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Atelier d'histoire

Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Théâtre Maisonneuve

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Au début du 20e siècle, le cinéma était le loisir préféré des ouvriers, et plusieurs salles animaient les quartiers populaires. Vous connaissez sans doute le Théâtre Grenada (aujourd’hui le Théâtre Denise-Pelletier) et le tristement célèbre Laurier Palace. Mais avez-vous déjà entendu parler du Théâtre Maisonneuve ? Moins connu, il a pourtant marqué l’histoire du cinéma à Montréal.

Tout commence en avril 1917, lorsque la Compagnie Cinéma Maisonneuve, dirigée par Edmond Labelle, voit le jour avec un objectif clair : construire un cinéma dans la ville de Maisonneuve. L’emplacement retenu donne sur la rue Ontario, à côté de la Dufresne & Locke. Le 10 janvier 1918, le théâtre ouvre ses portes dans un bâtiment de style Beaux-Arts, orné de pilastres et d’une élégante corniche. À l’intérieur, 757 sièges attendent les spectateurs venus découvrir les films muets projetés avec des intertitres en anglais.

Le premier exploitant du cinéma est William Rochon, mais ce sont les frères Ameen et Najeeb Lawand, d’origine syro-libanaise, qui marqueront véritablement son histoire. Déjà propriétaires du Laurier Palace, ils signent un bail en 1919, puis rachètent définitivement le théâtre en 1924, après la faillite de la compagnie initiale.
En 1929, le Théâtre Maisonneuve entre dans la modernité avec l’arrivée des films parlants. Deux ans plus tard, grâce à un accord avec France-Films, la salle propose des films français, un tournant majeur qui attire une nouvelle clientèle. La crise des années 1930 n’épargne pas le secteur, mais les cinémas redoublent d’inventivité en organisant des tirages et autres événements pour garder leur public.

Le succès du Théâtre Maisonneuve attire les convoitises. En novembre 1937, il est absorbé par la puissante United Amusements, dirigée par la famille grecque Ganatakos. Malgré ce changement, les familles Lawand et Tabah conservent la gestion du cinéma.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la programmation revient aux films en anglais uniquement. Mais c’est l’arrivée de la télévision au Québec en 1952 qui porte un coup fatal aux cinémas de quartier. Peu à peu, les salles se vident, et le rideau tombe définitivement sur le Théâtre Maisonneuve le 30 avril 1956.

Le bâtiment, laissé à l’abandon, connaît ensuite plusieurs transformations. Le rez-de-chaussée accueille d’abord le restaurant Mocambo, puis une pizzeria et un marché d’alimentation. Dans les années 1970, les deux étages supérieurs sont convertis en logements, une vocation qu’ils conservent encore aujourd’hui, à l’exception d’une brève période dans les années 1990 où ils abritent un bar et un studio de danse.

Auteur : André Cousineau
Image : Souvenir Théâtre Maisonneuve, coin Ontario et Lasalle. BANQ, Collection Pierre Monette

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