Avez-vous déjà remarqué ce bâtiment bien caché sur la place Jeanne-d'Arc, au coin de la ruelle Girard? Dans le contexte de la croissance urbaine d'après-guerre et du débordement de l'église Très-Saint-Nom-de-Jésus, en 1948, l'Archidiocèse de Montréal, dirigé par Mgr Joseph Charbonneau, érige la paroisse Saint-Mathias-Apôtre pour desservir les rues Jeanne-d’Arc à Valois. Une chapelle et un presbytère sont aménagés dans un triplex situé au 1436 avenue Jeanne-d'Arc. Seulement 100 personnes peuvent s'y rassembler, ce qui implique de célébrer, à partir du 15 août 1949, jusqu'à une dizaine de messes les dimanches. Cette année-là, la paroisse achète un terrain au coin des rues d'Orléans et Adam pour la construction d'une véritable église. En revanche, le terrain comprend 28 logements à démolir. L'achat, totalisant 66 000$, plonge la paroisse dans les dettes. De fait, le curé fondateur, Achille Lachapelle, décide d'acheter une ancienne manufacture sur la place Jeanne-d'Arc afin d'y déménager l'église.
En plus de régler temporairement le problème d'espace, cette décision permet de repousser la construction d'une église. Les loyers des habitations à démolir peuvent servir à financer le nouveau temple. L'édifice, déjà passablement âgé, est rénové à l'intérieur pour accueillir 700 fidèles. Le presbytère occupe la partie arrière. Les ornements sacerdotaux et les statues, dont celles de Sainte-Thérèse, de Sainte-Anne et du Sacré-Cœur, sont aussi neufs. Construit en 1922, le bâtiment abritait à ses débuts une compagnie de transport et de déménagement, propriété des frères Tousignant (la place Jeanne-d'Arc a porté ce nom jusqu'en 1934). De 1933 à 1949, on y retrouvait une fabrique de cercueils. Cette entreprise, Canadian Casket, appartenait à la famille Sansregret, qui ouvrira le salon funéraire T. Sansregret, rue Dézéry, en 1935. L'église Saint-Mathias de la place Jeanne-d'Arc est ouverte à la fin novembre 1950 et est inaugurée à Noël de la même année. Les fidèles y resteront jusqu'à la construction de l'église permanente, rues Orléans et Adam (aujourd'hui le Chic Resto Pop), en 1959. Quant à l'ancienne manufacture transformée, elle sera par la suite occupée par les Glaneuses.
Images
Vignette : Le Petit Journal, 31 décembre 1950. Église Saint-Mathias-Apôtre nouvellement ouverte.
Texte : AHMHM, 7 février 2021.
