Le tunnel Ontario, aménagé au début du 20e siècle et rénové en 1923, n’est pas célèbre pour son architecture, mais pour une affaire criminelle qui a passionné le Québec en 1924.
Le 1er avril 1924, une auto non blindée de la Banque d’Hochelaga qui se dirigeait dans le tunnel vers la succursale Ontario/Aylwin, est attaquée par sept malfaiteurs. Une fusillade s’engage et le chauffeur est abattu. Les bandits réussissent à s’emparer de 140 000 $ (2,1 millions en 2020). Cependant, un des attaquants est mortellement blessé par deux policiers qui interviennent. Celui-ci sera retrouvé plus tard avec des numéros de téléphone dans ses poches de pantalon. De plus, un des participants, réfugié aux États-Unis, dénoncera ses complices. Ces informations mèneront à l’arrestation de toute la bande, dirigée par Louis Morel, un ex-policier, et Tony Frank, le chef présumé de la mafia montréalaise.
Le procès des six principaux accusés aura lieu en juin 1924. Les condamnations à mort, après seulement quelques minutes de délibération, seront facilitées par le fait qu’un des participants accepte de témoigner pour la Couronne en échange d’une remise de peine. Une première au Canada. La pendaison est prévue pour le 24 octobre 1924. La veille, deux des six condamnés voient leur peine commuée en emprisonnement à vie. Il aura fallu moins de sept mois entre le crime et la pendaison de quatre des malfaiteurs (dont Morel). Ce crime causera tout un émoi dans la population, d’autant plus que l’âme dirigeante est un ex-policier. Ceci conduira à une enquête sur la corruption dans la police et l’administration de Montréal. Le rapport du juge Coderre, déposé en mars 1925, ne sera que très partiellement appliqué l’année suivante.
Image : BANQ, Tunnel Ontario, vers 1920.
