On sait peu de choses sur la carrière que possédait Charles-Théodore Viau et la succession Viau après la mort ce dernier (décembre 1898). Quelques articles de journaux de 1901 et de 1906 en font mention. Elle serait située rue Ontario comme nous l’apprennent les quotidiens du 15 août 1906. Après cette date, on en trouve aucune mention dans les journaux ou dans les procès-verbaux de la Ville de Maisonneuve. Notre hypothèse est que la carrière se situait à l’emplacement de la future manufacture de biscuits Viau, ouverte en 1907.
Pourquoi cet intérêt pour la carrière Viau? Parce que Charles-Théodore Viau, et la succession après décembre 1898, imposent leur propre code de bâtiment à tous ceux qui achètent des terrains à bâtir. En plus des habituelles interdictions de l’époque sur l’interdiction de construire une boucherie ou une manufacture de chandelles, on retrouve dans les contrats de vente des indications précises sur la construction : les maisons devront avoir au moins 20 pieds de largeur et deux étages, avoir une façade de pierre de taille, être à 10 pieds de l’avenue (Viau avait divisé ses terres de la 1ère à la 5e avenue, aujourd’hui de Viau à Sicard). Les maisons devront être à plus de 4 pieds d’une rue transversale. Il est interdit d’aménager des portiques, porches, vérandas mais les bay-windows et les balcons-galeries d’au plus 5 pieds de largeur sont permises.
Si les conditions précédentes ne sont pas respectées, le promoteur se réserve le droit d’imposer une amende de 200 $ aux nouveaux propriétaires.
Il est donc évident que la pierre de la carrière Viau a pu servir lors de la construction des maisons de Viauville jusqu’à au moins 1907. Même si la carrière a été fermée par la suite, il existe de nombreuses carrières près de la limite nord de Maisonneuve (boulevard Rosemont) pouvant fournir la pierre nécessaire aux façades de Viauville.
Auteur : André Cousineau
Image : Portrait de Honoré Chayer, carrier qui meurt d’un accident de travail à la carrière Viau. L’article sur son accident est l’une des traces qui rend compte de l’existence de la carrière Viau. La Presse, 15 août 1906, p. 1
