cultivateurs
Ouvrir une session Ouvrir une session
logo

Atelier d'histoire

Mercier-Hochelaga-Maisonneuve

Aide à la femme

m s

Peu connu, l’Aide à la femme, un organisme de charité « qui s’occupait de toutes les misères des femmes et enfants montréalais » passera la majeure partie de son existence dans le quartier. Fondée en 1931 par mademoiselle Maria Bourque (une laïque!) dans l’ouest de la ville, l’organisme déménage en 1937 dans Maisonneuve, dans les anciens locaux de la American Thread Company au coin de Aird et Hochelaga.

L’Aide à la femme, offre des services d’obstétriques aux femmes, particulièrement celles qui sont les plus marginalisées. On parle de celles qui vivent des grossesses jugées illégitimes (père inconnu, prostitution, hors mariage, mère adolescente), mais aussi des aînées sans ressources, d’orphelinat pour les enfants illégitimes, de refuge pour celles sans foyer ou de résidence à long terme pour handicapés physiques ou mentaux (je vous épargne les termes de l’époque).

Cette large offre fait en sorte que l’ancienne usine qu’il occupe au coin Aird est rapidement pleine à craquer. En 1940, c’est 471 personnes qui sont hébergées dans l'institution. En guise de comparaison, l’hôpital Maisonneuve Rosemont a une capacité de 588 lits en 2025, soit à peine une centaine de plus que l’Aide à la femme.

Les trois étages de l’ancienne manufacture ne répondent évidemment pas aux besoins et une partie des patientes se retrouvent au sous-sol de la bâtisse, ou dans des lits dans les corridors. Les conditions de vie sont souvent décriées. Dans les archives, on trouve plusieurs lettres adressées au ministre de la Santé qui mentionnent la nourriture immangeable, la corruption, l’exploitation des patientes, l’incompétence et la négligence.

Un agent du procureur général écrit même que cinq cents enfants seraient décédés en quelques années par manque de personnel, d’espace et de nourriture. Un rapport de la commission Garneau illustre cette situation misérable : « Les salles sont identiques et présentent un tableau lamentable. La lumière abondante dans certaines salles met en relief des petits êtres pâles, sans animation, à [la] figure triste.»

En 1970, le ministre de la Santé Claude Castonguay ordonne la fermeture en urgence du bâtiment. À cette époque, l’Aide à la femme ne s’occupe plus que de 189 femmes. L’organisme est fusionné au service de gériatrie de l’hôpital Saint-Luc en 1978.

Auteur : Matthieu Mazeau
Images : (Vignette) Immeuble ayant accueilli l’Aide à la femme entre 1937 et 1970. Col. AHMHM, Fonds Michel Roy. (Texte) Photo de classe prise à l’Aide à la femme en 1944. La Patrie, 22 novembre 1944.

Aide_A-Femme