terrains ayant pris un aspect de laisser-aller, la Ville prolongea le boulevard de l'Assomption jusqu'à la rue Hochelaga. Ce tronçon, ouvert à la circulation en 1961, contribua à l'industrialisation du secteur qui est présentement au cœur d'un débat de requalification. Le prolongement jusqu’à la rue Notre-Dame, pour ou contre ? Image : Boulevard de l'Assomption, 31 octobre 1962 (Archives de Montréal, VM94-A0042-014)
Avez-vous déjà remarqué cette magnifique maison, construite sur la rue de Cadillac en 1909 ? Son premier p[...]ropriétaire, Odilon Guy (1874-1951), fit partie de la famille à l'origine de Guybourg, le « bourg (ville) aux Guy ». C'était le neveu d'Edmond Guy, natif de Napierville et propriétaire du lot sur lequel on trouve aujourd'hui les rues Bossuet (anciennement Roberval), Cadillac et Duquesne, du fleuve à Saint-Léonard. Ce dernier acheta les terres de Narcisse Raymond, une vieille famille de Longue-Pointe, en 1880. Vers 1903, dans le contexte d'une ruée de promoteurs dans Mercier, Edmond Guy s'associa à Pierre-Zotique Guy (pas de lien direct de parenté), marchand de bois et de charbon sur la rue de Boucherville à Longue-Pointe, pour subdiviser la terre et en faire du développement immobilier. Ce fut le début de Guybourg. Ils créèrent une société de vente, la Compagnie foncière suburbaine de Montréal. Un plan de lotissement fut déposé pour la partie au sud de la voie ferrée le 29 décembre 1904. La partie nord fut subdivisée deux ans plus tard. Edmond Guy prit sa retraite en 1905. Son neveu, Odilon, reprit le flambeau pendant deux ans. En 1907, il acheta de son oncle les lots sur lequel sera construit le 3024-3026 Cadillac. Prix d'achat : 1700 $ plus une rente viagère de 85 $ par année. Laitier de carrière, Odilon Guy fut conseiller municipal de la Ville de Longue-Pointe du 23 février 1910 jusqu'à l'annexion à Montréal le 4 juin 1910. Il remplaça Charles-Théodore Viau, petit-fils du fondateur de la biscuiterie, lors d'une élection partielle dans le quartier no 1 (rues Vimont et Ville-Marie qui faisaient partie de Longue-Pointe). La maison fut vendue en 1927. Image : 3024-3026 rue de Cadillac, 2001, Atelier d'histoire MHM
Les ruelles font partie de l'ADN de Montréal. Elles témoignent des phases d'urbanisation qui ont façonné l[...]a ville. De tout temps, les Montréalais se sont appropriés ces voies secondaires. Elles permettent d’observer différemment les bâtiments et la vie urbaine. Cet été, l'Atelier d'histoire vous présentera les plus belles ruelles, mais également les horreurs qui sont malheureusement plus nombreuses. Commençons sur une bonne note. Derrière la rue Duquesne, entre Ontario et La Fontaine, se trouve cette magnifique ruelle où la verdure semble avoir repris ses droits. Elle dessert un tronçon de rue composé de maisons shoebox et de duplex d'après-guerre érigés entre 1956 et 1967. Agissant comme frontière avec la base militaire, qui est constituée de terrains vagues dans ce secteur, elle est représentative d'un trait particulier du quartier Guybourg : son enclavement. Hier comme aujourd'hui, la fonction première de cette ruelle, acquise par la Ville de Montréal entre 1967 et 1971, est de permettre l'accès à des stationnements privés. Son asphaltage date de 1975. Image : Ruelle Du Quesne. Atelier d'histoire MHM, 31 mai 2020
Saviez-vous que le parc Félix-Leclerc est aménagé sur des tonnes d'ordures ? Situé à la frontière avec [...]Saint-Léonard, rues Beaubien et Langelier, il formait jadis une dépression dans ce qui était surnommé la vallée du ruisseau Molson. Le terrain, propriété de la Dominion Park Company, laquelle gérait le parc d'attractions Dominion (1906-1937), rues Notre-Dame et Haig, fut acheté par la Ville de Montréal en 1941. Neuf ans plus tard, en 1950, le Service des Travaux publics décida d'y enfouir des déchets domestiques et des matériaux lourds : sables de fonderie, pots de peinture, pneus, cendres de l'incinérateur Dickson. La zone adopta éventuellement le nom de « dépotoir Beaubien », bien qu’elle n'ait jamais été désignée comme telle dans les documents municipaux. Dans les faits, il s'agissait probablement d'un dépotoir informel, sans contrôle serré et ouvert aux entrepreneurs des environs. On sait peu de choses sur son fonctionnement. Les documents sont rares. La Ville estime qu'entre 500 000 et 1,5 million de mètres cubes d’immondices ont été enfouis à cet endroit. À partir de 1971, le site fut transformé en dépôt à neige et conserva cette fonction pendant une dizaine d'années. Lourdement contaminé, le terrain était jugé trop instable pour y construire des habitations. La Ville décida donc d'y aménager un parc dont la première phase fut inaugurée en 1985. Le parc Beaubien-Langelier fut renommé à la mémoire de l'auteur-compositeur Félix Leclerc le 5 septembre 1990. Image : Dépôt à neige Beaubien, 7 décembre 1979 (Archives de Montréal)
Le 4 août 1986, un incendie détruisit l'ancien aréna Dickson, érigé en 1914 au coin des rues Hochelaga et[...] Monsabré (côté nord-est). Un bâtiment jadis emblématique. Adjacent à cet édifice, sur le front de la rue Hochelaga, on retrouvait les bureaux de l'homme d'affaires Robert Clarence Dickson, conseiller de la Ville de Longue-Pointe de 1908 à 1910 et fils de l'agriculteur William Dickson. En 1904, ce dernier vendit ses terres à des promoteurs pour le projet immobilier du Parc Terminal, qui adoptera plus tard le vocable de Notre-Dame-des-Victoires après l'érection de la paroisse en 1907. Son fils, Robert, resta toutefois dans le quartier à titre d'entrepreneur routier. Il exploita une petite carrière de pierre, angle Dickson et Sherbrooke, qui sera finalement abandonnée et convertie en dépotoir par la Ville de Montréal. En 1905, les promoteurs du Parc Terminal cédèrent le terrain du futur aréna à Robert Dickson. L'aréna accueillit surtout des matches de ligues mineures et collégiales. Quelques plages horaires étaient aussi réservées au patinage libre. À l'occasion, on y présentait des matches de lutte. Les dernières activités remontent à 1938. En 1946, ce fut au tour de Robert Dickson de se départir du bâtiment. Il le vendit à Charles Cusson, fondateur de Cusson & Frères, un fabricant de pièces de camions. L'entreprise, basée au coin des rues Ontario et Hôtel-de-Ville, s'y installa quatre ans plus tard et y resta jusqu'en 1984. Par la suite, l'édifice servit d'entrepôt pour la compagnie General Bearing. Image : Ancien aréna Dickson, après l'incendie, 6 août 1986; Archives de la Paroisse Notre-Dame des Victoires
Autrefois située au coin des avenues Haig et Boyce (Pierre-De Coubertin), cette école correspondait au modè[...]le de base des établissements primaires montréalais d'après-guerre. Le baby-boom, l'immigration et l'étalement urbain furent trois phénomènes qui créèrent une énorme pression sur les deux commissions scolaires montréalaises. En 1945, la Commission des écoles catholiques (CÉCM) comptait sur son territoire 99 000 élèves répartis dans 242 écoles primaires et secondaires. Quinze ans plus tard, en 1960, le réseau possédait maintenant 348 écoles pour 173 000 élèves. Pas étonnant donc que la CÉCM opta pour des architectures simples et peu coûteuses. L'école au coin des rues Haig et Boyce, prise en charge par des laïcs à partir de l'automne 1955, servit d'abord aux enfants de la nouvelle paroisse Saint-Donat, puis plus spécifiquement aux garçons après l'ouverture de l'école des filles (rue Arcand), en 1958. Cette année-là, grâce à la multiplication des projets domiciliaires, la population de la paroisse atteignit 5 000 personnes. En 1963, les huit classes de l'école furent transférées au réseau anglais de la CÉCM. Elle devint une annexe de l'école Saint Gerald, basée sur la rue Hochelaga dans Tétreaultville. Cette annexe se voulait temporaire pendant la construction de l'école Edward Murphy, livrée en septembre 1965. Il importe de préciser qu'à cette époque, le réseau scolaire québécois était divisé sur une base confessionnelle. Jusqu'en 1998, on retrouvait dans la CÉCM des écoles françaises et anglaises. À partir de 1974, le bâtiment fut occupé sporadiquement par différents organismes. En 2016, il fut acheté par l'Escale Famille Le Triolet-EFLT, puis démoli afin d'ériger un centre communautaire et des logements dédiés aux femmes monoparentales qui désirent s'inscrire dans une relance socio-professionnelle. Image : 6910 avenue Pierre-De Coubertin, École Haig-Boyce, 1955; Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Les sœurs St-Jean prenaient ici la pose devant l'imposante caserne 36, rues Notre-Dame et Caty, qui desservai[...]t le noyau ancestral de Longue-Pointe. Elle remplaça une petite caserne en bois mise en service par le village de Beaurivage de la Longue-Pointe à une date indéterminée dans les années 1890. Après l'annexion de cette municipalité à Montréal, en 1910, des changements majeurs survinrent dans l'organisation des services d'incendie. L'ancienne caserne, jugée vétuste, fut démolie en 1912. Avec la croissance démographique à Longue-Pointe (cinq fois entre 1891 et 1911) et l'expansion du territoire habité qui en découlait, le besoin en services publics se faisait sentir. L'annexion au géant montréalais donnait à l'ancien village de Beaurivage des moyens financiers bien au-delà de ses capacités. C'est dans ce contexte que fut érigée, au coût de 100 000 $ (environ 2,3 millions en valeur actuelle), la caserne 36 qui partageait les locaux avec le poste de police 26 jusqu'en 1941. Les deux parties étaient séparées par une cour intérieure. La construction de l'édifice débuta en mai 1913 pour se conclure à l'automne. Des retards dans l'aménagement intérieur repoussèrent sa mise en service au 20 mars 1914. L'accès à la caserne se faisait par la rue Notre-Dame. Quant au poste de police, il avait front sur la rue Caty. À la suite d'une restructuration du Service des Incendies, en 1979, la caserne cessa de répondre aux appels et devint un atelier d'entreposage et de réparation. Elle conserva cette fonction jusqu'en 2003, quatre ans après l'expropriation de l'enclave Caty-Bruneau par le Port. L'espace est aujourd'hui un stationnement. Image : Sœurs St-Jean devant la caserne 36 et poste de police 26, 1928; Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, fonds Maurice Day
Fondée en 1950, Continental Housing a amorcé l'urbanisation du secteur Louis-Riel. Le premier projet de cett[...]e compagnie immobilière, inspirée par le modèle de la banlieue américaine, débuta à Rosemont en 1952 (axes Beaubien et 33e avenue). Fort de son expérience, Continental Housing entreprit un projet identique dans le quadrilatère borné par les rues Sherbrooke, Repentigny, Renty et Mignault. Évalué à 1,5 millions à l'époque, cet ensemble comptait 183 bungalows. Leur construction débuta en 1954 et s'échelonna pendant quatre ans. Continental Housing donna une seconde phase à son projet plus à l'est. Toujours en 1954, les promoteurs achetèrent une bande de terre prise en étau entre le Cimetière de l'Est et la ferme de Saint-Jean-de-Dieu. Deux rues furent tracées, Radisson et des Groseilliers; on y compte 83 bungalows et 23 maisons jumelées de deux étages. Les maisons, vendues aux alentours de 13 000 $, s'adressaient à la classe moyenne. Continental Housing, comme plusieurs autres promoteurs domiciliaires, reçut une généreuse subvention de la Société canadienne d’hypothèques et de logement qui lui permit de réduire le prix des maisons (environ 15 %). Cet organisme fédéral, créé en 1946 dans le contexte de la reprise économique, succédait au programme des maisons de guerre. Afin de redémarrer l'industrie de la construction et de faciliter l'accès à la propriété pour les jeunes familles, il subventionnait les projets domiciliaires privés d'envergure un peu partout au pays, mais plus particulièrement dans les grands centres urbains comme Montréal. Le marché hypothécaire étant peu développé pour les particuliers, les promoteurs immobiliers agissaient souvent comme bailleurs de fonds auprès des acheteurs. Image : Intersection des rues Mignault et Senneville, 19 juillet 1962, Archives de la Ville de Montréal
Anne Courtemanche naît en mars 1666 à Montréal. Elle épouse Laurent Archambault de Longue-Pointe en novemb[...]re 1686. Le couple aura 9 enfants, tous baptisés à Pointe-aux-Trembles ou à Montréal puisque la paroisse de Longue-Pointe n’est érigée canoniquement qu’en 1722. Grâce à diverses mentions dans les registres, nous savons qu’Anne Courtemanche pratique le métier de sage-femme, au moins, entre les années 1722 et 1730, soit de 56 à 62 ans. Pourquoi est-elle devenue sage-femme? D’abord, parce qu’elle a accouché de 9 enfants. Ensuite, sans doute en raison du fait que la tante de son mari, Anne, est une sage-femme d’expérience qui a notamment agi à titre d’experte à la cour. À quoi ressemble un accouchement en Nouvelle-France? D’abord, celui-ci se fait uniquement en présence de femmes, fort probablement en position assise. Les sages-femmes utilisent des plantes médicinales comme l’ergot (un champignon parasite des céréales) pour soulager les douleurs et la belladone, un antispasmodique pour éviter les fausses couches. La Nouvelle-France accorde un court congé de maternité à la nouvelle mère durant lequel elle est dispensée de travaux ménagers et du devoir conjugal. À partir de 1703, les sages-femmes sont élues par les autres femmes de la paroisse. Il est donc assuré qu’Anne Courtemanche a été élue au moins de 1722 à 1730. Anne Courtemanche meurt en août 1737. Source image : Metropolitan Museum of Art, Scène d'accouchement, par Abraham Brosse, au XVIIe siècle.
Augustin Tétreault (1847-1919) était un entrepreneur prospère et frère de Pierre Tétreault, co-fondateur [...]de Tétreaultville. Après des années à Saint-Césaire d'où la famille Tétreault est originaire, Augustin Tétreault décide de déménager aux États-Unis en 1870. Accompagné de sa femme Alphonsine Goyette, il s'installe probablement à Butte City, Montana, où sa sœur Julie réside déjà. Quelques années plus tard, ses frères Pierre et Alexandre le rejoignent aussi dans cette région. Après huit ans, Augustin Tétreault retourne en 1878 au Canada avec sa femme et une petite fille née en terre américaine, Annie Tétreault. À son retour, il se lance dans la construction et devient un entrepreneur prospère. Il construit et posséda plusieurs maisons dans le quartier Hochelaga, entre autres sur Dézéry, Ontario et Sainte-Catherine. C'est aussi dans ce rôle qu'Augustin Tétreault construit en 1905 une nouvelle demeure pour son frère Pierre. L'immense manoir de ce dernier, le Château Tétreault, était situé à l'emplacement actuel du Parc Tétreault, sur Notre-Dame. Augustin Tétreault eut aussi une carrière de politicien, après son retour du Montana. Il est élu en 1882 au conseil de la ville d'Hochelaga. Toutefois, sa carrière politique dure seulement un an, car son poste au conseil de la ville d'Hochelaga disparaît lorsque cette dernière se fait annexer par la ville de Montréal en 1883. Vers 1910, il quitte Hochelaga pour Viauville. Il meurt le 8 janvier 1919. Augustin Tétreault est aussi le nom du fils d'Augustin Tétreault. Le fils est connu pour avoir été propriétaire, de 1902 à 1910, du Grand Central Hotel, rue Notre-Dame, angle de Boucherville. Cet hôtel deviendra une épicerie en 1910 pour ensuite fermé en 1917. C'est cette année là où Augustrin Tétreault fils déménage à Viauville, sans doute pour se rapprocher de son père vieillissant. Augustin Tétreault fils meurt d'une angine de poitrine en 1933. Source photo: Famille Tétreault
Emmanuel-Arthur Doucet est un architecte qui a laissé sa marque dans le paysage bâti de Mercier-Ouest et d[...]Hochelaga-Maisonneuve. Né le 16 septembre 1888 à Merrimac au Massachussetts, il passe les premières années de sa vie dans cette petite ville manufacturière où son père, Hercule, travaille comme voiturier. La famille revient à Montréal vers 1899 et s’installe dans le village De Lorimier, rue Fabre. Après des études secondaires et classiques chez les Frères des Écoles Chrétiennes, Doucet termine son parcours académique à l’École polytechnique. Il obtient son titre d’architecte en 1912 et débute sa carrière dans le milieu résidentiel. À partir des années 1920, il se spécialise dans la conception d’édifices institutionnels et religieux. Dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, il signe les plans de l’église Notre-Dame-des-Victoires (1927), du Théâtre Granada (1929), de la Caserne 48 (1931) et du siège social de la Commission des Écoles catholiques de Montréal (1956). En 1921, Doucet épouse Dolorès Bergeron avec qui il eut plusieurs enfants. Dans le contexte de la Crise économique, en 1938, le ministre québécois du Travail, William Tremblay, lui confie le mandat de concevoir un vaste centre sportif et récréatif au sud du Parc Maisonneuve, entre les rues Sherbrooke, Boyce (Pierre-De Coubertin), Pie-IX et Viau. Ce complexe verra le jour sous une nouvelle mouture après la mort de Doucet, survenue le 11 juin 1960. Il passa la majorité de sa vie au 2245 rue Sherbrooke, coin Messier. Source image : Biographies canadiennes-françaises, Emmanuel-Arthur Doucet en 1926.
L'histoire de la Villa Rêverie débute en 1891 lorsque Arthur Caron, marchand montréalais ayant fait fortune[...] à la Nouvelle-Orléans, revient s'installer dans sa ville natale. Il achète du cultivateur François Homier Roy un petit lot qui correspond aujourd'hui au terminal portuaire Norcan, au sud de la rue Notre-Dame, près de la rue Clarence-Gagnon. L'année suivante, en 1892, Caron érige son somptueux domaine d’une superficie de 120 000 pieds carrés. Il comprend une immense demeure briquetée, une écurie, une serre et un aqueduc. Se sachant en fin de vie, en 1899, Arthur Caron cède la terre à sa sœur, Annie, tout en se réservant l'usufruit de la maison jusqu'à sa mort. Précisons qu'Annie Caron est mariée en séparation de biens à Edmond Emond, secrétaire de la Commission des incendies de la Ville de Montréal. Jusqu’en 1909, le couple utilise la maison comme résidence secondaire. De par son mariage avec Annie Caron, Emond peut se présenter aux élections de la Ville de Longue-Pointe et devient conseiller de 1907 à 1910. En 1911, la propriété est vendue à Edmond Guy cofondateur de Guybourg. Prix payé : 45 000$. Il s'y installe avec sa famille, mais meurt en 1916. Dans son testament, Guy lègue la villa à parts égales entre sa femme, Alphonsine Pépin, et ses deux filles célibataires, Assna et Albertina. Cette dernière devient la propriétaire exclusive de la maison après en avoir héritée de sa mère, puis de sa sœur aînée à partir de 1927. Il semble qu'Albertina Guy ait des difficultés financières. En 1933, trois ans après sa mort, la villa et ses dépendances sont saisies par la Ville de Montréal pour recouvrer des taxes foncières impayées depuis plusieurs années. Le rapport d'évaluation précise que la maison, abandonnée, est lourdement endommagée. Elle est détruite avant février 1935, date où la propriété est achetée à l’encan par une compagnie pétrolière pour la modique somme de 5000$. Image : BANQ, Villa Rêverie vers 1902, 6380, rue Notre-Dame est.
Bâtie en 1907, la maison Nicodème-Doyle occupe une position stratégique à Notre-Dame-des-Victoires. Il s'a[...]git de l’une des premières de ce quartier, berceau historique de Mercier-Ouest. La brique rouge, vraisemblablement ajoutée quelques années après la construction, présente des ornementations au-dessus des fenêtres. La partie supérieure de la brique a été remplacée lors de la transformation du duplex en cottage urbain. Le recouvrement arrière est formé de bardages de bois. Né à Saint-Gabriel, près de Berthierville, Nicodème Doyle s'installe à Hochelaga vers 1900 où il travaille comme machiniste dans une usine indéterminée. De son mariage avec Jessie Desfossés, naissent onze enfants. En 1906, Doyle prend connaissance d'un nouveau projet immobilier sur les terres du fermier William Brown Dickson à Longue-Pointe. Le 23 juin de la même année, il achète, pour la somme de 1560$ (environ 40 000$ aujourd'hui), trois lots dans le cul-de-sac de la rue Boileau, coin Louis-Veuillot, sur lesquels est érigé un duplex. Ce projet immobilier, créé par des hommes d'affaires impliqués dans le développement de Maisonneuve et Rosemont, est voisin d'une usine ferroviaire, la Montreal Locomotive Works, qui fonctionne à plein régime depuis 1903. Doyle y fera sa carrière, toujours comme machiniste. Nous savons qu'il touchait un salaire moyen pour un ouvrier qualifié. En effet, au recensement de 1911, il déclare 884$ par année. En 1923, Doyle fait construire un second duplex sur les lots adjacents (2909-2911 rue Louis-Veuillot) dans lequel il emménage. Il meurt à Notre-Dame-des-Victoires en 1951. Image : AHMHM, 2801 rue Louis-Veuillot, 30 octobre 2020.
Spécialisée dans la fabrication de munitions, l’International Manufacturing ouvre une usine à Longue-Poin[...]te, rues Notre-Dame et Clarence-Gagnon, en 1917 lors de la Première Guerre mondiale. La compagnie est dirigée par des hommes d'affaires new-yorkais qui profitent de la participation du Canada à la guerre et des infrastructures d'exportation très développées à Montréal pour écouler leurs produits sur le marché européen déchiré par les conflits. La construction de l'usine de Longue-Pointe débute au printemps 1916 alors qu'International Manufacturing n'a pas d'existence légale au pays. Une grève des briqueteurs interrompt les travaux en novembre, ce qui reporte l'ouverture de l'usine à l'hiver 1917. Le bâtiment se démarque par son architecture atypique. La structure briquetée est formée de triangles acutangles laissant autrefois paraître des puits de lumière. Ces derniers seront recouverts de bardages d'acier lors de rénovations, tout comme une bonne partie de l'édifice. Cette solution économique permettait de repousser le remplacement de la brique. L’histoire de cette usine est éphémère; l'atténuation des combats en Europe entraîne des licenciements. En janvier 1918, on y recense 500 journaliers, six fois moins qu'au début de la mise en service. Finalement, en 1923, l’International Manufacturing ferme ses portes. Image : AHMHM, Ancienne usine International Manufacturing, 13 novembre 2020. 6251 rue Notre-Dame Est.
La maison Lucien-Viens, somptueuse demeure dans le quartier Notre-Dame-des-Victoires, trône fièrement au coi[...]n des rues Desaulniers et Louis-Veuillot. Impossible de ne pas la remarquer. Elle fut érigée en 1939. L’utilisation de la pierre maçonnée à l'ancienne était un style convoité par la petite bourgeoisie montréalaise des années 1930 et 1940. Dernier de la fratrie, Lucien Viens naquit à Saint-Guillaume d'Upton en 1908. Après un cours classique au Séminaire de Nicolet, il fit ses études en médecine à l'Université de Montréal d’où il gradua en 1935. Outre sa profession, Viens fut aussi baryton et soliste, notamment pour la Société Saint-Jean-Baptiste. Il faisait partie de l'orchestre Paul Robin et ses Canadiens. En janvier 1939, Viens acheta d'une veuve et d'un révérend franco-américain absent les deux lots sur lesquels sera bâtie la maison. On peut dire qu'il a laissé sa trace dans l'histoire de Notre-Dame-des-Victoires. En plus de s’occuper de l’accouchement des femmes du quartier, il opérait avec un collègue dentiste un petit hôpital privé en face de son domicile. En ce qui concerne sa maison, elle fut vendue en 1954. Il faut croire que cette transaction s'est faite à regret puisque Viens la racheta cinq ans plus tard. Vers 1962, sa femme et lui déménagèrent dans un duplex de l'avenue de Carignan, près du boulevard Rosemont. La maison fut par la suite louée et achetée par le locataire en 1966. Lucien Viens est décédé en Floride le 11 août 1991. Images Vignette : AHMHM, fonds Michel Berthiaume. Michel Berthiaume et sa mère devant la maison du docteur Viens, vers 1942. Texte : AHMHM, Photographie prise du côté de la rue Louis-Veuillot, 4 octobre 2020.
L'immeuble présente des caractéristiques architecturales typiques des débuts de Guybourg: mode de construct[...]ion en fond de lot, utilisation du bardage de bois pour le recouvrement, structure en carrés de madriers. L'aspect modeste de l'immeuble se démarque des autres du même âge dans le quartier, briquetés pour la plupart, tout en s'uniformisant avec les maisons des Vétérans qui dominent ce tronçon de la rue Duquesne, entre Ontario et Dubuisson. Il témoigne en outre des moyens limités avec lesquels les familles ouvrières pouvaient accéder à la propriété au début du 20e siècle. L'histoire de cet immeuble, érigé en 1923, est associée à la personne de Joseph Lauzé. Né à Notre-Dame-des-Anges en 1874, il quitte le nid familial au début de la vingtaine. En 1899, année de son mariage, il œuvre comme journalier à Saint-Paul-d'Abbotsford, près de Granby. Dix ans plus tard, il s'installe au 994 Deuxième avenue (aujourd'hui 3116 rue Lacordaire) dans une coquette shoebox louée 40$ par année à la Compagnie de Construction du Saint-Laurent qui développe à ce moment cette partie de Mercier-Ouest. En 1911, il travaille 55 heures par semaine comme charpentier-menuisier à la Montreal Locomotive Works, rues Dickson et Notre-Dame, et gagne 938$ par année. Un salaire supérieur à la moyenne. Lauzé devient propriétaire de la maison sur la rue Lacordaire en 1914 et y restera jusqu'à la fin de ses jours. En soi, on peut considérer les Lauzé comme une famille souche du quartier Notre-Dame-des-Victoires et de Mercier-Ouest plus généralement. Joseph Lauzé occupera par la suite plusieurs fonctions, dont mécanicien de chantier et marchand de bois et charbon. En 1918, il se porte acquéreur du lot sur lequel sera construit, cinq ans plus tard, le 2180 Duquesne qui est destiné à la location. Son locataire lui achète la propriété en 1927. Un prolongement en shoebox a été ajouté en 2006. Images Vignette : AHMHM, Vue arrière du bâtiment, 31 mai 2020. Il s'agit de la partie ancienne. Texte : AHMHM. Vue en façade avec le prolongement en shoebox, ajouté en 2006. Photographie prise le 22 octobre 2020.
Située sur la rue Monsabré, entre Sherbrooke et Jumonville, la maison Joseph-Prosper-Thériault est la deuxi[...]ème plus âgée de la partie septentrionale du quartier Mercier, mieux connue sous l'appellation Louis-Riel. Elle a préservé son cachet d'origine, exception faite de la brique en façade qui fut ajoutée ultérieurement. Ce shoebox, qui occupe un terrain de bonne dimension, comptait jusqu'à la fin des années 1960 une remise extérieure qui servira plus tard de garage. Né à Sainte-Béatrix en 1872, Joseph Prosper Thériault s'installe à Hochelaga vers 1890. Il fait carrière comme épicier. En 1891, on le retrouve au 35 rue Sainte-Catherine (3295) à quelques pas de la rue Darling. L'année suivante, il unit sa destinée à Anna Roy, originaire de L'Ange-Gardien, avec qui il aura cinq enfants. En 1896, la famille déménage au coin de la rue Davidson. Comme plusieurs commerçants, Thériault profite de la vague d'expansion et de spéculation qui touche les banlieues montréalaises comme Longue-Pointe au début du 20e siècle. Entre 1908 et 1920, il achète plusieurs lots de la Compagnie de Construction de St-Laurent qui développe à ce moment les rues Dickson à Louis-Veuillot. Il érige en 1909 un triplex, coin Monsabré et Boileau, où il déménage son épicerie. Les deux autres étages accueillent la première école Notre-Dame-des-Victoires. On peut donc dire que Thériault est un pionnier de ce qui formera le cœur historique de Mercier-Ouest. À l'automne 1912, c'est au tour de la maison shoebox qui porte son nom d'être mise en chantier dans la partie nord de ce projet immobilier, rue Monsabré, voisine de la carrière Dickson, exploitée par l'entrepreneur Robert Clarence Dickson pendant une vingtaine d'années. Joseph Prosper Thériault habite le shoebox pendant quelques mois, puis le met en location jusqu'à sa vente en 1918. Il connaît par la suite de sérieux problèmes financiers et se fait même saisir des terrains pour taxes municipales impayées. L'épicerie de la rue Boileau est fermée en 1931. Joseph Prosper Thériault termine ses jours sur la rue Cartier, en 1952. Image : AHMHM, Maison Joseph-Prosper-Thériault, 11 novembre 2020 ; 4450 rue Monsabré.
Érigée en 1911 rue Bossuet, la maison Alfred-Patrie fait partie des plus belles habitations de Notre-Dame-de[...]s-Victoires. À ses débuts, le bâtiment prenait la forme d’un duplex sans distinction particulière outre sa brique chamois. On retrouve cette couleur élégante sur d'autres bâtiments emblématiques dans le quartier, notamment la caserne 39 et la maison Odilon-Guy, rues Marseille et Cadillac. On sait que l'édifice était habité par la famille Patrie à partir de 1911 sans qu’il soit pour autant complété. Ce n'est qu'en 1914 que le bâtiment est terminé et qu'un premier locataire emménage à l'étage. Les principaux éléments distinctifs comme la tourelle, la galerie, le balcon et le grenier ont été ajoutés dans les années subséquentes. Alfred Patrie (1855-1921) commence à travailler à l'âge de 10 ans dans les usines de chaussures. Militant au sein de l'Union des cordonniers dès les années 1870, il joue un rôle important dans la syndicalisation de cette industrie. C'est dans ce contexte qu'en 1889, il témoigne à la Commission royale d'enquête sur les relations entre le capital et le travail. Comme la plupart des autres témoins, il met en lumière les principales conclusions du rapport, soit les conditions de travail inhumaines des ouvriers, l'exploitation des femmes et des enfants et l'existence d'un système patronal de représailles visant à purger toute forme de syndicalisme. Paradoxalement, dans les années suivantes, Alfred Patrie devient contremaître d'usine. En 1911, son salaire annuel atteint 1560$, trois fois celui d'un ouvrier non qualifié. Cette année-là, il achète de la Compagnie foncière suburbaine, à l'origine du projet de Guybourg, le lot sur la Bossuet (anciennement Roberval). Image : AHMHM, Maison Alfred-Patrie, 2001; 2747-2749 rue Bossuet.
