En 1911, la Ville de Maisonneuve entame un projet pharaonique : le Parc Maisonneuve. À l’origine, il couvre la partie nord de la municipalité entre les rues Viau, Boyce (Pierre-De Coubertin), Pie-IX et Rosemont. Cette partie est peu développée et les promoteurs y voient une occasion en or. La Ville de Maisonneuve prévoit y aménager de grandes installations du type jardin botanique, grands amphithéâtres, hippodrome, lacs artificiels, hôtels, casinos, etc.
Le coût d’achat des terrains s’élève à 6 445 615 $ (environ 145 millions en 2021). À ce coût, il faut ajouter les intérêts sur les emprunts et les frais divers. Les abus de pouvoir sont nombreux. Parmi les propriétaires concernés, il y a la Viauville Land Company, entreprise ayant acheté les terrains de la succession Viau. Elle compte parmi ses actionnaires le maire de Maisonneuve, Alexandre Michaud, Oscar Dufresne, conseiller de la ville, l’avocat de la Ville, le maire de Montréal et trois députés provinciaux. Les Frères des écoles chrétiennes, dont le noviciat occupait l’emplacement actuel du bâtiment principal du Jardin botanique, vendent leurs terrains pour 1,5 million de dollars. Ces ventes donnent lieu à une spéculation foncière effrénée. Un exemple éloquent : Henri Lemaître Auger, un courtier immobilier, achète des terrains pour la somme de 16 570$ le 13 octobre 1914 et les revend le même jour deux fois le prix à la Ville de Maisonneuve.
Le projet du Parc Maisonneuve se solde par un échec en raison de la crise économique de 1913 et de la Première Guerre mondiale. En 1917, la Ville de Maisonneuve consacre 56% de ses revenus au paiement des terrains. Montréal, aussi surendettée, est mise sous tutelle en février 1918. Le gouvernement provincial profite de l’occasion pour y annexer Maisonneuve. Les propriétaires devront payer une taxe spéciale de 2½% sur les biens imposables pendant 15 ans pour éponger une partie de la dette.
Image : Maisonneuve, principal faubourg industriel de Montréal, Plan de la ville de Maisonneuve, 1911.
