Quand elle ouvre ses portes le 6 septembre 1909, l’école Dufresne répond à un besoin pressant : offrir un nouvel accès à l’éducation dans un secteur de Longue-Pointe en pleine expansion.
À cette époque, seulement trois établissements desservaient l’ensemble du territoire : l’école Saint-Joseph à l’angle des rues Curatteau et Lecourt, l’école Vinet sur la rue Lepailleur — toutes deux administrées par la Commission scolaire de Beaurivage — ainsi que l’école du Parc Terminal, aussi appelée Notre-Dame-des-Victoires, relevant de la Commission scolaire de Longue-Pointe. L’expansion rapide du secteur commande donc la création de deux nouvelles écoles : l’Académie Saint-Bernard sur la rue Notre-Dame et, bien sûr, l’école Dufresne, implantée sur la rue Omer — aujourd'hui appelée rue de Beaurivage —, pour venir combler cette lacune.
Le projet prend son envol en décembre 1908, lorsque Omer Dufresne, propriétaire de la Terrasse Dufresne, vend quatre lots à la Commission scolaire de Longue-Pointe pour 1 037,50 $. Quelques mois plus tard, un contrat de construction est signé pour la somme de 6 675 $. Dessinée par l’architecte Raoul Lacroix — à qui l’on doit notamment le Bain Hochelaga — l'école est prévue sur deux étages, avec des fondations en béton, une charpente métallique et une façade en brique.
Rapidement construite, l'école Dufresne accueille dès la rentrée de 1909 garçons et filles, sous la supervision d’enseignantes laïques. En 1914, elle compte déjà trois classes multi-niveaux pour 104 élèves.
Après la Première Guerre mondiale, l’établissement devient une école pour garçons, confiée aux Frères de la Charité. Dans la nuit du 7 janvier 1920, un incendie majeur ravage l’édifice. Grâce à l’intervention héroïque des pompiers de cinq casernes, l'école est sauvée de la destruction totale et sera rapidement reconstruite. C’est probablement à ce moment que l'école Dufresne est rebaptisée école Curatteau, en hommage au curé fondateur du Collège de Montréal en 1767.
Au fil des ans, la croissance rapide du quartier continue de remplir les salles de classe. En 1925, l’afflux d’élèves est tel qu’il faudrait refuser l’admission aux enfants de cinq ans. Pour répondre à cette pression, la Commission scolaire loue quatre logements sur la rue St-Just, qu’elle transforme en trois classes multi-niveaux, créant ainsi une annexe à l’école Curatteau. Tandis que les Frères de la Charité enseignent dans l’école principale, des enseignants laïques assurent les cours dans l’annexe. Ensemble, les deux établissements accueillent près de 230 élèves.
En 1931, une nouvelle page se tourne : l’école Curatteau ferme ses portes et ses élèves sont relogés dans la toute nouvelle école Saint-François-d’Assise, située rue Lafontaine derrière l’école Boucher-de-la-Bruère. L’ancien édifice sert ensuite de résidence pour les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, enseignantes à l’école voisine.
L’histoire du bâtiment, pourtant, ne s’arrête pas là. En 1968, la Commission des écoles catholiques de Montréal le vend à L’Accueil Le Relais, un centre destiné aux adolescents en difficulté. Aujourd’hui, l’ancienne école Dufresne, devenue Curatteau, accueille toujours des jeunes : elle est désormais le siège du Centre de réadaptation pour les jeunes en difficulté de Beaurivage.
Auteur : André Cousineau
Image : Élèves devant l'école Dufresne de Longue-Pointe, septembre 1919. Coll. AHMHM, Fonds Jean-Guy Lemelin