Du côté ouest de la rue Dickson, à Notre-Dame-des-Victoires, on remarque 24 duplex jumelés en rangée. C'e[...]st chose rare avant 1945. Habituellement, les promoteurs fonciers se contentaient de subdiviser des terres agricoles en parcelles et de les revendre à des particuliers qui à leur tour, érigeaient ce qu'ils voulaient selon certaines modalités contractuelles. Quelques cas de promoteurs-constructeurs ont été identifiés dans l'histoire de l'Est de Montréal, notamment les maisons Hudon d'Hochelaga, mais rarement de cette ampleur. Érigés par la Montreal Industrial Land Company, les duplex se concentrent entre les rues Boileau et Chauveau. Cette entreprise immobilière, créée en 1911, était contrôlée par des intérêts américains. Parmi les actionnaires majoritaires, on compte Percy Avery Rockefeller de la célèbre famille new-yorkaise. En 1925, la Montreal Industrial Land fait l'acquisition de l'immense lot no. 20 qui correspond au côté ouest de la rue Dickson entre les rues Notre-Dame et Sherbrooke. La conception des duplex (5½), vendus au prix assez élevé de 6000$, est confiée à l'architecte Alphonse Piché (1874-1938) qui fait carrière dans les domaines institutionnel et commercial. La construction des bâtiments débute au printemps 1926 et se termine à l'automne. Les dirigeants de la Montreal Industrial Land misent sur des arguments de vente conventionnels : accès au tramway, proximité de Maisonneuve et des grands employeurs de Longue-Pointe (Montreal Locomotive Works, Vickers, Vulcan Cement). À leurs débuts, les duplex sont habités principalement par des familles anglophones qui représentent le dixième de la population de Notre-Dame-des-Victoires au recensement de 1921. Image : AHMHM, Devant le 2861-2863 rue Dickson vers 1930.
Dès 1926, plusieurs villes au Québec se dotent de pépinières dont Saint-Hyacinthe et Outremont qui font fi[...]gure de pionnières. Le mouvement tarde, pourtant, à gagner Montréal. Il faut, en effet, attendre l’après-Guerre pour que l’administration de la métropole, alors dirigée par Camilien Houde, décide d’établir une pépinière municipale. À cette époque, le territoire montréalais connait une expansion urbaine fulgurante, ce qui fait exploser la demande en arbres et arbustes. Pour répondre à ce besoin, la Ville est contrainte de faire appel à des pépinières ontariennes. Afin de s’affranchir des fournisseurs privés, le projet d’une pépinière municipale voit finalement le jour au début du printemps 1948. Mené par le conservateur du Jardin botanique, Henry Teuscher, un site est proposé dans la partie nord-ouest du quartier Mercier, entre les rues de Jumonville, Duquesne , Carignan et le boulevard Rosemont. S’étendant sur 12 hectares, la pépinière municipale est établie sur des terrains saisis pour taxes impayées. Les travaux d’aménagement commencent en 1949. En avril 1950, on nomme Jean Huc, contremaître au Jardin botanique et diplômé de l'Institut agronomique de Paris, à la tête de la nouvelle pépinière. Le mois suivant, près de 5000 arbres sont plantés. On y trouve des érables de Norvège, pommiers ornementaux, chênes, frênes, tilleuls et épinettes. Il faudra attendre une dizaine d'années avant que la pépinière soit autosuffisante. Dans l'intervalle, la Ville continue à s'approvisionner auprès de fournisseurs privés. L'espace vient rapidement à manquer. En 1966, la pépinière est déménagée à Terrebonne. Depuis 2001, elle se trouve dans la ville de L'Assomption. Image : Archives de Montréal, Vue aérienne de la pépinière municipale en 1960. Le secteur, connu aujourd'hui sous l'appellation Louis-Riel, est en pleine expansion.
Créé le 12 janvier 1967, le parc Jean-Amyot (1625-1648) est nommé à la mémoire du premier athlète connu [...]en Nouvelle-France. Cet espace est un lieu de rassemblement emblématique dans Mercier-Ouest. Sa position stratégique près de l'école secondaire Édouard-Montpetit lui assure une fréquentation constante. Le parc occupe le quadrilatère formé par l'avenue de la Pépinière et les rues de Marseille, Pierre-De Coubertin et Duquesne. Il fut constitué à partir d'une lisière de terre saisie pour taxes foncières impayées en 1938. À cette époque, la saisie de terrains impayés est un outil de planification urbaine régulièrement utilisé par la Ville de Montréal pour encourager l'étalement urbain sur son territoire. La lisière de terre, comprise entre les rues Hochelaga et Sherbrooke, devait former un projet immobilier mort-né surnommé Beacon Development. En 1967, le parc n'est qu'un terrain vague. L'aménagement prendra du temps. Dans le contexte, d'aménagement intensif des parcs aux abords des écoles, la pataugeoire (reconstruite à l'été 2020), le terrain de pétanque et l'énorme chalet de style maison canadienne sont érigés en 1975. Deux ans plus tard, en 1977, c’est au tour du verdissement, des terrains de base-ball et des jeux pour enfants de voir le jour. Ces derniers ont été modernisés et bonifiés dans les années 1990. Image : Archives de Montréal, VM94-B209-167. Vue aérienne du parc Jean-Amyot, 2 septembre 1976.
Louis Normant du Faradon (1681-1759) est un personnage important dans l'histoire de Mercier. Né à Chateaubri[...]ant en France, il fait ses études en théologie au séminaire d'Angers. En 1706, il entame une brillante carrière au sein de la Compagnie de Saint-Sulpice, à Paris. Les Sulpiciens, présents à Montréal depuis 1657, deviennent seigneurs de l'île en 1663. À sa requête, Normant du Faradon est envoyé en 1722 au séminaire montréalais pour seconder le supérieur François Vachon de Belmont (1645-1732), alors très âgé. Il est nommé vice-supérieur et procureur de la seigneurie de Montréal. Toujours en 1722, il recommande la création d’une nouvelle paroisse, Saint-François-d'Assise-de-la-Longue-Pointe, pour desservir la population grandissante des concessions faites dans les côtes Saint-François (Mercier) et Saint-Léonard (Anjou). Cette dernière, dont les registres ouvrent en 1724, prend forme dans le cadre d’un découpage paroissial à l’échelle de la colonie. En 1731, Normand du Faradon présente l'aveu et dénombrement de l'île. Ce document, très important dans l’histoire de Montréal, recense avec précision la population. L'année suivante, il devient le supérieur des Sulpiciens montréalais. Son décès survient le 21 janvier 1759, huit mois avant le début de la Conquête. Une petite rue porte son nom à côté de la Place Versailles. Image : Archives de Montréal ; Louis Normant du Faradon, dessin réalisé par Aegidius Fauteux en 1931.
Comprise entre les rues Dickson, Hochelaga, Desaulniers et Monsabré, cette ruelle occupe une place stratégiq[...]ue dans le quartier Notre-Dame-des-Victoires, cœur historique de Mercier-Ouest. Elle existe depuis 1904 et habitée à partir de l'année suivante. La Compagnie de construction du Saint-Laurent, entreprise immobilière dirigée par des hommes d'affaires liés au développement de la ville voisine de Maisonneuve, acheta de William Brown Dickson la partie nord de ses terres agricoles. Ces dernières, coupées d'est en ouest par la voie ferroviaire, étaient délimitées par le fleuve, le boulevard Rosemont et les rues Dickson et Louis-Veuillot. Le projet de la Compagnie, nommé Parc Terminal, amorça l'urbanisation de Mercier-Ouest. La ruelle fut pavée durant l'âge d'or de l'automobile, en 1951. À ce titre, nos recherches démontrent que 83% des ruelles de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve ont été pavées ou refaites entre 1945 et 1975. Puisque les ruelles formaient à cette époque un appendice du domaine privé et que les coûts de revêtement incombaient par conséquent aux propriétaires riverains, la Ville de Montréal devait obtenir leur accord par référendum. Les démarches pour le pavage de la ruelle commencèrent en 1950. L'année suivante, le contrat fut octroyé à Frank Lapan Limited. Cet entrepreneur franco-américain, basé personnellement et professionnellement à Notre-Dame-des-Victoires, a laissé sa marque dans l'histoire des travaux routiers à Montréal. Il importe de préciser que la ruelle n'a jamais été repavée depuis 1951. Image : AHMHM, 13 août 2020. Vue vers la rue Hochelaga.
La caisse populaire a longtemps été au cœur du noyau paroissial, formé de l'église, de l'école et de plu[...]sieurs associations communautaires. Fondée en 1941, la Caisse populaire Notre-Dame-des-Victoires est la plus ancienne de Mercier. Elle ouvre ses portes le 1er juin dans la salle paroissiale de l'église, rue Boyce (Pierre-De Coubertin), avec un capital de 500$. Pendant quelques années, le curé Edgar Gaudry siège d'office sur le conseil d'administration, présidé par Albert Lacasse, enseignant à l'école secondaire Chomedey de Maisonneuve et paroissien. Le quartier se développe rapidement dans l'Après-Guerre, ce qui se traduit à la caisse par l'adhésion de nouveaux membres. De 1942 à 1950, ses actifs passent de 11 433$ à 217 827$. Conséquemment, en 1951, la caisse achète un terrain en face de l'église pour y construire une succursale et quitter la salle paroissiale. Le bâtiment, inauguré en juin 1952, est agrandi l'année suivante. Il comprend des logements à l'étage du côté de la rue Lacordaire. En 1958, l'actif de la caisse franchit les deux millions de dollars. En 1967, le conseil achète le terrain voisin sur lequel se trouve un duplex qui est démoli. La succursale est reconstruite sur un étage et rouvre au public en 1968. Un ultime agrandissement est réalisé à l'occasion du 50e anniversaire de la caisse, en 1991. À partir de 1998, la caisse est progressivement fusionnée avec d'autres caisses paroissiales des environs, soit Saint-Herménégilde, Marie-Reine-des-Cœurs, Saint-Donat et Notre-Dame-du-Foyer. Depuis 2018, elle est intégrée à la Caisse du Centre-Est de Montréal. Le bâtiment de la caisse populaire Notre-Dame-des-Victoires est démoli en 2013 pour faire place à des condominiums. Source photo : Atelier Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Clara Symes, né en 1845 à Montréal et morte en 1922 à Paris, est une philanthrope et duchesse de Bassano e[...]ntre 1898 et 1922. Elle naît du mariage de George Burns Symes, riche marchand et armateur de Québec, et Marie Anne Cuvillier. Clara Symes devient orpheline suite à la mort de sa mère en 1861, et de son père en 1863. Celui-ci lui laisse une immense fortune. Comme elle n’est pas majeure, sa tante, Luce Cuvillier, devient sa tutrice. Elle doit gérer ses biens et lui trouver un bon parti. Symes réside durant quelques années le long du fleuve Saint-Laurent, dans le territoire qui deviendra la ville de Maisonneuve. La résidence qu’elle acquiert en 1866 se situe au niveau de la rue Haig, au sud de la rue Notre-Dame, et se nomme Elmwood Grove. C’est Lucie Cuvilier, propriétaire d’une villa similaire qui l’incite à s’installer dans la lignée de villas de riche marchands qui se situe sur Notre-Dame à l’époque. Ce domaine, avec façade du côté du fleuve, comporte une grande résidence avec un verger et une serre; le domaine est également traversé par un ruisseau. Clara Symes se verse dans la philantropie comme bien des femmes de la bourgeoisie montréalaise de l'époque. C’est ainsi qu’elle fournit 3 000$ en 1868 au curé Drapeu de la paroisse de Saint-François-d’Assise pour y acheter une terre tout près du Couvent Saint-Isidore. Cette terre accueilla un asile. Symes tient des activités de financements à sa résidence d’Elmwood Grove et finance l’Orphelinant Saint-Arsène de Montréal jusqu’à la fin de sa vie. C’est lors d’un voyage en Europe avec sa tante que Clara Symes rencontre son mari, Napoléon-Hugues Maret, marquis et futur duc de Bassano. Elle l’épouse le 27 août 1872. Symes réside donc en France à partir de ce mariage mais revient occasionnellement au Québec, entre autres pour vendre la Villa d’Elmwood Grove en 1890. En décembre 2004, la ville de Montréal nomme une rue en l’honneur de la duchesse sur une partie dézonée des terres de Saint-Jean-de-Dieu. Image : Musée McCord, Napoléon-Hughes Maret, Clara Symes et leurs filles, 1876.
« Parc Terminal vient encore de voir un incendie détruire de fond en comble deux maisons ; pas de service d[...]incendie et pas d’eau. » Voilà ce que l’on pouvait lire dans le journal Le Canada en mai 1911 à la suite d’un énième incendie aux conséquences désastreuses dans Parc Terminal. Aujourd’hui, mieux connue sous le nom de Notre-Dame-des-Victoires, cette paroisse est annexée à la ville de Montréal en 1910 à l’instar de Longue-Pointe, Beaurivage et Tétraultville. Les infrastructures publiques de ces villages sont pour l’essentiel absentes : il n’y a ni aqueduc ni poste de pompier, ce qui les rend très vulnérables aux incendies. La Ville décide, finalement, de s’attaquer à ce problème et fait construire trois casernes entre 1913 et 1915. Le 8 octobre 1914, en présence d’une foule considérable, on inaugure et bénit le poste de pompiers de Parc Terminal. La caserne est dotée d’une pompe à vapeur, un fourgon à boyaux et un fourgon à échelles. Les écuries peuvent contenir jusqu’à douze chevaux. Construit par l’entrepreneur Théodule Rhéaume selon les plans du célèbre et très important architecte Joseph Venne, la caserne est magnifique et a connu très peu de modifications au cours de son histoire. Elle présente, d’ailleurs, une des caractéristiques importantes du travail de Venne, soit sa tendance à mélanger les esthétiques. Par exemple, la tour de la caserne renvoie au style italianisant alors que la maçonnerie en brique brune rappelle le mouvement Arts and Crafts (concurrent anglo-saxon de l’Art nouveau français et belge). Images Vignette : BANQ, Caserne 39, octobre 1946. Texte : AHMHM, Caserne 39, 2915 rue Monsabré, 2020.
Les Sœurs de la Providence, gestionnaires de l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, ont exploité une i[...]mmense ferme jusqu'aux années 1960. La superficie de leur domaine, constitué progressivement à la fin du 19e siècle, dépassait l'emprise actuelle de l'hôpital. Les terres ont formé une municipalité indépendante de 1898 à 1982, surnommée Gamelin, du nom de la fondatrice des Sœurs de la Providence, Émilie Tavernier (Gamelin). La municipalité de la paroisse de Saint-Jean-de-Dieu était délimitée par l'axe de la rue des Futailles, la montée Saint-Léonard (Autoroute 25), le fleuve et la limite d'Anjou, quelques dizaines de mètres au nord de la rue Pierre-Corneille. Elle jouissait d'un statut spécial dans le système municipal québécois, n'ayant aucun compte à rendre au gouvernement provincial. Le complexe était parfaitement autarcique : bureau de poste, quai, aqueduc, électricité, etc. La ferme des Sœurs était imposante. En 1924 par exemple, on y recensait 300 porcs, 61 vaches, 500 volailles et 23 chevaux. Les récoltes étaient transportées par un tramway. Le bâtiment le plus imposant était sans conteste la porcherie, érigée avant 1907. Après la Seconde Guerre mondiale, les Sœurs entreprirent de liquider l'ensemble de leurs terres en périphérie de l'hôpital. Le processus, entamé en 1958 avec la Place Versailles, s'est terminé au tournant du nouveau millénaire. C'est dans ce contexte qu'en 1963, la porcherie fut vendue au gouvernement du Québec dans le but d'y construire un entrepôt de la Commission des liqueurs (SAQ). L'immeuble fut finalement démoli en 1967. En soi, le démantèlement de la ferme n’est aucunement associé à la construction du pont-tunnel. Une fois les parcelles vendues à des fins industrielles, elles furent annexées par Montréal. Image : BANQ, sur l'image on voit la porcherie dans les années 1910.
Ouverte en 1961, l'école Saint-Donat annexe 2 se trouvait à l’angle des avenues Louis-Riel et Repentigny. [...]Comme son nom l'indique, elle était associée à la paroisse Saint-Donat, érigée canoniquement en 1955, qui couvre à cette époque une partie du secteur Louis-Riel. Le réseau scolaire québécois étant confessionnel jusqu'en 1998, l'attachement paroissial influence naturellement la dénomination des écoles. Dans le contexte du baby-boom et de l'expansion rapide du territoire habité à Montréal, la Commission des écoles catholiques de Montréal (devenue la CSDM) doit faire construire plusieurs dizaines d'écoles selon le même modèle. En 1945, la CECM comptait sur son territoire 99 000 élèves répartis dans 242 écoles primaires et secondaires. Quinze ans plus tard, en 1960, le réseau possède 348 écoles pour 173 000 élèves. Dans le cas de l'école Saint-Donat annexe 2, elle doit desservir les 183 bungalows de la Continental Housing, regroupés entre les rues Sherbrooke, Renty, Repentigny et Mignault. Le secteur connu aujourd'hui sous l'appellation Louis-Riel s’est développé à un rythme fulgurant au début des années 1960; d'autres projets domiciliaires se greffent à Continental Housing, notamment aux pourtours de la pépinière municipale. En réaction, l'archevêché de Montréal crée en 1962 une nouvelle paroisse, Saint-Fabien, qui correspond au territoire de l'école. Cette dernière prend alors le nom de la nouvelle paroisse. Elle sert pendant un certain temps d'annexe à l'école Saint-Fabien, inaugurée en 1965, avant de devenir vacante. En 1982, le bâtiment est vendu aux Pères Montfortins pour y abriter leur couvent. Image : BANQ, École Saint-Donat annexe 2, 1961, 6455 avenue Louis-Riel.
Le docteur Joseph-Pierre Deschatelets (1864-1922) a longtemps habité au 375 rue de Boucherville, entre les ru[...]es Bellerive et Notre-Dame. En 1901, il devient le médecin en chef de l'Asile Saint-Benoît-Joseph-Labre, jadis situé au coin des rues Notre-Dame et de Beaurivage. Parmi ses patients, on compte le poète Émile Nelligan, interné à cet endroit de 1899 à 1925. Avec son collègue, le docteur Villeneuve, Deschatelets desservait les habitants de Longue-Pointe, mais aussi ceux de Montréal-Est, municipalité fondée en 1910. Sa maison, voisine de la mairie du village de Beaurivage-de-la-Longue-Pointe, était construite en bois et recouverte de briques sur tous les côtés à l'exception de la façade en pierre grise. À la mort de Deschatelets, elle fut léguée à son fils, Paul, qui s’empressa de la vendre. Les derniers occupants furent expropriés en 1963 dans le cadre de la construction de la Route transcanadienne (pont-tunnel). Image : AHMHM, fonds Michelle Rivet Champagne. Maison du docteur Joseph-Pierre Deschatelets, 375 rue de Boucherville, vers 1950.
Construit au début des années 1960 au cout d’un million et demi de dollars, le sanctuaire Marie-Reine-des-[...]Cœurs s’intègre dans un complexe plus important - le Centre Marial des Pères Monfortains - qui vient couronner les œuvres montfortaines en terre canadienne ! En 1883, alors que la congrégation des Pères montfortains vient d’être expulsée de la France, l’abbé Rousselot, curé de Notre-Dame de Montréal, leur propose de venir faire œuvre au Canada. Après quelques hésitations, la congrégation accepte de prendre en charge un orphelinat dans les Laurentides. En 1958, la congrégation a sa paroisse avec la fondation de Marie-Reine-des-Cœurs et c’est dans celle-ci qu’ils font construire leur Centre. Le sanctuaire est inauguré lors de la messe de Noël de 1960, mais le complexe n’est terminé qu’en février 1961. Dans celui-ci, on retrouve un sanctuaire dédié à Marie Reine des Cœurs, une maison d'accueil pour une centaine de retraitants; une résidence de prédicateurs; le siège de leur revue « Marie Reine des Cœurs »; le site d'une librairie religieuse spécialisée en mariologie et le siège de l'administration provinciale. Réalisée par les architectes MM. Roux et Morin, les travaux commencent le 17 octobre 1959. Le Centre se démarque par le travail technique de sa construction et par ses décorations de mosaïques qui ont été confiées à Claude Vermette, un artiste québécois de réputation internationale. Le 16 janvier 1966, on inaugure l’installation de l’orgue Casvant, Opus 2855 dans le sanctuaire. Les activités du Centre vont rapidement battre de l’aile et dès les années 1970, le complexe doit être rentabilisé par un service d’hôtellerie. À cela s’ajoute le fait qu’entre 1970 et 1990 27 pères dont la moitié avait moins de 40 ans quittent la congrégation. Image : BANQ, Construction du Sanctuaire Marie-Reine-des-Coeurs et du Centre marial montfortains de Montréal, 5875 Shebrooke Est, Juin 1960.
Des ruelles généreusement bétonnées comme celle-ci, on en trouve treize à la douzaine à Montréal. Elles[...] témoignent d'une époque, celle de la domination de l'automobile dans l'espace urbain et de l'expansion rapide des quartiers constructibles après 1945. L'ère du transport routier explique en grande partie l'asphaltage intensif des ruelles montréalaises. En 1958, Mercier se classe au 4e rang à Montréal sur le plan du nombre d'automobiles par habitant. Située entre les rues Marseille, Carignan, Dugas et Henri-de-Salières, cette ruelle est désignée le 7 décembre 1961. Avant de l'asphalter, il faut toutefois attendre que des investisseurs privés entreprennent le développement du secteur. Malgré la ressemblance des bâtiments, plusieurs entrepreneurs différents y œuvrent entre 1963 et 1966. On y trouve principalement des duplex et appartements de style après-guerre. L'avenue Henri-de-Salières par exemple est lotie par une entreprise spécialisée dans la spéculation foncière, Dipo Investment, basée à Côte-Saint-Luc. Pour sa part, les habitations le long de l'avenue de Carignan sont érigées par un entrepreneur indépendant, Joseph Torti. Les deux ont toutefois un partenaire commun, la Ville de Montréal, qui simplifie le lotissement. Habituellement, jusqu'aux années 1980, le revêtement des ruelles privées est conditionnel à l'approbation de la majorité des propriétaires adjacents. Ce n'est pas le cas pour celle qui nous concerne puisque le terrain a été saisi pour taxes foncières impayées 30 ans auparavant. Le 14 septembre 1966, le contrat d'asphaltage est octroyé à Interstate Paving Company qui est parmi les plus gros joueurs de la voirie à cette époque. Cette entreprise asphaltera aussi la partie menant à la rue Faribault. Image : AHMHM, 24 juillet 2020. Derrière le 2808 avenue Henri-de-Salières.
La ruelle située à l’est de la rue Louis-Veuillot, entre Boileau et Marseille, forme la limite de l’anci[...]enne terre de William Brown Dickson. Elle existe sur papier depuis le 21 novembre 1904, tracée par la Compagnie de Construction du St-Laurent pour son projet du Parc Terminal (Notre-Dame-des-Victoires). Ce projet, dont la frontière ouest correspond à la rue Dickson, s’étend de la voie ferroviaire à la rue Pierre-Bédard. Il faut attendre 1907, année de construction du 2889 Louis-Veuillot, avant que la ruelle ait une réelle existence. La Compagnie de Construction du St-Laurent, à l’instar d’autres promoteurs immobiliers, vend les lots avec droit de passage dans la ruelle pour le transport et l’entreposage du bois et du charbon. Les années 1930 changent radicalement l’aspect des ruelles. Plusieurs propriétaires se procurent une automobile et transforment leur cour arrière en espace de stationnement avec ou sans garage. Rapidement, ils se concertent et exercent des pressions auprès de la Ville de Montréal pour qu’elle prenne à sa charge le déneigement et l’entretien général des ruelles. Cette ruelle a été épargnée par ce phénomène qui s’accentue pourtant dans l’Après-Guerre alors que l’automobile devient plus accessible pour les familles ouvrières. Elle conserve un aspect rudimentaire et son entretien dépend des propriétaires. Seule une petite partie est asphaltée à l’occasion d’un projet domiciliaire sur les rues Marseille et Bossuet. Le contrat est réalisé par l’entrepreneur Roger P. Boucley, très connu dans ce milieu, à l’été 1964. Ce n’est qu’en 1998 que la ruelle est inscrite dans le domaine public. Image : AHMHM, 27 juin 2021. À l'est de la rue Louis-Veuillot, entre Boileau et Marseille.
Érigé en 1907, l’aqueduc de Guybourg se trouvait à l’endroit du 2300 rue Duquesne. L'histoire de cette [...]petite enclave commence en 1906 lorsque Pierre-Zotique Guy, marchand de bois et charbon du village de Longue-Pointe, s’associe avec le cultivateur des lots 28 et 29, Edmond Guy (aucun lien de parenté), récemment retraité. Les deux hommes profitent de la vague de spéculation qui touche les banlieues montréalaises pour subdiviser les terres à des fins de développement urbain. Le projet de Guybourg, le « bourg » (ville) aux Guy, est né. Trois rues sont tracées du fleuve à Saint-Léonard: Roberval (Bossuet depuis 1916), Cadillac et Duquesne. Toujours en 1906, Pierre-Zotique et Edmond Guy, regroupés dans la Compagnie foncière suburbaine de Montréal, négocient un contrat d’exploitation avec la Ville de Longue-Pointe (1907-1910) pour fournir l’eau à Guybourg pendant une période de 35 ans. L’aqueduc est un argument promotionnel très important au début du 20e siècle. Il sert, bien évidemment, à approvisionner les foyers en eau potable, mais aussi (et peut-être surtout), à permettre aux propriétaires de s’assurer contre le feu. Avec l’accroissement démographique, les petits aqueducs de villages montrent rapidement des signes de faiblesse; au recensement de 1911, on compte déjà 51 familles à Guybourg. À l'été 1912, une rupture d’approvisionnement oblige la Ville de Montréal, qui a annexé la Ville de Longue-Pointe deux ans plus tôt, à rompre le contrat d’exploitation de la Compagnie foncière suburbaine. L’aqueduc est acheté en 1913 pour la somme de 25 000$, mais sa durée de vie est courte. Trois ans plus tard, Guybourg est déjà connecté au grand réseau d'eau montréalais. L’ancien aqueduc est détruit en 1923. Image : La Patrie, Aqueduc de Guybourg en 1909. 2300 rue Duquesne.
Situé au coin des rues de Jumonville et Bossuet, ce bâtiment a logé deux institutions importantes dans l’[...]histoire de Mercier. Au rez-de-chaussée, on retrouvait la caisse populaire Marie-Reine-des-Cœurs, fondée en 1959 et associée à la paroisse du même nom. Profitant de la croissance rapide du secteur, la caisse, située d’abord au 5995 rue de Jumonville, décide de construire une nouvelle succursale. Elle fait l’acquisition du terrain au coin de la rue Bossuet en 1961. Les travaux débutent toutefois en 1965 en prévision d’un déménagement à la fin de l’année. Au même moment, la Ville de Montréal, dirigée par Jean Drapeau, envisage la construction de bibliothèques dans les quartiers en développement. C’est dans ce contexte que l’étage du bâtiment de la caisse populaire est loué pour y installer la Bibliothèque de Jumonville, première bibliothèque de Mercier. Inaugurée le 21 février 1966, elle compte à l’origine 7400 livres pour enfants. Une collection pour adultes s'y greffe plus tard. La bibliothèque de Jumonville ferme ses portes quelques mois avant l'ouverture de la nouvelle bibliothèque Langelier, en 1980. La caisse populaire en profite pour rénover entièrement le bâtiment et lui donner son apparence actuelle. Elle y restera jusqu’en 2001, année où la caisse fusionne avec celle de Notre-Dame-du-Foyer pour devenir la caisse populaire du Nouveau-Rosemont. Depuis 2002, le bâtiment est occupé par le Centre de la petite enfance Carcajou. Image : Archives de Montréal, Caisse populaire Marie-Reine-des-Cœurs et bibliothèque de Jumonville, 3 février 1966.
Contrairement à la très grande majorité des hôtels dans Mercier au début du 20e siècle, l’Hôtel Otis [...]est situé rue Monsabré et non pas le long de la rue Notre-Dame. Joseph Otis est né à La Malbaie et il y épouse Marie Warren en 1864. En 1892, il déménage avec toute sa famille dans Hochelaga. Il travaille comme menuisier pendant de nombreuses années. En 1908, alors que son fils Antonio est à la tête d’un hôtel rue Dorchester Ouest, Joseph ouvre lui-même un hôtel à l’angle de Lacordaire et Souligny à proximité de la ligne de tramway et du chemin de fer du Canadian Northern. Un arrêt du tramway est d’ailleurs tout près de l’hôtel. Une histoire rocambolesque faillit lui coûter la vie. En effet, le 30 août 1909, alors qu’il était avec un client, Camille Brien, il est attaqué à coups de bouteille et de matraque par un malfaiteur tandis qu’un complice fait feu à quatre reprises sur M. Brien. Joseph Otis réussit à sortir de l’hôtel et à faire fuir les assaillants. Il en sera quitte pour des coupures et des ecchymoses. En juillet 1911, il achète les lots 21-54 et 55 qui se trouvent rue Monsabré, tout juste au nord de Souligny. Il construit un bâtiment de 2 étages avec hôtel au rez-de-chaussée et logement à l’étage. Ce bâtiment devient donc l’hôtel Otis au 407, rue Monsabré (aujourd’hui le 2263). On peut deviner l’adresse sur une des photos ci-dessous. En plus, des assemblées électorales se tiennent dans une salle de l’hôtel. En septembre 1916, Joseph Otis perd la propriété des terrains et devient le locataire du nouveau propriétaire. L’hôtel ferme ses portes en 1918 et le local est transformé d’abord en restaurant puis en boutique de plomberie. L’édifice est définitivement transformé en logements en 1930. Dans les dernières années d’existence de l’hôtel, Antonio Otis, fils de Joseph, lui prêtera main forte pour la gestion du commerce. Joseph Otis meurt le 16 mars 1922 à l’âge de 80 ans. Il est inhumé au Repos St-François-d’Assise. Image : AHMHM, collection Michel Berthiaume. Joseph Otis et sa famille vers la fin des années 1870.
Le complexe de Saint-Jean-de-Dieu s'étendait du fleuve à la limite d'Anjou, entre les rues Beauclerk et l'ac[...]tuelle Autoroute 25. Il fonctionnait en parfaite autarcie. Il avait, ainsi, son propre système d'eau potable. Vers 1892, une tour de pompage de six étages fut érigée en bordure du fleuve, entre les rues de Boucherville et Bruneau (près de l'actuel pylône d'Hydro-Québec). Fait important à noter, la rue de Boucherville était adjacente à la rue Curatteau avant la construction du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. La tour puisait l'eau dans un puits artésien. Déjà à cette époque, la pollution du Saint-Laurent était connue des riverains; s'y abreuver directement était donc inconcevable. La tour était dotée d'un système de filtration à la haute pointe de la technologie offerte dans les années 1910. En 1923, sa capacité pouvait atteindre 750 000 gallons par jour. En comparaison, l'usine Atwater de Montréal, ouverte en 1918, avait un débit de pompage de deux millions de gallons pour toute la ville. La tour fut démolie vers 1954. Image : AHMHM, Aqueduc de Saint-Jean-de-Dieu, vers 1920. 7410 rue Notre-Dame est.
