Au début du 20e siècle, le plus grave problème dans les écoles était l’absence d’issues de secours et d’escaliers de sauvetage. À cet effet, le lundi 26 février 2024, marquait le 117e anniversaire de l’incendie de la Hochelaga Protestant School de la rue Préfontaine dans lequel la jeune directrice-enseignante Sarah Maxwell et 16 jeunes élèves qu’elle tentait de sauver sont morts dans les flammes.
Remettons l’incendie dans son contexte. L’école protestante d’Hochelaga est inaugurée en 1890. Elle était située, rue Préfontaine, à l’angle d’Adam et séparée de l’église St. Mary’s par la cour de récréation. C’était une école de 2 étages qui comprenait 4 classes (deux de garçons du côté nord et deux de filles du côté sud).
L’école d’Hochelaga, tout comme la très grande majorité des écoles de Montréal, ne possédait pas d’issues de secours ni d’échelles pour permettre d’évacuer les élèves à l’étage. Ainsi, lors de la construction, les commissaires avaient insisté pour que les élèves les plus âgés soient au rez-de-chaussée et les plus jeunes à l’étage. L’idée était qu’en cas d’incendie, les enfants plus âgés auraient pu bousculer ou écraser les plus jeunes en tentant de fuir les flammes.
En novembre 1906, Sarah Maxwell, la directrice-enseignante se plaint à plusieurs reprises du mauvais fonctionnement de la fournaise sans que la commission scolaire intervienne et, quelques semaines plus tard, le 26 février 1907, à 13 h 38, l’alarme est donnée; l’Hochelaga Protestant School est la proie des flammes.
Environ 150 enfants se trouvaient dans cette école. Rapidement, Sarah Maxwell ordonne aux enfants du 1er étage d’évacuer. Elle grimpe ensuite à l’étage supérieur où se trouvent les plus jeunes. La fumée devenue dense et étouffante avait envahi le seul escalier, ne laissant que les fenêtres comme voie de sortie. Comble de malheur, le jour de l’incendie, la sortie du côté sud était impraticable. Peu avant, un menuisier avait scellé certaines fenêtres.
Sarah Maxwell est donc seule avec les plus jeunes élèves. Elle réussit à en remettre plusieurs aux pompiers en haut des échelles. À un moment donné, on entend une puissante explosion. Le capitaine Carson, chef des pompiers, supplie alors Sarah de redescendre avec lui. Elle lui répond qu’elle ne peut abandonner les élèves restants. Elle retourne dans le brasier pour tenter de sauver les derniers élèves. C’est la dernière fois qu’on la verra vivante. À la suite de l’incendie, on retrouve 17 cadavres, dont le corps de Sarah Maxwell qui recouvrait un petit enfant dans l’espoir que celui-ci puisse survivre.
Le 8 mars, l’enquête du coroner conclut que personne n’était à blâmer et qu’il n’y aurait pas eu de victimes si les enseignantes avaient évacué les enfants plus rapidement. Quelle triste inconscience pour dédouaner les autorités solaires! L’année suivante, l’école fut reconstruite et prit le nom de « Sarah Maxwell Memorial School ».
Auteur : André Cousineau
Images : Sarah Maxwell, directrice-enseignante de l’école, 1907; The Standard, 16 mars 1907, BAnQ. L’école une fois que toutes les victimes furent sorties des décombres; The Standard, 16 mars 1907, BAnQ.
