L’ancienne ville d’Hochelaga comptait deux filatures sur la rue Notre-Dame: la Hudon, coin Dézéry et la Sainte-Anne, angle du Havre. Ces filatures, érigées respectivement en 1874 et 1882, sont mises sur pied par l’industriel Victor Hudon. En effet, après avoir perdu le contrôle de la première filature aux mains d’un groupe de magnats anglophones dirigés par Andrew Frederick Gault et étroitement associés aux activités de la Banque de Montréal, Hudon s’empresse d’en ériger une seconde pour faire concurrence à la première. La nouvelle manufacture réussit facilement à obtenir une exemption de taxes du conseil d’Hochelaga qui est alors sous la gouverne de Raymond Préfontaine. Malheureusement, en raison de soucis de santé, Hudon perd rapidement le contrôle de la Sainte-Anne et en 1885 les deux filatures fusionnent pour former la Hochelaga Cotton Company. En 1905, elles intègrent la Dominion Textile qui contrôlera une grande partie de l’industrie du coton au Québec. Au bâtiment original de 1882, la Dominion Textile en ajoute deux : l’un en 1905 et le second en 1912.
La filature Sainte-Anne est plus petite que la Hudon et compte moins de la moitié d’employés. Par exemple, lors de la grève de 1908, on dénombre 409 ouvriers à Sainte-Anne alors que la Hudon en compte 1098. À cette époque, dans l’ensemble des manufactures de la Dominion Textile, environ 40% des employées sont des femmes qui se retrouvent majoritairement au tissage. Les hommes occupent des métiers plus spécialisés. Les conditions de travail sont difficiles et ne s’amélioreront véritablement qu’à la suite de la formation de syndicats catholiques et d’une importante grève en 1937. En 1953, la Dominion Textile décide de fermer la filature Hudon. La filature Sainte-Anne continue d’opérer jusqu’en mars 1983. Par la suite, elle est démolie.
Image : Archives de Montréal, Filature Sainte-Anne en 1982 (2154-2166 rue Notre-Dame Est).