Le 24 juillet 1701, après un voyage d’un mois et demi, l’expédition d’Antoine de Lamothe Cadillac arri[...]ve dans un endroit qui deviendra la ville de Détroit. Les engagés Pierre Desautels dit Lapointe et Gabriel Aubuchon de la côte Saint-François (Mercier) en font partie. Le départ s’est fait de Montréal le 5 juin et comptait 52 engagés, 50 soldats français, Cadillac et son fils, deux nobles et deux religieux. On érige immédiatement le fort Pontchartrain et deux jours plus tard, on commence la construction de l’église Sainte-Anne. Pierre Desautels est né en 1677. Il épouse Angélique Thuillier en 1699. Par son mariage, il hérite du futur lot #20 (côté ouest de la rue Dickson). Contrairement aux autres engagés qui sont célibataires, le fils aîné de Pierre Desautels n’a que quelques mois lorsque celui-ci part pour Détroit en 1701. Il y fera deux autres voyages, l’un en 1703 et l’autre l’année suivante. Le dénombrement de 1731 nous indique que Pierre Desautels possédait un moulin à scie. Une partie du ruisseau de la Grande Prairie (ruisseau Molson) coule sur sa terre. Deux de ses fils s’engageront également pour la traite des fourrures en 1729. Pierre Desautels meurt en 1753. La toponymie conserve la mémoire de cette famille. En 1841, Nicolas Desautels dit Lapointe cède le lot 42 à la paroisse Saint-François-d’Assise. Le boulevard Desautels y est tracé en 1913. C’est sur la partie nord de cette terre qu’est créé en 1916 le Cimetière de l’Est (maintenant le Repos Saint-François-d’Assise). À la même époque, les fils d’Hormidas Lapointe, qui héritent du lot 396, vont nommer Lapointe une des trois rues du lot. Le voyage à Détroit en 1701 est le seul engagement de Gabriel Aubuchon. Il meurt célibataire deux ans plus tard. Il est le fils de Jean Aubuchon, mort assassiné en 1685. Ses quatre neveux seront parmi les premiers colons de Kaskakia dans l’Illinois et à l’origine de la branche américaine de la famille. Image : Loraine DiCerbo, French-Canadian Historical Society of Michigan. Liste des 52 engagés pour l'expédition de Détroit en 1701. Plaque apposée en 2001 lors du tricentenaire de la ville.
Le 18 novembre 1941 mourait à Saint-Jean-de-Dieu (aujourd’hui l’Institut universitaire en santé mentale [...]de Montréal) Émile Nelligan. Celui que l’on peut qualifier de premier grand poète québécois de l’ère moderne est né le 24 décembre 1879. Membre de l’École littéraire de Montréal, sa carrière poétique ne dura que trois ans, soit de 1896 à 1899. Héritier des poètes symbolistes français et fasciné par l’univers glauque d’Edgar Allen Poe, son œuvre compte quelque 170 poèmes parmi lesquels les plus célèbres sont «Soir d’hiver», «La Romance du vin» et le «Vaisseau d’or». Nelligan connaît son chant du cygne à une séance de l’École littéraire du 26 mai 1899 où la foule est en délire après la lecture de trois poèmes dont «La Romance du vin». Parce qu’il est atteint de schizophrénie et qu’il sombre dans une profonde dépression, son père le fait interner à l’Asile Saint-Benoît-Labre, rues Notre-Dame et de Beaurivage, le 9 août suivant. En 1925, il est transféré à Saint-Jean-de-Dieu où il demeurera jusqu’à la fin de sa vie. Il est inhumé au cimetière Côte-des-Neiges. Ses œuvres sont rassemblées et publiées une première fois par Louis Dantin en 1904. De multiples rééditions continueront de paraître jusqu’à nos jours. Plusieurs de ses poèmes seront mis en musique par des artistes québécois. Il existe également un opéra, Nelligan, sur un livret de Michel Tremblay et une musique d’André Gagnon. Image : BANQ, Émile Nelligan à l’Asile Saint-Benoît-Labre, 1919.
Le 2 juin 1906 s’ouvre dans Mercier le plus grand parc d’attractions au Canada : le Parc Dominion. Dans le[...]s journaux, on peut lire que 10 000 personnes ont assisté à son ouverture et que le lendemain - un dimanche - ce sont 40 000 personnes qui se rendent au parc d'attractions ! Derrière ce projet se trouve un promoteur américain, Harry A. Dorsey, déjà, propriétaire de parcs d’amusements aux États-Unis. Pour assurer le succès du parc Dominion il s’associe à la Suburban Tramway Corporation pour former la Dominion Park Limited. Les succès du parc sont, en effet, intimement liés au prolongement du tramway sur Notre-Dame E. ce que la Suburban réussira tout juste à temps pour l’ouverture du parc. Contrairement aux deux autres parcs d’attractions de Montréal (le Parc Riverside et le Parc Sohmer) qui offrent surtout des numéros de vaudeville et de cirque, les attraits principaux du Parc Dominion sont les manèges dont le « Shoot the Chutes », un ancêtre de « La Pitoune », et le « Scenic Railway » (montagnes russes) et la grande roue. Les attractions sont installées dans des pavillons thématiques comme la « Maison fantastique » (maison des horreurs), « L’incubateur de bébés » qui permettait aux gens d’observer des infirmières s’occupant de nouveau-nés ou « L’inondation de Johnston » qui recréait une tragédie en Pennsylvanie ayant fait plus de 2 200 victimes en 1889. Le complexe comportait un restaurant avec permis d’alcool, un des rares dans Mercier. L’histoire du Parc Dominion est ponctuée par plusieurs incendies dont le plus tragique survint le 10 août 1919. Il fera 8 victimes, dont plusieurs adolescents restés prisonniers dans un tunnel. À partir de 1923, le Parc Dominion doit affronter un concurrent de taille, le Parc Belmont. La crise économique des années 1930 lui porte un dur coup. Contrairement à ce que l’on peut lire, la dernière année d’opération n’est pas en 1937, mais 1938 comme en témoigne la publicité ci-dessous. Le Parc Dominion est démoli en avril 1940 et à la fin de cette année, la Ville de Montréal se porte acquéreur des terrains. Il est plusieurs fois question d’en faire un parc public pour donner un accès au fleuve. Finalement, la Ville de Montréal y fera construire le Centre d’entraînement du Service des incendies, inauguré en juin 1963. Image : BANQ, Entrée du Parc Dominion en forme d’Arc de triomphe, 6700, Rue Notre Dame E.
La rue Dickson rappelle le nom de William Brown Dickson (1836-1928). D’origine irlandaise par son père et [...]cossaise par sa mère, il arrive au Canada avec sa sœur Lucinda en 1846. Est-il un orphelin de la famine de la pomme de terre ou a-t-il perdu ses parents durant la traversée? Nous n’avons pas la réponse à cette question. Il est peut-être aussi accueilli par des familles anglophones comme bon nombre d’orphelins de l’époque. Quoi qu’il en soit, nous le retrouvons à Longue-Pointe en 1861 où il est agriculteur. Il y habite avec sa sœur. Le 21 juin 1871, il épouse Clarissa Leney, une des petites filles du célèbre graveur anglais William Satchwell Leney qui meurt à Longue-Pointe en 1831. Avec Clarissa, William B. Dickson élèvera une famille de 5 enfants. William B. Dickson sera longtemps secrétaire de l’école protestante de Longue-Pointe qui se trouvait à cette époque face à la villa Elmwood. Cet endroit est occupé aujourd’hui par des citernes à côté du Centre d’entraînement des pompiers, rue Notre-Dame. Vers la fin des années 1880, le salaire d’une institutrice est de 18 $ par mois pendant une période de 10 mois, hébergement non compris. Au début du 20e siècle, la partie ouest de Longue-Pointe est recherchée pour ses terres à bon marché et sa proximité avec Maisonneuve par les entreprises qui veulent y construire une usine ou par les promoteurs fonciers. C’est ainsi que Dickson s’assurera d’une bonne retraite en vendant d’abord la partie sud de sa terre à la Locomotive & Machine Company Ltd (plus tard la Montreal Locomotive Works) pour la somme de 39 500 $. Deux ans plus tard, il vend la partie au nord de la voie ferrée (actuellement avenue Souligny) à la Compagnie de construction St-Laurent pour son projet du Parc Terminal. Quatre rues nord-sud sont tracées. La plus à l’ouest sera nommée rue Dickson et les autres de la 1re à la 3e Avenue (aujourd’hui Monsabré, Lacordaire et Louis-Veuillot). La vente se fera pour la coquette somme de 60 000 $. On comprend facilement que Dickson pourra vivre confortablement le reste de sa vie…à Westmount. Il meurt en septembre 1928. Son fils Robert C. sera conseiller de Longue-Pointe de 1908 à 1909. Image : Montreal Locomotive Works au centre de la photo le long de la rue Dickson en 1954; copyright BAnQ
La pandémie a eu de dures conséquences et certains ont été contraints à s’installer dans un camp de for[...]tune, rue Notre-Dame Est près du pont Jacques-Cartier. Ce phénomène n’est pas sans rappeler la crise économique des années 1930. À cette époque, les refuges comme le Refuge Meurling, au nord de Moreau, débordent et ne peuvent servir tout le monde. Des chômeurs, surtout des hommes célibataires, sont contraints de s’installer dans des camps de fortunes. Le 19 novembre 1932, par exemple, un reportage sur un camp de chômeurs à Longue-Pointe, installés au sud de Notre-Dame vis-à-vis la rue Lyall, est publié dans La Presse. Cette petite « colonie » regroupe une quinzaine de cabanons où habitent 17 chômeurs célibataires. Pour ces derniers, les conditions de vie sont très difficiles. Jusqu’en 1932 ils n’ont pas droit aux secours directs ni aux emplois pour les travaux publics. Après 1932, bien qu’ils puissent être employés lors de travaux publics, on donne la priorité aux pères de famille. Finalement, ces chômeurs célibataires sont vus comme une menace de désordre et un terreau fertile pour le communisme. Selon le reportage de la Presse, dans le camp de Longue-Pointe l’organisation n’est pas collective : chacun ne peut compter que sur soi. On connaît le nom des voisins, mais sans plus. Les cabanons sont bâtis de tôles et de planches et meublés d’articles trouvés au dépotoir municipal. Les chômeurs chauffent avec du mauvais charbon ou des dormants de chemins de fer. Les sœurs de la Providence de l’Asile St-Jean de Dieu leur fournissent des vêtements et de la nourriture. D’autres, comme les Pères franciscains de Rosemont et quelques marchands des environs, leur apportent aussi de l’aide. Nous ne savons pas comment l’histoire du camp de Longue-Pointe s’est terminée et même si les chômeurs ont réussi à passer l’hiver 1932-33. Image : Le cabanon de Paul Coderre, ancien peinte de couvertures et de clochers, au camp de Longue-Pointe. La Presse, 19 novembre 1932, p. 27.
Si les Québécois sont si friands de pâtes alimentaires, c’est en grande partie grâce à Carlo Onorato Ca[...]telli (1849-1937), fondateur de la célèbre entreprise qui porte son nom. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, on trouve dans Mercier-Ouest une usine Catelli, voici cette histoire. En 1867, à l’âge de 18 ans seulement, Carlo Onorato Catelli ouvre une usine de fabrication de pâtes alimentaires, rue St-Paul dans le Vieux-Montréal. Les débuts sont modestes, mais l’entreprise voit son chiffre d’affaires augmenter considérablement lorsque Catelli obtient le contrat pour nourrir les ouvriers chinois qui travaillent à la construction du chemin de fer du Canadien Pacifique dans l’Ouest canadien. Catelli décide de s’intégrer aux milieux d’affaires canadiens-français et c’est pour cette raison qu’il change son nom en Charles-Honoré Catelli. Il fera sa marque puisqu’il est élu président de la toute nouvelle Chambre de commerce de Montréal en 1906-07. La Cie C.H. Catelli déménage en 1905 au 305, rue Dandurand. Charles-Honoré Catelli connait un revers de fortune lorsque les difficultés économiques occasionnées par la Première Guerre le forcent à vendre son entreprise en 1917. Elle sera intégrée en 1928 à la Catelli Macaroni Products (plus tard la Catelli Food Products) qui regroupe les sept plus importants fabricants de pâtes au Canada et dont le principal dirigeant est Tancrède Bienvenu, vice-président de la Banque nationale. Fin 1939, l’entreprise se porte acquéreur de deux terrains voisins du Parc Dominion qui est démoli en avril suivant. À la fin de la Seconde Guerre, l’usine s’agrandit par l’acquisition d’un nouveau terrain et la construction d’une usine plus moderne dotée d’une structure métallique (voir photo ci-dessous). L’usine a bien failli fermer en 1990 alors qu’elle était propriété de Borden Canada. À partir de 2001, Catelli passe aux mains de multinationales étrangères. Depuis janvier 2021, elle est propriété de la multinationale italienne Barilla. Image (6890 Notre-Dame E.) Vignette : Charles-Honoré Catelli, 1903; copyright Musée McCord Texte : Employées de l’usine Catelli, 1950 : Collection numérique, BAnQ
L’idée d’un grand réseau de transport en commun sur l’île ne date pas d’aujourd’hui comme en tém[...]oigne le grand projet de William Lyall présenté au conseil municipal de Montréal en mars 1910. William Lyall était impliqué avec son père Peter et son frère Traill Oman dans le projet de la subdivision Connaught (actuelles rues Beauclerk, Émile-Legrand, Haig et Hays) dans Mercier. Ce projet grandiose consistait en un grand boulevard d’une largeur d’un peu plus de 191 pi (58 m) avec au centre 4 voies de tramway (2 dans chaque direction). Une version existait avec 2 voies seulement. Les voies de tramway étaient bordées d’une rangée d’arbres de chaque côté qui séparait les tramways de voies réservées à l’automobile. On trouvait une seconde rangée d’arbres qui séparerait ces dernières voies des trottoirs. Le réseau ne couvrirait que la ville de Montréal, mais pourrait bientôt s’étendre de Pointe-aux-Trembles à Sainte-Anne de Bellevue. Affirmation prémonitoire puisque trois mois après sa présentation, Québec forcerait l’annexion de 10 villes ou villages à Montréal dont Longue-Pointe, Beaurivage et Tétreaultville. Ce grand boulevard intègrerait une partie des rues Ontario et Sherbrooke dans l’Est. On prévoyait l’aménagement d’un grand parc au croisement des rues Saint-Laurent et Ontario avec le possible déménagement de l’hôtel de ville. Pour faciliter une circulation plus rapide des tramways, ceux-ci ne s’arrêteraient qu’à tous les 10 rues. Le projet porterait le nom de Boulevard Strathcona en l’honneur de Donald Alexander Smith, le plus riche financier au Canada au tournant du 20e siècle, devenu Lord Strathcona en 1897. Le promoteur du projet estimait le coût à 11 millions de $ (plus de 272,5 millions de $ aujourd’hui). Images Vignette : La Presse, 21 mars 1910 Texte : La Presse, 21 mars 1910
En 1901, Longue-Pointe compte 19,4% de Britanniques éparpillés sur le territoire bâti. De nouveaux arrivant[...]s s’installent autour des rues Dickson et Lamartine (plus tard Hochelaga) dont un certain nombre de méthodistes (un courant du protestantisme). À cette époque, les services religieux ont lieu dans des résidences privées. Toutefois, l’augmentation du nombre de fidèles pousse la congrégation à méthodiste à faire l’achat de trois terrains à l’angle de Louis-Veuillot et Lamartine. La construction d’un temple par les membres de la communauté commence en septembre 1911 et le premier service se tiendra le 25 juin de l’année suivante. L’église est de petites dimensions : 25’ x 40’ (7,6 m x 12,2 m). En 1925, deux événements importants vont affecter la congrégation méthodiste de Parc Terminal. D’abord, la Ville de Montréal exproprie des terrains et bâtiments sur la rue Hochelaga afin de l’élargir. On doit donc déplacer l’église. Ensuite, une scission parmi les presbytériens (une autre branche du protestantisme) pousse un certain nombre de fidèles à se joindre aux méthodistes pour former l’Église unie. Dès lors, la congrégation devient la Terminal Park United Church. Pour la construction d’une nouvelle église, la Ville de Montréal offre un montant forfaitaire à la congrégation et la Montreal Industrial Land Company cède 3 terrains à l’angle sud-ouest de Dickson et Desaulniers. Une nouvelle église est construite et terminée en mars 1927. Après la Seconde Guerre mondiale, nombre d’anglophones quittent l’Est de Montréal pour l’Ouest de l’île. Le déclin rapide du nombre de fidèles force la Terminal Park United à fermer ses portes en 1972. Deux ans plus tard, elle fusionne avec la St. George’s United, rue Baldwin à Tétreaultville. Le bâtiment de la rue Dickson deviendra plus tard l’Église évangélique Emmanuel. En 2011, l’église de la rue Dickson est à vendre et un promoteur l’achète pour en faire 12 appartements en copropriété. Auteur : André Cousineau Images : Seconde église de la Terminal Park United Church au 2606, rue Dickson, angle Desaulniers, BAnQ. Façade de l'ancienne église de la Terminal Park United Church. Google maps, nov. 2020.
Ouvert en 1926, Jimmy’s Tourists Camp est un site de camping urbain qui accueille des vacanciers étrangers [...]et québécois sur la rue Notre-Dame, à l’ouest de Dickson. Situé sous de grands arbres en bordure du fleuve Saint-Laurent, l’emplacement du campement est idéal pour les chaudes journées de l’été montréalais. À partir de 1920, les sites de camping pour touristes se multiplient dans la région de Montréal. Avec l’implantation graduelle de l’automobile au début du siècle, les touristes peuvent désormais voyager partout dans la province et planter leurs tentes sur le bord des routes, économisant les coûts d’hébergement. Inspirés des grandes villes américaines où l’industrie touristique prend des dimensions de plus en plus importantes, de nombreux Montréalais investissent dans l’accueil des voyageurs, souhaitant faire de Montréal un pôle touristique majeur. C’est le cas de l’Association du tourisme de la province de Québec, qui coordonne l’ouverture de plusieurs campements touristiques dans la ville. En 1924, une délégation de l’association s’adresse à la ville de Montréal et demande que le parc de Maisonneuve serve de campement aux voyageurs. En outre, plusieurs entrepreneurs privés investissent dans l’industrie touristique en ouvrant des « tourists camps ». C’est le cas de Jimmy Chénier, propriétaire du Jimmy’s Camp. Jimmy’s Tourists Camp offre aux voyageurs un endroit agréable pour installer leur tente et stationner leur automobile. Un restaurant sur place propose un menu à la carte et des soirées dansantes sont organisées pendant l’été. En 1933, la Commission des Liqueurs fait une descente au Jimmy’s Camp au petit matin. Elle arrête 42 personnes pour achat et consommation de boissons alcoolisées vendues illicitement. Jimmy Chénier, le propriétaire du campement, est accusé pour vente illicite de boissons alcoolisées. Jimmy’s Tourists Camp ferme ses portes en 1939. Désormais sur un site industriel, l’emplacement de l’ancien Jimmy’s Camp abritait également des motels à la fin des années 1950. Auteure : Emma LeBoutillier Images : (Vignette) Entrée du Jimmy’s Camp en 1926. BANQ (Texte) Jimmy’s Camp, 1926. BANQ
Nommée en l’honneur du 20e pape de l’Église catholique romaine, la paroisse Saint-Fabien est fondée off[...]iciellement le 26 avril 1962. Initialement une desserte pour la paroisse Saint-Donat, située dans Mercier-ouest au Sud de Sherbrooke, Saint-Fabien n'avait ni église ni presbytère. Le curé fondateur de la paroisse, l'abbé Paul Pépin, habitait donc une maison du quartier au 6436 avenue Louis-Riel et les célébrations se faisaient dans les sous-sols de la première école primaire Saint-Fabien, autrefois située au 6455 avenue Louis-Riel. Dessinée et construite par la firme d'architectes « Jodoin, Lamarre, Pratte et Carrière, Architecte », l’édification de l'église actuelle au 6455 avenue de Renty débute en 1965 et nécessite des coûts considérables. 420 000 $ seront empruntés et remboursables sur 31 ans. Pour payer cette dette initiale, la paroisse aura recours au paiement dit «par répétition». À l’achat d’une propriété dans la paroisse, on doit rembourser une partie de l’église. Il y a bien sûr quelques exceptions : les personnes se déclarant non catholiques (et en en ayant fourni la preuve) en sont exemptées tout comme les catholiques provenant d’églises de leurs nationalités respectives (église hispanique, créole, etc.). Terminée en 1966, c’est le 17 septembre 1967 qu’elle reçoit sa bénédiction par le cardinal Paul-Émile Léger. Finalement, elle est consacrée en 1985 par le cardinal Paul Grégoire. Dans les années 1960, le Québec connaît toujours un baby boom et le quartier Louis-Riel n’y fait pas exception. Les jeunes familles sont nombreuses à s’installer dans la paroisse récemment fondée. Rapidement, celle-ci fournit des activités de toutes sortes à ces nouveaux fidèles. Par son initiative, en 1963, le Service des Loisirs Saint-Fabien est créé. Balle-molle, hockey, soirées dansantes, parade et bien plus seront organisés. Les premières équipes sportives sont formées dans les années 1966 et 1967, tout comme une troupe Scoute. S’ensuit immédiatement aussi la formation d’un club de l’âge d’or. Les Loisirs Saint-Fabien, bien que laïques, existent encore aujourd'hui. L’abbé Paul Pépin quittera la paroisse en 1980 et suivront six autres jusqu’en 2013, quand sera nommé l’abbé Jacques Dorélien, curé de la paroisse depuis. Depuis la cure du Père Lionel M. DesGroseillers qui est entré en fonction en 2007, les curés de Saint-Fabien s’occupent conjointement aussi de la paroisse Marie-Reine-des-Coeurs. Auteur : Simon Veilleux Images : (Vignette) Église Saint-Fabien, 6455 de Renty, Collection Paroisse Saint-Fabien (Texte) Paul Pépin, premier curé de la paroisse Saint-Fabien (1962-1980), Collection Paroisse Saint-Fabien
En 1824, les frères Robert et Adam Handyside font l’acquisition d’une grande terre à Longue-Pointe. Situ[...]és à l’ouest du ruisseau Molson, tout juste à côté de ce qui est aujourd’hui le Centre de soins prolongés Grace Dart, les frères font construire une distillerie – la Distillerie du Ruisseau- et pousser du grain pour la production de leur alcool. Ils produisent principalement du whisky, du brandy, du gin et du rhum. Les frères Handyside sont les concurrents directs de John Molson qui possède une distillerie en plus de sa célèbre brasserie. Dans une publicité de 1834, les frères Handyside appellent les Canadiens à faire preuve de patriotisme en préférant leurs produits plutôt que ceux importés d’Angleterre. En 1844, les malheurs s’abattent sur la distillerie de Longue-Pointe. Devant les difficultés financières que connaît l’entreprise, Robert s’enlève la vie en se jetant dans un puits. Puis la distillerie fait faillite. Les bâtiments et la terre sont vendus à l’encan et achetés par les…Molson. La distillerie sera en activité jusqu’en 1863, moment où elle est transformée en raffinerie de betterave à sucre. Peu rentable, elle ferme ses portes en 1871. Les ruines de la distillerie sont encore présentes sur l’atlas de 1907. Les terrains de la distillerie sont vendus en 1884 par les Molson à Charles-Théodore Viau. C’est sur cette terre qu’est établie la ferme laitière de la Biscuiterie Viau, qui est à cette époque située à Montréal. Auteur: André Cousineau Image: Plans d'assurances-incendie, 1907.
