Les Sœurs de la Providence, gestionnaires de l'hôpital psychiatrique Saint-Jean-de-Dieu, ont exploité une immense ferme jusqu'aux années 1960. La superficie de leur domaine, constitué progressivement à la fin du 19e siècle, dépassait l'emprise actuelle de l'hôpital. Les terres ont formé une municipalité indépendante de 1898 à 1982, surnommée Gamelin, du nom de la fondatrice des Sœurs de la Providence, Émilie Tavernier (Gamelin). La municipalité de la paroisse de Saint-Jean-de-Dieu était délimitée par l'axe de la rue des Futailles, la montée Saint-Léonard (Autoroute 25), le fleuve et la limite d'Anjou, quelques dizaines de mètres au nord de la rue Pierre-Corneille. Elle jouissait d'un statut spécial dans le système municipal québécois, n'ayant aucun compte à rendre au gouvernement provincial. Le complexe était parfaitement autarcique : bureau de poste, quai, aqueduc, électricité, etc.
La ferme des Sœurs était imposante. En 1924 par exemple, on y recensait 300 porcs, 61 vaches, 500 volailles et 23 chevaux. Les récoltes étaient transportées par un tramway. Le bâtiment le plus imposant était sans conteste la porcherie, érigée avant 1907. Après la Seconde Guerre mondiale, les Sœurs entreprirent de liquider l'ensemble de leurs terres en périphérie de l'hôpital. Le processus, entamé en 1958 avec la Place Versailles, s'est terminé au tournant du nouveau millénaire. C'est dans ce contexte qu'en 1963, la porcherie fut vendue au gouvernement du Québec dans le but d'y construire un entrepôt de la Commission des liqueurs (SAQ). L'immeuble fut finalement démoli en 1967. En soi, le démantèlement de la ferme n’est aucunement associé à la construction du pont-tunnel. Une fois les parcelles vendues à des fins industrielles, elles furent annexées par Montréal.
Image : BANQ, sur l'image on voit la porcherie dans les années 1910.
