Des ruelles généreusement bétonnées comme celle-ci, on en trouve treize à la douzaine à Montréal. Elles témoignent d'une époque, celle de la domination de l'automobile dans l'espace urbain et de l'expansion rapide des quartiers constructibles après 1945. L'ère du transport routier explique en grande partie l'asphaltage intensif des ruelles montréalaises. En 1958, Mercier se classe au 4e rang à Montréal sur le plan du nombre d'automobiles par habitant. Située entre les rues Marseille, Carignan, Dugas et Henri-de-Salières, cette ruelle est désignée le 7 décembre 1961. Avant de l'asphalter, il faut toutefois attendre que des investisseurs privés entreprennent le développement du secteur. Malgré la ressemblance des bâtiments, plusieurs entrepreneurs différents y œuvrent entre 1963 et 1966. On y trouve principalement des duplex et appartements de style après-guerre.
L'avenue Henri-de-Salières par exemple est lotie par une entreprise spécialisée dans la spéculation foncière, Dipo Investment, basée à Côte-Saint-Luc. Pour sa part, les habitations le long de l'avenue de Carignan sont érigées par un entrepreneur indépendant, Joseph Torti. Les deux ont toutefois un partenaire commun, la Ville de Montréal, qui simplifie le lotissement. Habituellement, jusqu'aux années 1980, le revêtement des ruelles privées est conditionnel à l'approbation de la majorité des propriétaires adjacents. Ce n'est pas le cas pour celle qui nous concerne puisque le terrain a été saisi pour taxes foncières impayées 30 ans auparavant. Le 14 septembre 1966, le contrat d'asphaltage est octroyé à Interstate Paving Company qui est parmi les plus gros joueurs de la voirie à cette époque. Cette entreprise asphaltera aussi la partie menant à la rue Faribault.
Image : AHMHM, 24 juillet 2020. Derrière le 2808 avenue Henri-de-Salières.