Située sur la rue Pierre-De Coubertin, entre les rues Louis-Veuillot et Bossuet, l’école Notre-Dame-des-Vi[...]ctoires est la plus ancienne de Mercier-Ouest. Longtemps consacrée aux filles, elle fêtera en 2023 son 115e anniversaire. Inaugurée en 1908, un an après la création de la paroisse Notre-Dame-des-Victoires, l’école se résume à un petit bâtiment en bois de deux étages. Le bâtiment d’origine possède son entrée sur la 3e avenue (Louis-Veuillot). On y recense 96 filles lors de la première rentrée scolaire, éduquées par la communauté des Sœurs de Sainte-Anne. Déjà, la Commission scolaire de Longue-Pointe (CSLP), qui administre les écoles de Mercier-Ouest et d’une partie de Mercier-Est, entreprend aussitôt des démarches pour ériger une annexe ayant front sur la 3e rue (devenue Boyce, puis Pierre-De Coubertin). Cette dernière, dessinée par l’architecte Raoul Lacroix, est prête pour la rentrée scolaire 1910. La CSLP en profite pour briqueter le bâtiment d’origine qui servira désormais de résidence pour les sœurs enseignantes. L’histoire de l’école Notre-Dame-des-Victoires est intimement liée à la genèse et au développement du Parc Terminal, un projet immobilier sur les terres agricoles de la famille Dickson et dont les promoteurs sont aussi actifs à Maisonneuve et à Rosemont. Alors qu’elle se chiffre à 1085 personnes au recensement de 1911, la population augmente au rythme d’environ 20% par année jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. C’est la plus forte croissance sur le territoire de Longue-Pointe. En réponse à l’augmentation démographique importante du Parc Terminal, la CSLP met en chantier une seconde annexe. Conçue par l’architecte Hippolyte Bergeron, résident de Longue-Pointe, cette seconde annexe de trois étages est inaugurée en septembre 1914. Entre 1945 et 1965, c’est le baby-boom au Québec. Durant cette période, la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM), qui a absorbé la CSLP en 1916, construit 96 écoles sur son territoire. Le nombre d’élèves passe de 99 000 à 173 000. Les plus vieilles écoles comme Notre-Dame-des-Victoires sont majoritairement agrandies, surtout pour se doter d’un gymnase qui devient la norme pour les écoles primaires québécoises. En 1957, l’école est pourvue d’une troisième annexe portant son emprise jusqu’à la rue Bossuet. Les bureaux administratifs y sont transférés. L’école atteint alors sa pleine capacité. En 1968, on y compte 945 élèves. À la fin des années 1960, les Sœurs de Sainte-Anne commencent à se retirer de l’enseignement à Notre-Dame-des-Victoires, tout en continuant d’habiter dans leur résidence. La mixité s’installe aussi progressivement dans les années subséquentes. Auteur: William Gaudry Images: (Vignette) Bâtiment d’origine, 2707 rue Louis-Veuillot, 1982. Source : Paroisse Notre-Dame des Victoires (Texte) Les Sœurs de Sainte-Anne et le personnel administratif posent fièrement devant la troisième annexe, vers 1959. Source : Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Le 21 janvier 1964, le Flambeau de l’Est tient à remercier et féliciter le conseiller municipal Richard La[...]salle pour l’obtention d’un parc dans la nouvelle paroisse Marie-Reine-des-Coeurs. Ce personnage important dans le quartier et député pour le parti Civique de Jean Drapeau a, en effet, travaillé d'arrache-pied pour obtenir le parc connu sous le nom de Pierre-Bédard. Élu pour une première fois au poste de conseiller municipal en 1960 dans le district 9, Richard Lasalle habite le quartier Mercier depuis 1947. Il est aussi marguillier pour la paroisse Marie-Reine-des-Coeurs et président de sa propre compagnie de construction, la «Richard Lasalle Construction Limitée». Dès 1962, on apprend que Lasalle cherche à acquérir un terrain de jeu pour sa paroisse. De plus, il est annoncé qu’un grand projet immobilier dans le quartier de Mercier-Ouest ajoutera près de 225 nouvelles habitations. Le besoin pour un parc devient donc criant. En 1963, les conseillers municipaux de la ville de Montréal votent finalement un budget de 105 000 $ afin de payer pour les expropriations et les achats des terrains qui constitueront le parc. En 1964, les expropriations débutent officiellement. Le parc Pierre-Bédard, nommé en l’honneur d’un ancien juge et député québécois membre fondateur du journal «Le Canadien», est constitué des lots 21-1542 à 21-1604 et 21-1691 à 21-1742. Bien qu’on ne connaisse pas précisément tous les propriétaires de ces lots, il semblerait que le lot 21-1604 ainsi que plusieurs autres du quadrilatère des rues Turennes, Bossuets, Pierre-Bédard et Lacordaire auraient été expropriés le 2 mars 1964 par la ville de Montréal. Modules de jeux, pataugeoire, terrain de baseball et de football, toutes ces installations étaient prévues pour le parc qui sera finalement nommé en 1967. À la complétion des travaux, ce projet représentait un investissement de 400 000 $ pour la ville. Un autre élément important des infrastructures est le terrain de tir à l’arc qui occupe presque la moitié de la superficie du parc. Aménagé pour les Jeux olympiques de 1976, c’est sur ce terrain que les archers se pratiquent avant de concourir. À partir de 1989, année de la création de l’Association régionale de tir à l’arc de Montréal, le terrain est géré par cet organisme, la plus vieille association régionale de tir à l’arc du Québec. Depuis le 16 mai 2023, la Fédération de tir à l’arc du Québec a décidé d’abolir les associations régionales. L’avenir du terrain est incertain. En 2023, un projet de transformations majeures du parc fait beaucoup parler. La partie au nord du terrain de tir à l’arc doit être réaménagée en « parc résilient ». Ce modèle d'infrastructure en plus d’un remaniement des rues à proximité permettra une meilleure rétention des eaux lors des fortes pluies. Ce projet rencontre une opposition citoyenne qui s’axe autour de la perte de places de stationnements dans un quartier où réside en majorité une population vieillissante. Auteur : Simon Veilleux Images : (Vignette) Richard Lasalle, Archives de Montréal (Texte) Terrain de tir à l’arc du parc Pierre-Bédard, Galerie photo de l’ARTAM
Dans les années 1850, Hugh Taylor, avocat de Montréal, se fait construire une splendide villa à Longue-Poin[...]te avec façade sur le fleuve. C’est un bâtiment en pierre grise de deux étages dont l’entrée est couverte d’une coupole. À gauche, on y a adjoint une serre. Un plan de 1873 nous permet d’imaginer la splendeur de l’aménagement paysager. La villa n’est pas visible de la rue Notre-Dame. Elle est bâtie au centre d’un grand terrain planté d’arbres. On y trouve un grand jardin, un ruisseau qui parcourt le terrain d’est en ouest et même un enclos à chevreuils ! À l’entrée se trouve la maison du gardien. Cette villa est surtout connue pour avoir été la propriété de Clara Symes de 1866 à 1890. Cette dernière n’y demeure que quelques années. À la suite de son mariage en 1872 avec Hugues Maret, un noble français, elle part vivre en France où elle devient la marquise, puis la duchesse de Bassano. La villa quant à elle est louée à de riches marchands comme Wolferstan Thomas, directeur général de la Molson’s Bank qui en est locataire de 1881 à 1883. E.H. McLeish, également marchand, profitera de la location de cette propriété pour offrir la possibilité d’y organiser des pique-niques et de grandes fêtes. Un service de navettes fluviales est organisé pour transporter les visiteurs du quai Jacques-Cartier à la villa. On y présentera la Fête nationale de la France de 1886 à 1888. Une fête du 14 juillet en 1889 se termine en bagarre généralisée et c’est sûrement ce qui décide Clara Symes à vendre la propriété l’année suivante. En 1913, la villa est cédée à une compagnie immobilière. À cette époque, le bâtiment n’a plus sa splendeur d’antan, dans les valeurs locatives de la ville de Montréal de 1914, on le décrit comme étant en ruine. En 1922, on ne trouve plus de trace de la villa, ce qui nous laisse à croire que le bâtiment est démoli. Cette villa se trouvait sur le terrain voisin immédiatement à l’ouest du Centre d’entraînement des pompiers, rue Notre-Dame Est. Auteur : André Cousineau Image : Mr. Thomas’ house, Longue Pointe, QC, 1881; collection du Musée McCord
En 1962, la compagnie Lanabar Realty achète un immense terrain aux Sœurs de la Providence à l’angle de la[...] rue Sherbrooke et de la Montée St-Léonard (autoroute 25 à partir de 1967). Le terrain est situé dans la municipalité de St-Jean de Dieu, mais qui n’offre aucun service public (aqueduc, égouts, etc.). Lamabar demande donc à Québec que ce territoire soit annexé à Montréal ce qui devient réalité en mars 1963. La compagnie peut donc annoncer son projet de construire le premier centre commercial couvert de Montréal qui doit s’appeler Place Métropolitaine. L’Inauguration se fera en trois phases. D’abord, le 27 août 1963, deux magasins phares - Miracle Mart et un supermarché Steinberg – ouvrent leurs portes. Un mois plus tard, le 21 septembre, c’est l’ouverture de deux cinémas de la chaîne United : la Salle Rouge et la Salle Bleue. Finalement, le 7 novembre, le centre commercial prend le nom de Place Versailles avec 30 magasins situés entre Steinberg et Miracle Mart. Place Versailles en l’honneur de Joseph Versailles, premier maire de Montréal-Est (1910-1931) et important agent immobilier. La Place Versailles est facilement accessible en autobus et en auto grâce à son stationnement de plusieurs milliers de places. En 1967, l’ouverture du Pont-tunnel, permet au centre commercial d’ajouter la Rive-Sud à sa zone d’influence. Place Versailles dessert, ainsi, un bassin de population beaucoup plus large que les centres commerciaux de quartier comme le Centre d’achats Domaine et Champlain de la rue Sherbrooke Est. L’arrivée des Galeries d’Anjou, installé à 2 kilomètres seulement de distance, en 1968, ne ralentit pas le développement de Place Versailles. En juin 1976, l’inauguration de la station de métro Radisson amène une nouvelle clientèle et durant cette décennie, le nombre de magasins passe à 105. En 1986, un second étage est ajouté au centre d’achats. L’histoire de la Place Versailles rend compte aussi de l’évolution des commerces depuis le début des années 1960. Les deux premières grandes surfaces sont aujourd’hui disparues. L’espace de Miracle Mart est occupé par un Canadian Tire et celui de Steinberg par un Maxi. De nouveaux commerces apparaissent et disparaissent comme Distribution aux consommateurs et son fameux catalogue (1971-1996), La Baie (1973-2004), Pascal (1969-1991) et le cinéma (1963-2006). Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Présentation de la maquette de la future Place Métropolitaine, mars 1963; Collection Place Versailles (Texte) Vue aérienne d’une partie du stationnement de la Place Versailles, 1974; Collection Place Versailles
En 1921, à Dallas-Fort Worth dans l’état du Texas apparait le premier restaurant avec « Curb Service » ([...]service au volant). Au Québec, il faut attendre en 1934-35 pour que des restaurants comme le Restaurant Hollywood à Ville St-Laurent, le Armitage Road Stand à Sherbrooke ou le Miami à Ste-Rose Ouest offrent ce service. Toutefois, c’est après la Deuxième Guerre mondiale – période marquée par la popularisation de la voiture - que les restaurants Curb Service connaissent vraiment leur essor. Dans Mercier, un célèbre restaurant de ce genre, le Sambo marquera l’histoire du quartier. Voici son histoire. En 1947, Roland Bruneau ouvre un casse-croûte, le Sambo Lunch, au 5680, rue Sherbrooke Est, angle Dickson. Loin de s’arrêter là, deux ans plus tard, il fait construire un « Curb Service » qu’il nommera le Sambo Curb Service au 5725, rue Marseille, angle Dickson. Fin 1949, il fait incorporer l’entreprise puis décide de s’associer à René Tremblay, marchand de bois de la rue Des Ormeaux, à qui il vend la moitié indivise de terrains qu’il avait acquis en 1947 du côté sud-est de Sherbrooke et Dickson. Devant le succès phénoménal du restaurant de la rue Marseille, les deux associés décident de faire construire un restaurant encore plus grand au 5730, rue Sherbrooke Est. Le nouveau Sambo Curb Service est inauguré en juillet 1950. Il comprend une salle de réception, le Buffet Montmartre et offre la populaire crème glacée Lowney’s d’où l’enseigne de cette entreprise sur le toit du bâtiment. Nul besoin de sortir de l’auto pour manger au Sambo : on accroche un support à votre portière sur lequel on dépose votre nourriture. On y trouve déjà un menu pour enfants. Le Sambo offre également un service d’information touristique. À cette époque, la rue Sherbrooke est la route provinciale 138, plus rapide que la rue Notre-Dame pour se rendre au Bout de l’Île. Pour desservir les automobilistes, on y trouve de nombreuses stations-service, des motels et le Centre d’achats Domaine à partir de 1959. En 1957, le nom du restaurant change pour le Sambo. En 1963, les propriétaires reconstruisent le restaurant à neuf selon un style arabisant avec deux immenses tours surmontées d’un bulbe, toit recouvert de tuiles, céramique bleu sur la façade et jardin intérieur. Fin décembre 1968, on aménage une discothèque au sous-sol, le Prof Maboule, qui devient Le Studio en 1970. À cette époque, le Sambo devient également un lieu incontournable pour les politiciens comme en témoigne la photo de René Lévesque y prononçant un discours pendant la campagne référendaire de 1980. L’année 1982 est la dernière année d’opération du Sambo. Aujourd’hui, les tours n’existent plus et l’espace du restaurant est occupé par un Pharmaprix et Fillion Électronique. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Carte postale de 1949 du Sambo Curb Service au 2725, rue Marseille; Collection numérique, BAnQ (Texte) Sambo Curb Service, vers 1953; Collection numérique, BAnQ
Réalisé en 1961 , le prolongement du boulevard de l’Assomption entre les rues Sherbrooke et Hochelaga s’[...]inscrit dans le contexte de la deuxième phase d’industrialisation du quartier Mercier (1945-1965). Dans son plan directeur de 1944, la Ville de Montréal confère à ce secteur une vocation d’abord résidentielle . L’arrivée de l’entrepôt Steinberg et de l’usine Atlas-Asbestos (aujourd’hui Le 5600) sur la rue Hochelaga, respectivement en 1946 et 1949, vient remettre en question la fonction résidentielle projetée. Montréal se retrouve en compétition avec les municipalités de banlieue pour attirer de nouvelles industries et conserver celles qui déménagent en grand nombre du corridor industriel du canal de Lachine. Les arguments économiques trônent à ce moment au sommet des priorités décisionnelles. Durant le dernier mandat de l’administration Houde (1950-1954), la Ville modifie le zonage de plusieurs secteurs pour y permettre l’installation d’entrepôts et de manufactures tournées désormais vers le camionnage. En 1953, le zonage aux pourtours du boulevard de l’Assomption prolongé devient strictement industriel afin de permettre l’expansion du secteur industriel existant au sud de la rue Hochelaga . Les industries qui s’installent à Montréal dans l’Après-Guerre s’étendent sur de vastes superficies. Elles requièrent du stationnement pour leurs employés ainsi que des infrastructures routières à haut débit permettant aux camions de rejoindre les grands boulevards. C’est dans ce contexte qu’est prolongé le boulevard de l’Assomption vers le sud, au beau milieu de nulle part, car on croit fermement que les industries s’installeront à proximité. Et elles le feront rapidement. En 1969, le secteur aujourd’hui connu sous l’appellation « Assomption-Nord » est occupé presque entièrement. Auteur : William Gaudry Image : Boulevard de l’Assomption, entre les rues Sherbrooke et Hochelaga, vers le sud, 1962. Sur la photo, à gauche, on remarque un petit boisé longeant le ruisseau de la Grande-Prairie (Molson) asséché. Toujours à gauche, en arrière-plan, l’incinérateur Dickson fonctionne à plein régime. Dans la pénombre, du côté droit, on aperçoit l’usine d’embouteillage Coca-Cola, récemment inaugurée. Archives de Montréal, VM94-45-D228-012
En 1970, le gouvernement de l’Union nationale promulgue la loi 24 afin de modifier les heures d’ouverture [...]des commerces. Désormais, les endroits qui ont trois employés ou moins peuvent ouvrir les soirs et la fin de semaine contrairement aux supermarchés dont les horaires sont plus retreints. Cette même année, Paul-Émile Maheu qui possède une épicerie au coin de St-Zotique et de la 1re Avenue à Montréal et dont il est le seul employé renomme son commerce « dépanneur ». Cette nouvelle appellation gagne rapidement en popularité si bien que dès 1972, on retrouve les 6 premiers dépanneurs dans Mercier et Hochelaga, mais aucun dans Maisonneuve. Ces derniers sont d’anciens commerces que de nouveaux propriétaires transforment en dépanneurs. Avant l’apparition du terme dépanneur des petites épiceries de quartier, des commerces tabac-bonbons avec comptoir lunch et des tabagies qui se spécialisaient dans la vente de produits associés au tabac occupent la fonction de commerce de proximité. Souvent installés au rez-de-chaussée avec logement du proprio derrière, ils étaient très nombreux dans le quartier. Par exemple, en 1929, dans Hochelaga-Maisonneuve, on trouvait 195 petites épiceries, 172 commerces tabac-bonbons et 11 tabagies. Dans les années 1980 et 1990, plusieurs éléments favorisent la prolifération de dépanneurs. En 1978, le gouvernement autorise les dépanneurs à vendre du vin en bouteilles d’où l’expression, souvent ironique, de « vins de dépanneur » afin de faire concurrence aux grandes surfaces. Ensuite, Loto-Québec qui désire étendre son réseau permet aux dépanneurs d’obtenir un terminal de la société d’État. Finalement, les associations de dépanneurs vont aussi obtenir du gouvernement que la vente de tabac soit interdite dans les pharmacies. Des 6 premiers dépanneurs de l’arrondissement, celui du 3570, rue Rouen (angle Joliette) sert toujours de dépanneur et le Dépanneur Gisèle du 8390, rue Hochelaga, angle St-Donat, porte toujours le même nom depuis 52 ans. En 1983, le mot dépanneur est officiellement accepté par l’Office de la langue française. Auteur : André Cousineau Image : Le Dépanneur Gisèle du 8390, rue Hochelaga, angle St-Donat, porte toujours le même nom depuis 52 ans. AHMHM, Simon Veilleux
L'usine de cornichons Chenoy's employait beaucoup d'étudiants de Longue-Pointe durant les vacances estivales.[...] Cette marque, commercialisée par le grossiste Brooklyn Delicacies à partir de 1948, appartenait aux frères Samuel et David Chenoy. Les produits étaient destinés principalement au marché de la restauration, notamment les delicatessen (smoked meat) qui se sont popularisés à Montréal dans l'après-guerre. Les deux frères ont débuté leurs activités sur la petite rue Quinn, entre Lecourt et Lavaltrie. Cette rue, jadis située entre Curatteau et de Boucherville, logeait des familles éloignées les unes des autres, ce qui lui a permis de conserver un visuel campagnard jusqu'aux années 1960. L'usine dégageait une forte odeur vinaigrée, détestée des voisins. À l'automne 1963, elle fut expropriée par le gouvernement du Québec pour la construction du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, composante maîtresse de la Route transcanadienne. Image : Enfants devant l'usine de cornichons Chenoy's, 1457 rue Quinn, vers 1952 (Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Collection Hélène Lachapelle)
Jadis située au coin de la rue Honfleur (Hochelaga) et du boulevard Saint-Antoine (des Ormeaux), l’école S[...]ainte-Claire accueillit sa première cohorte en 1910. D'abord administrée par les Frères de Saint-Gabriel, sous la supervision de l’éphémère Commission scolaire de Tétreaultville, l'école passa rapidement aux mains des Soeurs de la Congrégation de Notre-Dame. En 1931, elle adopta le patronyme de l'explorateur français Pierre Gauthier de la Vérendrye. Après la Seconde Guerre mondiale, en réponse au baby-boom et à l’expansion du territoire habité, la Commission des écoles catholiques de Montréal (devenue la CSDM en 1998) entreprit la construction de plusieurs écoles dans le quartier. C’est dans ce contexte qu’en 1958, le nom De-La-Vérendrye fut assigné à l'école actuelle sur la rue Mousseau, plus au nord, et l'ancienne adopta celui de Louis-Jolliet. Détruit en 1972, le bâtiment fut par la suite occupé par la pharmacie Cadieux, devenu Jean Coutu. Image : École Sainte-Claire, 4317 rue Honfleur (aujourd’hui 8697 rue Hochelaga), vers 1910 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Le dépanneur Longue-Pointe, coin Notre-Dame et Saint-Just, était à l'origine le Garage Beaudoin, un des pre[...]miers concessionnaires dans l’Est de Montréal. Les années 1920 sont considérées par les historiens comme le premier âge d'or de l'automobile. Au Québec, le nombre de véhicules quadruple, passant de 41 592 à 178 548. La majorité se trouve dans la région montréalaise, surtout entre les mains de familles aisées. Le Garage Beaudoin, ouvert en 1922, connaît toutefois une existence éphémère. Quatre propriétaires se succèdent en six ans, à savoir les familles Beaudoin, Archambault, Bilodeau et Lenoir. Ses activités cessent définitivement en 1928, probablement sous la pression de deux concurrents voisins, les garages Beaurivage et Lapointe (aujourd’hui Longue-Pointe Chrysler). Le bâtiment est subséquemment occupé par le Marché Saint-Just, puis le dépanneur. Image : Jeanne St-Jean et un garçon devant le 541 rue de Saint-Just avec, en arrière-plan, le Garage Bilodeau, 1927 (Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Collection Maurice Day)
L'épicerie Desnoyers, à l’origine située sur la rue Bruneau, ouvrait ses portes en 1934. Elle desservait [...]à cette époque la petite enclave formée par les rues Caty, Notre-Dame, Bellerive et Bruneau, qui fut expropriée par le Port de Montréal en 1999. Le propriétaire, Avila Desnoyers, fut marguillier de la paroisse Saint-François-d’Assise dans les années 1920. En 1949, l'épicerie se rapprochait du vieux village de Longue-Pointe. Elle s'installait dans un nouvel immeuble au coin des rues de Saint-Just et La Fontaine, face à la maison de la famille Pothier. L'emplacement était idéal, car le secteur connaissait un développement accéléré. Il importe de préciser que nous étions à l'aube des premiers centres commerciaux (Steinberg) et que personne ne se doutait des impacts négatifs qu’ils auront sur les petits commerces de proximité. L'épicerie Desnoyers cessait ses activités en 1955, cinq ans avant la mort de son fondateur. Quatre autres marchés indépendants, de même qu'un salon de coiffure se sont succédé. En 2003, le bâtiment fut transformé en résidence. Image : Épicerie A. Desnoyers, 7801 rue La Fontaine, 1950 (Archives de l’Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Caroline Denis)
Construite vers 1907, rue Lepailleur, l'école Vinet accueillait les filles du vieux village de Longue-Pointe.[...] Elle était administrée par la Commission scolaire de Beaurivage, créée en 1908. Les garçons, eux, allaient plutôt à l'école Saint-Joseph, angle Curatteau et Lecourt. Dans la première décennie du 20e siècle, la population du village double et il ne faut pas très longtemps avant que les deux petites écoles ne débordent. En 1911, pour des raisons budgétaires, la commission scolaire fut annexée à celle de Montréal (CECM). Trois ans plus tard, une nouvelle école, Boucher-de-la-Bruère (aujourd'hui la coopérative Le Dolmen), ouvrait ses portes sur la rue Lavaltrie, à quelques pas de l'école Vinet. Les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, une communauté fondée à Longueuil en 1843, étaient appelées en renfort pour assurer la direction de l'institution. Les religieuses se sont servies de l'ancienne école pour filles comme résidence jusqu'en 1934. Par la suite, le bâtiment fut agrandi et transformé en logements. Ces derniers furent rasés en 1970. Image : École Vinet, 139 rue Vinet, aujourd'hui le 563-571 rue Lepailleur (Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Gilles Lacoste, 1912)
Les maisons de la Ligue ouvrière catholique (LOC) sont peu connues. Elles sont regroupées sur les rues de Br[...]uxelles, Honoré-Beaugrand et Beaurivage, entre Notre-Dame et Dubuisson. Fondée en 1939, la LOC était une organisation communautaire qui luttait contre la déchristianisation par le rehaussement des conditions de vie des familles ouvrières. Sa mission, influencée par le contexte de la Guerre froide, était de s'assurer du respect de la doctrine sociale de l'Église catholique (religiosité, solidarité, procréation, etc.) dans les milieux modestes, plus susceptibles d'être « corrompus » par les idées communistes et laïques. À la fin des années 1940, sévissait une crise du logement sans précédent à Montréal. C'est dans ce contexte que la LOC décidait de construire des habitations sociales afin d'offrir une alternative abordable aux bungalows. Érigées entre 1949 et 1951, les maisons étaient financées à des taux d'intérêt minimes qui servaient ensuite à payer d'autres œuvres charitables de la LOC. Le modèle jumelé se vendait 7000 $ alors que son pendant détaché, plus nombreux au nord de la rue La Fontaine, pouvait être acheté à 9000 $. Image : 7830-7840 rue La Fontaine, vers 1968 ©️ Atelier d’histoire MHM
La première église orthodoxe roumaine de Montréal fut construite dans Mercier-Est. À ses débuts, en 1913,[...] elle ne desservait que 12 fidèles, établis dans les environs du parc Baldwin et sur la rue Moreau dans Hochelaga. L'année précédente, le syndic de l'église acquérait de la Société Générale d'Entreprises un terrain de 11 250 pieds carrés sur la rue de Bruxelles, entre Boyce (Pierre-de-Coubertin) et Honfleur (Hochelaga). La filière canadienne de cette compagnie immobilière belge, dirigée par l'homme d'affaires Hubert Biermans, possédait le lot 391 qui correspond de nos jours aux deux côtés de la rue de Bruxelles, de même qu'aux propriétés comprises dans son prolongement théorique jusqu'à Anjou. En 1918, une seconde église, plus imposante et rapprochée de la communauté roumaine en croissance, était inaugurée au coin des rues Rachel et d'Iberville. En 1943, l'église de Mercier et ses terrains adjacents furent saisis par la Ville de Montréal pour taxes municipales impayées. Il importe de préciser qu’à ce moment, la Ville est sous tutelle et serre la vis aux mauvais payeurs. Puisque les propriétés religieuses chrétiennes ont toujours été exemptées de l’impôt foncier, la saisie, évaluée à 1 500 $ (environ 22 500 $ en 2019), nous amène à penser que le bâtiment était vacant depuis un certain temps. Image : Église orthodoxe roumaine de Montréal, 2589 rue de Bruxelles, 1938 (BAnQ)
La rue Saint-Malo, aujourd'hui disparue, était tracée au sud de la rue Notre-Dame, entre Curatteau et de Bou[...]cherville. Désignée d'abord comme la rue Saint-Louis, elle apparaît pour la première fois en 1840 dans une magnifique peinture de l’artiste anglais William Bartlett. Par contre, il est fort probable qu'elle ait été ouverte peu de temps après l'arrivée des premiers habitants dans la côte Saint-François (premier nom du quartier Mercier), vers 1680. On sait par exemple que le village de Longue-Pointe s'est construit autour de l'église paroissiale, érigée en 1719 en bordure du fleuve, près de la rue Saint-Malo. En 1911, un an après l'annexion de Longue-Pointe à Montréal, la rue Saint-Louis changeait de nom pour Saint-Malo afin d’éviter la confusion avec la rue Saint-Louis du Vieux-Montréal. L’origine exacte du nouveau nom est matière à débat. Il pouvait soit commémorer la naissance de l'explorateur breton Jacques Cartier, natif de Saint-Malo, soit honorer les Malo, une famille souche à Longue-Pointe. La rue fut expropriée à l'automne 1963 pour laisser place à la Route transcanadienne (pont-tunnel). Il en va de même pour la rue Quinn et des parties importantes des rues Curatteau, Notre-Dame et de Boucherville. Image : Rue Saint-Malo, vue vers le nord, Archives de l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Collection Anne Viau St-Jean, juin 1963
Cette photo, prise en 1965, annonçait des changements majeurs dans l'Est de Montréal. En arrière plan, on a[...]perçoit une bretelle toute neuve de l'échangeur Anjou, prête à servir. À gauche, le bâtiment était une dépendance du Golf d'Anjou, ouvert de 1937 à 1966 et compris entre l'actuelle rue Pierre-Corneille et l'Autoroute 40. La petite route empruntée par l'automobile s'appelait la montée Saint-Léonard. Tracée au 18e siècle dans le but de relier le village de Longue-Pointe et le chemin du Roy aux terres agricoles plus au nord (côte Saint-Léonard), celle-ci fut élargie et améliorée au fil du temps, notamment avec l'arrivée de l'automobile dans le premier quart du 20e siècle. Dans le cadre du projet de la Route transcanadienne, en 1960, le gouvernement québécois décidait de relier l'extrémité est du boulevard métropolitain, ouvert à la circulation en début d'année entre l'Autoroute des Laurentides et Saint-Léonard, à la Route 9 (116) près de Saint-Hyacinthe, via les îles de Boucherville. C'est dans ce contexte, auquel se greffent d'autres raisons impossibles à résumer ici, que la montée Saint-Léonard, devenue la rue de Boucherville au sud de Marseille, fut convertie en autoroute à six voies vers la rive sud. Image : Montée Saint-Léonard près de l'échangeur Anjou, 1965 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Anjou)
Fondé en 1908, le club libéral de Tétreaultville était situé au coin des rues Souligny et Pierre-Tétreau[...]lt. Les clubs libéraux étaient des associations militantes qui œuvraient surtout dans l'arène politique municipale. On les retrouvait dans d'autres quartiers. Il s'agissait en outre de lieux de sociabilité pour les gens d'affaires et les amateurs de politique, masculins bien sûr. Très proches du Parti libéral, ces institutions se transformaient en bureaux de comté lors des élections provinciales et fédérales. En 1908, le premier maire de Tétreaultville, Guillaume Willems, instaura une loterie pour financer l'aménagement d'une bibliothèque publique dans le club libéral. Malheureusement pour lui, une telle pratique était illégale à l'époque. Willems fut poursuivi en justice et condamné à payer une amende. Le club libéral de Tétreaultville mit fin à ses activités vers 1918. Le bâtiment fut détruit en 2000. Image : Club libéral de Tétreaultville, 4401 rue Victoria, aujourd'hui le 8685 avenue Souligny, vers 1910 (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Situé au coin des rues Notre-Dame et de Boucherville, le salon funéraire Adolphe Lemay ouvrit ses portes en [...]1916. Il s'agissait d'une succursale de l'entreprise, fondée 18 ans plus tôt sur la rue Laurier, angle Saint-Dominique. Son propriétaire fut un personnage notoire dans le développement de l'ancienne ville de Saint-Louis (maintenant le Mile-End), annexée à Montréal en 1909. Le salon Lemay avait comme particularité d'être ouvert en tout temps, le jour comme la nuit. Il faut dire que les pratiques funéraires ont beaucoup évoluées depuis ce temps. À l'époque, le délai entre la mort et l'enterrement était très court (1-3 jours). La crémation, dénoncée par l'Église catholique, était peu commune. En 1915, toujours chez Lemay, il en coûtait un dollar par année pour un abonnement funéraire...familial. À la suite du décès du fondateur, survenu en 1942, les deux salons furent repris par ses enfants. Le commerce de la rue de Boucherville, tout comme 75 % du vieux village de Longue-Pointe, fut exproprié en 1963 pour laisser place à la Route transcanadienne (pont-tunnel). Image : Salon funéraire Adolphe Lemay, 7601 rue Notre-Dame, juin 1963 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Anne Viau St-Jean)
C’en est fini de la maison Lapointe (1916-2020). Cette demeure n’était pas si ancienne que les gens ne l[...]e croient. Sa riche histoire se rattachait plus à ses constructeurs qui furent ancrés à Longue-Pointe depuis la Nouvelle-France. Située au coin des rues Liébert et Notre-Dame, elle fut construite des mains de Donat Lapointe. Ce dernier était le quatrième enfant d’Hormidas, maire de la municipalité de la paroisse de Longue-Pointe (l'actuel quartier Mercier en entier) en 1887. En plus de son implication politique, Hormidas Lapointe était le descendant de Pierre Desautels, un des voyageurs recrutés par Antoine Lamothe de Cadillac pour fonder la ville de Détroit en 1701. Deux ans plus tôt, en 1699, il obtenait de par son mariage avec Angélique Thuillier un lot qui correspond environ aux rues Liébert à Saint-Émile, du fleuve à Anjou. En 1912, Donat Lapointe et son frère, Hormidas fils, héritèrent de la terre et subdivisèrent la partie au nord de l'avenue Souligny. Ils tracèrent trois rues, soit Lapointe, Saint-Donat et Saint-Émile. En 1922, la maison fut vendue à Joseph Charlebois, propriétaire de la compagnie de bois et de charbon Wilson & Frères. Cette entreprise avait deux succursales, une à côté du tunnel Ontario et l'autre au coin des rues Notre-Dame et Frontenac. À la suite d'un changement de propriétaire, en 1952, la somptueuse demeure fut transformée en maison de chambres. Elle a conservé cette vocation jusqu’à la fin. Image : Maison Lapointe photographiée en 2001 (Archives de l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve)
Cette rue, anciennement nommée Saint-Georges, faisait partie d’un ensemble de rues nord-sud de l’ancien v[...]illage de Beaurivage de la Longue-Pointe qui exista de 1898 à 1910 pour être annexé à Montréal. La partie comprise entre le fleuve et la rue La Fontaine fut cédée par Gustave Vinet, descendant d’une des premières familles de Longue-Pointe, le 2 juillet 1907. Afin d’éviter la confusion avec la rue Saint-George du centre-ville (aujourd’hui Jeanne-Mance), la rue reçut le nom de Luc Letellier de Saint-Just (1880-1881) le 27 mai 1912. Notaire, De Saint-Just fut pendant quelques mois député de Kamouraska au Canada-Est. Dans les années 1860, il s’opposa au projet de Confédération. En 1867, il fut nommé sénateur et devint chef de l’opposition libérale au Sénat. Le Parti libéral ayant défait le gouvernement de John A. MacDonald aux élections de 1873, il devint leader du gouvernement au Sénat. Il fut nommé lieutenant-gouverneur du Québec en 1876. Son passage à ce poste fut marqué par ce qu’on appellera le « coup d’État ». Le 2 mars 1878, il révoqua le gouvernement conservateur élu de Charles-Eugène Boucher de Boucherville et chargea le libéral Joly de Lotbinière de former un nouveau gouvernement. Ce geste entraîna sa destitution en 1879. Image : Luc Letellier de Saint-Just, 1879 (Bibliothèque et Archives Canada)
