Lomer Gouin (1861-1929) a été premier ministre du Québec de 1905 à 1920, mais il a également joué un certain rôle dans le développement domiciliaire de Longue-Pointe au début du 20e siècle. Gouin est admis au Barreau en 1884. À ce titre, il défend des entreprises ferroviaires. Il est également directeur ou administrateur de plusieurs compagnies d’assurance, de banques ou d’entreprises manufacturières. Il est élu député libéral en 1897, d’abord à Montréal, puis dans le comté de Portneuf. En 1905, après la démission de Simon-Napoléon Parent, il est nommé premier ministre, poste qu’il occupe pendant une quinzaine d’années. Il est ensuite ministre de la Justice au cabinet fédéral puis pendant quelques mois avant sa mort lieutenant-gouverneur de la province de Québec.
Ce que nous savons moins, c’est que Lomer Gouin, tout en étant député provincial et premier ministre du Québec, était un important propriétaire foncier de Longue-Pointe. Vers 1895, avec son beau-frère Joseph-Honoré Mayrand, il achète l’immense lot no 397 (les actuelles rues Mercier et Lebrun) qui va du fleuve à Anjou. L’année suivante, la partie sud de la voie ferrée est subdivisée. On trace deux rues perpendiculaires au fleuve. La première est nommée Mercier parce que Lomer Gouin a épousé Éliza Mercier, la fille de l’ancien premier ministre Honoré Mercier (1885-1891). L’autre semble ne pas avoir été baptisée. Une autre rue, celle-là parallèle au fleuve, portera le nom de Mayrand. On retrouvera le nom des deux propriétaires dans de nombreux contrats de vente.
À cette époque la notion de conflit d’intérêts ne pèse pas lourd dans la politique. Un député ou même un premier ministre peut posséder des intérêts dans une entreprise sans que cela ne fasse la une des journaux. En novembre 1906, Lomer Gouin et Joseph-Honoré Mayrand vont vendre leurs terrains à Napoléon Lebrun qui entamera véritablement le développement urbain de cette ancienne terre agricole.
Image : BANQ, Lomer Gouin, premier ministre du Québec, vers 1905.
