Alors que la Première Guerre mondiale fait des ravages en Europe, Patrick Doran propriétaire de l’aréna Jubilee dans Hochelaga cherche une manière d’attirer les foules pour remplir les sièges de son aréna. En 1916, il met sur pied une ligue de hockey féminine professionnelle : la Ligue de hockey des Dames de l’Est.
Au départ, la ligue est formée de quatre équipes : le Western, le Telegraph, le Maisonneuve Stanley et le North End Stanley. Un mois après ses débuts, deux nouvelles formations s’ajoutent et, bientôt, une autre entièrement francophone, le Hochelaga. La meilleure équipe, le Western, gagne le championnat lors des saisons 1916, 1917 et 1918. Elle doit en grande partie ses succès au talent d’Agnès Vautier la meilleure joueuse de la ligue. Dans les journaux, on n’hésite pas à comparer Vautier à Didier Pitre et Newsy Lalonde, deux joueurs vedettes du Canadien de Montréal.
L’intérêt porté aux hockeyeuses est si important que les joueuses vont jouer des parties hors-concours un peu partout au Québec et même à l’extérieur de la province. Ces affrontements donnent lieu à une série de rencontres mythiques entre le Western et l’équipe ontarienne le Victoria de Cornwall. Les jours de matchs, la Compagnie des tramways de Montréal doit ajouter des voitures supplémentaires pour transporter les spectateurs dans l’est de la ville. Malgré le talent du Western, l’équipe de Cornwall arrive toujours à gagner les matchs. Il faut dire que cette dernière peut compter sur la hockeyeuse franco-ontarienne Albertine Lapensée. Véritable phénomène, elle est rapidement reconnue comme la meilleure joueuse de hockey au pays.
Le succès commercial du hockey féminin professionnel n'empêche pas sa disparition. En 1918, la Ligue de hockey des Dames de l’Est disparaît. Plutôt que de développer la ligue, les propriétaires passent leur temps à se disputer les gains commerciaux. Aussi, la fin de la Première Guerre mondiale est synonyme du retour des soldats au pays et sur les glaces de hockey.
Auteur : Olivier Dufresne
Image : Photo de l’équipe le Hochelaga. Montreal Daily Star, 9 mars 1916, p. 6.