L'église des marins norvégiens ouvrit ses portes en 1972. Située au 9015 rue Bellerive, entre Desmarteau et[...] Pierre-Bernard, elle faisait partie d'un réseau de 32 églises financées par la maison-mère de Norvège dans plusieurs pays. Comme son nom l'indique, elle desservait avant tout les marins de confession luthérienne venus accoster au port, en particulier à l’ancrage de Longue-Pointe. Sa mission rejoignait aussi toute la population d'origine scandinave (Danemark, Norvège, Suède). Dirigée par le pasteur Oyavind Backer, l'église faisait sonner ses cloches à l'arrivée d'un bateau scandinave. Après sa fermeture dans les années 1990, le bâtiment fut brièvement réaménagé en mosquée. On y trouve aujourd'hui des habitations. Image : Église des marins norvégiens, 1972 (Dessin réalisé par Alex Jadan)
Napoléon Lebrun (1851-1917) fut le propriétaire du lot no 397 de Longue-Pointe. Avant 1906, le lot était la[...] propriété du futur premier ministre Lomer Gouin et de son beau-frère Joseph-Honoré Mayrand. Vers 1895, les deux hommes se portèrent acquéreur de cette terre et subdivisèrent en parcelles la partie au sud de la voie ferrée Souligny. Une première rue porta le nom d’avenue Mercier tandis que l’autre n’a pas été nommée. Lomer Gouin avait épousé en premières noces Élisa Mercier, fille de l’ancien premier ministre Honoré Mercier (1885-1891). En 1906, Napoléon Lebrun devint le nouveau propriétaire de ce lot. La même année, il construisit une immense demeure sur l’avenue Mercier, entre Notre-Dame et Bellerive. Le 7 mai 1907, Lebrun déposa un plan de lotissement pour la partie non subdivisée. Toute la terre prit alors le nom de Parc Lebrun dans laquelle le nom de l’avenue Mercier fut conservé. Il donna son nom à l’autre rue. Dans son développement du Parc Lebrun, Napoléon Lebrun a probablement profité de la présence de Tétreaultville, dont les terres étaient immédiatement voisines de la sienne. De plus, Pierre Tétreault et Napoléon Lebrun furent liés à titre personnel puisque le fils de Pierre Tétreault, Joseph-Pierre, épousa Marie-Louise, fille de Napoléon Lebrun. Dans le contexte de l’aménagement de la Promenade Bellerive, en 1965, la maison familiale fut expropriée par la Ville de Montréal. Image : Napoléon Lebrun et Marie-Louise Tessier dit Lavigne, vers 1910. Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Pierre Tétreault
Ce phare existe toujours, bien qu'il ait été modernisé et rendu moins solitaire. Vous pouvez l'apercevoir s[...]ur la place Beauchesne, près de la rue Liébert. Il ressemble à une sorte de tour de télécommunication munie d'un panneau trapézoïdal orangé. Le phare tel qu'il apparaît sur la photo, datée de 1947, est construit à une date inconnue. Les informations à son sujet sont très minces. C'est un amer (point de repère) servant à aligner les navires dans le chenal maritime qui est particulièrement étroit à Longue-Pointe. Il est aligné avec un autre phare, angle Baldwin et Bellerive. L'immense terrain, propriété des Frères de la Charité, a conservé une vocation agricole jusqu'aux années 1960. Image : Phare de Longue-Pointe, 1947 (Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Fonds Famille Taillefer)
En décembre 1977, la maison Archambault - rue Bellerive dans Tétreaultville - dont la construction remontait[...] au 18e siècle est détruite. Voici l’histoire de cette maison. La première mention connue de ce bâtiment parait dans « L’Aveu et dénombrement de Montréal » de 1731. On peut y lire qu’il s’agit d’une maison en partie en pierre sur la terre de Jacques Archambault. La famille Archambault, une famille importante de Longue-Pointe, possédait au tournant du 19e siècle l’ensemble des terres entre les actuelles rues Pierre-Tétreault et Taillon. Le 14 juillet 1844, une tornade touche les villages de Longue-Pointe, Pointe-aux-Trembles et Boucherville. Elle arrache le toit de la Maison Archambault en plus de provoquer l’écroulement de matériaux sur les deux enfants du propriétaire Michel Archambault, aubergiste. Celui-ci la fait reconstruire. Cette dernière sera habitée par six générations d’Archambault jusqu’à ce que Pierre Tétreault achète les lots 399 et 400 sur lesquels elle se trouve. Il y habitera avec sa famille avant de faire construire le Château Tétreault, rue Notre-Dame, au plus tard au printemps 1905. En 1962, la ville de Montréal veut inclure la Maison Archambault dans le futur parc de la Promenade Bellerive et s’engage à la rénover. Toutefois, cinq ans plus tard, rien n’est encore fait. En 1976, un rapport du Service municipal d’habitation recommande au ministère des Affaires culturelles (MAC) d’assurer la restauration de ce joyau du patrimoine. De plus, la maison se détériore rapidement et la propriétaire doit se résoudre à la quitter, incapable de l’entretenir toute seule. En septembre 1977, le MAC retire son avis d’intention de classement, ce qui annonce l’arrêt de mort du bâtiment. La maison Archambault est donc rasée en décembre 1977. Image : Le Devoir, 12 décembre 1977. Maison Archambault, 8755 Bellerive, en décembre 1977 quelques heures avant sa démolition,
Contrairement à son nom, la polyvalente Anjou est située sur le territoire de Montréal. Occupant un imposan[...]t terrain à la limite d'Anjou, rues Fonteneau et Saint-Donat, elle accueillit sa première cohorte à l'automne 1973. Le concept des polyvalentes, qui regroupent des formations générales et professionnelles, découle du Rapport Parent. Des facteurs comme l'arrivée à l'adolescence des baby-boomers et l'étalement urbain contribuèrent aussi à leur création partout au Québec. L'ouverture de la polyvalente Anjou soulagea plusieurs écoles secondaires de Commission scolaire Jérôme Le Royer (Pointe-de-l'Île), créée en 1965, mais aussi celle de Montréal pour desservir la partie nord de Mercier-Est. Dans le cas de Mercier, les premiers élèves à se joindre à la polyvalente provinrent de l'école secondaire Arcand. Cette dernière, ouverte en vitesse à l'automne 1964, se trouvait dans un bâtiment loué au coin des rues Sherbrooke et Arcand. C'est l'actuelle mairie de l'Arrondissement de Mercier - Hochelaga-Maisonneuve. Puisque la polyvalente n'était pas prête pour la rentrée scolaire 1973-1974, les élèves effectuèrent des demi-journées; le matin pour les secondaire 2 et 4 et l'après-midi pour les secondaire 3 et 5. Les cours étaient dispensés dans des salles séparées par des cloisons. Pour les cours d'éducation physique, ils se tenaient dans un local de l'aréna Roussin à Pointe-aux-Trembles. Image : Gilles Phaneuf devant la polyvalente Anjou en construction, 1973 (Gracieuseté de Robert Gingras)
Né dans le quartier Saint-Jacques, Georges Gonthier (1869-1943) commença à pratiquer la profession de compt[...]able en 1893. Il exerça seul d’abord, puis fut membre de la firme St-Cyr, Gonthier & Frigon en 1907 et de celle de Gonthier & Midgley en 1911. Il fut aussi agent immobilier. C’est à ce titre qu’en 1910, il acheta la terre #409, la plus à l’est de Longue-Pointe, par l’entremise de la Star Realty Company. Cette terre appartenait à la famille Tiffin depuis 1851. Elle fut lotie officiellement le 21 juillet 1910. Visiblement l'actionnaire principal dans la compagnie immobilière, Gonthier y traça une rue en son nom. La même année, il acheta la première terre dans la nouvelle ville de Montréal-Est sur laquelle il tracera une seconde rue, King George, en l'honneur du couronnement récent du roi britannique George V. Gonthier fut un personnage important dans l'histoire du Québec. En 1907, il cofonda l'École des Hautes études commerciales. De 1924 à 1939, il fut nommé par le gouvernement fédéral de Mackenzie King au prestigieux poste de vérificateur général du Canada. Son projet immobilier à cheval entre Longue-Pointe et Montréal-Est, surnommé King George Park, n'a pas eu le succès escompté. Il faudra longtemps avant que la rue Gonthier ne soit intégrée au domaine public et qu'elle passe de la table à dessin à la réalité. Ce n'est qu'en 1928 que la Ville de Montréal en fera l'acquisition. Image : Georges Gonthier (1869-1943), Archives-HEC Montréal P041
Le Jewish Hospital of Hope ou Hôpital juif de l'Espérance accueillit son premier patient le 4 septembre 1942[...]. Ce centre hospitalier, consacré aux soins de longue durée, était situé au 7745 rue Sherbrooke en face de l'actuel Centre d'achats Champlain. Doté de 50 lits, l'immeuble s'élevait sur quatre étages. La résidence des infirmières longeait la rue Curatteau qui à cette époque, continuait au nord de la rue Sherbrooke. Au début du 20e siècle, l’association juive Consumptive Aid décida de se consacrer aux personnes lourdement handicapées. En 1931, elle obtint gratuitement de la Ville de Montréal un terrain délimité par la rue Sherbrooke, la montée Saint-Léonard (autoroute 25), le futur CHSLD Biermans et la municipalité de Saint-Léonard de Port-Maurice (Anjou). C'est à cet endroit que sera construit le premier d'un réseau de quatre hôpitaux, les autres étant situés dans Côte-des-Neiges et Notre-Dame-de-Grâce où la population juive est plus nombreuse. En 1993, une réforme du ministère de la Santé mène à la fermeture de l’établissement, lequel fut démoli quatre ans plus tard. Image : Admission du premier patient à l'Hôpital juif de l'Espérance, 4 septembre 1942 (Canadian Jewish Heritage Network)
L'épicerie Lamoureux ouvrit ses portes en 1909. Située sur le boulevard Saint-Antoine (des Ormeaux), un peu [...]au nord de la rue Boyce (Pierre-de-Coubertin), elle desservait la partie nord du village de Tétreaultville, délimité par le fleuve, Anjou et les actuelles rues Baldwin et Pierre-Bernard. Le magasin était situé au rez-de-chaussée et la famille Lamoureux résidait à l'étage. Le succès de Tétreaultville par rapport à d’autres projets immobiliers sur le territoire de Mercier-Est résida dans l’accès en transport en commun. Le projet de Pierre Tétreault était le seul à être doté d’une ligne de tramway nord-sud, bifurquant sur la rue des Ormeaux à partir de la desserte ferroviaire Souligny et aboutissant devant la résidence du maire de Tétreaultville, Guillaume Willems, rue Tiffin. L’épicerie L’amoureux fut convertie en logements dans les années 1940. Sa fermeture coïncida avec l'arrivée, en biais, du supermarché Beaulieu, aujourd'hui sous la bannière Intermarché. En 1961, l'immeuble fut démoli. L'espace servira de stationnement jusqu'à l’érection d’un nouvel édifice en 1984. Image : Épicerie Lamoureux, 601-603 boulevard Saint-Antoine (aujourd’hui 2723 rue des Ormeaux), vers 1910; Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Difficile de ne pas remarquer cette somptueuse demeure, voisine de la promenade Bellerive. Magnifiquement pré[...]servée, elle fut érigée par Gédéon Leroux (1853-1927) en 1906. Né à Sainte-Scolastique (Mirabel), il s'installa au début des années 1870 à Saint-Jean-Baptiste, petite ville de l'actuel Plateau Mont-Royal qui fut annexée à Montréal en 1886. C'est dans cette municipalité qu'il épousa Eugénie Rousseau en 1876. De ce mariage naquirent six enfants. Leroux fit carrière comme marchand de chaussures. En 1882, il ouvrit une boutique sur la rue Notre-Dame Ouest à Sainte-Cunégonde, entre Dominion et Vinet. La famille emménagea à l'étage. Le 28 juillet 1906, à l'âge de 52 ans, Gédéon Leroux fit l'acquisition de quatre parcelles de terrain le long de la rue Bellerive, entre les rues Mayrand (Lebrun) et Baldwin. Ces dernières étaient la propriété du premier ministre du Québec, Lomer Gouin, et de son associé, Honoré Mayrand. Dans les mois suivants la transaction, Leroux prit sa retraite et fit construire le 355 avenue Lebrun. Après tout, à cette époque, c'était la campagne à Longue-Pointe. Deux de ses fils, Antonio et Roméo, restèrent dans l'ouest de la ville et continuèrent d'administrer la boutique de chaussures. On peut donc dire que la maison de Longue-Pointe, outre sa beauté, témoigne de l'occupation de la berge par la petite bourgeoisie francophone au début du 20e siècle. La demeure, qui ne possédait pas de galerie couverte à l'origine, resta entre les mains des Leroux jusqu'en 1928 après quoi, ce fut au tour de la famille Sicotte de poursuivre son histoire. Image : 355 avenue Lebrun, 2001; Archives de l'Atelier d'histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve
Le docteur Joseph-Pierre Deschatelets (1864-1922) a longtemps habité au 375 rue de Boucherville, entre les ru[...]es Bellerive et Notre-Dame. En 1901, il devint le médecin en chef de l'Asile Saint-Benoît-Joseph-Labre, jadis situé au coin des rues Notre-Dame et de Beaurivage. Parmi ses patients, il y a eu le poète Émile Nelligan, interné à cet endroit de 1899 à 1925. Avec son collègue, le docteur Villeneuve, Deschatelets desservait les habitants de Longue-Pointe, mais aussi ceux de Montréal-Est, municipalité fondée en 1910. Sa maison, voisine de la mairie du village de Beaurivage-de-la-Longue-Pointe, était construite en bois et recouverte de briques sur tous les côtés à l'exception de la façade en pierre grise. À la mort de Deschatelets, elle fut léguée à son fils, Paul, qui s’empressa de la vendre. Les derniers occupants furent expropriés en 1963 dans le cadre de la construction de la Route transcanadienne (pont-tunnel). Image : Maison du docteur Joseph-Pierre Deschatelets, 375 rue de Boucherville, vers 1950; Gracieuseté de Michelle Rivet Champagne
Cette rue fut désignée le 25 juillet 1950 lors de la construction du Village Champlain. La partie au sud d'H[...]ochelaga, tracée dans le cadre d’un autre projet domiciliaire, les Jardins Notre-Dame, fut ouverte en 1961. La rue rappelle la mémoire de Philippe Liébert (1733-1804). Né à Nemours en France, il a laissé sa marque à titre d’ébéniste et de peintre à Montréal. Ses œuvres sont très nombreuses. Citons notamment la chaire de l'église Notre-Dame-de-Montréal et les portraits de Marguerite d'Youville et d'Étienne Mongolfier. De 1776 à 1783, Liébert, comme plusieurs autres Canadiens-français, s’est joint aux Américains pour que l’ancienne colonie française (Québec) fasse partie des États-Unis. Mais la Révolution ici échoue et Liébert retourne à ses occupations après une période d'isolement. Hormis sa carrière d’artiste et ses aspirations politiques, Liébert épousa Françoise Renoir, fille d’un menuisier, à Pointe-aux-Trembles, en 1761. Il meurt à Montréal le 27 septembre 1804. Image : Tabernacle de l'église Saint-Michel-de-Vaudreuil, réalisé par Liébert en 1792.
Cette ruelle verdoyante dessert le petit quadrilatère formé par les rues Beaurivage, Honoré-Beaugrand, Onta[...]rio et Tellier. Son histoire est intimement liée à la spéculation foncière d'ex-agriculteurs ayant flairé la bonne affaire dans le contexte de la croissance économique de Montréal. En 1899, le propriétaire des terrains, Omer Dufresne (pas de lien de parenté avec Oscar et Marius Dufresne), entreprit la subdivision d'une lisière de terre héritée de son père. Son projet prit le nom de Parc Dufresne. Il traça deux rues allant du fleuve à la voie ferroviaire. La première porta son nom, Omer, et fut renommée Beaurivage en 1963. Quant à la deuxième, Éliza, elle fut nommée pour sa femme, Éliza Bernard, sœur de Pierre Bernard qui fut échevin et maire de Longue-Pointe de 1896 à 1910. La rue fut d'abord renommée Beaugrand en 1914, puis Honoré-Beaugrand en 1973. Omer Dufresne siégea avec son beau-frère au conseil municipal; une façon à l'époque de faire avancer ses intérêts fonciers. Les deux rues furent cédées à la Ville de Montréal après l'annexion de Longue-Pointe, soit en 1912 (rue Omer) et 1921 (rue Beaugrand). Le projet du Parc Dufresne n'a pas eu le même succès que d'autres dans Mercier-Est, notamment Tétreaultville. En 1946, les terrains au sud de l'avenue Dubuisson furent achetés par la Ligue ouvrière catholique pour la construction de maisons jumelées. Puisque la ruelle n'a jamais été pavée, la verdure a pu s'imposer au fil du temps. On y trouve des espèces invasives, dont du nerprun cathartique et des pétasites du Japon. Image : Photo prise derrière le 2092 rue de Beaurivage, AHMHM 1er août 2020
Lors de l'excavation de la cale sèche du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui s'est déroulée de jui[...]llet 1963 à juin 1964, il fallait se débarrasser des matériaux le plus près possible pour respecter le calendrier de réalisation. Un faux mythe circule à ce sujet. Selon ce mythe, les matériaux déplacés, à savoir 76 000 mètres cubes de moraine, 46 000 tonnes de sable et 104 000 tonnes de pierre, furent utilisés pour l'aménagement de ce qui deviendra la Promenade Bellerive. En réalité, les opérations de remblaiement de la Promenade débutèrent à l'automne 1965, un an après l'excavation de la cale sèche, pour se terminer dix ans plus tard. Mais plus de 80% des travaux étaient complétés en 1971. Il y a donc, chronologiquement, des incohérences majeures dans ce mythe. Les recherches les plus récentes tendent à démontrer que la Promenade Bellerive était une zone de dépôt ouverte aux entrepreneurs en construction, sans contrôle particulier. Dans les faits, les matériaux excavés pour le pont-tunnel furent jetés dans le petit chenal qui séparait les îles Charron et Molson (Sainte-Marguerite). Une solution rapide et peu coûteuse. On le voit bien sur la photo. Depuis, les deux îles sont soudées. Il est possible qu'une partie des matériaux ait été acheminée vers le site d'Expo 67 puisque l'entrepreneur responsable de la construction des caissons du tunnel, Janin Construction, travaillait simultanément sur l'agrandissement de l'île Sainte-Hélène. Image : Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine en construction, 30 octobre 1964; Transports Québec
Louis Lachance (1862-1932) a été menuisier, marchand de bois, manufacturier, conseiller et marguiller dans l[...]’ancien village de Tétreaultville. Il est originaire de Saint-Tite-des-Caps dans la région de Québec et arrive à Montréal au début du 20e siècle. Au moment de son mariage avec Lucina Verreault en septembre 1902, il travaille comme menuisier pour l’Asile Saint-Jean-de-Dieu (Louis-Hippolyte-La Fontaine). Il y habite également. En 1904, Lachance achète un terrain de Pierre Tétreault sur la rue Azilda (aujourd’hui Pierre-Tétreault), tout juste au sud de Dubuisson. Il y construit sa maison qui porte aujourd’hui l’adresse du 2226. Vers 1907, il devient marchand de bois, son enclos étant situé sur le terrain de sa résidence. Au moment de la Première Guerre mondiale, on sait qu’il possède un moulin à scie derrière sa résidence. Il forme une société avec le docteur George-Henri Lonergan et Joseph-Édouard Tremblay, marchand de bois, pour tenter d’obtenir des contrats de guerre du gouvernement fédéral. La société obtient un contrat pour produire des boîtes et autres articles en bois. Les profits sont partagés entre les trois associés. On retrouve également le nom de Louis Lachance dans plusieurs contrats de vente de maisons par le Shérif de Montréal pour non-paiement de taxes. Il achète des maisons, les rénove au besoin et les revend avec un certain profit. Lachance a été l’un des trois premiers marguillers de la paroisse de Sainte-Claire en 1906 avec Pierre Tétreault et Pierre Maher, plâtrier. Il a également été membre du premier conseil municipal du Village de Tétreaultville en avril 1907. Il meurt noyé dans la rivière des Prairies en juillet 1932. Sa dépouille est inhumée au Repos Saint-François-d’Assise. Image : Portrait de Louis Lachance dans La Patrie en 1907
Il a été souvent prétendu que l’ancien aqueduc du Village de Tétreaultville se trouvait dans l’actuel [...]parc Juliette-Huot, en face de l’église Sainte-Claire. Or, nos recherches révèlent que celui-ci se trouvait plutôt rue Baldwin, au sud de Tiffin. L’endroit correspond précisément au 5257 Baldwin. Le dimanche 30 janvier 1910, le maire de Tétreaultville organise une démonstration du fonctionnement de l’aqueduc devant de nombreux citoyens. Cette installation est semblable à celle des châteaux d’eau en France. On pompe l’eau d’un puits artésien pour l’amener au réservoir situé en hauteur puis l’eau est repoussée par une pompe à vapeur dans les maisons et dans les bornes-fontaines pour le service des incendies. Une partie de l'écoulement se fait par gravité puisque le secteur se situe majoritairement dans une côte. Le Village de Tétreaultville veut combler deux lacunes en installant cet aqueduc : le manque d’eau courante dans les maisons durant une partie de l’année et l’impossibilité pour les propriétaires de s’assurer contre les incendies. Cependant, en juillet 1910, un mois après l’annexion de Tétreaultville à Montréal, les citoyens se plaignent déjà du disfonctionnement de l’aqueduc. D’autres plaintes se feront entendre sur le même sujet dans les années suivantes. À l’été 1912, on annonce qu’à l’automne suivant, Tétreaultville sera relié au réseau d’eau montréalais. Cette connexion est parachevée avant 1915. La structure métallique est sans doute démantelée vers 1920. Dans les années 1940, le terrain est vendu par la Ville de Montréal pour la construction domiciliaire. Image : Aqueduc de Tétreaultville, Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Napoléon Lebrun est le promoteur du Parc Lebrun, l’un des onze projets immobiliers de Mercier au début 20e[...] siècle. Il en est le propriétaire à partir de novembre 1906. Comme son voisin Pierre Tétreault dans Tétreaultville, il désire ouvrir une école pour inciter les familles à s’établir sur son territoire qui comprend les avenues Lebrun et Mercier, entre le fleuve et la future ville d’Anjou. Le Parc Lebrun dépend de la Commission scolaire de Longue-Pointe. Au début du projet, la population n’est pas suffisante pour justifier la construction d’une école. Comme il se produit souvent à cette époque, les cours seront donnés dans la maison d’un particulier. Ce sera le cas dans celle de Joseph Chatel au 8519, avenue Souligny, angle Mercier. Fait intéressant, les cours sont gratuits. Le projet d’une école devient réalité en juin 1911 alors que la commission scolaire achète quatre lots vacants d’Alfred Boyer, maître-briquetier. Ces lots font front sur la rue Honfleur (Hochelaga) et sont délimités par l’avenue Mercier. L’architecte désigné est Hyppolite Bergeron, membre du dernier conseil de Longue Pointe en 1910 et auteur des plans du nouvel asile de Saint-Jean-de-Dieu en 1901. C’est un édifice en brique de deux étages de 72 x 32 pieds. Ce sera une école de garçons qui auront au début des enseignantes laïques en attendant l’arrivée des sœurs de la Congrégation Notre-Dame. C’est une petite école avec seulement trois classes et 107 élèves en 1914. En 1941, lors d’une réorganisation des écoles du secteur, l’école Lebrun devient une école anglaise de la Commission des écoles catholiques de Montréal jusqu’en 1956, année où elle ferme. Le bâtiment, transformé par la suite en logements, est démoli en 1981 pour faire place à un nouvel édifice. Image : École Lebrun, 8477 rue Hochelaga, 1955, Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Les 62 bungalows des Jardins Notre-Dame forment une petite banlieue au cœur de Tétreaultville. Érigés en 1[...]956, ils se trouvent sur les rues Laflèche, Dyonnet, Vincent-Piette et Rameau. L'expansion urbaine d'après-guerre et la popularité du bungalow, favorisée par l'influence américaine et la disponibilité d'anciennes terres agricoles, permet à des promoteurs de faire fortune. En 1955, Range Investment Limited, fondée l'année précédente et présidée par l'homme d'affaires Edward Maurice Bronfman (1927-2005), achète du Canadien Pacifique une partie importante du lot 396 au sud de la voie ferroviaire, entre les rues Saint-Donat et Liébert qui ne sont pas encore loties dans ce secteur. Le projet des Jardins Notre-Dame se décline en sept modèles de maisons, vendues entre 12 500$ et 14 500$, dont les plans sont dessinés par Range Investment. Conçues en paliers multiples, elles possèdent une architecture unique dans Mercier. Certaines maisons sont dotées d'un garage. Le projet comprend aussi plusieurs immeubles locatifs sur les rues Baillargé et Ontario, au sud des bungalows. Ces derniers, rendus disponibles en 1957 et 1958, n’ont en revanche aucun intérêt patrimonial. Image : 8357 rue Rameau, 1956, gracieuseté de Manon Signori
Carlos d’Alcantara (1869-1926) est un comte belge dont la famille possédait le château de Lembeke dans les[...] Flandres. Avocat de profession, il s’occupait de la roseraie et du jardin du château. Vers 1900, selon la famille, il fait la rencontre d’une ancienne ballerine, Claire Catteau, dont il aura une fille, née en juin 1901. En désaccord avec sa famille qui n’accepte pas ces fréquentations, il décide de refaire sa vie au Canada en 1903. Ne pouvant pratiquer le droit, il sera tout à tour agent d’import-export, restaurateur, épicier et même pendant quelque temps en 1910-1911, ouvrier de la chaussure. À partir de février 1915, il tient un étal de fruits et de légumes au Marché Maisonneuve. Cependant, il caresse le projet de construire des serres et de produire ses propres fleurs et légumes. En 1919, il retourne dans sa famille en Belgique pour obtenir le financement nécessaire. Il rapportera également des semences de cantaloup (pas le melon brodé) et de melon noir des Carmes dont il sera le premier producteur au Québec. La même année, il loue une maison dotée d’un grand terrain à Longue-Pointe où il cultivera ses premières fleurs et ses melons. Le projet de serres se concrétise en octobre 1925 où il fait l’acquisition de la maison Brouillet dit Bernard et de la moitié du quadrilatère Bernard-Bellerive-Desmarteau-Notre-Dame. C’est à cet endroit qu’il érigera deux serres séparées par une chaufferie. Malheureusement, il décède le 9 octobre 1926. Le projet sera poursuivi par Joseph, l’aîné, et ses quatre jeunes frères. Deux des frères quitteront l’entreprise familiale pour s’établir rue Sherbrooke Est: Paul au 6640 en 1946 et Jules au 3033 en 1951. Cette aventure se terminera pour ces deux branches au début du 21e siècle, d’abord celle de Paul en 2001 puis celle de Jules en 2007. Image : Carlos D'Alcantara, c. 1900, Atelier d'histoire MHM
L'Asile Saint-Benoît-Joseph-Labre fut inauguré le 15 septembre 1884. Administré par les Frères de la Chari[...]té, une communauté belge arrivée à Montréal en 1865, le bâtiment principal était situé en marge de l'ancien village de Longue-Pointe, à l'est de l'actuelle rue de Beaurivage (anciennement Omer). En 1870-1871, les frères achetèrent à cet effet une bande de terre comprise entre la rue de Beaurivage, la rue Liébert, le fleuve et la municipalité de la paroisse de Saint-Léonard-de-Port-Maurice (Anjou). À cette époque, la conception de la maladie mentale était très différente. On pensait chez les communautés religieuses qu'elle provenait de l'urbanité, contraire à la vocation agricole des Canadiens français. Pour en guérir, il fallait se ressourcer à la campagne et redécouvrir cette vocation providentielle. L'asile comprenait par ailleurs des terres cultivées par les malades. Spécialisé dans les soins psychiatriques légers et les cas d'alcoolisme, il est surtout connu pour avoir interné Émile Nelligan de 1899 à 1926. Dans le cadre de l'étatisation du système de santé québécois au tournant des années 1970, les patients psychiatriques furent progressivement remplacés par des personnes âgées en perte d'autonomie. En 1984, cent ans après son ouverture, l'hôpital devint le CHSLD Pierre-Joseph-Triest. Ce changement de nom officialisait la nouvelle vocation de l'établissement et honorait la mémoire du fondateur de la congrégation des Frères de la Charité. Une façon pour le gouvernement québécois de reconnaître la contribution de cette communauté à la direction de l'hôpital. En 1988, l'institution fut forcée de déménager dans un nouvel édifice érigé à même le parc Dupéré, voisin de l'école de réforme Mont-Saint-Antoine (administrée par les Frères de la Charité de 1932 à 1964). Deux raisons ont motivé ce départ, soit la vétusté des locaux et les projets d'expansion portuaire. Abandonné puis squatté, l'hôpital est ravagé par un incendie en 1990. On y trouve aujourd'hui des conteneurs. Source photo: Archives de Montréal, 1984
Construite en 1905, cette splendide maison appartenait au premier maire de Tétreaultville, Guillaume Willems.[...] Né aux Pays-Bas en 1871, sa famille est originaire de la Flandre belge. Après avoir séjourné quelques temps en Afrique du Sud, en 1901, il retourna en Europe avant d'immigrer à Montréal avec son unique fille, Antoinette. À son arrivée, Willems fit carrière dans l'immobilier et comme rédacteur en chef du journal Les Débats. Pour une raison inconnue, il noua des liens d'affaires avec le promoteur Pierre Tétreault qui entama un projet domiciliaire, le « parc Tétreaultville », en marge du village de Longue-Pointe. Les deux hommes devinrent d'étroits collaborateurs. En 1904, Willems lui acheta des terrains dans les environs des rues Tiffin et des Ormeaux où il érigea sa somptueuse maison devant le terminus du tramway. Une architecture germanique unique en son genre dans l'Est de Montréal. Willems créa son propre projet, surnommé Tétreaultville-Annexe, en achetant un lot qui correspond aux deux côtés de la rue Baldwin. Le 14 mars 1907, le gouvernement du Québec forma le village de Tétreaultville. Ses frontières étaient délimitées par le boulevard Laurier (Baldwin), le fleuve, et les actuelles rues French et Vézeau. Willems fut élu conseiller et désigné maire le 8 avril 1907, mais démissionna en juin pour des raisons de santé. En 1912, deux ans après l'annexion de Tétreaultville à Montréal, Willems fut durement défait aux élections dans le quartier Longue-Pointe. L'année suivante, il se maria et déménagea à Outremont. En 1923, le couple s'installa à San Bernardino, en Californie, tout en visitant occasionnellement sa fille à Montréal. Willems mourut vingt ans plus tard à Los Angeles. Sources images Vignette : La Presse, Guillaume Willems en 1907. Texte : AHMHM, fonds Yves Laniel.
L’ancienne épicerie A. Lamoureux, érigée au 2350 Des Ormeaux en 1907, est le premier établissement comme[...]rcial sur la rue Hochelaga dans ce qu’on surnomme le « Tétreaultville historique », délimité par la rue Baldwin, le boulevard Pierre-Bernard, le fleuve et Anjou. Le boulevard Saint-Antoine, renommé rue Des Ormeaux en 1911, forme la colonne vertébrale du projet immobilier de Pierre Tétreault. Les commerces et services se concentrent naturellement en bordure de l’avenue Souligny et de la rue des Ormeaux où circule le tramway. L’abandon du tramway et son remplacement par le transport motorisé après 1940 amène l’axe commercial est-ouest de Tétreaultville à se déplacer vers la rue Hochelaga. Originaire du nord-est de l’Ontario, Alexandre Lamoureux (1877-1937) s’installe à Tétreaultville peu avant la construction de son épicerie en 1907. Après son décès, le commerce passe aux mains de sa femme, Laura Charbonneau, ainsi qu’à d’autres membres de la succession. Quatre ans plus tard, en 1941, il est vendu à Alfred Frigon, restaurateur présent à Tétreaultville depuis une vingtaine d’années. D’autres propriétaires et fonctions s’y succéderont: boucherie, dépanneur (tabagie), animalerie. À ses débuts, le bâtiment possède un recouvrement en bardeaux de bois qui est replacé par de la brique vers 1929. Un prolongement à l’arrière est ajouté en 1965. Sources images Vignette : Association des commerçants de Tétreaultville, Entrée du 2350 rue des Ormeaux, 2021. Texte : AHMHM, Vue latérale du 2350 rue des Ormeaux, 2021.
Le docteur George-Henri Lonergan (1881-1945) a marqué l’histoire de Tétreaultville, puis de Mercier. D’o[...]rigine irlandaise, le docteur Lonergan est fils d’un conseiller et maire de Sainte-Thérèse. Son frère fut le premier curé de la Nativité d’Hochelaga. Il fera ses études de médecine à l’Université Laval de Montréal et son internat à l’Hôtel-Dieu de Montréal. Après avoir épousé une Franco-américaine au Massachusetts, il revient s’installer à Tétreaultville où il fera l’acquisition d’une maison au 226, boulevard Saint-Antoine (aujourd’hui le 2180 rue des Ormeaux). En plus de pratiquer la médecine familiale du temps où les médecins font des visites à domicile, George-Henri Lonergan est président de l’Hôpital de la Providence de Montréal-Est, médecin de la raffinerie Imperial Oil et examinateur pour plusieurs compagnies d’assurance. Il jouera un rôle social important dans le quartier. En 1914, il fera partie de la dernière cohorte des commissaires de Tétreaultville avant que la commission scolaire ne soit annexée à celle de Montréal l’année suivante. Il participe à la création de la paroisse Saint-Bernard en 1922 et sera l’un des premiers marguillers. Le docteur Lonergan ne sera pas seulement actif dans le domaine de la santé. Avec deux autres entrepreneurs, il fonde le Touring Club of Montreal, un ancêtre du Club automobile de Montréal, dont les bureaux sont au Château Dupéré, rues Notre-Dame et Desmarteau. En 1925, il devient le vice-président d’une manufacture de meubles, la Living Room Manufacturers Limited, rue Sainte-Catherine, entreprise qui disparaît avec la crise économique. Sa maison de la rue Des Ormeaux est d’un style Second Empire qui se caractérise par une ornementation abondante et un toit plat en fausse mansarde. Originalement de bois, la maison est recouverte de briques avant 1947. On peut apercevoir sur la façade une petite sonnette pour prévenir le médecin en dehors des heures de bureau en cas d’urgence. Sources images Vignette : BAnQ, George-Henri Lonergan dans les années 1930. Texte : BAnQ, Maison Lonergan, 2180 rue des Ormeaux, vers 1920.
