La collection de cartes postales de Félix Barrière conservée à la BAnQ recèle de véritables trésors. L’une d’entre elles porte une légende succincte : « marchand de bois à Tétreaultville ». L’adresse mentionnée est le 678, ce qui indique qu’elle précède les changements de numérotation survenus à la fin des années 1920. Grâce à nos recherches, nous avons pu établir qu’il s’agit du commerce de bois et charbon d’Henri St-Onge, situé au 678, avenue Lebrun.
Henri St-Onge est né le 29 juin 1883 à Saint-Paulin, dans le comté de Maskinongé. On retrouve sa trace à Longue-Pointe dès 1910, année où il signe une promesse de vente avec Napoléon Lebrun pour un terrain situé sur l’avenue du même nom, juste au sud de la rue Pierre-de-Coubertin. L’acte de vente, officialisé en novembre 1913, précise qu’il y a déjà érigé une maison. Il y ouvre peu après un commerce de bois et de charbon, un service essentiel à l’époque, alors que la majorité des résidents utilisent encore ces combustibles pour le chauffage. Le commerce figure d’ailleurs clairement sur l’atlas de 1914.
Avec la réorganisation des adresses à la fin des années 1920, le commerce devient le 2566, avenue Lebrun, tandis que la résidence familiale est renumérotée 2578. Henri St-Onge poursuit ses activités jusqu’à son décès, survenu le 29 juin 1939. C’est son fils Charlemagne qui prend la relève, tandis que son frère Viateur utilise une partie du bâtiment pour y installer un atelier de réparation de vélos. Ce dernier déménagera en 1952 au 8645, rue Hochelaga. En 1957, l’entreprise devient officiellement une affaire familiale : Viateur en devient le président, Charlemagne le vice-président et leur frère Lucien occupe le poste de secrétaire-trésorier. Leur sœur Thérèse, quant à elle, exploitera un salon de coiffure au rez-de-chaussée de la résidence familiale entre 1938 et 1941.
Face aux évolutions technologiques et aux nouveaux modes de chauffage, les St-Onge abandonnent la vente de bois en 1956, puis celle du charbon en 1958, pour se consacrer à la vente d’huile à chauffage. En 1967, ils ajoutent à leurs activités la vente d’automobiles usagées. Le commerce fermera définitivement ses portes vers 1986. Aujourd’hui, le site est occupé par une série d’immeubles résidentiels, mais la maison construite par Henri St-Onge existe toujours, témoin silencieux de cette longue histoire familiale et commerciale enracinée à Tétreaultville.
Auteur : André Cousineau
Images : (Vignette) Henri St-Onge, vers 1917; Collection Félix Barrière, BAnQ (Texte) Vue de la cour à bois et à charbon d’Henri St-Onge avec sa résidence à droite au 678, avenue Lebrun, vers 1920; Collection Félix Barrière, BAnQ
