Fondée en 1950, Continental Housing a amorcé l'urbanisation du secteur Louis-Riel. Le premier projet de cette compagnie immobilière, inspirée par le modèle de la banlieue américaine, débuta à Rosemont en 1952 (axes Beaubien et 33<sup>e</sup> avenue). Fort de son expérience, Continental Housing entreprit un projet identique dans le quadrilatère borné par les rues Sherbrooke, Repentigny, Renty et Mignault. Évalué à 1,5 millions à l'époque, cet ensemble comptait 183 bungalows. Leur construction débuta en 1954 et s'échelonna pendant quatre ans. Continental Housing donna une seconde phase à son projet plus à l'est. Toujours en 1954, les promoteurs achetèrent une bande de terre prise en étau entre le Cimetière de l'Est et la ferme de Saint-Jean-de-Dieu. Deux rues furent tracées, Radisson et des Groseilliers; on y compte 83 bungalows et 23 maisons jumelées de deux étages. Les maisons, vendues aux alentours de 13 000 $, s'adressaient à la classe moyenne.
Continental Housing, comme plusieurs autres promoteurs domiciliaires, reçut une généreuse subvention de la Société canadienne d’hypothèques et de logement qui lui permit de réduire le prix des maisons (environ 15 %). Cet organisme fédéral, créé en 1946 dans le contexte de la reprise économique, succédait au programme des maisons de guerre. Afin de redémarrer l'industrie de la construction et de faciliter l'accès à la propriété pour les jeunes familles, il subventionnait les projets domiciliaires privés d'envergure un peu partout au pays, mais plus particulièrement dans les grands centres urbains comme Montréal. Le marché hypothécaire étant peu développé pour les particuliers, les promoteurs immobiliers agissaient souvent comme bailleurs de fonds auprès des acheteurs.
Image : Intersection des rues Mignault et Senneville, 19 juillet 1962, Archives de la Ville de Montréal