Vous vouliez vous fournir en pain, bois, charbon, glace et même foin, l’entreprise Boire & Frères de Tétr[...]eaultville était là pour vous servir! C’est en 1906, que les frères Wilfrid et Eudore Boire fondent leur compagnie, leur frère Victor les rejoignant éventuellement dans leur aventure commerciale. Au tout début, l’entreprise est seulement constituée d’une boulangerie située au 2268, rue Des Ormeaux. Entre 1913 et 1921, les frères Boire acquièrent des terrains sur la rue Ontario au coin de Mercier pour y construire un entrepôt à glace et un entrepôt à bois et à charbon. Les frères Boire approvisionnent leur glacière directement avec les glaces du fleuve Saint-Laurent. À l’époque, la glace est coupée à seulement quelques centaines de mètres de leur entreprise, au bout de l’avenue Mercier. Pour fournir leur entrepôt à bois, les entrepreneurs commandent de la région de l’Estrie et des Laurentides. En 1938, la boulangerie est vendue par les frères Boire tandis que des succursales de bois et de glace ouvrent à Hochelaga et à Verdun. La compagnie est reprise par Paul Boire, le fils de Wilfrid Boire après le décès des trois frères. En 1961, le terrain de la glacière est vendu. Le terrain est aujourd’hui occupé par un lave-auto. Le terrain de l’entrepôt à bois est vendu en 1968, puis racheté en 1970 et finalement revendu en 1972. Le terrain est occupé par un dépanneur aujourd’hui, après avoir été un terrain de mini-golf pendant quelques années. Image : Yves Boire, Publicité de Boire & Frères en 1929.
Située sur l'avenue Souligny, entre Hector et Gonthier, la maison Pietro-Pietrantonio illustre bien la riches[...]se architecturale des shoebox. Du point de vue de sa structure extérieure, elle conserve des éléments d'origine tels que l'élégante façade et l'ornementation de la brique autour des fenêtres. Les maisons shoebox sont typiquement montréalaises. Érigées souvent des mains de leurs premiers propriétaires, elles témoignent de l'accès à la propriété pour les familles ouvrières avant 1945. Le quartier Mercier se classe au second rang en matière de shoebox, derrière Villeray et devant Rosemont. Le secteur de la paroisse Saint-Victor, entre les rues Taillon et George-V, fut un haut lieu de la communauté italienne très tôt au 20e siècle. Les membres de cette communauté se sont impliqués activement dans la vie socioéconomique du quartier. Arrivé seul à Montréal en 1908, le constructeur de la maison, Giovanantonio Pietrantonio, travailla comme journalier d'usine. Une fois bien installé, il fit venir sa femme et son fils en 1917. À partir de l'année suivante, on retrouve la famille au 9603 Souligny, immeuble appartenant à Gabriele Frascadore (1889-1972), marchand cofondateur de la paroisse italienne San Demenico Savio. En 1923, Pietrantonio et sa femme, Emmanuela Vincelli, achetèrent les quatre lots voisins. La maison, qui se trouve à cheval sur deux lots, fut toutefois érigée en 1931. Elle fut conçue en deux parties distinctes, ce qui est très rare. Bien qu'elle appartenait à Pietroantonio et sa femme, c'est leur fils, Pietro, qui l'habita de 1931 à 1941. Nous savons que ce dernier fit carrière comme professeur et col blanc à la Ville de Montréal. En 1956, il vendit la maison à son locataire pour la somme de 9500$, largement supérieure à la valeur du marché à l'époque. Image : AHMHM, Maison Pietro-Pietrantonio, 10 novembre 2020, 9615-9617 avenue Souligny.
Dans Mercier-Est, la rue Hochelaga s'est développée comme axe mixte (commercial et résidentiel) après 1945[...]. À cette époque, on retrouvait encore des espaces constructibles. L'influence de l'automobile fut déterminante sur le plan de l'offre commerciale et de l'aménagement urbain. Un bel exemple des transformations observées est l'ouverture du garage Chatellas & Buzaré en 1956. Situé entre la rue Saint-Émile et le boulevard Lapointe, c'était une franchise de la British-American Oil. Il importe de préciser que cette compagnie canadienne, qui achète le terrain en 1955, avait ouvert sa raffinerie à Montréal-Est cinq ans plus tôt. Le garage, exploité par la famille Godard à partir de 1964, était un concurrent direct du garage Nadon, voisin. Une entreprise familiale qui existera pendant 35 ans. En 1986, Gulf Canada, anciennement British-American Oil, passa aux mains de Ultramar. L'entreprise se débarrasse progressivement des familles franchisées au profit d'un modèle de propriétaire-exploitant. Le garage ferme ses portes en 1999 pour être démoli et remplacé par la structure actuelle. Image : AHMHM, fonds Marc Chatelle. Garage Chatellas & Buzaré, 8265 rue Hochelaga, 1958.
Magnifique bâtiment de trois étages, l'école Saint-Victor est inaugurée en 1917. Elle a longtemps dominé [...]le paysage de la rue Hochelaga à Tétreaultville. En 1912, Hector Vinet, cultivateur et héritier d'un lot traversé par l'avenue Hector, décide de passer à autre chose et de profiter de la vague de spéculation foncière qui touche les banlieues montréalaises. Il subdivise sa propriété pour en faire du développement urbain. Son projet, surnommé la Terrasse Vinet, tarde à prendre du galon. Toujours en 1912, Hector Vinet et des commerçants du secteur parviennent à convaincre l’Archidiocèse de Montréal d'ériger une paroisse indépendante, Saint-Victor, pour desservir l'extrême est de Longue-Pointe. Dès lors, la construction d'une école peut débuter. La Commission scolaire de Longue-Pointe (CSLP) vote une résolution à cet effet le 6 octobre 1915. En revanche, Charles Meese, propriétaire et promoteur concurrent d'Hector Vinet, s'oppose fermement à la construction de l'école. Le litige est porté devant les tribunaux, mais le juge donne raison à la CSLP. Hector Vinet vend les terrains à la CSLP le 29 juin 1916 pour la somme de 8832$. La partie arrière menant à la ruelle est donnée. À ses débuts, l'école Saint-Victor se divisait en deux. D'un côté, on retrouvait les garçons sous la supervision des Frères du Sacré-Coeur. De l'autre, les filles avec pour enseignantes, les Sœurs de Sainte-Anne. Les deux congrégations logeaient dans les ailes situées aux extrémités. À partir de 1954, les garçons sont transférés progressivement à la nouvelle école Saint-Victor, angle Hochelaga et Fletcher. L'ancienne école Saint-Victor, réservée aux filles, est renommée à la mémoire de Catherine Mercier, martyre française tuée et scalpée par les Iroquois en 1651. Elle est démolie en 1973. Image : BANQ, École Saint-Victor, vers 1920. 9557-9569 rue Hochelaga.
Le Jewish Hospital of Hope ou Hôpital juif de l'Espérance accueille son premier patient le 4 septembre 1942.[...] Ce centre hospitalier, consacré aux soins de longue durée, était situé au 7745 rue Sherbrooke en face de l'actuel Centre d'achats Champlain. Doté de 50 lits, l'immeuble s'élevait sur quatre étages. La résidence des infirmières longeait la rue Curatteau qui à cette époque, continuait au nord de la rue Sherbrooke. Au début du 20e siècle, l’association juive Consumptive Aid décide de se consacrer aux personnes lourdement handicapées. En 1931, elle obtient gratuitement de la Ville de Montréal un terrain délimité par la rue Sherbrooke, la montée Saint-Léonard (autoroute 25), le futur CHSLD Biermans et la municipalité de Saint-Léonard de Port-Maurice (Anjou). C'est à cet endroit que sera construit le premier d'un réseau de quatre hôpitaux, les autres étant situés dans Côte-des-Neiges et Notre-Dame-de-Grâce où la population juive est plus nombreuse. En 1993, une réforme du ministère de la Santé mène à la fermeture de l’établissement, lequel fut démoli quatre ans plus tard. En passant, le patient sur la photo n’était pas mort ... On nous a déjà posé la question. Image : Canadian Jewish Heritage Network, Admission du premier patient à l'Hôpital juif de l'Espérance, 4 septembre 1942.
Né vers 1855, Hugo Oscar Kind arrive de l’Allemagne au Québec à la fin de 1882 avec sa femme Anna Maria P[...]olitz, et deux enfants, Hermine, née en 1880 et Albert, né en mai 1882. Six autres enfants naîtront au Québec. Oscar Kind s’installe d’abord dans le quartier Saint-Laurent, puis en 1899, dans Sainte-Marie. Il poursuit sa progression vers l’Est en déménageant rue Moreau dans Hochelaga en 1905, pour finalement s’installer à Tétreaultville en 1907. Il loue la maison du 4052, rue Baldwin, puis en devient propriétaire en 1914. Il est machiniste de profession et travaille pour le Canadien Pacifique, d’abord à Turcot, puis sûrement aux Ateliers Angus à partir de 1904. En 1901, pour une année complète, il fait un salaire de 600$ ce qui en fait un ouvrier spécialisé. À l’âge de la retraite en 1920, il vend sa maison et déménage à New York où il meurt en 1928. Il est inhumé dans le cimetière protestant de Pointe-aux-Trembles. Son fils, Oscar James, aura aussi un parcours intéressant. Apprenti électricien en 1911, il s’engage dans l’armée canadienne lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Il est rapatrié en décembre 1915. En 1918, il déménage à Rochester dans l’État de New York où vit sa sœur Annie. Il s’engage dans l’armée américaine en septembre 1918, mais ne pourra pas combattre parce que la guerre tire à sa fin. Il revient ensuite à Montréal et se marie en 1923. On perd ensuite sa trace jusqu’en 1928, année où il fonde le Dollard Political Club, un club de loisirs, avec deux autres personnes. On connaît peu de choses de ce club. Il meurt en mai 1953. Son corps est inhumé dans le même cimetière que son père. Image : AHMHM, Maison Oscar-Kind, 14 décembre 2020. 4052 rue Baldwin (structure d'origine datant de 1907).
Lomer Gouin (1861-1929) a été premier ministre du Québec de 1905 à 1920, mais il a également joué un cer[...]tain rôle dans le développement domiciliaire de Longue-Pointe au début du 20e siècle. Gouin est admis au Barreau en 1884. À ce titre, il défend des entreprises ferroviaires. Il est également directeur ou administrateur de plusieurs compagnies d’assurance, de banques ou d’entreprises manufacturières. Il est élu député libéral en 1897, d’abord à Montréal, puis dans le comté de Portneuf. En 1905, après la démission de Simon-Napoléon Parent, il est nommé premier ministre, poste qu’il occupe pendant une quinzaine d’années. Il est ensuite ministre de la Justice au cabinet fédéral puis pendant quelques mois avant sa mort lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Ce que nous savons moins, c’est que Lomer Gouin, tout en étant député provincial et premier ministre du Québec, était un important propriétaire foncier de Longue-Pointe. Vers 1895, avec son beau-frère Joseph-Honoré Mayrand, il achète l’immense lot no 397 (les actuelles rues Mercier et Lebrun) qui va du fleuve à Anjou. L’année suivante, la partie sud de la voie ferrée est subdivisée. On trace deux rues perpendiculaires au fleuve. La première est nommée Mercier parce que Lomer Gouin a épousé Éliza Mercier, la fille de l’ancien premier ministre Honoré Mercier (1885-1891). L’autre semble ne pas avoir été baptisée. Une autre rue, celle-là parallèle au fleuve, portera le nom de Mayrand. On retrouvera le nom des deux propriétaires dans de nombreux contrats de vente. À cette époque la notion de conflit d’intérêts ne pèse pas lourd dans la politique. Un député ou même un premier ministre peut posséder des intérêts dans une entreprise sans que cela ne fasse la une des journaux. En novembre 1906, Lomer Gouin et Joseph-Honoré Mayrand vont vendre leurs terrains à Napoléon Lebrun qui entamera véritablement le développement urbain de cette ancienne terre agricole. Image : BANQ, Lomer Gouin, premier ministre du Québec, vers 1905.
Joseph-Clément Jetté est né le 23 novembre 1878 à Saint-Paul-L'Ermite, petit village faisant aujourd'hui p[...]artie de Repentigny. Après des études classiques au Collège de l'Assomption et au Séminaire de Montréal, hauts lieux de formation des clercs, il est ordonné prêtre le 6 juin 1903. Jusqu'en 1922, il est respectivement vicaire à Sainte-Anne de Varennes et Saint-Louis-de-France (Plateau Mont-Royal), puis aumônier à l'école de réforme Mont Saint-Antoine, jadis située au coin des rues Berri et de Montigny (Maisonneuve). Il sera plus tard professeur au Collège de l'Assomption, son alma mater. En 1922, Clément Jetté est assigné à la nouvelle paroisse Saint-Bernard de Tétreaultville. Il emménage immédiatement dans le premier presbytère, un duplex sis au 102 rue Azilda (aujourd'hui 642 rue Pierre-Tétreault). La paroisse Saint-Bernard, dissoute en 2002, desservait la partie de Tétreaultville au sud de la voie ferrée, entre l'avenue Mercier et la rue Taillon. Le territoire montréalais s'urbanise rapidement et l'Archidiocèse de Montréal, sous les auspices de Mgr Paul Bruchési, crée logiquement de nouvelles paroisses pour structurer la vie de quartier (pratique religieuse, écoles, œuvres sociales, sports, caisses populaires). En effet, 31% des paroisses catholiques ayant existé à Montréal sont érigées entre 1900 et 1930. Les jeunes prêtres comme Clément Jetté sont envoyés dans ces nouvelles paroisses pour faire leurs preuves avant d'être réaffectés à des paroisses plus prestigieuses. En 1934, Clément Jetté quitte Tétreaultville pour la paroisse Saint-Édouard où il termine ses jours. Le 26 février 1941, il succombe à une opération herniaire. Image : BANQ, Joseph-Clément Jetté, vers 1915.
Fondé par Jean-Paul Labelle en 1964, le concessionnaire Longue Pointe Chrysler a débuté ses activités au c[...]oin des rues Notre-Dame et de Bruxelles. On y trouvait, depuis les années 1930, un garage administré par la famille Lapointe. Dans les années 1950, la rue Notre-Dame, épine dorsale du vieux village de Longue-Pointe, est un axe commercial très important. Il faut dire que le quartier est un endroit propice à l'installation de concessionnaires automobile. En 1958, on y recense 11 760 véhicules pour une population de 50 772 habitants. Une famille sur quatre possède une automobile, comparativement à 30% en moyenne à Montréal. En 1975, Longue-Pointe Chrysler déménage sur le boulevard Langelier, angle Bélanger. Le concessionnaire American Motors lui succède dans l'ancien édifice de la rue Notre-Dame. De 1990 à 2010, c'est au tour du Centre Moto Folie d'y élire domicile. En 2012, le bâtiment est démoli pour faire place à des condominiums. De nos jours, Longue-Pointe Chrysler est situé sur la voie de desserte de l'autoroute métropolitaine, près de Langelier. Image : AHMHM, Longue-Pointe Chrysler, 1965. 7871 rue Notre-Dame.
En proie à une démolition, la maison Laviolette, 367-369 rue Mousseau, fait partie de l'inventaire patrimoni[...]al de Mercier. Elle est associée à une famille importante dans l'histoire de Tétreaultville. Né à Saint-Ours en 1857, François-Xavier Laviolette est l'homonyme de son père, navigateur et marchand de la région de Sorel. Dès les années 1880, il l'accompagne à la barre de navires de la Richelieu & Ontario qui dessert le corridor Québec-Toronto et le Saguenay. François-Xavier Laviolette devient éventuellement capitaine pour cette compagnie. Vers 1909, il est embauché par la Commission du Havre (ancien nom du Port de Montréal) comme remorqueur. Il sera capitaine du Sir Hugh Allan durant toute sa carrière. La famille Laviolette, enracinée à Saint-Ours depuis plusieurs générations, prend le chemin de Tétreaultville. Elle loue à Pierre Tétreault une petite maison en fond de cour sur la rue de Rocheblave (Mousseau), au sud de Notre-Dame. Laviolette achète cette maison et son lot en septembre 1910 puis y construit, quatre ans plus tard, le 89-91 Rocheblave (367-369 Mousseau). Érigé en bardeaux de bois, ce duplex est briqueté vraisemblablement dans les années 1920 en raison du style des ornementations en ciment près des fenêtres. François-Xavier Laviolette fait partie des fondateurs de la paroisse Saint-Bernard de Tétreaultville, créée en 1922. Il habite la maison familiale jusqu'à sa mort en 1943. Son fils, Eugène, suit ses traces à titre de capitaine au Port de Montréal. Il hérite de la maison qu'il vend à son locataire en 1961. Image : AHMHM, Maison Laviolette, 367-369 rue Mousseau. 29 juillet 2021.
Un fait méconnu de l'histoire de Longue-Pointe est la venue de la flotte d'hydravions du général Italo Balb[...]o (1896-1940) dans le cadre d'une tournée nord-américaine. Bras droit du dictateur Benito Mussolini et commandant de l'armée de l'air italienne, Balbo est également connu pour avoir été le gouverneur de la Libye de 1934 à 1940. Sa traversée de l'Atlantique, ultra médiatisée, est une façon de démontrer la force et la détermination des pays fascistes. L'Italie a alors la mainmise sur l'est de l'Afrique, le Japon gagne du terrain en Chine et les Nazis viennent tout juste de s'imposer en Allemagne. Lorsqu'il amerrit à Longueuil, le 14 juillet 1933, une foule considérable l'accueille en héros. Le général Balbo n'a toutefois jamais mis les pieds à Longue-Pointe. Par contre, ses pilotes profitent de la réception organisée pour lui à l'hôtel Mont-Royal de Montréal pour faire le tour de la région. Quelques-uns choisissent de s'arrêter dans les environs du vieux village de Longue-Pointe. Image : Musée McCord, Hydravions de la flotte du général Balbo, 14 juillet 1933.
Peu connu, Paul Galibert (1856-1945) a pourtant joué un rôle important dans l’histoire de Longue-Pointe et[...], plus largement, celle de Montréal ! Né en France, Paul Galibert arrive à Longue-Pointe en 1864 alors que son père Calixte vient rejoindre ses deux frères Casimir et Théodore. En 1878, Paul prend la direction de la tannerie familiale, fondée quelques années auparavant par son père, située au 2125, rue Sainte-Catherine Est. En 1886, il devient conseiller municipal de Longue-Pointe et occupe ce poste pendant cinq ans. Il faut dire que la famille Galibert est très active sur la scène municipale de Longue-Pointe. Casimir Galibert en est même le maire de 1878 à 1884. En 1897, à la suite de son mandat, Paul Galibert est nommé président de la Montreal Turnpike Trust par le nouveau gouvernement de Laurier. Cet organisme, mis sur pied en 1840, se charge de l’entretien des chemins publics entourant l’île de Montréal en recueillant des droits de péage auprès de ceux qui veulent entrer dans la ville. Galibert perd son poste à la suite de la défaite de Laurier en 1911. Paul Galibert se fait, cependant, surtout connaitre pour le rôle important qu’il joue dans la lutte qui oppose la Montreal Street Railway à la Montreal Terminal Railway pour le contrôle du tramway à Montréal. En 1904, la Montreal Street Railway désire étendre son réseau à l’est de Maisonneuve sur la rue Notre-Dame. Le projet s’annonce périlleux puisque l’est de l’île est la chasse gardée de la Terminal avec sa ligne qui va de Maisonneuve à Pointe-aux-Trembles. La Montreal Street Railway contourne ce problème en créant la Suburban Tramway & Power Co., compagnie sans garage ni matériel qui loue son équipement…à la Montreal Street Railway. Paul Galibert est l’un des directeurs de la Suburban. En 1907, il entre au conseil d’administration de la Montreal Street Railway. Il cumule des postes de directeur de la Canada Steamship Lines, de la Montreal Light, Heat & Power et de nombreuses autres entreprises. Il devient aussi gouverneur de trois hôpitaux de Montréal ainsi que l’un des fondateurs du journal libéral Le Canada en 1903. En 1940, il ferme sa tannerie de la rue Sainte-Catherine et il meurt en novembre 1945. La rue Galibert dans le Village Champlain, désignée en 1950, honore sa mémoire. Image : Montréal fin-de-siècle: histoire de la métropole du Canada au dix-neuvième siècle, p. 135.
Le baby-boom et la reprise de l'immigration après 1945 a pour effet de créer une des pires crises du logemen[...]t qu'a connu Montréal. Les loyers atteignent des taux déraisonnables ce qui crée un effet d'entassement. En réponse à cette crise, la Ville de Montréal met en chantier plusieurs complexes d’habitations sur des propriétés municipales (Habitations Jeanne-Mance au centre-ville, Benny Farm à Notre-Dame-de-Grâce, etc.). Cette politique tarde toutefois à toucher Mercier et Hochelaga-Maisonneuve. Il faut attendre l’année 1969 pour que trois projets identiques soient mis en branle dans l’Arrondissement. Parmi eux, on retrouve les Habitations Dupéré dans le parc du même nom, rues Saint-Donat et de Grosbois. Ce parc est acquis par la Ville de Montréal en 1930 et portait le nom d'Abraham Dupéré, conseiller municipal de Mercier de 1928 à 1940. La construction des habitations marque la liquidation quasi totale de ce parc jadis immense et en 1988 la construction du nouveau centre d'hébergement Pierre-Joseph-Triest sonne la disparition définitive de celui-ci. Image : BANQ, Habitations Dupéré en 1971; 4935 boulevard Lapointe.
Samuel Gascon est un personnage peu connu qui a pourtant laissé sa trace dans l’histoire de Tétreaultville[...]. Né à Sainte-Anne-des-Plaines le 6 avril 1873, il provient d’une famille d’agriculteurs. Après des études primaires dans son village natal, ses parents, Joseph Gascon et Philomène Racine, l’orientent vers la prêtrise, un des débouchés pour les enfants réussissant bien à l’école. Gascon prend donc le chemin du Séminaire de Sainte-Thérèse, principal collège classique des Laurentides, où il complète ses études supérieures. Par la suite, il termine son parcours académique en théologie au Grand séminaire de Montréal, centre de formation sacerdotale de l’Archidiocèse sous la direction des Sulpiciens. Le 4 septembre 1898, Gascon est ordonné prêtre par l’archevêque Paul Bruchési. Sa carrière débute au rang de vicaire à l’église Saint-François-Xavier de Verchères. En 1901, on lui confie le mandat d’enseigner les mathématiques au Séminaire de Sainte-Thérèse. Il conserve ce poste pendant onze ans. En 1912, à l’âge de 39 ans, il est envoyé à l’extrême est de Tétreaultville (et de la ville de Montréal) pour fonder une nouvelle paroisse, Saint-Victor. Tout est à organiser, d'autant plus que la paroisse est au cœur de la vie de quartier. Il est coutume à cette époque d’envoyer de jeunes prêtres dans des paroisses reculées afin qu’ils fassent leurs preuves. Gascon inaugure le premier presbytère, 557-563 avenue Hector, ainsi que la première chapelle, voisine (aujourd’hui la cour du 9600 avenue Dubuisson). En 1918, il est transféré à Saint-Anselme dans le quartier Sainte-Marie. Une seconde promotion l’attend en 1929 lorsqu’il obtient la responsabilité de la paroisse Sainte-Philomène de Rosemont (renommée plus tard Saint-Esprit). Samuel Gascon prend sa retraite en 1935. Il meurt à l’hôpital Notre-Dame-de-la-Merci le 22 février 1961. Sa dépouille est inhumée au cimetière de Sainte-Anne-des-Plaines. Image : BANQ, Samuel Gascon vers 1912.
William Satchwell Leney (1769-1831) est un célèbre graveur d’origine écossaise qui passera les 12 derniè[...]res années de sa vie à Longue-Pointe. Leney naît dans le quartier Bethnal Green à Londres et pratique le métier de graveur. En Angleterre, il est célèbre entre autres choses pour avoir réalisé six plaques pour une édition de luxe des pièces de Shakespeare. En 1805, il décide de s’installer avec sa famille à New York. Il gravera des portraits de la ville de New York et de personnalités marquantes de l’époque. Il s’associe en 1812 à William Rollinson qui a développé une machine pour éviter la contrefaçon dans la production des billets de banque. C’est ainsi que Leney et son associé obtiennent des contrats de nombreuses banques, non seulement des États-Unis, mais aussi du Canada. Il gravera de 1817 à 1822 les premiers billets de la toute nouvelle Montreal Bank (devenue la Bank of Montreal en 1822 et aujourd’hui la BMO). C’est sûrement ce qui l’incite à s’installer au Québec. En 1819 et 1820, il achète des terres qui formeront plus tard le lot #332 de Longue-Pointe. Il est ni plus ni moins qu’un gentleman farmer. Ses fils s’occuperont de développer la terre. Un an avant sa mort, Leney gravera six aquarelles de Robert A. Sproule qui représentent des scènes du Vieux-Montréal. Cinq des six originaux sont actuellement dans la collection du Musée McCord. Celui-ci possède également six de ses outils, don de son arrière-petite-fille. Leney meurt à Longue-Pointe le 28 novembre 1831. Ses restes sont enterrés sur sa terre ainsi que ceux de sa femme Sarah White. En 1910, ils seront transférés au Cimetière Mont-Royal. William Leney, fils de William S. Leney, va continuer de cultiver la terre de son père. Après sa mort en 1884, cette terre est intégrée à Saint-Jean-de-Dieu. Le fils de William, Andrew Leney, possédait une terre plus à l’ouest. Il en reste propriétaire jusqu’en 1905, moment où elle est vendue à Traill Oman Lyall et son associé, Henry Windham Beauclerk, qui y entreprendront un projet immobilier sans succès. Les Leney vont occuper l’un des postes de conseiller de la municipalité de la paroisse de Longue-Pointe pendant 16 années consécutives : William, de janvier 1860 à janvier 1866, et son fils Andrew, de là jusqu’en février 1876. Images Vignette : AHMHM ; Pierre tombale de la famille Leney au Cimetière Mont-Royal. Texte : Toronto Public Library ; William S Leney, View of Montreal from St. Helen's Island, 1830.
La maison Allen-Picard (ou Ethan Allen) est la plus ancienne de l'arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve[...]. Vers 1740, Pierre-Joseph Picard aurait fait construire cette maison, caractéristique de la maison canadienne qui va perdurer jusqu’au début du 19e siècle. Elle possédait un toit à deux versants (plus tard recouverts de tôle) et percé de quatre petites lucarnes. La façade est composée d’une porte encadrée par deux fenêtres. On note également la présence de deux foyers opposés (en chicane). On peut aussi percevoir la présence d’un ancien four sur le mur pignon nord. La maison est située immédiatement à l’est de l’endroit où le ruisseau de la Grande Prairie (Molson) se jette dans le fleuve, près du viaduc ferroviaire séparant Mercier d’Hochelaga-Maisonneuve. La maison porte le nom d’Allen parce qu’elle veut rappeler la bataille du 25 septembre 1775. À cette époque, les Américains envahissent le Canada dans le cadre de la Guerre d’indépendance. Le commandant Ethan Allen passe de la Rive-Sud à Longue-Pointe avec une trentaine d’hommes. Il sera arrêté par l’armée britannique et des miliciens de la Côte Saint-François et il aurait été détenu dans la maison Picard. La maison reste dans la famille Picard jusque vers 1801. Peu après, elle devient la propriété de Charles Frederick Grece venu promouvoir la culture du chanvre. Son fils Frederick Charles fera partie des premiers conseillers de Longue-Pointe (1845-1847 et 1855-1857). La veuve de Frederick Charles en demeura propriétaire jusqu’au début du 20e siècle. Elle passe ensuite aux mains de grandes compagnies comme la Canadian Steel Foundries et la Canadian General Transit Company, compagnie pétrolière qui en sera propriétaire de 1933 à 1970. La maison est louée à des locataires jusqu’à la fin des années 1960. Menacée de démolition, elle devient la propriété de la Ville de Montréal qui la déménage en 1970 au nouveau parc de la Promenade-Bellerive, angle Mercier et Bellerive, sur une partie du terrain de l’ancienne maison de Napoléon Lebrun, expropriée et démolie en 1965 pour les fins du parc. La maison est restaurée en 1986; on y adjoint une annexe du côté ouest. Le terrain est occupé par un CPE depuis ce temps. Le terrain de la maison Allen-Picard est devenu le Parc-de-la-Capture-d’Ethan Allen en 2008. Image : Archives de Montréal ; Déménagement de la maison Allen-Picard au parc de la Promenade-Bellerive, 1970. Il a nécessité la fermeture de la rue Notre-Dame près du centre commercial du même nom. 201 Av. Mercier.
