Au 19e siècle, les chevaux ne sont pas uniquement utilisés sur terre pour tirer calèches, charrettes et tramways (jusqu’en 1892). On s’en sert comme force motrice pour faire avancer des bateaux. Ce sont les fameux « horse boats » que l’on peut traduire par barques, bateaux ou traversiers à chevaux.
Dans notre arrondissement, la traversée se faisait entre Hochelaga et Longueuil. Sur la rive montréalaise, le quai est situé à la limite ouest de l’ancien village d’Hochelaga au bout d’une petite rue nommée justement Longueuil.
Les bateaux à cheveux étaient équipés de deux roues à aubes. Les chevaux trottinaient sur une plate-forme ronde reliée à un arbre à transmission. Celui-ci actionnait les roues à aubes. La traversée durait une heure. Le premier départ de Longueuil se faisait à 7h et celui d’Hochelaga à 8h. Le dernier départ d’Hochelaga avait lieu à 18h et celui de Longueuil à 19h. Non seulement le bateau à chevaux transporte des passagers à pied, des charrettes avec leur cheval, mais également des bêtes à cornes, des moutons et des cochons.
Le bateau L’Edmond est parmi les premiers à faire la traversée Hochelaga-Longueuil. Un personnage important du début 19e siècle à Hochelaga est Oliver Wait, marchand et entrepreneur. Il est impliqué dans la construction du canal Lachine entre 1821 et 1824. En 1820, il achète le bateau à vapeur Jérémie avec les frères Bagg du Mile End. Mais il possède également les bateaux à chevaux : le Baroness of Longueuil et le Persévérance. Après sa mort en 1832, le bateau reste en opération au moins jusqu’à 1842.
Pour donner une idée de l’écart de prix entre un piéton et le plus gros véhicule, nous avons choisi de comparer les tarifs de L’Edmond et le traversier Sorel-St-Ignace de Loyola. En 1823, un piéton paie 4 pence et une charrette avec cheval 1 shilling ce qui donne un rapport 1:3; le plus gros carrosse à 4 roues et 4 chevaux coûte 4 shilling (rapport 1:12). Un piéton paie 4,05 $ et une voiture 9,75 $ soit un rapport 1:2,4; la plus longue remorque paie 29,75 $ soit un rapport 1 :7,2. L’écart était alors plus grand en 1823.
Les bateaux à chevaux disparaîtront progressivement dans la seconde moitié du 19e siècle, supplantés par les bateaux à vapeur.
Auteur : André Cousineau
Images : (Vignette) llustration d’un bateau à chevaux en usage dans la région de Toronto au XIXe siècle. John Ross Robertson, « The second ferry horse boat », Robertson’s Landmarks of Toronto, vol. 2, p. 763. (Texte) Croquis du système d'un horseboat. Image provenant de Traits en savoie
