Réalisé en 1961 , le prolongement du boulevard de l’Assomption entre les rues Sherbrooke et Hochelaga s’inscrit dans le contexte de la deuxième phase d’industrialisation du quartier Mercier (1945-1965). Dans son plan directeur de 1944, la Ville de Montréal confère à ce secteur une vocation d’abord résidentielle . L’arrivée de l’entrepôt Steinberg et de l’usine Atlas-Asbestos (aujourd’hui Le 5600) sur la rue Hochelaga, respectivement en 1946 et 1949, vient remettre en question la fonction résidentielle projetée.
Montréal se retrouve en compétition avec les municipalités de banlieue pour attirer de nouvelles industries et conserver celles qui déménagent en grand nombre du corridor industriel du canal de Lachine. Les arguments économiques trônent à ce moment au sommet des priorités décisionnelles. Durant le dernier mandat de l’administration Houde (1950-1954), la Ville modifie le zonage de plusieurs secteurs pour y permettre l’installation d’entrepôts et de manufactures tournées désormais vers le camionnage. En 1953, le zonage aux pourtours du boulevard de l’Assomption prolongé devient strictement industriel afin de permettre l’expansion du secteur industriel existant au sud de la rue Hochelaga .
Les industries qui s’installent à Montréal dans l’Après-Guerre s’étendent sur de vastes superficies. Elles requièrent du stationnement pour leurs employés ainsi que des infrastructures routières à haut débit permettant aux camions de rejoindre les grands boulevards. C’est dans ce contexte qu’est prolongé le boulevard de l’Assomption vers le sud, au beau milieu de nulle part, car on croit fermement que les industries s’installeront à proximité. Et elles le feront rapidement. En 1969, le secteur aujourd’hui connu sous l’appellation « Assomption-Nord » est occupé presque entièrement.
Auteur : William Gaudry
Image : Boulevard de l’Assomption, entre les rues Sherbrooke et Hochelaga, vers le sud, 1962. Sur la photo, à gauche, on remarque un petit boisé longeant le ruisseau de la Grande-Prairie (Molson) asséché. Toujours à gauche, en arrière-plan, l’incinérateur Dickson fonctionne à plein régime. Dans la pénombre, du côté droit, on aperçoit l’usine d’embouteillage Coca-Cola, récemment inaugurée. Archives de Montréal, VM94-45-D228-012