Le poste d’incendie 40, angle Pierre-Tétreault et Pierre-de-Coubertin, est le plus intéressant sur le plan[...] architectural des trois postes (36 et 39) construits par la Ville de Montréal sur le territoire de Longue-Pointe, nouvellement annexé, en 1914-1915. C’est le célèbre architecte Dalbé Viau, concepteur de plusieurs écoles et presbytères à Montréal ainsi que de l’Oratoire Saint-Joseph, qui dessine les plans de l’édifice. Il est inauguré le 14 septembre 1915. À l’origine, la caserne 40 était doublée du poste de police 26, en fonction jusqu’en 1998. L’immeuble est construit d’une alternance de brique rouge et d’arches en béton. Il est d’influence néo-Renaissance par son fronton, sa corniche ouvragée et ses volutes. Remarquez également les plaques de béton sculptées. Dans le contexte de la Guerre froide, on ajoute un clocher de style toscan afin d’abriter un dispositif de signalement d’attaque aérienne. Le bâtiment est rénové en 1961. Fait intéressant, la caserne 40 est la dernière à abandonner la traction hippomobile pour ses véhicules. Un événement pour signaler la fin de l’époque des véhicules à chevaux a lieu le 31 janvier 1936 en présence du maire Camilien Houde. Le fumier récolté à la caserne est donné aux résidents des environs pour leur potager. On connait le nom du pompier qui fut le dernier à conduire les voitures à chevaux; il s’agit de Wilfrid Fontaine. Image : 8639 avenue Pierre-de-Coubertin, Caserne 40 et poste de police 26, c. 1925 ©️ Archives de Montréal
Contrairement à Hochelaga-Maisonneuve, il a fallu attendre l’Après-Guerre pour que s’installe une caisse[...] populaire dans Mercier-Est. La deuxième caisse est celle de Sainte-Claire, ouverte au sous-sol de l’église du même nom en 1947. Comme c’est souvent le cas, la caisse loue par la suite le rez-de-chaussée d’un bâtiment privé, au 2926, rue Azilda (aujourd’hui Pierre-Tétreault). En 1955, la caisse déménage dans un local commercial au 2578, rue des Ormeaux. Ce local ne servira que quelques années puisque dès 1959, la caisse déménage au 2720 des Ormeaux puis au 2775 de la même rue en 1980, où elle se trouve toujours. Avec le mouvement de fermeture des paroisses à partir des années 1970, l’arrivée des guichets automatiques et la volonté chez Desjardins de réduire le personnel, les caisses populaires se regroupent. Entre 1992 et 2019, les caisses populaires Sainte-Claire, Saint-Bernard, Saint-Victor, Longue-Pointe, Saint-Justin et Saint-Conrad (Anjou) fusionnent pour devenir la caisse Mercier-Est-Anjou. Ces fusions se font toutefois au détriment du lien qui unissait les dirigeants des petites caisses paroissiales à la population locale. Photo: Atelier d’histoire MHM, 2001
Le 9 mai 1910, la Commission scolaire de Beaurivage engage trois enseignantes pour travailler à l’école Vi[...]net, réservée aux filles et située rue Lepailleur, entre Notre-Dame et Lecourt. Ce sont les sœurs Élodia, Marie-Louise et Florida Roch. La première est l’institutrice principale, la seconde, première sous-maîtresse, et la troisième, seconde sous-maîtresse. Les deux premières possèdent un diplôme d’école élémentaire tandis que la troisième n’en a aucun. Pour l’année scolaire commençant le 1er juillet 1910, elles recevront un salaire respectif de 250 $, 125 $ et 50 $. Le salaire est payable en dix versements mensuels égaux à partir du 1er octobre. Précisons qu’à l’époque, le salaire moyen est de 500 $. Les deux sœurs aînées venaient de terminer une année d’enseignement à Berthier, leur village natal. La tâche la plus importante revient à Élodia Roch. Elle doit surveiller étroitement les élèves, enseigner toutes les matières en se servant uniquement des manuels approuvés, remplir quantité de rapports au département de l’Instruction publique, aux inspecteurs et aux commissaires et veiller à la propreté des classes. Les salles de classe ne doivent pas servir à d’autres usages que l’enseignement. Le contrat notarié ne mentionne pas le chauffage, mais c’est habituellement la responsabilité de l’enseignante-directrice lorsque l’école n’est pas de grandes dimensions. Les enseignantes doivent obligatoirement être célibataires. C’est pour cela que dans le cas des sœurs Roch, elles habiteront chez leurs parents au village. Beaucoup d’enseignantes laïques de l’époque logeaient dans une petite pièce qui leur était réservée à l’école. On ne sait pas si les sœurs Roch sont engagées l’année suivante puisque que la Commission scolaire de Beaurivage est annexée à celle de Montréal. Image : AHMHM, fonds Gilles Lacoste ; École Vinet en 1912 au 563-573 rue Lepailleur.
Le passage de la Route transcanadienne (pont-tunnel) fut paradoxalement un traumatisme et un formidable moyen [...]de développement pour les habitants de Longue-Pointe. Entre la rue Sherbrooke et le fleuve, ce sont 127 maisons unifamiliales, 118 immeubles à logements, 23 commerces, un parc et l'église Saint-François-d'Assise qui disparaissent sous le pic des démolisseurs. En sommes, plus des trois quarts de l’ancien « village » de la Longue-Pointe sont réduits à néant. Deux rues, Quinn et Saint-Malo, ne sont plus visibles sur les cartes de la ville depuis 1963. Quoique douloureuses, les expropriations se sont déroulées sans trop de heurts, 93% des propriétaires ayant accepté l’offre initiale – une fois et demie l’évaluation municipale – du Ministère de la Voirie. Il faut dire qu'en 1961, le gouvernement de Jean Lesage (Bernard Pinard et René Lévesque, respectivement ministres de la Voirie et des Travaux publics) créait le Bureau des expropriations dans le but d'accélérer les grands travaux d'infrastructures. Il votait par la même occasion une loi empêchant leur refus. Certains propriétaires de Longue-Pointe, plus téméraires et plus en moyens, optent pour un grand déménagement. C’est le cas de l’immeuble locatif en photo, érigé en 1960 au coin des rues de Boucherville et Sherbrooke (côté nord-est). Exproprié pour la construction de la bretelle d'entrée Curatteau (réaménagée et inversée en 2016), l'édifice est déménagé en 1965. La brique neuve doit être sacrifiée pour enlever du poids. L'immeuble se trouve aujourd’hui sur la rue Hochelaga, entre Lepailleur et de Bruxelles. Image : Le Flambeau de l'Est ; Déménagement du 7655 rue Sherbrooke Est vers le 7777 rue Hochelaga en 1965.
Les tuiles qui recouvraient les murs intérieurs du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, 300 000 au total, serv[...]aient à améliorer la luminosité. Elles protégeaient également le béton et l'armature d'acier des éclaboussures de sel, bien que l'on ignorait à cette période les effets néfastes du déglaçage sur les infrastructures de routières. Plusieurs personnes croient faussement que les tuiles provenaient d'Italie. En réalité, elles furent importées de Belgique. Les travaux d'aménagement intérieur du tunnel ont été réalisés par Oméga Construction à qui l'on doit plusieurs bâtiments institutionnels d'envergure tels que le Centre Pierre-Charbonneau et les résidences étudiantes de l'Université de Montréal. Image : Archives du ministère des Transports du Québec, Recouvrement intérieur du tunnel, 30 août 1966.
Paul Lair est né en France en 1856. Au milieu des années 1870, ses parents décident d’immigrer au Canada.[...] Ils choisissent de s’installer à Lotbinière au Québec. C’est là qu’il épouse Henriette Chevigny de la Chevrotière en 1881. Le couple aura neuf enfants. Lair se passionne pour la mécanique. Il développe un moteur à kérosène qu’on peut utiliser dans l’agriculture, les automobiles, les yachts et même les avions. Ce dernier sera éventuellement breveté. Pour mieux commercialiser son invention, Lair choisit de s’installer à Montréal, d’abord dans le quartier Saint-Jacques. Il publie régulièrement des annonces dans le Journal of Agriculture and Horticulture. Comme plusieurs de ses compatriotes, il fait partie de la Chambre de commerce française de Montréal. En 1909, il achète des terrains à l’angle des rues Moreau et Adam dans Hochelaga où il fera construire un atelier mécanique. Des annonces commencent alors à paraître dans tous les quotidiens montréalais. On parlera beaucoup de Paul Lair le 22 septembre 1910 lorsque le promoteur immobilier Max Daoust présente le monoplan « La Montréalaise » construit par Achille Hanssens. L’avion est de fabrication entièrement canadienne et c’est Paul Lair qui a conçu le moteur. Le monoplan volera quelques jours plus tard pour la première fois. Paul Lair est aussi représentant des moteurs Michigan. Il participe régulièrement au Salon de l’automobile de Montréal. À ce moment, son fils Alexandre travaille avec lui dans l’atelier de la rue Moreau. À Hochelaga, Paul Lair habite rue Dézéry. À partir de 1915, on le retrouve au 4555, rue Bellerive (aujourd’hui le 9347). Il meurt le 23 août 1919. Le service funèbre a lieu à l’église Saint-Victor, mais il sera inhumé à Lotbinière. Après la mort de son mari, Henriette de Chevigny louera puis vendra l’atelier de la rue Moreau à Albert Élie Faustin, manufacturier. La famille Lair continuera d’habiter Tétreaultville pendant plusieurs générations. Image : AHMHM, Maison Paul-Lair, 9347 rue Bellerive, 2020.
Jusqu’au milieu du 20e siècle, on trouvait à Longue-Pointe et Boucherville des populations attachées à l[...]eur église, à leur paroisse et au fleuve, témoin de leurs trajectoires historiques similaires. Ce rapport étroit avec le fleuve les a incitées à développer des liens entre elles. C’est en 1783 que François Vinet dit Souligny met en service le premier traversier vers Boucherville. La présence d’un avantage topographique commun, les îles de Boucherville, rend la navigation plus facile d’une rive à l’autre. L’hiver, le rétrécissement du fleuve le fait geler plus rapidement qu’ailleurs entre Montréal et la rive sud. Cette situation est une occasion pour les habitants de Longue-Pointe et de Boucherville de s’approprier entièrement le fleuve et de le transformer en lien routier balisé. Ces liens entre Longue-Pointe et Boucherville donnent lieu à des échanges, des mariages et des mouvements familiaux. Les traversées fluviales et les ponts de glace demeurent les seules façons de franchir le fleuve avant l’ouverture du pont Victoria en 1860. L’ouverture de la Voie maritime en 1959 interrompt les liens fluviaux entre Boucherville et Longue-Pointe. Image : Société d’histoire des Îles-Percées, Tramway hippomobile sur le Saint-Laurent, entre Longue-Pointe et Boucherville, vers 1920.
La Commission scolaire de Longue-Pointe, comme plusieurs autres, est formée en 1846. Elle est la seule commis[...]sion scolaire dans Mercier jusqu’à la formation du village et de la Commission scolaire de Tétreaultville 1907. Cette dernière connait une courte existence puisque dès 1915 elle est annexée à la CÉCM. En 1908, les propriétaires de Beaurivage (territoire autour de l’église St-François d’Assise) créent à leur tour une commission scolaire : la Commission scolaire de Beaurivage. En juin 1909, une entente est signée entre les Commissions de Longue-Pointe et de Beaurivage pour séparer les actifs et les écoles. L’entente conclut que Beaurivage aura les écoles Saint-Joseph pour garçons (angle Curatteau et Lecourt), l’école Vinet pour filles (rue Lepailleur) tandis que Longue-Pointe administrera l’école du Parc Terminal (Notre-Dame-des-Victoires) située angle Louis-Veuillot et Pierre-de-Coubertin. Pour cette occasion des experts vont dessiner les plans des trois écoles impliquées dans l’attente et certains plans sont annexés au contrat. Les plans des écoles sont semblables. Le bâtiment à deux étages, les classes sont au rez-de-chaussée et à l’étage on trouve les appartements pour les enseignantes. En effet, ces dernières viennent de l’extérieur et, selon leur contrat, elles doivent être hébergées par la commission scolaire. À l’école des filles, il y a deux classes multi-niveaux pour les 7 années du primaire. À l’étage, on trouve une chambre, la cuisine, le salon et une grande salle. Pour raisons financières, la Commission scolaire de Beaurivage est intégrée à la CÉCM en 1911 tandis qu’une loi force l’annexion de celle de Longue-Pointe à la CÉCM en 1917. Images Vignette : AHMHM, fonds Gilles Lacoste. École Vinet, 1912. Texte : BANQ, greffe de Joseph-Alfred Beauchamp. Plan du rez-de-chaussée de l’école Vinet, 1909.
Lors de l'excavation de la cale sèche du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui s'est déroulée de jui[...]llet 1963 à juin 1964, il fallait se débarrasser des matériaux le plus près possible pour respecter le calendrier de réalisation. Un faux mythe circule à ce sujet. Selon celui-ci, les matériaux déplacés, à savoir 76 000 mètres cubes de moraine, 46 000 tonnes de sable et 104 000 tonnes de pierre, furent utilisés pour l'aménagement de ce qui deviendra la Promenade Bellerive. En réalité, les opérations de remblaiement de la Promenade débutèrent à l'automne 1965, un an après l'excavation de la cale sèche, pour se terminer dix ans plus tard. Mais plus de 80% des travaux étaient complétés en 1971. Il y a donc, chronologiquement, des incohérences majeures dans ce mythe. Les recherches les plus récentes tendent à démontrer que la Promenade Bellerive était une zone de dépôt ouverte aux entrepreneurs en construction, sans contrôle particulier. Dans les faits, les matériaux excavés pour le pont-tunnel furent jetés dans le petit chenal qui séparait les îles Charron et Molson (Sainte-Marguerite). Une solution rapide et peu coûteuse. On le voit bien sur la photo. Depuis, les deux îles sont soudées. Il est possible qu'une partie des matériaux ait été acheminée vers le site d'Expo 67 puisque l'entrepreneur responsable de la construction des caissons du tunnel, Janin Construction, travaillait simultanément sur l'agrandissement de l'île Sainte-Hélène. Image : Ministère des Transports du Québec, Pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine en construction, 30 octobre 1964.
En 1913, l’augmentation de la population scolaire dans l’ancienne Commission scolaire de Beaurivage pousse[...] la CÉCM à construire une nouvelle école. Les plans sont dessinés par l’architecte Zotique Trudel dont l’œuvre la plus importante est le cinéma Ouimetoscope construit en 1907. En 1914, la nouvelle école, située sur la rue lavaltrie, est inaugurée et se voit nommé Boucher-de-la-Bruère, en l’honneur du surintendant de l’Instruction publique du Québec (il n’y a pas de ministre de l’Éducation à l’époque). Dès son ouverture le bâtiment est utilisé au maximum de ses capacités. En été on l’y donne des classes de rattrapage pour éviter aux jeunes d’abandonner leurs études et les soirs des cours sont offerts aux jeunes ouvriers et ouvrières. En 1917, grâce à Mgr Lepailleur (curé de St-François-d’Assise) qui accepte de prêter les terrains sur les côtés et derrière l’école, un programme de jardins scolaires est lancé à Boucher-de-la-Bruère. On sait qu’en 1918, 97 élèves de l’école participent au programme. Par la suite, on ignore ce qu’il advient de ces jardins. Lors d’événements importants, l’école sert de lieux de rassemblement. Par exemple, durant la Seconde Guerre, Boucher-de-la-Bruère sert de lieu de cueillette pour les coupons de rationnement. Pour pallier au besoin d’une population toujours grandissante, en 1931, on inaugure l’école Saint-François-d’Assise au 7760, rue Lafontaine, derrière Boucher-de-la-Bruère. En 1969, à la suite de l’inauguration de la nouvelle école St-François-d’Assise rue Tellier, le bâtiment de la rue Lafontaine devient la nouvelle école Boucher-de-la-Bruère et celui de la rue Lavaltrie Boucher-de-la-Bruère-annexe. En juin 1978, devant la diminution du nombre d’élèves, la CÉCM ferme l’annexe et en 1983, elle devient la Coopérative d’habitation Le Dolmen. Image : BANQ, sans date. École Boucher-de-la-Bruère, 7765, rue de Lavaltrie.
En 1961, le conseiller municipal de Mercier, Paul-Émile Sauvageau, propose de relier les parcs et les terrain[...]s situées en bordure du fleuve dans Mercier-Est. Il faut savoir que le port de Montréal est propriétaire des berges et de plusieurs terrains, dont le parc Pierre-Tétreault. Le 15 août 1964, on inaugure en grande pompe le parc de la Promenade Bellerive. Il s’étend à ce moment de l’avenue Mercier à la rue Liébert. À l’origine, la maison Archambault, rues Bellerive et Mousseau, devait faire partie du projet. Malheureusement, elle est démolie en raison de son état de dégradation avancée. La Ville de Montréal exproprie des maisons sur les rues Notre-Dame et Mercier dont celle de Napoléon Lebrun derrière la maison Ethan-Allen qui est déménagée à son endroit actuel en 1970. De 1965 à 1975, le gouvernement du Québec permet à des entrepreneurs de déverser des déchets de construction dans le fleuve pour prolonger le parc, mais pas ceux du pont-tunnel. En 1978, cette bande de terrain artificielle et lourdement contaminée est louée à la Ville, mais le Port refuse la libre circulation. Une clôture barbelée est installée et sera retirée progressivement dans les années 1980. Quelques aménagements sommaires sont réalisés. En 1976, les autorités municipales aménagent un bout de piste cyclable. Le développement du parc est relancé. À l’été 1978, on agrandit le parc qui s’étend maintenant jusqu’à la rue Meese en intégrant de petits parcs comme les parcs Pierre-Tétreault et Clément-Jetté. On plante également plus de 600 arbres pour embellir le parc. Le parc est menacé en 1982, car la ville de Montréal veut y construire un quai à neige. Des citoyens se mobilisent et le projet sera finalement refusé par le ministère de l’Environnement. En 1984, on procède à l’enlèvement du dépôt de sel et au milieu des années 1980, à celui de la voie ferrée du Port. Des riverains forment le Comité des citoyens pour la promenade Bellerive en 1989. Ceci mène au prolongement du parc jusqu’à Montréal-Est, à la création de la Société d'animation de la Promenade Bellerive en 1993 et à d’importants travaux d’embellissement à la fin des années 1990: éclairage de la promenade, navette fluviale, construction d’un chalet. Image : Archives de Montréal. Le parc de la Promenade Bellerive en 1976.
Pierre Tétreault est étroitement associé à la fondation de Tétreaultville. Menuisier, il part travailler [...]aux États-Unis où il fait fortune à la suite de la découverte d’une mine de zinc sur l’un de ses terrains. En 1896, fort de sa fortune (100 000$), il achète la grande partie des terres de la famille Archambault dont il complète l’achat en 1905. Il s’agit des actuelles rues French à l’est et Pierre-Tétreault à l’ouest. En 1902, il présente un plan d’aménagement pour diviser ses terres en 4 000 lots à bâtir. Il s’attache ensuite à créer les infrastructures nécessaires à une ville : ligne de tramway sur Des Ormeaux, parc public en 1905, création de la paroisse Sainte-Claire, ouverture d’une école en 1906. En 1907, le village de Tétreautville est créé à la suite de l’adjonction des terres de Guillaume Willems (rue Baldwin), premier maire. La ville aura une courte existence, car en 1910, elle est annexée à Montréal avec Longue-Pointe et Beaurivage. Vers 1905, Pierre Tétreault se fait construire une immense résidence que l’on surnomme le Château Tétreault. Il investit dans les mines de Montauban avec ses fils à partir de 1911 et meurt en 1922. Au moment de son décès, Pierre Tétreault, était marié à sa seconde épouse, Julie Thérèse Duquemin une Franco-Américaine. En décembre 1900, elle avait épousé Melvin W. Cottle dont elle aura un fils prénommé comme son père. Le couple vit à Saint-Louis au Missouri. On ne sait dans quelles circonstances Pierre Tétreault, veuf d’Azilda Brassard, rencontre Julie Duquemin, veuve également, mais toujours est-il que les deux convolent en justes noces le 26 septembre 1916 à l’église Sainte-Claire de Tétreaultville. Dans son testament de 1916 (fait avant son second mariage), Pierre Tétreault lègue tous ses biens à ses quatre fils et leur demande de verser une rente annuelle à ses quatre filles. À partir de 1922, le Château Tétreault est donc propriété de la succession. À ce moment, Julie Duquemin y vit avec trois des enfants de Pierre Tétreault (Georges, Édouard et Irène) ainsi que son fils Melvin. Comme elle n’a pas de revenu, elle décide d’ouvrir un terrain de camping sur le terrain du château, lequel existe de 1925 à 1932. Jusqu’en 1941, Julie Duquemin loue des chambres dans ce grand bâtiment qui compte 39 pièces. En 1929, elle donne le nom de Edgewater Manor au château. La succession connaît rapidement des difficultés financières, entre autres pour payer les rentes aux filles de la famille. Pour une raison inconnue, cette dernière n’a pas fait ériger de pierre tombale à Pierre Tétreault au Cimetière de l’Est. Le 15 août 1930, la succession décide de vendre le château et le terrain au sud de Notre-Dame (aujourd’hui le parc Pierre-Tétreault) au Port de Montréal. Une des conditions est que Julie Duquemin puisse continuer d’habiter le château. Elle y restera jusqu’à la fin de l’année 1941, moment où le port de Montréal annonce qu’il désire démolir le château. En avril 1942, le château est détruit. Image : AHMHM, Pierre Tétreault et Julie Duquemin, c. 1921.
Saviez-vous que la piscine Paul-Émile Sauvageau du parc L.-O.-Taillon est l’une des plus anciennes de Montr[...]éal ? Inaugurée le 26 juin 1962 à 20h, la piscine extérieure Louis-Olivier-Taillon est la première des 10 qui seront mises en service lors de cet été. Montréal compte alors 13 piscines extérieures publiques avec les trois de l’ile Sainte-Hélène construites en 1953. Aujourd’hui, on en dénombre un peu plus de 70 à Montréal, ce qui en fait l’une des villes nord-américaines les mieux équipées. L’histoire des piscines publiques extérieures à Montréal connait un grand avancement en été 1961 lors de la visite des maires et mairesses des terrains de jeux de Montréal à l’Hôtel de Ville. À cette occasion les jeunes élues demandent au maire Jean Drapeau de faire construire une piscine extérieure par district. En réponse à cette requête, le maire fait valoir qu’un tel projet est en préparation. Il annonce même au représentant du journal La Presse que les futures piscines seront à la fois intérieures et extérieures et pourront servir 12 mois par année. Le projet qu’annonce Jean Drapeau ne voit pas le jour, mais au printemps 1962, on révèle que les plans et l’emplacement pour 10 piscines extérieures sont prêts. Chacune est dotée d’un pavillon de baigneurs et emprunte l’une des trois formes dessinées par les architectes de la ville ; il y a des piscines de 25 mètres en L, des rectangulaires de 50 mètres et, au parc Jarry, une piscine de 50 mètres avec section, en forme de L, pour les plongeons. Les nouvelles piscines extérieures sont ouvertes tous les jours, au moins jusqu’à la fête du Travail de 10h a.m à 10 p.m. Le taux d’admission est de 25 cents pour les enfants et de 50 cents pour les adultes. Ces dernières connaissent un tel succès que dès le mois de juillet la Ville annonce vouloir construire au moins huit autres piscines. Image : Archives de Montréal. Inauguration de la piscine extérieure du parc Taillon le 26 juin 1962 (9200, Notre Dame E).
Dans le Longue-Pointe de 1911, une seule manufacture de chaussures existait : celle de Samuel St-Jean, rue St-[...]Just. Toutefois, selon le recensement, plusieurs centaines d’ouvriers habitant Longue-Pointe travaillaient pour cette industrie. Ces derniers œuvraient sans doute dans l’une des 7 manufactures de Maisonneuve. Dans cette chronique, on vous propose de découvrir le quotidien de 3 jeunes gens - les sœurs Blanche (17 ans) et Germaine (15 ans) Giroux du 5347 Pierre-Tétreault et leur voisin Jean-Baptiste Riverin (12 ans) du 5241 - qui habitent la rue Marie-Antoinette (un prolongement de Pierre-Tétreault au nord de Sherbrooke) et qui travaillent vraisemblablement à Maisonneuve. Le matin, pour se rendre dans l’une des manufactures de chaussures de Maisonneuve, ces derniers doivent prendre deux tramways. D’abord, celui de la rue Des Ormeaux qui va de la rue de Grosbois jusqu’à la voie ferrée du Terminal, avenue Souligny et ensuite celui qui vient de Pointe-aux-Trembles et qui s’arrête angle Des Ormeaux et Souligny. À l’époque, un billet du Terminal coûte 3 et 1/8 sous le passage. De 5 h à 6 h 30 du matin, les départs se font au 15 minutes et il faut partir tôt puisque le travail commence à 7 h pour une semaine de 60 heures. Le tramway laisse les sœurs Giroux et Jean-Baptiste Riverin derrière le futur Marché Maisonneuve à proximité des manufactures de chaussures. L’hiver, on voyage avant le lever du jour et l’on revient chez soi une fois la noirceur tombée. Pour raccourcir la journée de travail du samedi, il arrive que l’on travaille plus tard le mercredi soir. Pour 52 semaines de 60 h/semaine, les sœurs Giroux gagnent 260 $ par année, soit le double de leur voisin Jean-Baptiste, apprenti cordonnier. Comme il n’y a pas de cafétéria, on dîne à côté des machines ou a l’extérieur l’été. Auparavant, il n’y avait que Noël et le Jour de l’An de congé, mais depuis peu des manufacturiers francophones ont maintenant ajouté d’autres fêtes religieuses comme le Vendredi saint. Image : The Lastex Promoter, mai 1950. Femmes effectuant un travail à la chaîne à la section d'emballage des souliers de la manufacture Peerless.
Au début de l’année 1917, un mouvement est lancé dans les villes du Canada pour transformer les terrains [...]vagues en jardins potagers. Ce seront les « Jardins de guerre ». L’inquiétude monte devant la possibilité de famine en Angleterre et dans la France occupée. Il faut s’assurer également que les exportations agricoles vers l’Europe demeurent constantes et puissent augmenter sans affecter les approvisionnements canadiens. À Montréal, le mouvement est porté par le Montreal Cultivation Committee. La récolte des produits de 2 000 jardins à Montréal est évaluée à 100 000 $. En avril 1918, l’Association des jardins de guerre est créée à Montréal sous les auspices de la Société Saint-Jean-Baptiste. Le gouvernement du Québec y mettra des ressources et du personnel. Des écoles sont associées à ce projet comme l’école Boucher-de-la-Bruère, rue de Lavaltrie, dans Mercier. En 1918, ce seront 20 000 jardins sur l’île (dont la moitié à Montréal) qui donneront une récolte évaluée à 1 000 000 $. Cette même année, la chanson « Les petits jardins de guerre » connaissait une belle popularité. La photo de La Presse, parue dans l’édition du 24 juin 1918, montre l’immense jardin de guerre couvrant le nord et l’ouest de l’ancienne école Boucher-de-la-Bruère. On y voit distinctement la rue Lepailleur au premier plan, puis les rues Charlemagne (Curatteau) et de Boucherville. On distingue également la rue de Lavaltrie à gauche. À droite, on aperçoit les maisons du 1686-88 et du 1696, rue Lepailleur. Au fond à gauche, rue de Boucherville, se trouve la résidence des Sœurs de la Providence puis des bâtiments de ferme des religieuses. Enfin, à l’extrême droite, on devine les bâtiments principaux de l’Asile St-Jean-de-Dieu. On peut se permettre de penser que les jardins se rendaient au moins jusqu’à l’actuelle rue Ontario et peut-être jusqu’à la rue Hochelaga. Image : BANQ, fonds La Presse, Jardins de guerre de Mercier-Est; photo parue le 24 juin 1918.
Au début du 20e siècle, 7 importantes manufactures de chaussures sont établies à Maisonneuve al[...]ors que dans Mercier il s’en trouve seulement une. Située sur la rue St-Just elle est la propriété de Samuel St-Jean. Voici sa petite histoire ! Samuel St-Jean est né à Montréal en août 1872 d’un père cordonnier. Une fois adulte, au début des années 1890, il forme plusieurs sociétés pour la fabrication de chaussures. Pour une raison que l’on ignore, il s’installe à Contrecoeur en 1900 et sera à l’origine de la fabrication de la chaussure dans cette paroisse. En 1906, Samuel revient à Montréal et s’installe dans le village de Beaurivage. Il achète un terrain de Gustave Vinet rue St-George (aujourd’hui rue St-Just) à l’angle de Lecourt et y fait construire un édifice par le menuisier Joseph Lacas. L’immeuble de bois et de brique fait deux étages. Au rez-de-chaussée on trouve la manufacture de soulier et à l’étage une résidence. La manufacture compte moins d’une vingtaine d’employés. Elle se spécialise dans la fabrication de chaussures d’enfants. Éliza Paré, la femme de Samuel s’occupe de la bonne marche de la production. Notons que les contrats sont signés par Éliza Paré. Le couple avait fait plus tôt une demande de séparation de biens. En cas de faillite de l’entreprise, on ne peut saisir la maison et le terrain puisqu’ils sont au nom de l’épouse. L’année 1939 est la dernière année de production. Samuel St-Jean prend alors une retraite bien méritée. Il meurt en juillet 1945 et est inhumé au Repos St-François-d’Assise. Le bâtiment en forme de L de la manufacture est ensuite transformé en logements sociaux. Il disparaît au début des années 1970. Depuis 1985, l’espace est occupé par le CPE Le Dolmen au 585 Rue de Saint-Just qui est lié à la coop d’habitation Le Dolmen installée dans l’ancienne école Boucher-de-la-Bruère. Samuel St-Jean et Éliza Paré furent également les parents et les grands-parents de deux médecins bien connus de Mercier : les Dr Édouard et Marc St-Jean. Images Vignette : Mariage de Samuel St-Jean et d'Éliza Paré en 1894; Collection Maurice-Day, Archives AHMHM Texte : Camion de livraison de la manufacture St-Jean, 1922; source inconnue
Bien que situé sur l’île Grosbois de Boucherville, le Parc King Edward a fait le bonheur de nombreux rési[...]dents du quartier de 1910 à 1926. En juin 1909, un groupe de promoteurs met sur pied la King Edward Company, dont le but est d’aménager un parc d’amusements sur l’île Grosbois, l’une des îles de Boucherville. Le Parc est ouvert au public fin mai 1910. On y trouve des montagnes russes, une piste de courses de chevaux, une piste et un champ d’aviation en plus de restaurants et d’une salle de danse. Des bateaux à vapeur font la traversée à partir du quai Racine, au pied des usines de la Montreal Locomotive dans Mercier. Le coût, y compris l’entrée au parc, est de 20 sous pour les adultes et de 10 sous pour les enfants. En juillet 1910, Jacques de Lesseps, fils du promoteur du canal de Suez, qui est notamment connu pour être le premier à survoler le fleuve St-Laurent, assemblera deux avions dans un hangar du parc mis à sa disposition. Des essais de vol seront faits à partir de la piste d’aviation. En août 1910, La Presse y organise même une course automobile. La réputation du parc en prend un coup lorsque le quai d’embarquement s’effondre et que 300 personnes sont précipitées dans le fleuve. Heureusement, on ne déplore que des blessés. Toutefois, l’entreprise doit déclarer faillite en octobre 1911. La vente à l’encan du parc n’aura lieu qu’en mars 1914 au profit de l’un des promoteurs, J.T.R. Laurendeau. Le parc ouvre de nouveau en juillet 1914, mais à partir de cette date, seulement les fins de semaines puis uniquement le dimanche, sauf durant la semaine de courses de chevaux. Le parc King Edward fait partie d’un groupe de pistes de Montréal qui présentent des courses de chevaux tout au long de l’été comme la piste Maisonneuve et le stade Delorimier. Les traverses se font à partir du quai Dézéry puis du quai Pie-IX. Cette situation dure jusqu’en 1926. Cette année-là, deux événements vont signer la fin du parc King Edward. D’abord, en décembre 1927, après un été sans activité, l’entreprise demande à la législature de modifier sa charte à l’effet de tenir un parc d’amusements ou une piste de course ailleurs que sur l’île Grosbois. Une piste sera aménagée à Ville St-Laurent à temps pour les courses de l’été 1928. Ensuite, en avril 1928, de graves inondations vont recouvrir l’île Grosbois et détériorer toutes les installations. Aujourd’hui, l’île Grosbois fait partie du Parc des Îles de Boucherville. Images Vignette : Carrousel et promenade en bois en 1911; Standard, 24 juin 1911. Texte : Plan du Parc King Edward; Société d’histoire des Îles-Percées
Entre 1860 et 1900, des centaines de milliers de Canadiens-français partent pour les États-Unis. L’émigra[...]tion nette s’élève à 325 000. Un faible pourcentage de ceux-ci reviennent au Québec Le rêve américain n’était qu’une illusion. Peu d’entre eux ont fait fortune, mais des exceptions existent. Voici l’histoire de Pierre Tétreault, fondateur de Tétreaultville ! Pierre Tétreault est né en 1858 à St-Césaire. Vers 1873, toute la famille, sauf Julie, sa sœur aînée, déménage à Hochelaga. Le père et ses fils sont menuisiers. Après son mariage en 1876 et la naissance de son fils aîné l’année suivante, Pierre Tétreault déménage à Butte (prononcez Byout) City au Montana. Il va y rejoindre sa sœur Julie. Butte City est une importante ville minière (or, cuivre, argent, etc.). Selon le recensement de 1880 et plusieurs annuaires locaux, Pierre Tétreault continue de pratiquer le métier de menuisier. Dans cette ville, à moins de créer une entreprise prospère, le seul moyen de devenir riche est d’acheter des droits miniers. C’est ce qu’il fait avec le mari de sa nièce, Joseph Cliche, prospecteur. La chance leur sourit, car en février 1895, ils sont en mesure de vendre leurs droits pour 150 000 $. On y a décelé la présence d’une quantité importante de cuivre et d’argent. On ignore comment les deux investisseurs ont divisé la somme, mais un journal québécois affirme en avril 1895 lors d’une visite de Tétreault au Québec que celui-ci revient du Montana avec 100 000 $ en poche. Au début de l’année 1896, Pierre Tétreault revient pour s’installer définitivement au Québec. En mai de cette année, il peut se permettre d’acheter la plus grande partie des lots 399 et 400 qui formeront le cœur du futur village de Tétreaultville (les rues Pierre-Tétreault, Des Ormeaux et Mousseau). Le prix total est de 26 000 $ dont 21 000 $ seront payés comptant. Ces deux lots (et le lot 401 acquis plus tard) seront divisés en 4 000 terrains à vendre. Pierre Tétreault devient donc un important promoteur foncier de l’ancien Longue-Pointe. Avant juillet 1905, Pierre Tétreault se fait construire une immense résidence de 32 pièces dans ce qui aujourd’hui le parc Pierre-Tétreault. Cette résidence est mieux connue sous le nom de « Château Tétreault ». Pour donner un meilleur accès à ses terrains, il signe une entente avec la Montreal Terminal pour une ligne de tramway sur la rue Des Ormeaux. Bien qu’il soit à l’origine de la création du village de Tétreaultville en avril 1907, il ne sera jamais maire ou conseiller. À sa mort en 1922, le solde de l’actif et du passif est de 32 021 $ (550 970 $ aujourd’hui). Auteur : André Cousineau Image : Pierre Tétreault dans les années 1890; Archives de l’AHMHM.
En 1908, Abraham Dupéré, restaurateur et hôtelier bien connu de Montréal, décide de s’installer à Long[...]ue-Pointe. Le 17 février, il achète trois terrains à Pierre Bernard sur lesquels se trouve un bâtiment - situé à l’angle sud-ouest de Notre-Dame et Desmarteau - qu’il désire transformer en hôtel. Le futur hôtel a l’avantage de se trouver juste en face du terminus de la ligne de tramway de la Suburban sur Notre-Dame. Au début des années 1910, on fait couvrir l’entrée et ajouter une aile du côté ouest du bâtiment. En plus de l’excellence de la cuisine, Abraham Dupéré bâtit la réputation de son établissement grâce à des activités de pêche sur le fleuve, des excursions aux îles de Boucherville, des courses de raquettes, etc. En hiver, il fait même aménager une immense glissade qui permet aux visiteurs de se rendre jusqu’au fleuve gelé. En 1920, Abraham Dupéré achète le reste des terrains de la moitié est du quadrilatère, Notre-Dame, Desmarteau, Bellerive, Pierre Bernard. L’année suivante, l’hôtel sert de lieu de rassemblement pour le Touring Club de Montréal, un ancêtre du Club automobile. Des cartes postales du club nous permettent d’admirer une partie de l’intérieur de l’hôtel. À partir de 1922, Abraham Dupéré diversifie ses activités. Il ouvre la quincaillerie Dupéré Frères angle Notre-Dame et Hector. En 1932, il obtient un permis pour une taverne, le Travelers Rest, non pas à Montréal, mais rue Notre-Dame et George-V à Montréal-Est. Cette année marque aussi la fin de l’exploitation de l’hôtel, durement affecté par la crise. Le bâtiment ne servira ensuite qu’à loger sa grande famille. En 1935, il ouvre un garage directement en face de l’hôtel. Dupéré s’intéresse aussi à la chapellerie, car il ouvre une boutique de chapeaux, rue Sainte-Catherine Ouest. Celle-ci sera gérée par certaines de ses filles tandis que les garçons gèreront le garage et la quincaillerie. Abraham Dupéré représentera le district de Mercier au conseil municipal de Montréal de 1928 à 1940. Il meurt le 28 avril 1947. En 1952, la succession vendra l’ancien Château Dupéré aux Petites filles de St-François qui le transformeront en résidence pour personnes âgées. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Le Château Dupéré lors de l’année d’ouverture; La Presse, 23 mai 1908. (Texte) Le Château Dupéré tel qu’on pouvait le voir après les ajouts du début des années 1910; collection numérique, BAnQ.
Dans l’après-midi du 23 septembre 1948, une auto noire s’approche de la succursale de la Banque Canadienn[...]e Nationale, située angle Notre-Dame et St-Just. Deux hommes cagoulés en sortent. Le chauffeur attend dans l’auto, prêt à repartir. Un témoin de la scène prend en note le numéro de la plaque et court alerter une voiture de police. Les deux policiers, Nelson Paquin et Paul-Émile Duranleau, arrivent à la banque au moment où les deux malfaiteurs, Noël Cloutier et Douglas Perreault, en sortent. Cloutier fait feu sur le constable Paquin tandis que Douglas Perreault tire en direction de l’autre policier. Les deux policiers mourront des suites de leurs blessures. Leurs funérailles auront lieu le 27 septembre. Lorsque les deux braqueurs se retrouvent rue Notre-Dame avec un peu plus de 2 000$, l’auto noire est disparue. Le chauffeur Donald Perreault a préféré détaler en entendant les coups de feu. Pour s’enfuir, Cloutier et Douglas Perreault vont arraisonner une auto roulant sur Notre-Dame. Elle est prise en chasse et elle sera localisée plus tard dans une rue de Viauville. La police appréhendera Cloutier, mais Douglas Perreault réussit à s’enfuir. On ne sut jamais comment, mais les deux Perreault se rejoindront à Pembroke en Ontario dans une ferme appartenant au grand-père de Douglas. En apprenant la nouvelle, celui-ci leur ordonna de quitter les lieux. Les deux fuyards se retrouveront ensuite en Alberta où la GRC procède à leur arrestation dans la nuit du 1er octobre. La Couronne va choisir de mener trois procès séparés. D’abord Noël Cloutier pour le meurtre du constable Nelson Paquin en novembre 1948. Le jury ne prit que vingt minutes pour le déclarer coupable. Précisons qu’à cette époque, la peine capitale est appliquée dans les cas de meurtre. Le juge prononce une sentence de mort qui sera exécutée le 11 mars 1949. Le second procès impliquera Douglas Perreault pour le meurtre de l’agent Duranleau. Après 3 jours, le jury le déclare coupable et donc nouvelle condamnation à mort. Elle sera finalement appliquée le 17 juin. Le troisième accusé, bien que n’ayant pas participé aux deux meurtres, est quand même condamné à mort en mars 1949. Cette affaire de meurtre se termine finalement le 25 novembre 1949 par la pendaison du troisième et dernier accusé. En ces temps, la justice est expéditive puisqu’il ne se sera écoulé que 14 mois entre le délit et la troisième exécution. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Édifice Banque Canadienne Nationale, rue Saint-Just et Notre-Dame. vers 1960. AHMHM_F0038_MESSIER_D0001_PHOTOS_0001 (Texte) Première page du journal La Patrie. De nombreux curieux accourent devant la banque peu de temps après l’attaque à main armée. La Patrie 24 septembre 1948.
Bernard Lafond est né à Maisonneuve le 23 août 1923 de Georges Étienne Lafond et d’Antoinette Dufort. Le[...] père de Bernard Lafond était boucher. Il établit son commerce rue Desjardins avant de déménager rue Des Ormeaux. Bernard Lafond, quant à lui, commence à travailler dans le domaine de la fourrure en 1946. En 1950, il décide de fonder son propre commerce. Il achète un terrain à l’angle de Hochelaga et French où il fera ériger un bâtiment avec commerce au rez-de-chaussée et logement à l’étage au 8920 (plus tard le 8910), rue Hochelaga. Il célèbre les débuts de son projet avec une vente d’ouverture (voir photo ci-dessous). En décembre 1957, Bernard Lafond incorpore son entreprise sous le nom de Bernard Lafond Fourrures Inc. Le commerce de Bernard Lafond possède un atelier où l’on fabrique les manteaux. Le Fonds Bernard Lafond contient plusieurs photos où l’on voit Rita Chalifoux, épouse de Bernard, posant dans le quartier avec plusieurs modèles de manteaux. Les manteaux sont fabriqués en peaux d’animaux comme le vison, la martre, le renard, le castor, etc. L’entreprise possède aussi des chambres réfrigérées pour l’entreposage des manteaux durant l’été et elle offre un service de cueillette et de livraison des manteaux le temps venu. À partir des années 1990, on assiste à une baisse sensible de la demande en manteaux de fourrure. La mode change et les manteaux sont maintenant fabriqués en utilisant d’autres matières. À l’âge de la retraite, Bernard Lafond ferme son magasin en 2005. Le local est utilisé ensuite par un magasin de fruits puis par un commerce de trophées. Bernard Lafond décède en octobre 2009. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Vente d’ouverture du magasin de fourrures de Bernard Lafond en 1950 au 8920, rue Hochelaga; Archives de l’AHMHM, Fonds Bernard Lafond (Texte) Rita Chalifoux, épouse de Bernard, posant dans le quartier portant un manteau de fourrures devant une maison ; Archives de l’AHMHM, Fonds Bernard Lafond
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le Québec se dote d’un nouveau système de régulation de la jeune[...]sse délinquante, impliquant la création d’institutions financées par l’État et gérées par un personnel religieux. Fondé en 1873 par les Frères de la Charité, l’Institut du Mont Saint-Antoine est la première école de réforme pour garçons catholiques à Montréal. L’institution est vouée à la prise en charge de jeunes garçons reconnus coupables de délits mineurs. Sa mission de rééducation est fondée sur diverses approches curatives incluant une discipline rigoureuse, la pratique religieuse et l’apprentissage d’un travail manuel. Durant leur période d’incarcération, les jeunes délinquants doivent suivre une formation industrielle dans les ateliers de manufactures locales. En 1932, l’institution originaire du centre-ville de Montréal déménage au 8147 rue Sherbrooke, près de l’actuelle station Honoré-Beaugrand. Facilement accessible par le réseau de tramway de l’époque, le nouvel établissement frappe par sa modernité. L’édifice accueille quatre cents élèves au moment de son ouverture. Sa structure est centralisée autour d’une chapelle principale et d’un réfectoire, assurant la circulation facile et contrôlée des élèves. C’est à l’intérieur de ces lieux modernes et adaptés que les Frères de la Charité entreprennent des réformes pédagogiques importantes, témoignant d’un changement dans les mentalités. En 1950, la Loi sur les écoles de protection de la jeunesse oblige une plus grande intervention de l’État dans les écoles de réformes. La loi entérine également une nouvelle philosophie qui conçoit les écoles de réforme non plus comme des lieux d’incarcération, mais comme des refuges destinés à protéger les jeunes d’environnements sociaux ou familiaux malsains. À l’Institut Mont Saint-Antoine, les Frères de la Charité renouvellent leur programme pédagogique, prônant une approche plus individualiste, appuyée par des méthodes mieux adaptées à chaque élève. Puis, en 1953, l’institution est officiellement reconnue comme une école d’arts et métiers, offrant une formation professionnelle spécialisée qui dépasse l’aspect mécanique de la formation industrielle. En 1964, l’Institut Mont Saint-Michel est entièrement pris en charge par l’État, délaissant sa vocation religieuse. Aujourd’hui, l’établissement accueille le Centre de réadaptation pour les jeunes en difficulté d’adaptation du Mont Saint-Antoine. Autrice : Emma LeBoutillier Images : (Vignette) Institut Mont-Saint-Antoine, Sherbrooke Est, 1953. BANQ (Texte) Reportage du Ministère du Bien-Être Social et de la Jeunesse. École des arts et des métiers Mont-Saint-Antoine, 1953. BANQ
Dans la seconde moitié du 19e siècle, des professionnels et marchands font construire des résidences perman[...]entes ou d’été sur les bords du St-Laurent à Longue-Pointe. Parmi eux se trouve l’architecte John William Hopkins (1825-1905) qui est connu pour avoir réalisé les plans de plusieurs bâtiments importants du centre-ville de Montréal dont le bâtiment de l’Art Institute of Montreal qui deviendra plus tard le Musée des Beaux-Arts. Ce dernier conçoit vraisemblablement sa résidence d’été vers 1877 sur la partie sud du lot no 401 (partie sud de l’actuel Parc Clément-Jetté). La villa est située au fond du terrain sur les bords du fleuve. Une allée partiellement bordée d’arbres permet d’accéder au bâtiment à partir de la rue Notre-Dame. Le terrain est d’une superficie de 85 000 pi2 (7 900 m2). Il comporte un bâtiment qui sert d’abord d’écurie et ensuite de garage. La villa compte 12 pièces et en 1913 comprend salle de bain, électricité et chauffage. La demeure est mise en vente pour 50 000 $ (environ 1 234 000 $ aujourd’hui). Après la mort de Hopkins en 1905, la succession finira par vendre le terrain et la villa. Elle est ensuite achetée en 1915 par l’industriel Ferdinand Tremblay. Par la suite, la maison sera louée à deux locataires bien connus. D’abord, Carlos d’Alcantara de 1919 à 1925 qui se servira du grand terrain pour cultiver fleurs, melons et légumes vendus au Marché Maisonneuve. Ensuite, au début de la Seconde Guerre, Mme Alice Côté se mettra à louer des chambres en cette période de rareté du logement. À partir de 1956 jusqu’en 1962, elle loue également des emplacements pour stationner des roulottes. En 1963, la propriété est saisie pour non-paiement de taxes par la Ville de Montréal. La maison est démolie, puis en 1964, c’est au tour des maisons du côté ouest de Pierre-Bernard d’être expropriées et démolies. En 1966, la ville créera le Parc Clément-Jetté à partir de ces deux ensembles. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) John William Hopkins; copyright househistree.com (Texte) Photo de la villa telle que parue dans La Presse du 12 avril 1913
En 1958, un nouveau concessionnaire automobile, Eudes Automobiles, dont le président est Marcel Eudes, s’in[...]stalle au 8725, rue Notre-Dame, angle nord-est de Des Ormeaux. Il vient rejoindre d’autres concessionnaires de l’Est de Montréal installés principalement rue Notre-Dame comme Fortier Auto, Longue-Pointe Chrysler ou rue Ste-Catherine, Duval Motors. Eudes Automobiles vend aussi des autos usagées disposée sur le terrain de l’ancien Château Tétreault, propriété du Port de Montréal. Eudes Automobiles ne restera que cinq ans à cet endroit. À l’été 1963, Marcel Eudes décide de déménager son entreprise au 505, avenue Broadway, angle Sherbrooke, à Montréal-Est pour disposer d’un plus grand espace. C’est le début d’un mouvement de migration des grands concessionnaires plus haut cités vers des endroits plus stratégiques comme une rue en plein développement (Sherbrooke), l’autoroute 25 et la Rive-Sud. Diverses entreprises (stations-service, garages, centre de karaté) vont remplacer Eudes Automobiles, mais toutes connaîtront une courte existence. En 1985, la vocation de l’ancien emplacement d’Eudes Automobiles est devenue résidentielle. En 1968, un nouveau restaurant s’installe au 8746, rue Notre-Dame, en face de l’ancien Eudes Automobiles. Il s’agit de Chez Corneli Pizza, aujourd’hui le Restaurant Coronel où se tiennent régulièrement des conférences sur l’histoire du quartier. En 1966, trois ans après le départ d’Eudes Automobiles, le terrain auparavant occupé par les autos usagées devient le parc Pierre-Tétreault. Du côté nord-ouest, on trouve une manufacture d’encadrements, la Canadian Parlor Frame, établie en 1941. L’année 1972 est la dernière année d’existence de cette manufacture. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Eudes Automobiles au 8725, rue Notre-Dame Est en juillet 1959; Archives de Montréal (Texte) À gauche, Canadian Parlour Frame et à droite Eudes Automobiles en juillet 1959; Archives de Montréal
Paul-Émile Sauvageau est né à Hochelaga en 1918 dans la paroisse de Très-Saint-Rédempteur. Son parrain, E[...]dmond Hamelin (conseiller municipal de 1938 à 1962) lui sera d’une grande aide dans sa vie professionnelle et politique. En 1935, Paul-Émile Sauvageau commence à travailler comme commissionnaire au garage Hamelin & Frères dont son parrain Edmond est le président. Paul-Émile gravit les échelons jusqu’à en être le vice-président dans les années 1950. Il quitte Hamelin & Frères en 1956 pour fonder sa propre entreprise Sauvageau Auto, rue Notre-Dame Est. Fin 1965, il achète un terrain sur lequel il fait construire une maison. Elle est située, angle Notre-Dame et Azilda, directement en face d’où se trouvait le Château Tétreault. Comme son parrain, Paul-Émile Sauvageau s’intéresse à la politique municipale. Il sera conseiller du district 10 de 1957 à 1962; où il rejoint son parrain. De 1962 à 1966, il représente le district de Mercier. Paul-Émile Sauvageau incarne un nouveau genre de conseiller très près des gens. Il se démarque également par le nombre colossal de motions qu’il présente lors des assemblées du conseil. Par exemple, en juillet 1970, après avoir quadrillé son district pendant plusieurs semaines, il enregistre 64 motions pour des améliorations suggérées par ses commettants qui vont de la construction d’un centre sportif et de bains publics à l’installation de feux de circulation. Toutefois, la contribution la plus importante de Paul-Émile Sauvageau au quartier Mercier demeure celle d’avoir lancé le projet du parc de la Promenade Bellerive, inauguré en août 1964. En 1966, il quitte son poste de conseiller municipal pour représenter le comté de Bourget (aujourd’hui Camille-Laurin) comme député de l’Union nationale de 1966 à 1970. Comme député, il milite, entre autres choses, pour le prolongement du métro dans l’Est et pour la création d’un ministère des Sports. Après sa défaite électorale de 1970, Paul-Émile Sauvageau sera commissaire de Terre des Hommes et de l’Office d’embellissement de la ville de Montréal. Grand amateur de sports, il est membre de la Commission athlétique de Montréal de 1960 à 1987. Paul-Émile Sauvageau meurt en septembre 2003 et est inhumé au Repos Saint-François-d’Assise. Auteur : André Cousineau Image : Paul-Émile Sauvageau, 1957; Collection numérique, BAnQ
En 1905, pour inciter les gens à s’établir sur ses terres, Pierre Tétreault aménage un grand parc autour[...] du boulevard St-Antoine (aujourd’hui Des Ormeaux) et au nord de Grosbois : le parc Tétreaultville. Bien que nous ne connaissions pas avec exactitude les limites de ce parc, il se trouve au moins en partie sur l’emplacement de l’actuel parc Thomas-Chapais. Le 27 août 1905, le parc est doté d’une salle de danse et d’un système d’éclairage. Ce parc en plus d’être un attrait touristique s’inscrit dans la stratégie de promotion des terres de Pierre Tétreault qui, à l’époque, rêve de fonder sa ville. Ainsi, le parc est aussi l’aboutissement de la ligne de tramway de la rue Des Ormeaux inaugurée le 13 juillet 1905. Cette dernière est le prolongement d’une ligne de tramway qui part de Maisonneuve pour se rendre au Bout-de-l’Île en passant par les terres de Pierre Tétreault à la hauteur de l’avenue Souligny. Après la mort de Pierre Tétreault en mai 1922, la succession va louer le parc à la Island Park & Amusement Co. qui veut y aménager un parc d’amusements pour faire concurrence au Parc Dominion. Le 9 juin 1923, la Island Park inaugure son parc mais fait faillite en décembre de la même année. En 1941, la succession Tétreault fait faillite à son tour et les terrains du parc deviennent propriété de la ville de Montréal. En 1927, la ligne de tramway de Des Ormeaux est, quant à elle, intégrée à la ligne 84 qui roule sur Hochelaga en partance de Maisonneuve et monte ensuite la rue Des Ormeaux. Avant la Seconde Guerre, l’autobus 21 devient le circuit Des Ormeaux avec des boucles au sud par Tellier et Azilda et au nord par Baldwin et de Grosbois. Aujourd’hui, trois lignes d’autobus (26, 185 et 141) desservent chacune une partie de la rue Des Ormeaux. Auteur : André Cousineau Image : Inauguration du parc d'amusements au Parc Tétreaultville par la Island Park Amusement Co.; newspapers.com
Le dimanche 8 avril 1928, alors que l’on célèbre la Pâque, c’est la débâcle. Les immenses blocs de gl[...]ace sur le St-Laurent commencent à se déplacer et libèrent de grandes quantités d’eau. Le transport par tramway sur la ligne de Notre-Dame est interrompu le dimanche soir à partir de 21h30. Les tramways s’arrêtent d’abord au Parc Dominion puis le lendemain à Viau. Les personnes qui doivent se rendre plus à l’est doivent faire un grand détour par Lasalle, Hochelaga et George-V. Toute circulation sur l’axe Notre-Dame est impossible. Le lundi 9 avril, l’eau continue de monter tant et si bien qu’à la hauteur de la rue Caty, on se trouve devant 2 pieds d’eau (60 cm) et devant l’ancienne église St-François-d’Assise (entrée du tunnel), l’eau monte jusqu’à 4 pieds (1,20 m). Les citoyens sont confinés dans leurs maisons; la situation se complique pour ceux dont le rez-de-chaussée et parfois l’étage sont inondés. Dans ce contexte, la chaloupe devient le seul moyen de transport viable. C’est par le biais de ces petites embarcations qu’on livre les denrées essentielles et le courrier. Le curé de la paroisse utilise ce mode de transport pour visiter malades et mourants Les policiers du poste 26 (Caty et Notre-Dame) patrouillent les rues du quartier à coup de rames. Comme le nombre de chaloupes est insuffisant, la Ville de Montréal réquisitionne celles du Parc Lafontaine. Dans la nuit du 12 avril, le niveau d’eau commence à baisser et dès le 13, il est possible de se promener en bottes ou en automobile. Le tramway revient au Parc Dominion, puis devant la caserne 39, rue Caty. Le 15, toutes les rues sont complètement à sec. Seules les caves sont encore inondées. On raconte même que les maisons sont infestées de rats. Le grand ménage du printemps commence alors pour les habitants du quartier. Auteur : André Cousineau Images : (Vignette) Rue de Boucherville, au sud de Notre-Dame. Le bâtiment à droite est le couvent Saint-Isidore des Sœurs de la Providence, démoli en 1996. AHMHM_F0040_ROBERTGARIEPY_D0001_PHOTOS_0005 (Texte) Rues Notre-Dame et de Boucherville, vers l'est. On aperçoit l'église Saint-François-d'Assise en arrière plan.AHMHM_F0040_ROBERTGARIEPY_D0001_PHOTOS_0001
Pour plusieurs habitants de Mercier, le croisement des rues Hochelaga et Liébert ne vient pas sans un petit p[...]incement de cœur. L’intersection est dominée par un grand bâtiment, gris et délabré. Sur la façade de la ruine, on peut encore lire, avec nostalgie, les lettres autrefois illuminées du Cinéma Paradis. Sous différents noms, cet espace a été, des années 1950 jusqu’à tout récemment, le lieu favori des cinéphiles du quartier. Le cinéma est marqué par un véritable boom de construction dans les années de l’après-guerre. Entre 1945 et 1960, les salles se multiplient, au rythme de la croissance économique, la hausse démographique et la naissance de nouveaux quartiers. Rien de mieux pour illustrer cette effervescence que la carrière du jeune architecte Jean-Maurice Dubé, qui se spécialise dans la construction de salles de cinéma. En 1953, il se vante d’en avoir conçu quatorze, en plus de trois autres qui sont encore sur la table à dessin. De ce trio de cinémas à venir, il y a le Capri, destiné à être le premier cinéma de Tétreaultville. L’année suivante, le Cinéma Capri ouvre ses portes au 8215 Hochelaga. Le bâtiment suit un modèle typique pour ces années. La devanture est couronnée d’une marquise lumineuse, chapeautant le guichet. À l’intérieur, une seule salle de projection, qui compte 678 places. On y présente d’abord des films en anglais, puis, à partir des années 1960, uniquement des films en français. En 1974, un immigrant italien, Angelo Guzzo, se porte acquéreur du Capri. C’est à ce moment que le nom change, devenant alors le Cinéma Paradis. À ses débuts, le succès du Paradis repose sur le marché des deuxièmes visionnements. Contrairement à aujourd’hui, le public retourne parfois plusieurs fois au cinéma pour revoir un film. Avant l’arrivée du vidéo, c’est un des seuls moyens de revoir un film, à moins d’attendre qu’il soit télédiffusé. Guzzo entreprend aussitôt une reconfiguration complète du cinéma, plus adaptée à cette nouvelle époque. À partir de 1976, le cinéma compte trois salles de 400, 272 et 208 places. C’est le premier cinéma de l’empire Guzzo, qui prend une expansion fulgurante dans la région métropolitaine de Montréal à partir des années 1990, alors que son fils, Vincenzo Guzzo, développe l’entreprise familiale. En 2009, le Cinéma Paradis ferme ses portes. À l’ère des multiplexes et des services de streaming, le modèle du petit cinéma de quartier n’est tout simplement plus rentable. Depuis la fermeture, le bras de fer entre les Cinéma Guzzo, toujours propriétaires, et la Ville de Montréal, mènent à l’impasse : le bâtiment, toujours debout, porte avec le temps les tristes marques de son abandon. Auteur : Charles Dorval Image : Photo du Cinéma Paradis prise en 2021, abandonné depuis 2009. Journal Metro, 6 août 2021 (en ligne)
Au 325 boul. Pierre-Bernard, dans Mercier-est, se trouve un bâtiment qui détonne du paysage et ce n’est pa[...]s pour rien ! La maison Brouillet-dit-Bernard est la deuxième plus vieille bâtisse du quartier, tout juste après la maison Ethan-Allen. Contrairement à cette dernière, elle n’a jamais changé d’emplacement. L’histoire de cette maison est un voyage dans le temps! On ne connaît pas exactement la date de construction de la maison. Les quelques sources que nous avons sont pour la plupart incomplètes, ou se contredisent. On sait par le style architectural cottage, que ce type de construction apparaît sur le territoire dans la seconde moitié du 18e siècle, atteignant un sommet de popularité au tournant du siècle. Vraisemblablement la maison a été bâtie au début des années 1800. Le nom de cette ancienne maison renvoie à la famille qui l’a habité pendant plusieurs générations. Dès 1731, les Brouillet dit Bernard sont nombreux dans l’est de l’île de Montréal. On se doute que parmi ceux-ci, se trouvent les descendants ou même les premiers propriétaires de la maison que nous connaissons aujourd’hui. Au courant des années 1800, on laisse tomber le nom Brouillet pour simplement garder le patronyme Bernard. Le plus célèbre membre de cette famille est certainement Pierre Bernard, deuxième du nom. Il est élu, de 1907 à 1910, comme maire de Longue-Pointe. La municipalité ayant été absorbée par Montréal en 1910, il est par le fait même, le dernier maire de Longue-Pointe. Pierre Bernard occupe la maison jusqu’à son décès, en 1924. La propriété est vendue l’année suivante à un jeune horticulteur des environs, Carlos d’Alcantara. Il ne lui fallait plus qu’un grand terrain pour lancer une fois pour toute son projet d’horticulture d’envergure. Sans attendre, il fait ériger tout autour des serres et amorce une importante production horticole. Aujourd’hui, la boutique de fleuriste les Dames d'Alcantara poursuit la mission de Carlos. Dans les années 1990, le développement urbain menace la maison Brouillet-dit-Bernard. La modification du zonage, en 1997, permet à des promoteurs de bâtir des condominiums sur les terrains adjacents. La maison plus de centenaire est alors coupée de sa vue sur le fleuve, de même que de son accès à la rue Notre-Dame. Telle une rose parmi les épines, elle marque le paysage et agit comme un rappel des enjeux qui entourent la préservation du patrimoine. Auteur : Charles Dorval Image : Maison Brouillet-dit-Bernard, de nos jours, enclavée parmi les condos. AHMHM
Juliette Huot est née rue Fullum le 9 janvier 1912 d’Aldéric Huot, charretier, et de Rose Delima Bélanger[...], originaire de la paroisse St-François-d’Assise de la Longue-Pointe. En 1916, la famille déménage dans Mercier. De 1918 à 1923, elle habite au 8567, avenue Souligny, angle Lebrun, et de 1923 à 1927 elle habite au 2746, rue Des Ormeaux (maison aujourd’hui disparue). Juliette Huot va fréquenter l’école Lebrun, rue Hochelaga et Lebrun. La seconde adresse se situe près de la caserne de pompiers 40, angle Pierre-Tétreault et Pierre-de-Coubertin. C’est l’époque où les citernes sont tirées par des chevaux. Dans les années 1920, son père travaille à la Montreal Locomotive Works comme machiniste. Comme dans beaucoup de familles de l’époque, les jeunes commencent à travailler tôt. À l’âge de 14 ans, Juliette Huot se trouve un emploi à l’imprimerie Wilson, rue de Bleury. Pour s’y rendre, elle doit prendre le tramway avenue Souligny, puis celui de Sainte-Catherine dans Maisonneuve. C’est à la salle paroissiale de l’église Ste-Claire qu’elle commence à faire du théâtre amateur dans les années 1920. Le metteur en scène de sa première pièce est le notaire Beauchamp. Sa véritable carrière de comédienne et de chanteuse commence dans les années 1930 en cumulant des rôles dans des pièces de théâtre, des radio-romans à CKAC et dans les Variétés Lyriques. Juliette Huot est une touche-à-tout. Elle connaît du succès dans le burlesque, les cabarets, la télévision dans des séries grand public, le cinéma avec une participation remarquée dans le film Les Plouffe (1981) et le théâtre québécois dans la reprise des Belles-sœurs en 1973. Elle apporte également une contribution dans la diffusion de la cuisine québécoise dans les années 1970 et 1980 avec des émissions culinaires et la publication de nombreux livres de recettes. Le gouvernement québécois l’a honorée en 1988 en la faisant Chevalier de l’Ordre national du Québec. L’ancien parc Azilda (rue Ste-Claire entre Pierre-Tétreault et Baldwin) est devenu le parc Juliette-Huot en 2007. Auteur : André Cousineau Image : Juliette Huot en 1950; BAnQ, Collection numérique